• Mark passait dans le couloir en discutant avec une infirmière particulièrement avenante quand il aperçut Derek assis, songeur, devant un écran d’ordinateur. Il fit un signe à l’infirmière qui, dépitée, continua seule et il entra dans le bureau. Ça va ?

    Derek sursauta légèrement. Euh… oui. Ça va… Disons que je fais aller.

    Mark n’avait pas besoin de plus d’explication pour savoir quel était le problème. Ça ne s’est toujours pas arrangé avec Meredith, dirait-on.

    Derek soupira. Pas comme je le voudrais en tout cas.

    Mark s’assit, une fesse sur le bureau. Raconte.

    Elle m’a vu hier chez Joe avec sa demi-sœur, commença Derek.

    Quoi ? Tu es sorti avec Lexie Grey ? s’exclama Mark, à la fois épaté et catastrophé par cette audace. Tu fais fort !

    Je ne suis pas sorti avec elle, précisa Derek, un rien agacé. Je l’ai emmenée chez Joe pour discuter et seulement discuter.

    Mark sourit. C’est toujours ce que je dis aux filles quand je veux les attirer dans mon lit.

    Moi, quand je le dis, je le pense, répliqua sèchement son ami. Bref… Meredith nous a vus. Elle n’a pas apprécié et elle est venue me faire une scène de jalousie à la caravane.

    Ah c’est bon, ça, se réjouit Mark. Et après ?

    Après… Le regard de Derek se fit plus vague. Après… une nuit merveilleuse, comme nous n’en avions plus connue depuis longtemps. Et à l’aube, je la surprends qui se rhabille, prête à filer à l’anglaise.

    Qu’est-ce qu’elle t’a donné comme explication ?

    Aucune ou presque. Elle ne sait pas ce qu’elle ressent… Elle veut faire le point… que je lui donne de l’espace. Désemparé, Derek se tourna vers son ami. Qu’est-ce que tu ferais à ma place ?

    Je passerais à autre chose, répondit Mark sans ambages. Cette fille est barge, mec. Oublie-la ! Moi, c’est ce que j’ai fait avec Addison. J’ai tiré un trait. Il accompagna sa phrase d’une geste de la main.

    L’expression de Derek se teinta d’incrédulité. J’aimerais savoir comment tu réussis aussi facilement à gommer de ta vie la femme que tu dis aimer si fort.

    C’est simple. J’ai une devise : un clou chasse l’autre, décréta Mark. Depuis qu’Addison est partie, je me fais une fille différente tous les soirs… Il brandit son index vers le plafond. Une au minimum. J’ai été abstinent pendant quarante jours pour des prunes. Alors je dois me rattraper. Tiens, hier soir, j’ai rencontré Amanda, un beau p’tit lot… à peine majeure, mais déjà prête à assouvir tous ses fantasmes… et les miens, ajouta-t-il avec un air canaille.

    Derek ne put s’empêcher de sourire. J’imagine assez bien le genre.

    Oh je ne crois pas, non. Mark se pencha légèrement vers son camarade. Tu sais quel est le plus grand fantasme d’Amanda ? fit-il sur le ton de la confidence. Jouer au jambon dans un sandwich  Il lança un regard égrillard à Derek. ça te dit de faire la deuxième tranche de pain ?

    Derek grimaça. Arrête, c’est sordide. Tu ne crois pas que tu as passé l’âge pour ces délires ? Tu n’es plus à la fac.

    Tu es vraiment un triste sire, déplora Mark avec dépit. Même à la fac, tu n’aurais jamais partagé ce genre de délire.

    J’en ai eu, comme tout le monde, le reprit Derek, mais pas celui-là.

    Penses-tu ! A 20 ans, tu étais déjà romantique et fleur bleue, à la recherche de ton âme sœur.

    Je croyais l’avoir trouvée avec Addison mais j’ai déchanté quand je l’ai découverte dans tes bras.

    Et tu crois encore l’avoir trouvée en Meredith et tu déchantes encore… pour d’autres motifs, s’empressa d’ajouter Mark. Il serait temps de te faire une raison, mon ami. L’âme sœur n’existe pas. Ne perds plus ton temps. Tu es sur terre pour prendre du bon temps.

    L’un n’empêche pas l’autre. J’ai pris du bon temps avec Meredith, lui rappela Derek avec nostalgie.

    Entre deux disputes, certainement, admit Mark du bout des lèvres. Mais au bout du compte, tu deviens dépressif. Laisse tomber… Va plutôt voir du côté de la petite Lexie qui m’a l’air d’être un fameux morceau.

    Parfois j’aimerais être comme toi, Mark, avoua Derek. Si tu savais ! Avoir du recul, sauter tout ce qui bouge, ne jamais m’attacher…

    Mark fit la moue. Qui a dit que je ne m’attachais pas ? Mais je reste toujours conscient qu’un jour il y aura une fin, alors je ne m’investis pas plus qu’il ne faut.

    Derek hocha lentement de la tête. Moi, j’en suis incapable. C’est au-dessus de mes forces. Seul l’espoir de retrouver Meredith me permet de rester debout. Si je n’avais plus ça…

    Mark fronça les sourcils. Ho ho ! Pas de conneries, hein ! Si tu veux vraiment récupérer cette fille, on va trouver une solution. Je peux aller lui parler. L’air inquiet de Derek ne lui échappa pas. Je ferai des efforts pour être plus gentil et diplomate que la dernière fois. Promis !

    Derek sourit faiblement. Merci mon vieux, mais je préfère me débrouiller seul. Je préfèrerais surtout ne pas devoir me battre et qu’elle revienne seule à la raison. Je sais qu’elle m’aime, Mark, c’est ça le pire, soupira-t-il.

    Hum ! Ouais… Mark prit soudain son air le plus innocent. Donc, je ne compte pas sur toi pour participer au sandwich d’Amanda ?


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  • Meredith retira prestement sa main de celle de Derek. Peut-être, je ne sais pas. Avant, je te faisais confiance mais maintenant… Elle planta ses yeux dans ceux du chirurgien. Et si ça n’avait pas été moi, tu l’aurais fait ? La vidéo ?

    Bien qu’il sache que cela n’allait pas plaider en sa faveur, Derek décida de continuer à jouer franc jeu. Oui, avec une autre fille, je l’aurais fait.

    Ça me dépasse, déclara Meredith. Je ne comprends vraiment pas quel plaisir on peut retirer de ce genre de choses, sauf si on est pervers.

    Légèrement vexé, Derek fit une petite moue. Tu sais, il y a plein de gens qui se filment en faisant l’amour, ce ne sont pas des pervers pour autant, se justifia-t-il.

    S’ils sont consentants, pourquoi pas ? répliqua Meredith avec une certaine irritation. Mais moi, je ne l’étais pas. Comment as-tu pu penser à faire une chose pareille à mon insu ?

    Je te l’ai dit, Meredith, je ne suis pas quelqu’un de bien, répondit Derek.

    La jeune fille le regarda avec un air déconfit. Oui, tu me l’as dit mais je ne le croyais pas. 

    Derek comprit qu’il l’avait terriblement déçue et cette idée lui sembla intolérable. Je sais qu’après coup, c’est facile à dire et tu n’es pas obligée de me croire, et je suis conscient que ça ne rachète pas mes mensonges, mais te jure, si on avait fait l’amour, jamais je n’aurais utilisé cette foutue caméra. Je ne t’aurais pas filmée, je te le jure, répéta-t-il avec fougue.

    Troublée par l’accent de vérité contenu dans ses propos, Meredith reprit son assiette devant elle et, plus pour se donner une contenance que par faim, elle prit une crevette qu’elle trempa généreusement dans la sauce Tempura. Quoi qu’il en soit, la question ne s’est pas posée, dit-elle avant de mordre dans le crustacé. Quand elle l’eut mangé, elle lécha ses doigts pleins de sauce.

    Elle le fit si sensuellement, sans s’en rendre compte toutefois, que Derek oublia le moment présent et leur conversation pleine de tension, en imaginant la jeune fille nue à ses genoux, passant et repassant la langue sur son gland avec un regard coquin. Quand la bouche de Meredith engloutit son membre, il fut ramené à la réalité par la sensation de son pénis qui se durcissait dans son jean. Il réalisa alors que Meredith avait continué à lui parler sans qu’il y prête attention. Désolé, j’étais distrait, avoua-t-il. Que disais-tu ?

    Je disais que la question ne s’est pas posée puisque tu n’as pas voulu coucher avec moi, redit Meredith.

    Ça n’a rien à voir avec le fait de vouloir, assura Derek en la regardant dans les yeux. Je voulais, Meredith, j’en avais envie et j’en ai encore envie maintenant. Meredith rosit. Mais je ne peux pas ! affirma Derek.  

    Meredith fronça les sourcils. Tu ne peux pas ? Mais qui t’en empêche ? 

    Moi. Je ne m’en sens pas le droit, expliqua Derek. Il soupira en voyant le regard interrogatif de la jeune fille. Meredith… Tu as vingt ans, j’en ai quinze de plus. Je suis trop vieux pour toi.

    C’est nul comme argument, riposta-t-elle. Tu es au courant depuis qu’on s’est rencontré et, à ce que je sache, ça ne t’a pas gêné pour me draguer quand il s’agissait de ton pari. Et de toute façon, tu ne vas pas me faire croire que ça ne t’est jamais arrivé de coucher avec une fille beaucoup plus jeune que toi.

    Oui, bien sûr, reconnut Derek. Mais toi… tu es différente.

    Meredith comprit immédiatement ce à quoi il faisait allusion. Différente parce que je suis encore vierge ? C’est ça, n’est-ce pas ?

    C’est ça, confirma Derek. Je voulais faire l’amour avec toi, vraiment. J’en crevais d’envie mais quand tu m’as dit que tu étais vierge…

    C’est à cause de mon manque d’expérience ? questionna Meredith.

    Derek hocha la tête. Ça n’a vraiment rien à voir avec ça. C’est juste que… Ne trouvant pas les bons mots, il se tut. 

    C’est bizarre comme la perception que les gens ont de vous change dès qu’ils apprennent ce genre de choses, nota Meredith sur un ton un peu amer. Comme si être vierge changeait la personne que je suis.

    Un peu, je trouve, dit Derek. Je veux dire, ce n’est pas un choix anodin et tu l’as fait pour des raisons bien précises.

    Que tu trouves ridicules, évidemment, supposa Meredith.  

    Pas du tout, assura Derek. Tes principes sont très respectables, au contraire. Il sourit. Ils m’ont pourri la soirée mais je les respecte.


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  • Après avoir fait la tournée de leurs patients, les nouveaux résidents s’offraient un break, autour d’une tasse de café, quand ils virent passer les internes. Parmi eux, George, penaud, leur fit un petit signe. Lexie, quant à elle, toisa Meredith avec mépris, ce qui n’échappa à personne. En retour, Cristina lui décocha un regard mauvais. J’espère que je vais avoir rapidement le plaisir de travailler avec cette morveuse. Je vais lui faire regretter d’être venue faire son internat dans cet hôpital !

    Miranda Bailey surgit derrière elle. Il faudra remettre vos projets à plus tard, Dr Yang ! On vous attend en salle de trauma 4. Dr Stevens, filez au dispensaire. Dr Karev, rejoignez le Dr Sloan immédiatement. Elle prit soudain un ton ironique. A mon grand étonnement, le Dr Shepherd a demandé expressément à bénéficier des talents du Dr Grey pour l’assister sur une craniotomie.

    Meredith prit un air catastrophé. Oh ! Dr Bailey... Est-ce que ce ne serait pas possible que je permute avec quelqu’un d’autre parce que…

    Bailey la toisa avec dédain. J’en ai plus qu’assez de devoir gérer les problèmes personnels de mes collègues. Si vous avez un souci avec Shepherd, voyez avec lui. S’il accepte de se passer de vous, je vous assignerai un autre travail. S’il refuse, et bien, vous devrez prendre votre mal en patience. Allez… ouste… du balai !

    Meredith se leva à contrecœur et partit avec des pieds de plomb. Quand elle arriva dans le service de neurologie, elle fut on ne peut plus contrariée de voir Derek penché sur Lexie. Même si ce n’était que pour le travail – manifestement, il lui expliquait un dossier – la scène déplut fortement à Meredith Elle s’approcha d’eux et se racla la gorge pour signaler sa présence. Ils relevèrent tous deux la tête. Sans doute pour ne pas déplaire au neurochirurgien, Lexie fit un petit signe de tête à peine poli à sa parente.

    Heureux de voir qu’elle semblait très contrariée, Derek sourit à Meredith. Ah ! Dr Grey, vous voilà. Nous allons pouvoir opérer notre patient. Il mit sa main dans le dos de son amie pour l’inviter à avancer. Ils entrèrent dans la chambre d’un homme qui se trouvait dans le coma et se disposèrent autour de son lit. Derek se tourna vers l’interne. Dr Grey, vous voulez bien nous présenter le cas avant que nous allions au bloc ?

    Lexie ouvrit la bouche pour la refermer aussitôt. Elle se tourna vers Derek, le front plissé en signe de contrariété. J’ai un problème, Dr Shepherd.

    Lequel ?

    Nous sommes deux à nous appeler Dr Grey dans cette pièce. Cela peut prêter à confusion.

    Derek sourit et prit Meredith à témoin. Voilà une observation judicieuse. Heureusement que nous pouvons compter sur elle, n’est-ce pas ? Voyons, que recommande le manuel en pareil cas ? Je crois que l’usage voudrait que je respecte l’ancienneté. Etes-vous particulièrement attachée à votre titre ? Meredith haussa les épaules. Voilà qui est réglé. Il s’adressa ensuite à Lexie. Je vous appellerai donc Dr Grey. La jeune fille afficha un sourire triomphant. Derek mit alors sa main sur l’épaule de Meredith, en lui souriant tendrement. La solennité n’étant pas de mise entre nous pour des raisons évidentes et connues de tous, je t’appellerai Meredith. Ça te va ? Cette fois, ce fut Meredith qui eut un sourire triomphant. Elle opina de la tête tandis que les yeux de Lexie lançaient des éclairs. Pas d’objection, n’est-ce pas Grey ? Derek enchaina sans laisser à l’intéressée le temps de répondre. Bon, assez perdu de temps. Il haussa le ton. Grey, pourrions-nous maintenant nous soucier de ce qui est vraiment essentiel ici ? Je veux parler de la santé du patient, bien entendu… à moins que vous ayez encore quelque autre remarque de première importance à nous faire ? Humiliée et comprenant qu’elle n’aurait pas gain de cause, Lexie choisit de se taire. Bon et si vous vous décidiez à nous présenter le cas du patient ? poursuivit Derek d’un ton plus sévère. Ou alors vous attendez peut-être que je le fasse moi-même ? Lexie s’exécuta, morte de honte.

    Quelques heures plus tard, à la fin de l’opération, Derek était en train de remercier son équipe pour son efficacité quand il vit que Meredith sortait de la salle. Il voulut la suivre mais fut stoppé dans son élan par Lexie qui se campa devant lui. Dr Shepherd, j’aimerais avoir vos impressions sur mon comportement durant l’opération.

    Je n’ai rien à vous reprocher sur le plan strictement médical, répondit froidement Derek. Vous savez ce que vous faites, c’est indéniable.

    Lexie se raidit un peu. Est-ce que cela signifie que vous avez quelque chose à me reprocher d’un point de vue non médical ?

    Vous vous laissez distraire. Vous n’avez pas cessé de nous surveiller, Meredith et moi. Ce n’est pas très professionnel, lui reprocha-t-il sèchement.

    Vous ne l’êtes pas vraiment non plus, riposta-t-elle, piquée au vif.

    Peut-être, mais je suis votre patron et vous allez devoir faire avec, lui asséna-t-il avant de sortir. Il pénétra dans la salle de préparation juste au moment où Meredith allait la quitter, après s’être lavé les mains. Meredith ! Elle s’arrêta dans l’entrebâillement de la porte et s’appuya contre le chambranle. Il vint se mettre tout contre elle. Comme elle ne le repoussait pas, lui prit la main pour jouer avec le bout de ses doigts. Je sais que tu m’as demandé de l’espace mais est-ce que cela implique aussi que je ne peux pas t’inviter à dîner ce soir ?

    Derek ! chuchota-t-elle avec une once de reproche dans l’intonation.

    C’est juste un dîner, rien d’autre, je te le jure… en tout cas… rien que tu ne voudras pas, précisa-t-il avec un sourire charmeur auquel peu de personnes étaient capables de résister.

    Meredith grimaça. Désolée… je ne peux pas. George a des ennuis. Callie l’a jeté à la porte et il n’a nulle part où aller, se justifia-t-elle à cause de la mine désappointée de son amant.

    Donc tu l’accueilles dans ta pension de famille, soupira celui-ci.

    Derek, ne me demande pas de choisir entre mes amis et toi, l’implora-t-elle.

    Oh ce n’est pas ce que je fais, affirma-t-il en lâchant la main qu’il avait tenue jusque là. J’aimerais seulement être au moins aussi important pour toi qu’ils ne le sont.

    Le regard qu’elle lui lança fut douloureux. Tu es bien plus important pour moi que tu ne crois. Elle s’en alla après avoir effleuré ses lèvres.


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  • Meredith se laissa aller contre le dossier de sa chaise. Donc, si je comprends bien… le problème, c’est que tu ne veux pas être le premier ? Même si moi, je le voulais. Un peu gêné par ce qu’impliquait ce qu’elle venait de dire, elle baissa les yeux. 

    Meredith, tu as décidé de rester vierge pour l’Amour avec un grand A, lui rappela Derek. Tu veux attendre de rencontrer l’homme de ta vie et ce n’est pas moi.

    Mais qu’est-ce que tu en sais ? s’écria la jeune fille. On se connait à peine. Personne n’est capable de dire ça au tout début d’une relation.

    Ça n’a rien à voir, répliqua Derek. Toi, tu veux rencontrer un gentil garçon avec qui tu te marieras et avec qui tu feras des enfants. Vous achèterez une belle maison, vous inviterez des amis le dimanche, pour le barbecue, vous partirez en vacances en famille et vous vivrez heureux jusqu’à ce que la mort vous sépare. C’est bien ça ? Meredith approuva d’un signe de tête. Derek lui adressa un sourire sans joie. Je ne suis pas cet homme-là et je ne le serai jamais.  

    Meredith sentit son cœur se serrer. Pourquoi le premier homme auquel elle s’intéressait vraiment, qui arrivait à la faire vibrer, était-il aussi compliqué ? Mais pourquoi ? lui demanda-t-elle. Qu’est-ce qu’il y a de si désagréable dans l’idée de passer sa vie avec la même personne, si on l’aime, et de fonder une famille ?

    Mais rien, si c’est ce que l’on veut, répondit Derek. Et moi, ce n’est pas ce que je veux. Je ne suis pas l’homme d’une relation, précisa-t-il. Je ne veux pas m’attacher à quelqu’un et je ne veux pas me poser, jamais. Je rencontre des femmes, je couche avec elles et puis, je m’en vais. De toute façon, une fois que je les aie eues, elles perdent tout intérêt pour moi.

    Meredith fit une moue dubitative. Ça, c’est parce que tu l’as décidé.

    Oui, sans doute, concéda Derek.

    C’est ridicule ! s’exclama Meredith.

    Le visage de Derek se ferma. Possible mais c’est comme ça ! dit le chirurgien d’un ton sans réplique.

    Mais tu n’as jamais rencontré quelqu’un qui te donne envie de changer ? insista Meredith.

    Non, jamais, affirma Derek.

    Pourtant dans une relation, ce qui est intéressant, c’est justement d’apprendre à mieux se connaître, d’échanger des points de vue, de faire des choses ensemble, argumenta Meredith, bien décidée à lui faire voir le bon côté des choses. Et toi, tu stoppes avant même d’avoir eu l’occasion de faire tout ça.

    Oui, parce que ça ne m’intéresse pas, s’obstina Derek. Pour toi, l’amour, c’est une chose sérieuse, le but de toute une vie. Pour moi, c’est un jeu, un loisir. Ma vie, c’est la chirurgie. J’aurais pu coucher avec toi, Meredith. J’en avais envie, répéta-t-il. Mais je ne me suis pas senti le droit de prendre quelque chose que tu as gardé pour l’offrir à l’homme de ta vie. Ça n’aurait pas été honnête et je n’aurais pas pu assumer de te faire perdre tes illusions pour une nuit de plaisir.

    Meredith écarquilla les yeux. Une nuit ?

    Amusé par sa réaction, Derek se mit à rire. Ah Meredith, si tu n’existais pas, il faudrait t’inventer. Croyant qu’il se moquait d’elle, elle le fusilla du regard. Tu es vraiment adorable, la rassura-t-il en la couvant d’un regard tendre. Eh oui, je pourrais te faire l’amour toute une nuit et te donner du plaisir comme tu ne l’imagines même pas. Le rouge monta aux joues de Meredith. Derek redevint sérieux. Je pourrais mais je ne le ferai pas, parce que ça ne te mènerait à rien. Il prit la main de la jeune fille et la garda étroitement dans la sienne. Je n’ai rien à t’offrir, Meredith, rien d’autre que mon amitié. Je serais un exécrable petit ami, mais je crois faire un ami tout à fait correct. Alors, si tu acceptais d’être mon amie, j’en serais très heureux et je ferais tout pour m’en montrer digne.

    D’accord, répondit Meredith sans l’ombre d’une hésitation. Elle faisait preuve de faiblesse, elle le savait, en lui pardonnant aussi facilement mais elle ne se sentait pas le courage de renoncer totalement à lui et à des petits moments comme celui qu’ils venaient de passer. Quant à ce truc de l’amitié, ce n’était pas ce qu’elle avait espéré, mais c’était mieux que rien. De cette façon, elle resterait en contact avec lui et elle pourrait attendre son heure. Car elle avait le sentiment profond, l’intuition même, qu’il y aurait plus que de l’amitié entre eux. Un jour, elle n’en doutait pas, Derek changerait d’avis. 

    Alors amis ? demanda ce dernier en serrant la main de la jeune fille.

    Amis, répondit Meredith en souriant bravement, car elle avait le cœur un peu lourd malgré tout.


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  • Comme à chaque fois qu’il avait terminé sa journée, depuis qu’il était seul, Derek débarqua chez Joe. Il aperçut Alex au comptoir qui s’amusait à lancer des cacahuètes en l’air pour les rattraper avec sa bouche. Il le rejoignit aussitôt. Je peux ? demanda-t-il en posant la main sur le tabouret qui était à la droite de celui occupé par le résident.

    Je vous en prie.

    Derek le regarda faire quelques secondes avant de désigner du menton le bol de cacahuète. Tu sais qu’il n’y a pas pire nid de bactéries ?

    Ouais, je sais mais je m’en fous, répondit Alex tout en mâchant ses arachides.

    Il poussa le bol vers Derek qui observa celui-ci avec méfiance comme s’il s’attendait à voir surgir une armée de microbes, avant de se décider. Tu as raison. Joe, sers-moi un whisky et remets un verre à Alex. Les deux hommes restèrent côte à côte, silencieux, occupés à engloutir des poignées entières de cacahuètes. Après en avoir avalé quelques-unes, Derek entama enfin la conversation. Alors ta présence n’a pas été jugée nécessaire pour résoudre les problèmes de ce pauvre George ?

    Les cellules de crise, c’est pas trop mon truc, bougonna Alex. Et cet enfoiré n’a que ce qu’il mérite. Comme Derek ne disait rien, Alex le regarda en coin avec un air un peu surpris. Vous ne me demandez pas pourquoi ?

    Derek haussa légèrement les épaules. Inutile. Tu vas me le dire, de toute façon.

    Alex eut un petit sourire avant de se rembrunir. Ce salopard a couché avec Izzie.

    Quoi ? George et Izzie…

    Alex opina de la tête avec une expression de dégoût. Oui, vous m’avez bien compris. Torres les a surpris et ça a été la bagarre. C’est pour ça qu’il doit revenir habiter chez Meredith.

    Bon Dieu ! George et Izzie ? répéta Derek qui n’en revenait pas. C’est un véritable tombeur, ce gars. Mais qu’est ce qu’elles lui trouvent toutes ?

    Alex prit un air goguenard. Ben paraît qu’il a un gros… vous savez quoi. Derek rit. Oui, c’est le genre de choses qu’on entend quand on vit entouré de filles, expliqua Alex. D’ailleurs, il paraît que vous-même…

    Interloqué, Derek faillit s’étrangler. Quoi moi-même ?

    Meredith dit que la nature vous a particulièrement gâté, lui apprit Alex avant de vider sa première bière pour aussitôt entamer la seconde qu’on venait de lui servir.

    Meredith t’a parlé de mon – un peu embarrassé, Derek marqua une pause mais la curiosité fut la plus forte - pénis ? murmura-t-il enfin.

    Pas à moi, rassurez-vous. Elle en a parlé à Cristina qui me l’a répété… et à Iz aussi.

    Ah bon ! Derek ne put s’empêcher d’arborer un sourire de satisfaction. Donc Mer dit que… Il se reprit rapidement. Passons.

    Ouais, je préfèrerais, dit Alex en lui lançant un regard ironique.

    Alors George et Izzie forment un couple maintenant, reprit Derek sans pouvoir se départir de l’allégresse qui inondait son visage.

    Ben ce sera sans moi ! clama Alex. Dès demain je cherche un autre logement. Voir Izzie et ce connard ensemble… Il secoua la tête de droite à gauche en serrant les poings.

    Derek le remarqua. Tu es toujours amoureux d’elle ?

    Je ne sais pas… J’ai pas mal dégusté au moment de l’affaire Duquette, reconnut le jeune résident. Alors j’ai préféré prendre mes distances.

    Visiblement, Duquette est oublié. Tu aurais peut-être dû tenter ta chance depuis.

    Je l’ai fait. Elle m’a renvoyé dans les cordes, avoua Alex. Puis quand je me suis intéressé à quelqu’un d’autre, c’est elle qui est revenue, mais j’ai bien compris que c’était sans conviction, alors… Il soupira. Vous savez, ça ne sert à rien de s’accrocher à une femme qui ne veut plus de vous.

    Derek se renfrogna. Tu dis ça pour moi ?

    Non… Je pense que Meredith vous aime encore.

    Hum ! J’espère que tu as raison. Derek contempla son whisky pendant quelques secondes avant de le boire en une gorgée.

    Mais au cas où, vous avez déjà une solution de rechange, annonça Alex en fixant un point derrière le titulaire.

    Laquelle ? s’enquit Derek avec intérêt.

    Le résident se pencha un peu vers lui en baissant la voix. Si vous vous retournez discrètement, vous apercevrez une interne qui vous dévore des yeux.

    Il ne s’agirait pas de Lexie Grey par hasard ? fit Derek avec un air bougon.

    Dans le mille ! s’exclama Alex avec un petit rire.

    Bon sang ! pesta Derek. Elle ne me lâche pas.

    Elle vous a sacrément à la bonne d’après ce qui se dit dans les vestiaires.

    Pourtant elle sait ce qu’il en est. J’ai été très clair. Apprendre que Lexie parlait de lui à ses camarades en des termes sans doute très peu professionnels énerva encore plus Derek. Il mit en bouche une énorme poignée de cacahouètes qu’il mâcha avec rage.

    Alex eut une petite moue. Il en faudra plus pour la décourager, à mon avis. Elle n’est pas du genre à lâcher le morceau rapidement.

    C’est bien ma chance… Deux sœurs… Celle que j’aime me rejette, celle dont je n’ai rien à faire me pourchasse, regretta Derek.

    Vous avez l’air d’exercer un attrait particulier sur les tordues, se moqua Alex.

    Oh Addison n’était pas tordue, protesta Derek.

    Ben, pour vous tromper avec Sloan, elle devait l’être un peu.

    Là, tu n’as pas tort. Les deux hommes éclatèrent de rire. Une autre bière ? proposa Derek en faisant déjà un signe à Joe pour qu’il s’approche.


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