• Ils débouchèrent enfin sur Valencia Street où brillait l’enseigne du Martuni’s Bar. Le temps de garer la Porsche et ils se retrouvèrent devant l’établissement dont le portier salua Derek avec déférence, ce qui indiqua à Meredith qu’effectivement le chirurgien était un habitué des lieux. A peine étaient-ils entrés qu’un homme en costume sombre se précipita à leur rencontre. Bonsoir, Docteur. Mademoiselle, dit-il en faisant un léger signe de tête à l’intention de Meredith, avant de se tourner à nouveau vers Derek. Je vous ai réservé votre table, comme convenu. Si vous voulez bien me suivre.

    C’est bon, James, répondit Derek. Je connais le chemin. Merci. Après avoir glissé discrètement un billet de cinquante dollars dans la main de l’homme, Derek entraina Meredith à l’intérieur. La jeune fille fut surprise par la pénombre qui régnait dans la salle. Il lui fallut quelques secondes pour que ses yeux s’habituent et qu’elle repère le piano, la piste de danse et les quelques tables qui étaient disposées tout autour de cette dernière. Elle s’attendait à prendre place à l’une d’entre elles mais Derek poursuivit sa route jusqu’au fond de la salle où se trouvaient de petites alcôves aux banquettes arrondies. Chaque alcôve, à peine éclairée, était séparée des autres par des plantes ornementales assez imposantes, dans un souci de garantir l’intimité de ses occupants. Derek s’arrêta soudain devant un enfoncement, lequel parut à Meredith être le plus retiré et le plus sombre du bar. Le chirurgien lui fit signe de s’installer la première sur la banquette et se colla ensuite tout contre elle. Ça te plait ? lui demanda-t-il, en lui désignant le lieu d’un geste de la main.

    Les yeux de Meredith firent lentement le tour de la salle en cherchant à voir la décoration mais ils ne réussirent à apercevoir que quelques couples tendrement enlacés sur la piste de danse. C’est un peu sombre, mais ça a l’air très sympa, déclara la jeune fille. Elle se tourna vers Derek avec un grand sourire. J’aime beaucoup. De toute façon, il aurait pu l’emmener n’importe où, elle aurait apprécié l’endroit, parce que tout ce qui comptait pour elle, c’était d’être avec lui. 

    Un serveur surgit devant leur table. Bonsoir, Dr Shepherd. Un double scotch, comme d’habitude ? Derek opina de la tête. Et pour Mademoiselle, ce sera ? se renseigna le serveur.

    Un coca, merci, répondit Meredith.

    Derek lui prit la main. Tu ne préfères pas une coupe de champagne ? lui proposa-t-il. Ou un cocktail ?

    Elle hocha la tête en fronçant légèrement le nez. Non, pas d’alcool. Un coca, ce sera très bien.

    Nous avons aussi de très bons cocktails sans alcool, intervint le serveur. Il y en a un qui est très apprécié de nos clientes, à base de jus d’orange, citron, ananas et de la grenadine. Notre barman l’a baptisé le Cendrillon.

    Meredith lui sourit. Ah oui, je vais plutôt prendre ça. Merci.

    Derek eut un sourire quelque peu moqueur. Oui, jus de fruits et grenadine, c’est parfait pour une petite fille. Surtout, n’oubliez pas la paille, Walter. Le serveur lui répondit par un discret clin d’œil avant d’aller chercher la commande.

    Meredith regarda Derek avec un air réprobateur. Décidément, ça t’amuse de te moquer de moi. A croire que c’est ton passe-temps favori !

    Derek porta une main à sa poitrine en prenant un air innocent. Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ? Les petites filles aiment boire avec une paille, non ? Enfin, je crois… Il y a très longtemps que je ne fréquente plus les petites filles.

    Vexée, Meredith se leva brusquement. Eh bien, comme les petites filles n’ont pas le droit d’être dans ce genre d’établissement, je ne vais pas pouvoir rester, répliqua-t-elle. Bonne soirée. Elle fit mine de sortir de l’alcôve mais Derek la retint en lui prenant la main et en la tirant vers lui. Elle atterrit sur ses genoux.

    Je plaisantais, assura-t-il avec un sourire penaud qui la fit fondre. Tu n’es pas une petite fille. Tu es une jeune femme splendide qui me fait vraiment beaucoup d’effet. Il plongea le nez dans le cou de Meredith. Mmm tu sens bon !

    C’est le parfum d’Izzie, murmura Meredith, troublée par la bouche du chirurgien qui parcourait son cou en lui donnant de petits baisers. Elle me l’a prêté. Tu l’aimes, c’est vrai ?

    Je l’adore ! Derek abandonna petit à petit le cou de la jeune fille pour se diriger vers sa poitrine, en faisant de petits cercles concentriques avec sa langue.

    Meredith le repoussa fermement. Pas ici ! On pourrait nous voir, chuchota-t-elle en essayant de calmer les battements désordonnés de son cœur. Elle tendit le cou pour essayer de regarder dans l’autre alcôve, afin de vérifier qu’on ne les avait pas remarqués.


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  • Derek prit Meredith par la nuque pour la ramener contre lui. Personne ne fait attention à nous, voyons. Viens plus près.

    Meredith lui résista et s’assit, très droite, sur le bord de la banquette. Elle regarda ensuite autour d’elle, feignant de s’intéresser au bar, alors qu’elle ne pouvait penser à rien d’autre qu’aux baisers caressants du chirurgien et aux sensations inconnues qu’ils faisaient naitre en elle. Tu viens souvent ici ? le questionna-t-elle avec un ton qui se voulait détaché.

    Comprenant qu’il n’arriverait à rien tant qu’elle serait mal à l’aise, Derek s’écarta un peu et se lança dans une conversation des plus banales sur ses endroits préférés à San Francisco, avec de temps en temps de petits traits d’humour, mais sans faire plus aucune allusion à l’intérêt qu’il lui portait. Petit à petit, il sentit que Meredith se détendait. Quand elle ne fut plus du tout sur ses gardes, il redevint plus empressé, en l’enlaçant par les épaules, en lui susurrant de belles paroles ou en mordillant tendrement le lobe de son oreille avant de lui voler de petits baisers. Il réalisa soudain à quel point il mettait les formes pour arriver à ses fins et en fut étonné. D’habitude, il était beaucoup plus direct, sans aucun tact même parfois. Mais il savait que s’il voulait l’avoir, il ne pouvait pas se permettre d’agir comme il le faisait avec les autres. Et il la voulait, à tout prix. Ça lui prendrait peut-être la nuit, peut-être un peu plus longtemps, mais Meredith serait à lui. Et pour y arriver, il n’y avait qu’une seule méthode, la mettre en confiance. Quelle est ta chanson préférée ? lui demanda-t-il à mi-voix.

    Meredith lui lança un regard un peu sévère. Si tu crois que je vais te le dire ! s’exclama-t-elle. Pour que tu te moques encore de moi !

    Mais non, voyons, assura Derek avec un petit sourire espiègle.

    De toute façon, je suis sûre que tu n’aimes pas, s’entêta Meredith.

    Si tu aimes, j’aimerai aussi, promit Derek. Allez, dis-moi, ne te fais pas prier. Il lui lança un regard implorant, en inclinant un peu la tête vers la gauche. Ah que ne devait-il pas faire pour parvenir à ses fins !

    La jeune fille souffla un peu, pour la forme, avant de dévoiler son secret. C’est la musique du film "Robin des Bois", tu sais, la chanson de Bryan Adams.

    Derek ne fut pas étonné par ce choix, une chanson d’amour romantique et sirupeuse comme seules les jeunes filles fleur bleue pouvaient les aimer. Attends-moi, je reviens, lui dit-il en se levant. Il fit quelques pas avant de revenir vers elle. Et surtout, ne laisse personne t’approcher. Tu es à moi, ne l’oublie pas.

    Les yeux chavirés d’émotion, Meredith le regarda s’éloigner et poussa un soupir d’extase. Les derniers mots du chirurgien l’avaient grisée autant que si elle avait bu. Ainsi donc, il commençait à s’attacher à elle autant qu’elle à lui, et il ne supportait pas l’idée que d’autres hommes s’intéressent à elle. Une fois encore, elle se demanda comment il était possible qu’elle ait autant de chance. Elle le vit parler au pianiste et devina ce qu’il était en train de faire. Elle en fut touchée et c’est les yeux pleins de larmes qu’elle le regarda revenir, alors que s’élevaient les premières mesures de la chanson. Il se trouvait à quelques mètres de leur table quand il lui fit signe de le rejoindre. Elle alla le retrouver, le rouge aux joues.

    Sur la minuscule piste, où dansaient déjà trois autres couples, Derek enlaça Meredith tout contre lui. C’est pour toi, chuchota-t-il à son oreille. Cette chanson, ta chanson… Maintenant, quand tu l’entendras, tu penseras toujours à moi. Lui vint aussitôt l’idée qu’il venait de lui faire un cadeau empoisonné. Il chassa rapidement cette pensée de son esprit. De toute façon, il était inutile de s’attendrir. Il s’était donné un objectif et il ferait tout pour l’atteindre, parce que l’échec n’était pas envisageable pour lui.

    Les paroles de Derek émurent Meredith. C’était si romantique ! Elle n’avait jamais connu de garçon aussi attentionné et elle avait si souvent entendu les filles de Crestwood se plaindre du manque de prévenance de leurs petits amis, qu’elle avait fini par croire que c’était la norme. Et voilà que Derek démentait tout cela ! Il était tellement sensible, et gentil aussi. Meredith attribua ces qualités si rares au fait qu’il était plus âgé que les garçons qu’elle et ses copines avaient fréquentés. Il avait de la maturité et il n’avait pas peur de montrer ses sentiments. En appuyant sa tête contre l’épaule de son cavalier, elle remarqua que les personnes attablées tout autour de la piste observaient les danseurs et elle eut l’impression que les regards s’attardaient plus sur Derek et elle. Cela la mit mal à l’aise. Tout le monde nous regarde, chuchota-t-elle à Derek.

    C’est normal, répondit Derek comme s’il s’agissait de la chose la plus normale au monde. Ils nous regardent parce que nous sommes beaux.

    Meredith crut d’abord à une plaisanterie mais l’attitude de Derek, son intonation, la fit douter. Tu ne parles pas sérieusement, n’est-ce pas ? 

    Mais si, bien sûr ! Il lui sourit. Nous formons un très beau couple.


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