• Après s’être effacé pour laisser passer Meredith, Derek s’empressa de refermer la porte derrière lui, afin d’éviter que les amis de la jeune fille ne les suivent pour assister à leur départ. Il rejoignit Meredith qui l’attendait sur le trottoir. Ma voiture est là-bas, lui signala-t-il en lui indiquant l’emplacement d’un geste de la main.

    Si on pouvait ne pas marcher trop vite, lui demanda-t-elle timidement. Je n’ai pas l’habitude d’avoir des talons aussi hauts. Il vint se mettre tout à côté d’elle et lui présenta galamment le bras. Elle le remercia d’un sourire. Ils marchèrent lentement jusqu’à la voiture, sans se dire un mot. Derek ouvrit la portière et resta à côté, tandis que la jeune fille s’installait en essayant de tenir le bas de sa robe fermée, sans trop de succès. Derek ne perdit pas une miette du spectacle de ses jambes. C’est tout sourire qu’il fit le tour du véhicule. Ce début de soirée dépassait vraiment toutes ses espérances. Il s’installa à son volant et mit le contact. Bien qu’il soit impatient d’arriver au gala, pour voir la tête que ferait Mark en le voyant apparaitre avec cette créature de rêve, il avait envie de passer un peu de temps seul avec cette dernière. Démarrant en trombe, il fit demi-tour et remonta la rue pour tourner sur Clay Street au lieu de mettre directement le cap sur Powell Street. Durant tout le trajet, ses yeux sautèrent de la route à Meredith, s’attardant d’ailleurs plus longuement sur celle-ci que sur l’asphalte.

    Quant à la jeune fille, elle était stressée parce qu’elle sentait le regard du chirurgien posé quasiment en permanence sur elle et qu’elle ne savait pas ce que ça signifiait exactement. Bien sûr, elle avait remarqué la façon dont il l’avait regardée quand elle était arrivée dans le salon. Ce n’était pas le même regard que d’habitude. Mais maintenant que le premier moment de surprise était passé, que pensait-il réellement d’elle ? La trouvait-il jolie, aussi jolie que les autres filles avec lesquelles il sortait d’habitude ? Et ne la trouvait-il pas stupide de rester là, assise dans son siège, bien droite, presque raide, et totalement muette ? Mais elle était tellement mal à l’aise qu’elle ne trouvait rien à dire qui lui paraisse intéressant. Elle se creusait la tête pour essayer de trouver un sujet de conversation qui en vaille la peine lorsqu’elle vit le feu de signalisation passer au rouge, au moment où la voiture du chirurgien allait le franchir. Attention ! cria-t-elle.

    Dans un réflexe, Derek, qui s’était laissé distraire une fois de plus par sa voisine, tourna la tête, comprit la situation et freina à bloc. La Porsche s’arrêta brusquement de l’autre côté du passage pour piéton tandis que Meredith était projetée vers l’avant, malgré sa ceinture de sécurité. Le cœur battant à tout rompre, elle poussa un petit cri. Derek se tourna vers elle et remarqua sa pâleur. Ça va ? lui demanda-t-il, légèrement inquiet. Vous ne vous êtes pas fait mal ? Elle secoua la tête. Vous avez eu peur ? s’enquit-il.

    Un peu…

    Il lui prit la main et la serra délicatement. Je suis désolé… mais c’est de votre faute aussi. Elle le regarda avec un air interloqué. Oui, parfaitement, c’est de votre faute, répéta-t-il avec aplomb. Vous êtes trop belle. Je n’arrive pas à me concentrer sur la route. Le conducteur qui le suivait lui fit des appels de phare pour lui signifier qu’il pouvait redémarrer pendant que les autres voitures commençaient à klaxonner. Ouais, c’est bon, grogna Derek en redémarrant. Et vous, retournez-vous que je ne vous voie plus, sinon on va terminer dans un mur, lança-t-il à Meredith, en feignant d’être contrarié. 

    Elle ne put s’empêcher de rire. Vous êtes fou !

    Et vous, vous êtes ravissante, susurra-t-il sur un ton tendre destiné à la faire craquer. Et encore plus quand vous riez. Meredith leva légèrement les yeux au ciel en hochant la tête. Je vous jure que je suis très sérieux, affirma Derek. 

    Meredith continua à secouer doucement sa tête de droite à gauche. Je ne suis pas ravissante. C’est juste que je me suis un peu arrangée et puis, il y a la robe. C’est elle qui fait tout.

    Non, c’est vous, c’est votre beauté qui fait tout, répliqua. Derek. Je suis vraiment impressionné.

    Il n’y a pas de quoi pourtant, s’obstina Meredith. Vous, vous êtes quelqu’un d’impressionnant, ajouta-t-elle après quelques secondes de silence.

    Même s’il était parfaitement conscient de l’effet qu’il lui faisait, Derek fit semblant d’être étonné. Ah bon ? Et pourquoi donc ?

    Ben, pour commencer, à cause de votre métier, expliqua Meredith. Chirurgien, ce n’est pas rien. Et puis, il y a votre allure, votre style… tout ça, quoi… Je n’avais jamais rencontré d’homme comme vous avant, avoua-t-elle en toute spontanéité.

    Bien qu’il soit convaincu de sa sincérité, Derek arbora une moue dubitative. Allons donc ! il doit y avoir des tas de gars comme moi à Crestwood, et même des mieux que moi.

    Oh ça non, vous pouvez me croire, s’exclama Meredith. Si j’avais vu un aussi bel homme que vous à Crestwood, je m’en souviendrais. Elle se mordilla la lèvre en réalisant ce qu’elle venait de dire.

    Derek se mit à rire. Merci, c’est très gentil. Mais je peux en dire autant à votre sujet.

    Meredith se tourna vers lui avec un air grave. Ne vous croyez pas obligé de me dire ça. Je sais que ce n’est pas vrai.

    Derek redevint sérieux. Si, c’est vrai. Il lui reprit la main. Je suis sincère, Meredith. Vous êtes la plus belle femme que j’ai jamais rencontrée


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  • Pour masquer son trouble et sa gêne, Meredith tourna la tête de l’autre côté sans toutefois prêter aucune attention aux bâtiments qui défilaient derrière les vitres. Elle n’était capable de penser qu’à ce que Derek venait de lui dire. Était-il vraiment aussi sincère qu’il le prétendait ? Il en avait l’air mais d’un autre côté, c’était tellement difficile de croire qu’elle était la plus belle de toutes les femmes qu’il avait rencontrées dans sa vie, d’autant plus qu’il devait y en avoir eu énormément.

    Vous voilà bien silencieuse tout à coup, lui fit remarquer Derek. Tout va bien ?

    Oui, oui, répondit-elle en se retournant vers lui. J’admire le paysage. Je n’étais pas encore venue dans ce quartier. Les feux de signalisation passèrent au rouge, obligeant les voitures à s’arrêter, ce qui permit à Derek de pouvoir se concentrer à nouveau sur sa voisine. Troublée de sentir le regard intense du médecin sur elle, Meredith regarda de tous les côtés dans l’espoir de trouver quelque chose qui pourrait faire diversion. C’est avec soulagement qu’elle aperçut un haut building de forme pyramidale. Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle en pointant son index dans sa direction. 

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    Sous prétexte de mieux voir le bâtiment, alors que ce n’était absolument pas nécessaire puisqu’il était juste devant eux, Derek se pencha et vint coller son visage contre celui de Meredith. Il sentit la douceur de sa peau, la senteur de son parfum mêlée à l’odeur de son shampoing, tout cela l’enivra. Il avait envie de cette fille comme il avait rarement désiré une femme. C’est la tour Transamerica, lui répondit-il. C’est le gratte-ciel le plus haut de San Francisco. Profitant de leur proximité, il effleura la joue de la jeune fille avec ses lèvres. 

    Elle ne comprit pas ce qu’il lui disait. La seule chose qu’elle était capable de percevoir, c’était qu’il était tout contre elle et qu’il promenait sa bouche sur sa joue. Et il y avait aussi son eau de toilette qui lui montait à la tête. Quand il s’approcha de sa bouche, elle recula et se plaqua contre la portière. Docteur… le feu est vert, chuchota-t-elle, chamboulée par ce qui venait de se passer.

    Derek s’écarta à regret. Ah non ! Pas docteur ! A partir de maintenant, vous m’appelez Derek. Il redémarra et obliqua sur Montgomery Street en direction d’Union Square.

    Meredith joignit les mains pour cacher qu’elles tremblaient. Et ce bâtiment, c’est quoi ? se renseigna-t-elle uniquement pour meubler le silence.

    Derek regarda distraitement à sa droite. Lequel ?

    Celui-là. Meredith se retourna légèrement en direction d’un vieil immeuble surmonté d’un dôme vert illuminé. On vient de passer devant.

    Je ne sais pas, je ne l’ai pas vu, avoua Derek. C’est vous que je regardais. Vous êtes tellement… Il soupira.

    La jeune fille prit un air sévère. Vous feriez mieux de regarder la route.

    Vous ne me facilitez pas la tâche, riposta Derek. Heureusement, on est arrivé.

    Meredith regarda autour d’elle. Mais je connais cet endroit, c’est Union Square.

    Derek acquiesça d’un signe de tête. Oui, et nous, on va là. Il lui montra un imposant bâtiment illuminé. Au Westin St Francis. Les yeux de Meredith brillèrent de ravissement. Elle avait l’impression d’être Cendrillon arrivant au bal.

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    Un voiturier se précipita dès que Derek stationna sa Porsche devant l’entrée principale. Meredith avait déjà la main sur la portière lorsque Derek l’arrêta. Ne soyez donc pas si pressée. Elle se tourna vers lui avec un air surpris. Il lui sourit gentiment. Attendez. Il sortit du véhicule et, après avoir remis sa clé au voiturier, il fit le tour de son bolide pour ouvrir la portière de Meredith. Il tint la main de la jeune fille tandis qu’elle s’extirpait de la voiture, en essayant de garder le bas de sa robe fermé, et la conserva dans la sienne pour marcher vers l’hôtel. Meredith avança, la tête levée vers le haut bâtiment de douze étages.

    Ils pénétrèrent dans l’établissement. Tenant toujours Meredith par la main, Derek l’entraina en direction des salles de réception. Immédiatement, il remarqua avec satisfaction que bon nombre de regards se tournaient vers eux. Voilà qui confirmait ce qu’il pressentait depuis qu’il avait découvert la nouvelle Meredith. Leur couple allait être l’attraction de la soirée. Totalement inconsciente de l’intérêt qu’ils éveillaient, la jeune fille admirait la décoration du hall majestueux avec ses colonnes en marbre, son plafond doré et ses chandeliers en cristal. C’est magnifique, s’exclama-t-elle. Elle lâcha la main de son cavalier pour pouvoir regarder plus à son aise. Les yeux écarquillés, elle tourna la tête dans tous les sens, cherchant à graver dans sa mémoire le moindre détail, que ce soit les grands miroirs ceints de boiseries, les balcons ornés, les mosaïques au sol ou les immenses plantes ornementales. C’est magnifique, répéta-t-elle encore une fois. Elle se tourna vers Derek avec des yeux brillants d’une joie enfantine. Non, mais vous avez vu ça ? Il lui sourit. La seule chose qu’il voyait, c’était ses jambes longilignes et magnifiques. 

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    Elle lui désigna une énorme horloge qui était suspendue à des fils de métal, au-dessus d’un petit salon. Regardez. Vous ne trouvez pas que c’est particulier ? 

    Vous savez, ce n’est pas la première fois que je viens ici. C’est du déjà vu pour moi, lui fit-il remarquer, légèrement condescendant.

    Vous êtes blasé, c’est dommage, soupira-t-elle. Moi, je pourrais passer ma vie ici sans jamais me lasser, tellement c’est beau.

    Il la rejoignit et, la reprenant par la main, l’attira à lui, de sorte de sorte que leurs poitrines se touchent. Il la prit par la taille pour la serrer plus étroitement et darda son regard bleu sur elle, en lui souriant avec une expression qui ressemblait à de la tendresse. Ce soir, je ne vois que vous. Ne me demandez pas de regarder autre chose, j’en serais incapable. Meredith rougit. Les yeux de Derek se portèrent sur ses lèvres et il dut lutter contre une folle envie de les embrasser. Mais il devina qu’il ne réussirait qu’à effaroucher la jeune fille. Il se contenta donc de serrer sa main un peu plus fortement avant de la porter à sa bouche pour y déposer un baiser. 


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  • Derek entraina Meredith vers la grande salle de bal. A peine arrivée sur le seuil, la jeune fille recommença à s’extasier. Elle avait l’impression de ne pas avoir assez de vocabulaire pour dire à quel point elle appréciait la pièce ornée de nombreux lambris en bois de chêne, avec des tables joliment décorées sur lesquelles était disposée une vaisselle raffinée. Elle contemplait la décoration florale, tout en lys et roses, quand elle réalisa qu’un tonnerre d’applaudissements venait d’éclater. Elle regarda autour d’elle pour tenter de comprendre ce qui l’avait déclenché. La nervosité s’empara d’elle quand elle s’aperçut que tous les regards étaient fixés sur Derek et elle. Un léger tremblement la saisit et elle se tourna vers son compagnon.

    Debout à l’entrée de la salle, Derek appréciait à sa juste valeur l’hommage qui lui était rendu. Son talent, ses mérites étaient enfin reconnus non seulement par les sommités médicales de San Francisco mais aussi par les meilleurs neurochirurgiens du pays, que Richard Webber avait également invités. Derek sentit son cœur se gonfler de fierté. C’était une consécration professionnelle mais à titre personnel, c’était aussi une revanche pour lui qui, en d’autres temps, avait été considéré comme un incapable. Il eut une pensée émue pour son grand-père, chirurgien lui aussi, qui avait été le seul à croire en lui, et il regretta que le vieil homme ne soit plus là pour assister à son triomphe. Il en aurait été tellement fier.

    Les applaudissements cessèrent enfin et Meredith serra imperceptiblement la main de Derek pour attirer son attention. Qu’est-ce qui se passe ? chuchota-t-elle.

    Il se tourna vers elle et lui sourit. Ne vous en faites pas. C’est pour moi. Il ne put en dire plus car un petit homme bedonnant d’une cinquantaine d’années, passablement ridicule car trop serré dans un costume blanc, se précipita sur lui. Cher ami ! Nous vous attendions. Laissez-moi vous féliciter. Ce que vous avez fait tient de l’ordre du miracle. A vôtre âge… c’est tout bonnement… prodigieux ! Voilà le mot que je cherchais. Vous êtes prodigieux, mon ami.

    Meredith réalisa tout à coup que l’homme qui était debout, à ses côtés, avait une certaine renommée et elle se demanda à nouveau pourquoi il l’avait choisie pour l’accompagner à cette soirée. Impressionnée au plus haut point, elle le regarda timidement. Imperturbable, il écoutait les torrents de compliments dont l’abreuvait son interlocuteur. Celui-ci avait beau l’appeler "mon ami", Derek n’avait aucune idée de qui il pouvait être. Ne supportant plus cette hypocrisie, il mit fin abruptement à la conversation. Excusez-moi, cher ami, mais ma compagne souhaite se désaltérer. Si vous le permettez, nous allons nous diriger vers le bar.

    Mais faites, mon ami, faites. A tout à l’heure. L’inconnu s’éloigna en leur faisant un petit signe de la main avant d’aller accueillir un autre invité. Ah cher ami ! Vous voilà enfin !

    Meredith, qui avait été étonnée d’entendre Derek l’appeler sa compagne – sans doute qu’à San Francisco, cela n’avait pas la même signification qu’à Crestwood - se rapprocha du chirurgien. Vous auriez pu me prévenir que vous étiez une célébrité, marmonna-t-elle en désignant l’assemblée qui continuait à regarder le chirurgien avec une certaine déférence.

    Derek lui lança un regard amusé. Mais je n’en suis pas une, affirma-t-il. Ne vous laissez pas impressionner par tout ça. Ce n’est que du vent, ajouta-t-il en l’emmenant à l’angle opposé de la pièce. Dans cette salle, il y a peut-être trente personnes qui savent réellement qui je suis et qui comprennent mon travail. Les autres ne sont que des moutons qui ont applaudi par mimétisme. Il s’arrêta brusquement et reprit la jeune fille contre lui. Je me moque de tous ces gens. La seule qui compte ici, ce soir, c’est vous. Il la regarda intensément. Meredith, vous êtes… Il se penchait lentement vers elle lorsqu’il sentit qu’on tapait sur son épaule. Il se redressa à contrecœur et se retourna pour découvrir Mark qui lui souriait.

    Alors, c’est sympa de se faire accueillir de cette manière, non ? Mark prit son ami dans les bras pour lui donner l’accolade.

    Derek lui donna quelques petites tapes dans le dos. Ah ! Parce que toi aussi… Les deux hommes s’écartèrent l’un de l’autre.

    Ben oui, qu’est-ce que tu crois ? Mark regarda autour de lui avec une satisfaction évidente. Ah bon Dieu, qu’est-ce que ça fait du bien ! Tous ces gens qui viennent te manger dans la main alors que, la veille, ils te snobaient. J’adore !

    Derek remarqua que son ami commençait à lorgner vers Meredith. Tu es venu seul ? se renseigna-t-il.

    Ben non, avec Callie. Elle doit être par là, fit Mark en désignant distraitement de la main le milieu de la salle. Excusez-nous quelques secondes, dit-il à l’intention de Meredith. Il entraîna Derek quelques mètres plus loin.

    Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Derek, en ne perdant pas de vue la jeune fille qui semblait perdue au milieu de tous ces inconnus.

    A quoi tu joues ? gronda Mark d’une voix sourde. Tu vas changer combien de fois ? Derek le regarda avec un sourire ironique. C’est vrai, quoi ! bougonna Mark. D’abord, tu dis que tu viens avec la pâtissière, puis c’est la New Yorkaise, puis de nouveau avec la pâtissière et finalement, tu te ramènes avec la huitième merveille du monde. Où l’as-tu dénichée, celle-là ?

    C’est elle.


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  • Qui, elle ? demanda Mark avec un air perplexe.

    Derek arbora un sourire triomphant. Meredith. J’en suis le premier surpris, mais la huitième merveille du monde, c’est Meredith.

    Mark se retourna vers l’intéressée avec de grands yeux ronds. Cette splendeur, c’est la pâtissière ?

    Bordel, sois un peu plus discret ! grommela Derek qui craignait que Meredith entende les commentaires de Mark et qu’elle s’en offusque, sans parler du fait que cela pouvait éveiller ses soupçons.

    Cette fille, c’est Meredith… la pâtissière ? répéta Mark, sidéré. C’est pas possible, tu déconnes !

    Depuis le début, je te répète qu’elle n’est pas si laide que ça, lui rappela Derek, ravi de l’effet que son annonce avait eu sur son ami. C’est inquiétant qu’un plasticien aussi renommé que toi ne s’en soit pas aperçu avant ce soir.

    Mark prit un air boudeur. Et notre pari, alors ?

    Je l’ai honoré, mon vieux, déclara Derek avec assurance. Je suis venu avec la mocheté que tu m’avais désignée. Désolé si, finalement, elle n’est pas aussi moche que tu le croyais, persifla-t-il.

    Va te faire foutre ! répondit Mark, mauvais perdant. Tu peux faire une croix sur les cinq mille dollars.

    Derek fit claquer plusieurs fois sa langue contre son palais. Hors de question ! Moi, j’ai respecté les règles du jeu, je suis venu avec la fille que tu m’avais choisie. Alors tu dois honorer ta part du marché.

    Tu peux toujours courir, riposta Mark qui râlait d’être le dindon de la farce. Tu me gâches mon plaisir, là. Par contre, tu peux toujours avoir le bonus de deux mille, à condition que tu m’apportes demain la cassette de vos galipettes.

    Considère que c’est fait. Derek avisa un homme qui s’approchait de Meredith en souriant. Désolé, mais faut que je te laisse. Je ne voudrais pas qu’on me vole mon bien. On se voit plus tard. Il se précipita vers la jeune fille et arriva près d’elle au moment où l’inconnu allait entamer la conversation. Il la prit par la taille tout en toisant l’homme avec un regard mauvais. Je ne vous ai pas trop manqué ? murmura-t-il à l’oreille de sa cavalière.

    Cette dernière attendit que l’homme, passablement dépité par l’attitude possessive de Derek, s’en aille pour se tourner vers celui-ci. Je vous en prie, ne me laissez plus seule au milieu de toutes ces personnes que je ne connais pas, le supplia-t-elle en levant vers lui deux grands yeux pleins de crainte.

    Derek la regarda avec intensité. Promis. A partir de maintenant, nous sommes inséparables. En la tenant toujours par la taille, il la guida jusqu’au bar. Que désirez-vous boire ? Une coupe de champagne ?

    Meredith regarda rapidement autour d’eux, comme pour s’assurer que personne ne les écoutait. Je n’ai pas encore vingt-et-un ans, alors je n’ai pas le droit de boire de l’alcool, chuchota-t-elle.

    Derek haussa légèrement les épaules. Ne me dites pas que vous ne l’avez jamais fait. Meredith écarquilla les yeux comme s’il venait de dire une énormité. Il sourit. D’accord, vous êtes une jeune fille sage qui respecte les lois. C’est tout à fait louable, s’empressa-t-il de dire en voyant les sourcils de Meredith se froncer. Mais ce soir, vous pourriez peut-être faire une exception. Vous savez, ici, personne ne vous demandera vos papiers. Il fit signe au serveur de remplir deux coupes. Un peu de champagne, ça ne peut pas vous faire de mal. Il tendit le premier verre à Meredith.

    Elle le prit avec une certaine méfiance. Je l’espère. Comme je n’en ai jamais bu, je ne sais pas l’effet que ça va me faire.

    Moi, je le sais, c’est pour ça que je veux que tu en boives, pensa Derek. Laissez-vous donc aller, Meredith, dit-il à voix haute. Ce soir, je veille sur vous. Rien ne peut vous arriver. Il levait son verre quand il vit Mark et Callie se diriger vers eux. Il en fut plus que contrarié. C’était ses amis mais, ce soir, il n’avait pas envie d’être avec eux. Cependant, il fit contre mauvaise fortune bon cœur et salua chaleureusement Callie en la prenant dans ses bras. Quand il desserra son étreinte, il se tourna vers Meredith. Meredith, je vous présente ma meilleure amie, le Dr Callie Torres. Callie, voici Meredith.

    Vous voilà donc ! s’exclama Callie en souriant à la jeune fille. Si vous saviez combien Derek m’a parlé de vous ! Vous êtes aussi charmante qu’il me l’a dit. Meredith sentit ses joues s’empourprer.

    Derek fut reconnaissant à son amie pour ce pieu mensonge. Elle était au courant du pari et le fait qu’elle ait menti en sa faveur était la preuve pour Derek qu’elle avait pris son parti. Il lui fit un discret clin d’œil auquel elle répondit par un sourire affectueux. Meredith les regarda avec une pointe d’envie. Leur amitié semblait si sincère, cela n’avait rien à voir avec celle qui la liait maintenant à George. Mais elle n’eut pas le temps de s’appesantir sur ses regrets car Derek levait légèrement sa coupe en sa direction. A nous !


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  • Meredith porta le verre à ses lèvres et fit couler lentement le champagne dans sa gorge. Mmm, c’est bon. Elle passa le bout de sa langue sur ses lèvres légèrement entrouvertes, sans se douter de la sensualité de son geste. Derek sourit devant tant de fraîcheur. Elle était charmante à ne pas se rendre compte de l’effet qu’elle produisait. Il sentit le désir monter en lui et dut faire un effort pour le maitriser. Il vida son verre d’un trait et en reprit aussitôt un autre.

    Dites-moi, Meredith, que pensez-vous de votre nouvelle vie à San Francisco ? s’enquit Callie tout en suivant du coin de l’œil le parcours d’un serveur qui passait avec un plateau de canapés.

    C’est très loin de ce que j’avais imaginé en fait, avoua Meredith.

    C’est sûr que ça doit vous changer de votre bled, lança Mark, ce qui lui valut un regard agacé tant de la part de Derek que de Callie.

    Meredith sourit. Oui, c’est sûr.

    Et qu’est-ce que vous vous étiez imaginé ? demanda Callie.

    Déjà, je… je ne pensais pas que la ville serait si grande, répondit Meredith. Je sais, c’est ridicule, parce que c’est San Francisco, mais… mais je ne m’attendais pas à ça. Toutes ces rues… et le monde qu’il y a. Ce matin, je suis venue faire du shopping, ici, à Union Square, et il y a des endroits où on se bousculait pour passer. C’est dingue. Et la circulation ! s’exclama-t-elle. En plus, ils roulent comme des fous et c’est à celui qui klaxonnera le plus. Mark et Callie se tournèrent vers Derek avec un petit sourire ironique. Il resta imperturbable. Et je trouve qu’ici, les gens sont toujours en train de courir, poursuivit Meredith. Ils ne prennent pas le temps de profiter des choses, tout doit toujours aller vite. Et il y en a qui sont super agressifs. Ça ne se passe pas comme ça chez nous, conclut-elle avant de boire une autre gorgée de champagne.

    Bref, vous regrettez votre vie tranquille dans le Kentucky, déduisit Mark.

    Oh mon dieu non, pas du tout ! s’écria Meredith. Vous ne vous rendez pas compte de ce que c’est que de vivre à Crestwood. On s’y ennuie à mourir. Et puis, là-bas, notre boutique n’aurait eu aucun succès.

    Callie haussa un peu ses sourcils. Ah bon ? J’aurais cru le contraire. Ici, il y a beaucoup de concurrence.

    Meredith opina de la tête. C’est vrai, reconnut-elle. Ça ne sera pas facile, on le sait. Mais au moins, ici, on peut tenter notre chance. A Crestwood, on n’en aurait eu aucune.

    Eh bien, moi, je suis ravi que vous ayez décidé de tenter votre chance ici, déclara Derek en se rapprochant d’elle. Sans cela, je n’aurais jamais fait votre connaissance, vous ne m’auriez pas accompagnée ce soir et je m’ennuierais comme un rat mort.

    C’est clair que vous nous auriez manqué, surenchérit Mark dont l’œil s’allumait au fur et à mesure qu’il examinait sans vergogne la silhouette parfaite de la jeune fille. Vous cachiez bien votre jeu sous vos vêtements trop larges. C’est bien dommage, ça ne demande qu’à être vu, tout ça.

    Mark ! s’indignèrent en chœur Callie et Derek.

    Mark prit un air étonné. Quoi ? Ne me dites pas que j’ai tort. Elle est splendide, cette petite. Il se tourna à nouveau vers Meredith avec un regard caressant. Excusez-moi si je suis un peu trop direct mais vous me troublez. Pour tout dire, vous me faites tourner la tête et croyez-moi…

    La mâchoire de Derek se contracta légèrement. Mark ! répéta le chirurgien, nettement plus menaçant. Mark allait réagir lorsqu’un serveur surgit avec son plateau de canapés. Le temps que le groupe se serve, à l’exception de Derek qui était trop énervé pour avaler quoi que ce soit, la tension était quelque peu retombée.

    Tout en dégustant un toast au foie gras, Callie observa ses deux amis qui fanfaronnaient devant la jeune fille qui était entre eux. Quels coqs, ces deux-là ! pensa-t-elle avec une pointe d’amertume. Non seulement, elle était une solution de rechange mais en plus, son cavalier ne faisait plus attention à elle. Quant à Derek, n’en parlons pas. Il était subjugué.

    Tout subjugué qu’il fut, Derek était conscient que Mark risquait de devenir de plus en plus envahissant. Son ami semblait soudain très intéressé par la nouvelle apparence de celle qu’il n’avait jamais appelée que la mocheté ou la pâtissière. Peut-être aussi était-il motivé par le désir de ne pas dépenser deux mille dollars. A la limite, ton fric, je m’en moque, se dit Derek. Ce que je veux, c’est avoir cette fille dans mon lit et ça, mon gaillard, tu ne vas pas m’en empêcher. Il se pencha vers Meredith. Je reviens dans quelques minutes, lui dit-il à l’oreille.

    Elle le fixa de ses grands yeux inquiets. Vous aviez promis de ne plus me laisser seule.


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