• Meredith regarda Mark avec un air moqueur. Je ne le crois pas si fragile que ça. Mais au cas où, vous n’aurez qu’à aller dans la clinique d’à côté. Il parait que les médecins n’y sont pas trop mauvais.

    Je vois bien que vous ne me croyez pas, déplora Mark sur un ton faussement abattu. Et pourtant, c’est la vérité. Danser avec vous a mis le feu à mon âme, ajouta-t-il avec emphase.

    C’est rassurant, ça veut dire que vous en avez une ! répliqua Meredith tout en commençant à dresser les tables pour le petit-déjeuner.   

    Mark se retint de sourire. Il était vraiment étonné de l’aplomb et de l’esprit avec lequel Meredith lui répondait. Ça n’en était que plus amusant. Pourquoi êtes-vous si méchante avec moi ? feignit-il de se lamenter. Hier, j’ai eu l’impression qu’il se passait quelque chose entre nous. C’est pour ça que je suis là. Je voulais vous inviter à sortir avec moi ce soir.

    Meredith secoua doucement la tête. Merci mais ça ne va pas être possible. Ne connaissant pas les intentions de Derek, ni ce qu’il en avait dit à son ami, elle n’osa pas s’en servir comme argument. J’ai trop de travail, prétendit-elle.

    Je n’en doute pas mais vous ne travaillez pas le soir, n’est-ce pas ? riposta Mark. Sans attendre sa réponse, il lui adressa un sourire conquérant. Vous aimez le tango ?

    Meredith fit une moue un peu dédaigneuse. C’est une danse de vieux, ça !

    Le tango classique, oui, reconnut Mark. Mais moi, je danse le tango d’une façon qui plaît même aux très jeunes filles. Il haussa plusieurs fois de suite ses sourcils. Je suis le roi du tango… à l’horizontale. Meredith le trouva tellement ridicule qu’elle ne put s’empêcher de rire. Ah vous riez ! se réjouit Mark. Tant mieux. Ne dit-on pas, femme qui rit est à moitié dans ton lit ?

    Son sourire fit penser à la jeune fille qu’elle avait le diable devant elle. J’ai l’impression que vous ne doutez jamais de rien, vous, dit-elle, pleine d’ironie. Mark répondit par une grimace.

    Pendant tout le temps qu’il avait installé la terrasse sur le trottoir, George avait surveillé la boutique du coin de l’œil. Il avait été étonné de voir que la conversation entre Meredith et Mark se prolongeait et surtout, que Meredith riait aux fadaises du chirurgien. Car même si d’où il était, il ne pouvait rien entendre, il n’avait aucun doute sur la nature des propos de Mark. Quel intérêt Meredith pouvait-elle y trouver ? La seule explication sensée qui vint à l’esprit de George, c’était que le succès récent de la jeune fille lui montait à la tête et lui faisait renier toutes ses valeurs. Il en fut atrocement déçu et sa rancœur s’accrut. Enervé, il s’arrêta de travailler et se dirigea vers le bâtiment voisin pour aller discuter avec Everett, le marchand de journaux.

    Quelques minutes plus tard, la Porsche noire de Derek s’arrêtait devant l’immeuble. Tout en la garant, le chirurgien regarda à l’intérieur de la boutique. Il fut très contrarié d’apercevoir la haute silhouette de son ami à côté de celle, toute menue, de Meredith. L’idée que Mark s’était arrangé pour le devancer à la boutique, afin de draguer la jeune femme, l’irrita. Il trouvait cela déloyal, d’autant plus qu’il avait été très clair. Tant qu’il n’aurait pas couché avec elle, Meredith lui appartenait. Il sortait de son véhicule, bien décidé à faire valoir ses droits, lorsque le rire de Meredith résonna à l’intérieur de la boutique, suivi directement par celui de Mark. Cette bonne entente manifeste énerva Derek au plus haut point. Quel contraste avec l’attitude que Meredith avait eue la veille vis-à-vis de Mark ! Une fois encore, Derek se demanda si elle ne jouait pas un double jeu, s’il n’avait pas affaire à une manipulatrice. Il avança vers la boutique, résolu à régler leur compte aux deux traitres.

    En l’apercevant, George ne résista pas à l’envie de le provoquer. Ça fait un moment que votre pote est là, lui cria-t-il depuis l’échoppe de journaux. Ils ont l’air de s’entendre comme larrons en foire. A mon avis, vous avez perdu la partie.

    Ne prenant même pas la peine de lui répondre, Derek entra dans la boutique. Quand il vit Meredith, ce fut comme s’il recevait un uppercut à l’estomac. Elle était totalement naturelle, et belle, vraiment belle. En fait, elle était encore mieux que la veille. Cela redoubla sa mauvaise humeur. Il aurait voulu être le premier, le seul, à la voir, à se rendre compte de sa beauté. Il jeta un regard glacial en direction du couple. Meredith, qui avait éprouvé un réel soulagement en le voyant - s’il était là, cela voulait dire qu’il ne lui en voulait pas trop pour la façon dont elle l’avait laissé la veille – comprit qu’il n’appréciait pas de la voir en compagnie de Mark. Ravie et apeurée à la fois, elle recula aussitôt de quelques pas, pour mettre une certaine distance entre elle et Mark.

    Ah tu es là, toi ? lança ce dernier à Derek sur un ton goguenard. Il regarda sa montre. Tu ne devrais pas être au boulot ? Derek lui jeta un regard mauvais qui ne l’impressionna guère. Il allait continuer à le provoquer lorsque la sonnerie de son bipeur résonna dans sa poche. Le chirurgien émit un grognement rageur en lisant son message. Merde ! Je dois y aller. Il se tourna vers Meredith. Alors, chérie, le tango, ce soir, je passe vous prendre à quelle heure ?

    Meredith secoua vivement la tête. Non ! Je vous l’ai déjà dit, ça ne m’intéresse pas. Elle regarda Derek en espérant qu’il serait satisfait par sa réponse mais il ne changea pas d’expression. Elle eut soudain envie de pleurer.

    Comme vous voulez ! soupira Mark. Mais je ne m’avoue pas vaincu pour autant. Je reviendrai. Il avança vers la sortie.


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  • Laisse tomber ! exigea froidement Derek à mi-voix, sans même daigner regarder son ami, quand celui-ci passa à côté de lui.

    N’y compte pas, assura Mark sur le même ton. Il allait sortir quand il se retourna. Tiens, dis donc, tu as pensé à mon film ? dit-il à voix haute. Si je ne vais pas danser, il me faut une autre distraction.

    On en reparle plus tard, répondit Derek, tout en ne quittant pas Meredith des yeux.

    Mark ricana. Quand tu veux ! Tu sais où me trouver. Il sortit enfin de la boutique.

    Meredith releva timidement les yeux sur Derek, en espérant que le départ de Mark l’avait un peu calmé mais elle vit qu’il n’en était rien. Le chirurgien semblait toujours d’aussi mauvaise humeur. Elle chercha quelque chose à dire qui allège un peu l’atmosphère mais ne trouva rien. Quant à demander franchement ce qu’il lui reprochait, elle n’avait pas assez de courage pour ça. De son côté, Derek se rendait parfaitement compte que son attitude mettait la jeune fille mal à l’aise, et que même elle l’inquiétait, mais il était trop en colère pour s’y arrêter. De l’avoir vue tellement à l’aise en présence de Mark, rire avec lui, l’avait énervé au plus haut point et il n’arrivait pas à passer au-dessus de ça. Est-ce qu’il y a quelque chose que je devrais savoir ? se décida-t-il enfin à demander d’une voix métallique.

    Je ne… je ne com…je ne comprends pas, bafouilla Meredith, effrayée autant par le regard dur de Derek que par la façon dont il lui parlait.

    Est-ce qu’il y a quelque chose que je devrais savoir ? répéta-t-il toujours sèchement. A propos de Sloan et de vous ? Il fit deux pas vers elle. Non, parce que… j’aimerais autant le savoir directement, histoire de ne pas passer pour l’imbécile du quartier. Il s’emporta soudain. Hier, vous me dites que vous ne le supportez pas, que vous n’êtes pas à l’aise avec lui et là, je vous trouve en train de minauder et de rire avec lui. J’avoue que je ne sais pas ce que je dois en penser et… Enfin, bref, est-ce qu’il se passe quelque chose entre vous ?

    Les yeux de Meredith s’arrondirent sous l’effet de la stupéfaction. Entre Mark et moi ? Derek fit une mimique signifiant que c’était une évidence. Ce n’était pas le genre de reproches auquel la jeune fille s’attendait et elle fut ulcérée que Derek puisse la soupçonner d’une telle chose. C’est n’importe quoi ! asséna-t-elle.

    Je sais ce que j’ai vu, répliqua Derek.

    Non, ce que vous avez cru voir, riposta Meredith. Je ne minaudais pas, je ne minaude jamais, je déteste ça ! Et je ne riais pas avec lui mais de lui, parce qu’il était ridicule avec son plan drague à deux sous. Et puis même, je peux rire avec un homme sans avoir l’intention de sortir avec lui. Elle fusilla Derek du regard. Si c’est ce que vous pensez de moi, la porte est là, je ne vous retiens pas. Elle lui désigna la sortie avant de lui tourner le dos, pour reprendre son travail. Enervée, elle continua cependant de parler. Comme si j’en avais quelque chose à faire de ce type ! maugréa-t-elle. Même à Crestwood, les gars sont moins lourdingues que lui. Si c’était ce que je recherchais, je n’aurais pas bougé de chez moi.

    Derek ne put s’empêcher de sourire. En quelques mots, elle venait de désarmer sa colère et de le rassurer. Il la rejoignit et la fit se tourner vers lui. C’est vrai, tu le trouves lourdingue ? demanda-t-il de sa voix suave.

    Je l’ai déjà dit, grogna Meredith. Je ne vais pas le répéter sans arrêt. Elle lui lança un regard lourd de reproches mais dans son cœur, l’incident était déjà pardonné. Il était trop beau pour qu’elle lui en veuille vraiment.

    Je suis désolé, je crois que j’ai été injuste, admit-il avec un regard de gamin pris en faute. Mais ça m’a contrarié de le voir ici et quand j’ai vu comment tu étais avec lui…

    Meredith souffla légèrement. J’étais juste aimable. Sans s’en rendre compte, elle fit une moue boudeuse. J’aurais cru qu’après la soirée d’hier…

    Derek lui coupa la parole. Cette fameuse soirée que tu as passée à me repousser, à chaque fois que je m’approchais de trop près ! 

    Ce n’est pas vrai, protesta Meredith. C’est juste que je n’étais pas à l’aise, avec tous ces gens autour de nous.

    Mais tu t’es endormie dans la voiture, insista Derek dans l’espoir de la déstabiliser, parce qu’il aimait ses réactions quand elle était troublée. Et puis, tu m’as claqué la porte au nez. Qu’est-ce que je dois penser après ça, moi ?

    Se sentant coupable, Meredith éprouva le besoin de se justifier. Je sais… mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas passé une bonne soirée. Au contraire. C’était bien, vraiment bien et…je… j’avais… j’avais envie, bafouilla-t-elle soudain. Elle rougit et baissa la tête. J’en… j’en avais… envie… aussi... que ça continue, les baisers, ajouta-t-elle précipitamment, pour que Derek ne se méprenne pas sur ses propos. Mais j’ai… j’ai pas trop l’habitude. Pas comme ça. Alors… j’ai un peu paniqué. Mais j’en avais envie, répéta-t-elle. Vraiment.


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  • Derek la trouva adorable. Pour un peu, elle aurait pu l’émouvoir. Mais il ne perdait pas de vue son but. Il fit une moue dubitative. Ce ne sont que des mots tout ça… Je veux des preuves. Mais contrairement, à ce qu’il attendait, Meredith ne se jeta pas dans ses bras. Elle ne fit même pas un geste, un pas vers lui. Elle venait de remarquer que George, qui avait recommencé à installer la terrasse, les surveillait en jetant de fréquents regards à l’intérieur de la boutique, à travers la vitre. Derek se retourna et comprit ce qui la dérangeait. Ne t’occupe pas de lui, lui conseilla-t-il avant de la prendre dans ses bras. Oublie qu’il est là. Imagine qu’on est devant ta porte, comme hier. C’était bien, non ? Il se pencha pour l’embrasser mais elle se déroba. Ah non, tu ne vas pas recommencer ! s’écria-t-il, agacé. Elle se mordilla les lèvres en baissant la tête. Elle savait que son comportement allait faire fuir Derek, qu’il allait croire qu’elle jouait avec lui, mais c’était plus fort qu’elle. Elle tenait déjà assez à lui pour avoir peur de le perdre mais elle avait encore plus peur des réactions de George. Elle savait que ce dernier allait lui faire payer le moindre geste qu’il n’apprécierait pas. Derek l’impressionnait mais elle sentait tout au fond d’elle-même qu’elle ne devait pas avoir peur de lui, qu’il ne lui ferait pas de mal, du moins physiquement. Au contraire de George… Elle avait vu la veille ce dont ce dernier était capable et elle n’avait plus du tout confiance en lui. Elle le craignait même. Les larmes lui montèrent aux yeux et elle se détourna pour que Derek ne les voie pas, mais elle ne fut pas été assez rapide. Qu’est-ce qu’il y a, Meredith ? demanda le chirurgien d’une voix douce. Comme elle restait silencieuse, il prit sa figure entre les mains pour l’obliger à le regarder en face. Je vois bien qu’il y a quelque chose qui te tracasse.

    Mais non, murmura-t-elle sans conviction.

    Je suis sûr que si, dit-il en lui caressant la joue. Tu peux me parler, tu sais. Il remarqua que le regard de la jeune fille restait fixé sur un point situé derrière lui et ses doutes devinrent des certitudes. C’est encore lui, n’est-ce pas ? Il te fait des ennuis.

    Absolument pas, assura Meredith avec un faible sourire. Pour échapper au regard inquisiteur de Derek, elle se dégagea de son étreinte et retourna derrière le comptoir. En tendant le bras vers la plus haute planche d’une étagère, pour y prendre un bocal de bonbons à la fraise, elle fit apparaitre une tache sombre sur le haut de son bras, l’ecchymose qui était née durant la nuit à la suite de son affrontement avec George, et qui avait été jusqu’à présent camouflée par la manche courte de sa blouse.

    Qu’est-ce que c’est que ça ? questionna immédiatement Derek. La jeune fille se tourna vers lui. Ton bras, précisa-t-il. Qu’est-ce que tu t’es fait ?

    Meredith se maudit intérieurement d’avoir oublié ce détail qui, elle le savait, allait relancer la discussion et lui amener d’autres problèmes. Elle tenta de trouver une parade. Ah tiens, j’avais pas vu, prétendit-elle en abaissant le regard vers le bras que Derek ne quittait pas des yeux. J’ai dû me faire ça en travaillant.

    Vraiment ? dit Derek sur un ton plus que sceptique qui fit comprendre à la jeune fille qu’elle avait sans aucun doute raté son coup. Tu n’avais rien quand je t’ai déposée chez toi hier soir et compte tenu de l’heure qu’il est, avec Mark et moi qui avons été là, tu n’as pas dû faire grand-chose ce matin. Alors, je ne vois pas comment tu aurais pu te faire ce bleu en travaillant, conclut Derek sur un ton catégorique

    Mais je ne sais pas, moi, répliqua Meredith, agacée par son insistance. J’ai dû me cogner à un moment ou à un autre, désolée de ne pas pouvoir être plus précise.

    C’est pas toi qui détestes le mensonge ? lança Derek sur un ton ironique. Comprenant qu’elle n’arriverait pas à le duper, Meredith lui lança un regard noir. 

    A ce moment-là, Cristina sortit de l’arrière-boutique en portant un plateau chargé de vaisselle. Laissez passer, crie-t-elle à l’intention du couple. Meredith profita de l’occasion pour filer dans la seconde pièce, dont elle claqua la porte derrière elle, afin d’exprimer son désir de rester seule. Cristina déposa son plateau sur une table tout en regardant le chirurgien avec un sourire moqueur. Crise de couple, déjà ?

    Il la foudroya du regard. Mêlez-vous de vos affaires et dites-moi plutôt pour quelle raison cet abruti – il pointa l’index vers l’extérieur de la boutique – a maltraité Meredith.

    Cristina prit un air railleur. Parce que vous n’avez pas encore compris ? Ça fait des années qu’il est amoureux d’elle et qu’il se fait des films, mais vous, il ne vous avait pas prévu dans le scénario. 

    Et c’est parce que j’ai contrarié ses projets qu’il l’a frappée ? répliqua Derek.

    Cristina souffla. N’exagérez pas. Il ne l’a pas frappée, il l’a juste serrée un peu fort. Il ne tient pas l’alcool et comme il avait un peu trop bu… Elle haussa légèrement les épaules. Mais c’est pas un mauvais bougre dans le fond.

    Ouais, vraiment un brave type, persifla Derek. Sans plus discuter, il rejoignit Meredith dans l’arrière-boutique. Elle était en train de ranger la vaisselle dans les armoires. Il referma doucement la porte et s’y adossa. Cristina vient de m’expliquer, dit-il simplement.

    La jeune fille le regarda avec un air penaud. C’est trois fois rien. Il avait bu et il n’a pas senti… Elle s’interrompit en voyant les yeux du chirurgien s’arrondir d’indignation.

    Mais est-ce que tu t’entends, là ? Tu lui trouves des excuses alors qu’il n’en a aucune. Derek secoua la tête en signe de désapprobation avant de soupirer. Il vint se mettre à côté de Meredith et lui prit la vaisselle des mains pour la déposer sur le côté. Il passa ensuite le bout de ses doigts sur l’ecchymose. C’est ce que tu appelles trois fois rien ? Elle baissa la tête. Bon sang, Meredith, gronda-t-il. Il va falloir qu’il te blesse vraiment pour que tu arrêtes de te voiler la face ?


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  • Mais ça n’est qu’un tout petit bleu, s’entêta Meredith. C’est vrai qu’il m’a secouée hier mais il n’était pas dans son état normal. Il n’avait jamais fait ça avant. Alors, il n’y a pas de quoi en faire une affaire d’état !

    Mais tu as peur de lui, objecta Derek qui avait de plus en plus de mal à garder son calme devant la naïveté de Meredith.

    Je n’ai plus confiance en lui, concéda cette dernière.

    Tu as peur de lui, répéta Derek, têtu. Et ne me dis pas le contraire, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Cette fois, Meredith ne répondit pas. Il est temps que quelqu’un aille donner une bonne leçon à ce minable, décréta Derek.

    Meredith le retint par la manche de sa veste alors qu’il allait sortir de la pièce pour mettre sa menace à exécution. Non ! s’écria-t-elle. Ça ne fera qu’empirer les choses. Je travaille avec lui, moi, et on vit dans la même maison. Alors, je vais m’en occuper… à ma façon.

    Génial ! s’exclama Derek en levant les yeux au ciel. Aujourd’hui, une ecchymose. Et demain, quoi ? Un bras cassé ?

    Tout de suite les grands mots ! répliqua Meredith. On parle de George, de mon ami d’enfance. Pas d’un tueur en série !

    On parle d’un salaud qui use de sa force contre une femme, riposta Derek. Alors, tu gères ça comme tu veux mais il faut que ça s’arrête, et vite ! Ou bien, c’est moi qui vais m’en occuper et là, il va le sentir passer, je te le jure !

    Oh ça va ! Je n’ai pas besoin d’un garde du corps, contre-attaqua Meredith que le côté donneur de leçon du chirurgien commençait à agacer prodigieusement.

    Derek n’était pas habitué à ce qu’on lui tienne tête, ni à ce qu’on le contrarie. D’habitude il détestait ça mais dans le cas de Meredith, étonnamment, cela l’amusa, sans parler du fait qu’il trouvait que la colère lui allait plutôt bien. Mais c’est qu’elle se rebelle ! constata-t-il avec un petit sourire. Il la saisit par la taille et souleva pour la faire asseoir sur la table.

    Je ne suis pas aussi nunuche que tout le monde le pense, grommela-t-elle.

    Je vois ça. Derek se mit entre les jambes de Meredith et commença à parsemer son visage d’une série de petits baisers légers et furtifs. Tu sais, depuis hier soir, je n’ai pas cessé de penser à toi… tout le temps. Il passa furtivement ses lèvres sur celles de la jeune fille. Et toi, tu as pensé à moi ? Sa bouche descendit doucement vers le cou, frôlant à peine la peau, avant de la mordiller tendrement, à la naissance de l’épaule.

    Oui… moi aussi, chuchota Meredith, les yeux mi-clos et la tête légèrement renversée en arrière. 

    Derek se redressa et sourit en la voyant ainsi, tellement troublée qu’elle semblait totalement à sa merci. Ses yeux s’égarèrent sur le corsage rose perle qui moulait parfaitement des seins plutôt menus certes, mais joliment ronds. C’est mignon tout plein, ça, murmura-t-il. Meredith rouvrit les yeux et rosit en voyant le regard du chirurgien fixé sur sa poitrine. C’est pour moi que tu t’es faite toute belle ? demanda Derek sur un ton coquin. Est-ce que par hasard tu voudrais me séduire ?

    Bien sûr que non, protesta Meredith, pour qu’il ne se méprenne pas sur son compte. Elle se tut subitement, troublée par les douces caresses que la main de Derek prodiguait à sa nuque.

    Il fit une moue légèrement dubitative. Je crois bien que oui.

    Ça n’a rien à voir, se défendit-elle encore, en essayant de ne pas penser aux frissons que le bout des doigts de Derek faisait naitre en elle, en se promenant le long de son bras. Izzie m’a fait… - elle avala sa salive quand cette même main exerça une légère pression sur ses fesses, comme si elle voulait en éprouver la fermeté - m’a fait dépenser une fortune… - elle rougit carrément quand Derek caressa furtivement sa poitrine – en vêtements – il la fit taire par un rapide baiser avant de cacher sa figure au creux de son épaule. Il faut… il faut bien les mettre, chuchota-t-elle. Quand elle sentit qu’il allait passer la main sous son haut, elle le repoussa doucement.

    Derek fit semblant de rien. Menteuse, menteuse, chantonna-t-il, ravi du petit voyage qu’il venait de faire. Tu t’es faite belle pour moi. Il la regarda intensément. Et tu es très belle, vraiment… plus encore qu’hier, ajouta-t-il avant d’embrasser ses lèvres. Il commença à chipoter la fermeture Eclair du corsage. J’adore ce genre de vêtements… ça s’ouvre tout seul généralement. Il fit mine de vouloir abaisser la tirette. Qu’est-ce qu’il y a là en dessous ?

    Rien ! Meredith posa sa main sur celle de Derek pour l’empêcher d’aller plus loin.

    Derek haussa légèrement les sourcils. Rien ? Ah mais ça m’intéresse, ça ! Je peux voir ?

    Non ! Meredith rougit violemment quand elle comprit que le chirurgien avait mal interprété sa phrase. Je n’ai pas voulu dire que…

    Il lui coupa la parole. Tu sais que je peux faire tout ce que je veux ? Tu as une dette envers moi.

    Ah bon, laquelle ? 


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  • Derek se pencha vers Meredith et mordilla délicatement le lobe de son oreille. Tu m’as claqué la porte au nez, tu te souviens ? susurra-t-il. Alors, tu me dois une soirée. Il s’écarta pour pouvoir la regarder dans les yeux, avec un air faussement sévère. Tu as été tellement méchante qu’une soirée ne suffira d’ailleurs pas à te faire pardonner. Il faudra au moins toute une nuit. Il la reprit dans ses bras et se jeta sur sa bouche, permettant à leurs langues de faire enfin connaissance. Docile, Meredith se laissa faire, s’adaptant tant bien que mal au mouvement, sans savoir si sa façon de répondre au baiser était la bonne. Par contre, elle savait que jamais on ne l’avait embrassée comme ça. Aucun de ses rares petits amis n’avait réussi à lui donner le genre de sensations qu’elle ressentait maintenant. Quant à Derek, il se trouva satisfait par ce premier vrai baiser, même si ce dernier manquait de passion. Mais il n’y avait pas de quoi s’inquiéter ou s’offusquer ; il était évident qu’à Ploucville, Meredith n’avait pas eu de bons maitres en la matière et que sa sexualité avait été plus que probablement médiocre. Je ne pourrai que relever le niveau, pensa t il. Cette petite va me bénir jusqu’à la fin de ses jours. Il mit fin au baiser avec quelques délicats pincements de la lèvre de Meredith entre les siennes. Enfin, dit-il dans un souffle. J’ai cru que ça n’arriverait jamais. Mais ça valait la peine d’attendre… c’était bien… c’était très bien, prétendit-il.

    Meredith rosit de plaisir. Oui, c’était très bien, approuva-t-elle timidement.

    Derek lui caressa la joue. Tu sais, je connais un très chouette endroit. C’est d’ailleurs là que je voulais t’emmener hier… avant que tu ne t’endormes. Il rit doucement de la voir devenir écarlate. On y joue de la très bonne musique, poursuivit-il. On pourra danser… parler… un peu… s’embrasser… beaucoup. Il plaqua son bassin contre celui de la jeune fille. J’ai vraiment très, très, très envie de t’embrasser… partout… et de faire plein d’autres choses aussi, souffla-t-il. Ne sachant que dire, Meredith cacha son visage dans le creux du cou de Derek. L’absence de réaction fut interprétée par le chirurgien comme un accord et il s’en réjouit. L’affaire n’avait pas été facile à mener mais, maintenant, elle était conclue. Ce soir, la ravissante petite oie blanche de Crestwood serait dans son lit et ils s’envoleraient tous les deux vers le septième ciel. Ensuite, il pourrait enfin passer à autre chose. Bon, Miss, ce n’est pas que je n’ai pas envie de rester mais il faut que j’aille travailler, déclara-t-il en regardant sa montre. Je passe te prendre chez toi ? 20h, ça te convient ?

    Même si Meredith n’en laissa rien paraître, elle fut un peu surprise du changement de ton et d’attitude. Cependant, elle le mit sur le compte du planning surchargé du chirurgien. Avec tous les patients qui comptaient sur lui pour sauver leur vie, Derek n’avait pas de temps à perdre en palabres. Oui, 20h, c’est parfait, répondit-elle avec un sourire.

    Très bien, à ce soir alors. Après lui avoir effleuré une dernière fois les lèvres, Derek rouvrit la porte et traversa la boutique. Arrivé sur le seuil, il aperçut George qui nettoyait les tables de la terrasse. Par pur esprit de provocation et aussi, accessoirement, pour montrer au jeune homme que, quoi il fasse, il ne réussirait pas à manipuler Meredith, il se tourna vers cette dernière et lui fit signe de le rejoindre. Elle accourut, une expression extatique sur le visage. Il la prit dans ses bras et embrassa ses lèvres tout en tirant légèrement sur la fermeture Eclair de son corsage. Meredith poussa un petit cri et repoussa sa main. Il se mit à rire. J’aime beaucoup cette petite blouse. Surtout, garde-la pour ce soir. Il croisa alors le regard mauvais que George posait sur Meredith et il y vit une menace pour la jeune fille. Il était temps de donner une bonne leçon à ce salaud, afin de lui ôter l’envie d’encore s’en prendre à elle. Lorsqu’il passa à côté de lui, il le saisit brutalement par le cou. Tu as tort de lui faire des misères parce que quand tu lui fais des misères, ça m’énerve et, quand je m’énerve, je deviens violent, le menaça-t-il. Et je suis certain que tu n’as pas envie que je devienne violent.

    Je ne vois pas de quoi tu parles, ânonna George tandis que Meredith, stupéfaite par le geste du chirurgien, portait la main devant sa bouche béante.

    Derek ricana méchamment. Tu me prends pour un con en plus ! Et l’ecchymose sur son bras, elle s’est faite toute seule ? Même pas le courage de tes actes ! Il resserra son étreinte sur la gorge de son rival. Tu es très fort pour frapper une femme mais une fois que tu te retrouves face à un homme, tu t’aplatis comme une carpette. Tu me dégoûtes.

    Meredith sortit de sa torpeur et se précipita sur Derek pour se suspendre à son bras. Derek, je t’en prie, lâche-le.

    George, qui commençait à manquer d’air, tente de retirer la main qui l’asphyxiait. Lâche-moi ! ordonna-t-il d’une voix étranglée. 

    Evidemment, Derek ne leur obéit pas. Alors, maintenant, tu vas faire très attention à ce que je vais dire, poursuivit-il, les doigts crispés sur le cou de George. Parce que je ne me répéterai plus. Ne la menace plus. Ne la touche plus. Ne t’approche même plus d’elle. Oublie qu’elle existe. Sinon, tu auras à faire à moi. Et je te jure bien que ce ne sont pas des paroles en l’air. George n’arriva pas à soutenir le regard bleu acier qui semblait le transpercer. Il baissa les yeux, en espérant que sa passivité calmerait la rage du médecin. Ne l’approche plus, poursuivit Derek. Est-ce que c’est bien compris ? George parvint péniblement à opiner de la tête. Derek rapprocha sa figure de la sienne. Laisse-la tranquille, siffla-t-il entre ses dents. Ne te mets plus en travers de mon chemin ou tu le paieras très cher. Est-ce bien clair ? George avait à peine acquiescé qu’il se trouva projeté contre une table qui éclata sous son poids.

    Sans plus un regard pour sa victime, Derek revint vers Meredith qui était toute tremblante. Il la prit contre lui et, sans lui laisser le temps de réagir, il s’empara de sa bouche, l’investissant fougueusement avec sa langue. Il l’enroula autour de la sienne avant d’aller caresser son palais. Meredith en eut le souffle coupé. Le baiser fut aussi bref qu’intense, ne laissant pas à la jeune fille le temps de penser à quoi que ce soit. Quand elle reprit ses esprits, Derek n’était déjà plus là.


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