• Alors, oui, dit simplement Meredith.

    Je me disais qu’on pourrait déjà passer nos week-ends ensemble, expliqua Derek qui était tellement occupé à essayer de trouver les bons arguments pour la convaincre qu’il ne s’était pas rendu compte qu’elle venait d’accepter sa proposition. Et pour le reste, on ferait en fonction de notre envie, de nos disponibilités aussi bien sûr. Si on peut se voir tous les jours, pourquoi pas si c’est ce qu’on veut ? Ne refuse pas, je t’en prie, la supplia-t-il.

    J’ai déjà dit oui, gros bêta, mais tu ne m’as même pas entendue. Meredith posa la tête sur le torse de son amant. Evidemment que je veux te voir le plus souvent possible. Elle se redressa, le temps de déposer un baiser sur le sein gauche de Derek, à la hauteur du cœur. J’ai toujours détesté cette règle du "une fois par semaine".

    Derek parut un peu surpris. Pourquoi tu ne l’as jamais dit ?

    Et si je l’avais dit, qu’est-ce que ça aurait changé ? rétorqua Meredith. Ce n’est pas comme si tu m’avais vraiment laissé le choix. C’était une fois par semaine ou rien.

    Oui, j’imagine que c’est l’impression que j’ai dû te donner, concéda Derek. Donc, tu es d’accord pour qu’on se voit plus souvent ?

    Mais oui, évidemment !

    Le bonheur illumina le visage de Derek. Oh bébé, je ne sais pas vraiment pas ce que j’ai pu faire pour mériter une femme comme toi. Il se sentait heureux comme il ne l’avait encore jamais été sans doute. Tout à coup, ce qui l’attendait, notamment le manque de sexe, lui parut plus supportable. Tout finirait par s’arranger, il suffisait d’être patient. Il serra la jeune fille contre lui et, dans un grand éclat de rire, ils firent des roulés-boulés sur le matelas en s’embrassant au hasard.

    J’ai faim ! clama Meredith quand ils s’immobilisèrent.

    Moi aussi ! Je vais te préparer un petit-déjeuner dont tu me diras des nouvelles. Derek bondit hors du lit, sans prêter attention au fait que sa serviette n’était plus accrochée à sa taille. Tu as une exigence particulière ou tu me fais confiance ? Il ramassa son sac et avança en direction du dressing.

    Meredith admira son dos musclé bâti en un trapèze parfait, ses fesses rondes et fermes, ses jambes déliées et souples. C’était son homme. Elle ne put résister. Elle se leva brusquement et courut jusqu’à lui. Il l’entendit venir et se tourna vers elle. Elle se jeta dans ses bras et, en un geste complètement spontané, lui caressa le dos en laissant ses mains descendre jusque sur ses fesses. Je te fais totalement confiance, murmura-t-elle.

    Cette fois, Derek ne put se contrôler. Son sexe se redressa aussitôt sous la caresse. Il gémit autant de désir que de dépit, parce qu’il venait de rompre la magie de l’instant. Je suis désolé, dit-il à voix basse.

    Quoique embarrassée, Meredith ne bougea pas. Derek se sentait déjà assez mal, ça ne servait à rien d’en rajouter. Arrête de t’excuser tout le temps. Ce n’est pas dramatique.

    Non, bien sûr, mais… Il baissa les yeux sur sa verge tendue qu’il ne parvenait pas à ramener à la normale, malgré tous ses efforts de concentration. C’est déjà assez difficile pour toi, alors je ne veux pas être celui qui te fait sentir encore plus mal.

    Je sais que ce n’est pas facile pour toi non plus, objecta Meredith. Et puis, tu sais, même si je ne suis pas très à l’aise avec ça – elle regarda furtivement le membre toujours érigé – ça me confirme que je ne te dégoûte pas.

    Tu es folle de penser ça ! s’exclama Derek.

    Oui, en effet, on dirait, déclara Meredith avec un air amusé.

    Derek fut heureux de la sentir détendue, bien loin de la panique dont elle était encore l’objet la veille. Si la guerre n’était pas encore gagnée, ils venaient de remporter une bataille. Je ferais mieux d’aller prendre une douche, dit-il en souriant.

    Excellente idée ! Meredith repartit vers le lit. Quand elle s’assit dessus, elle éclata de rire en voyant que Derek avait roulé un tee-shirt en boule pour cacher son sexe bandé.

    Il se mit à rire aussi. C’est ça, moque-toi de moi en plus ! Comme si je n’avais pas déjà l’impression d’être ridicule. Il pénétra dans la salle de bains et, laissant tomber son tee-shirt par terre, se rua sous la douche, faisant couler l’eau froide sur son corps pour calmer plus rapidement ses ardeurs.

    Meredith se faufila sous la couette et s’étira avec un petit sourire béat. Tout ce qui venait de se passer lui indiquait qu’elle était sur la bonne voie. Depuis la veille, elle et Derek s’étaient retrouvés dans des situations intimes et même si elle était loin d’être capable de franchir le pas, à aucun moment, elle n’avait pas pensé à George ou à l’agression. A aucun moment, elle n’avait eu peur. Même s’il était encore trop tôt pour crier victoire, elle avait maintenant le sentiment qu’elle pourrait s’en sortir.


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  • Quand Meredith arriva dans la cuisine, Derek terminait de préparer le petit-déjeuner en accompagnant à tue-tête la radio qui diffusait le tube des Radiohead, "Creep". Amusée, la jeune fille l’observa depuis le seuil. Il semblait tellement jeune, vêtu d’un simple jean et d’un tee-shirt blanc avec ses cheveux qui bouclaient sous l’effet de l’humidité. Et il mettait tant de cœur à chanter, même si c’était horriblement faux. Une immense bouffée de tendresse envahit la jeune fille. A le voir comme ça, elle fut encore plus convaincue qu’il était l’homme de sa vie.

    En se retournant pour prendre une assiette, il la découvrit qui était en train de le regarder en souriant. Il s’arrêta net de chanter. Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?

    Je t’écoute massacrer cette chanson que j’adore et franchement… - elle prit un air catastrophé – tu es pitoyable !

    Derek avança vers elle en se dandinant et en agitant les bras en l’air au son de la musique. Quand il la rejoignit, il la prit par les hanches, pour l’obliger à bouger comme lui et il recommença à chanter, d’une voix plus douce, mais toujours aussi faux. 

    Quand tu étais ici autrefois
    Je ne pouvais pas te regarder dans les yeux
    Tu as l'air d'un ange
    Ta beauté me fait pleurer
    Tu flottes comme une plume,
    Dans un monde merveilleux
    Et je voudrais être spécial,
    Tu es tellement particulière

    J’aime cette chanson, murmura-t-il en se penchant à l’oreille de la jeune fille. Elle me fait penser à toi.

    Meredith fit une petite moue. Je me demande bien en quoi. Je ne ressemble pas à un ange. Je ne suis pas si belle que ça et je n’ai rien de très particulier.

    Bien sûr que si, susurra Derek. Il se redressa pour pointer son regard dans celui de son amie. A mes yeux, du moins.

    Tu es fou, lui dit-elle avec tendresse. En tout cas, quand tu dis que tu ne pouvais pas me regarder dans les yeux, c’est faux ! C’était plutôt le contraire !

    Il l’embrassa dans le cou avec un petit rire coquin. Oui, je me souviens. Tu devenais toute rouge. J’adorais ça. J’en ai beaucoup joué d’ailleurs.

    Meredith sourit. Le pire, c’est que tu n’as même pas honte. J’essayais de me contrôler mais je n’y arrivais pas, expliqua-t-elle. Toutes ces choses que tu disais, ça me gênait horriblement. Et puis, qu’est-ce que tu m’impressionnais ! Déjà la toute première fois où je t’ai vu.

    Le jour où tu es tombée de ton escabeau, devant la boutique ? se renseigna Derek en l’enlaçant par la taille. 

    Oh non, bien avant ça, répondit Meredith. On venait d’arriver à San Francisco et j’étais en train de laver la boutique quand tu es venu acheter des journaux chez Alex. Je t’ai vu et… Le souvenir la fit sourire.

    Et en quoi j’étais si impressionnant ? demanda Derek en la lâchant pour aller éteindre la radio.

    Ton physique, ton allure, ton assurance, ta voiture, énuméra Meredith. Je n’avais jamais vu un homme comme toi. Y a personne de ton genre dans le Kentucky.

    Derek revint près d’elle et la prit dans ses bras. Et qu’est-ce que tu as pensé d’autre ?

    Que tu étais un horrible frimeur, lui confessa-t-elle en toute franchise. Quand je t’ai vu sauter      au-dessus de ta portière, j’ai halluciné.

    Et quand on s’est rencontré, qu’est-ce que tu t’es dit ? demanda encore Derek, titillé par la curiosité.

    En-dehors du fait que tu étais arrogant et que tu avais mauvais caractère ? Meredith sourit en voyant son air interloqué. J’ai trouvé que tu étais encore plus beau vu de près, avoua-t-elle. Et je me suis dit que malheureusement, un homme comme toi ne s’intéresserait jamais à une fille comme moi.

    Eh bien, tu avais tout faux, jugea Derek. Il parsema la tempe de la jeune fille de légers baisers.

    Meredith posa une main sur le torse de Derek pour le repousser délicatement. Et toi, qu’est-ce que tu as pensé de moi quand tu m’as vue pour la première fois ? Mon dieu, qu’elle est moche ?

    Pas du tout ! répondit-il, calmement. Je me suis dit, elle n’est pas mal, dommage qu’elle ne se mette pas plus en valeur.

    Tu parles ! ironisa Meredith avec un petit air pincé. Comme si tu avais fait attention à moi ! Il n’y avait qu’Izzie qui comptait.

    Compter, c’est beaucoup dire, objecta Derek, tout sourire, parce qu’il était heureux de voir qu’elle était encore jalouse de ce qui s’était passé il y avait une éternité, déjà.

     

    Paroles et traduction de la chanson


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  • Ah ne joue pas sur les mots, répliqua Meredith sur un ton irrité. Je sais très bien qu’elle te plaisait.

    Bébé… Derek lui prit délicatement le menton pour lui faire relever la tête vers lui. Elle ne me plaisait pas. C’est une bimbo. Les mecs comme moi veulent toujours se faire ce genre de fille. C’est facile, ça ne demande pas d’efforts. Et une fois qu’on a eu ce qu’on voulait, on se barre, c’est tout. Quoi ? s’exclama-t-il en voyant le regard assassin qu’elle lui lançait. Je te dis la vérité. Et si tu veux tout savoir, je voulais coucher avec elle surtout parce que Mark était sur le coup, et qu’on s’était lancé le défi d’être le premier à l’avoir. 

    Non mais j’y crois pas ! s’écria Meredith. Elle lui donna une forte tape sur le crâne.

    Derek rentra la tête dans les épaules. Aie, ça fait mal !

    Bien fait ! Meredith le regarda avec sévérité. Comment vous pouvez traiter les femmes de cette façon ? Izzie est une gentille fille. Ce n’est pas parce qu’elle est blonde et jolie…

    Derek l’interrompit en ricanant. Et pas très futée aussi.

    Meredith lui redonna une tape. Tout le monde ne peut pas être aussi malin que vous. Et ce n’est pas parce qu’on est blonde et pas très futée qu’on ne peut pas être blessée par ce que les gens pensent de vous. Les bimbos aussi ont droit au respect.

    Derek prit un air espiègle. Mais je te respecte.

    Surprise, Meredith ouvrit la bouche puis éclata de rire. Mais tu viens de me traiter de bimbo !

    Eh bien, tu es blonde et jolie. Ça fait deux critères sur trois, plaisanta Derek. Comme Meredith recommençait à le taper, il la souleva dans ses bras et avança vers la porte de la maison. Suffit, femme ! On va manger maintenant. Il ne la lâcha que pour l’asseoir sur le canapé en osier de la terrasse. Je vais chercher ce qu’il faut, je reviens. Il repartit après lui avoir donné un baiser sur ses cheveux.

    Il revint presque immédiatement avec un plateau garni de toasts, d’œufs brouillés, de bacon grillé, de pancakes et d’une cafetière fumante. Tu as invité tout le quartier à prendre le petit-déjeuner avec nous ? se moqua Meredith. Il hocha la tête en souriant. Tu es conscient qu’on ne va jamais manger tout ça ? ajouta-t-elle.

    Mais si, bien sûr ! Derek lui versa une tasse de café avant de s’asseoir à côté d’elle. Le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée.

    Dit celui qui se contente de trois toasts, souligna-t-elle avec un brin d’ironie.

    Moi, je ne dois pas reprendre des forces, riposta Derek en lui versant une portion copieuse d’œufs brouillés avec une tranche de bacon grillé. Et puis, je n’aime pas les sacs d’os.

    Hé ! Je ne suis pas un sac d’os !

    Non mais tu vas en devenir un si je n’y fais pas attention, rétorqua-t-il en grattant un peu de beurre sur un toast. Donc tu manges ! En plus, j’ai fait la cuisine pour toi, alors tu dois me faire honneur.

    Oui mais te faire honneur ne veut pas dire m’empiffrer, lui fit remarquer Meredith avant de goûter les œufs. Mmm ! C’est trop bon.

    Je t’ai dit que j’étais doué pour les petits-déjeuners, lui rappela-t-il. Mais pour les autres repas, faudra pas compter sur moi. On fera livrer.

    Ou je peux cuisiner, proposa Meredith. Je n’ai pas le niveau d’Izzie mais je me débrouille plutôt bien. Qu’est-ce qu’il a fait comme provisions, Mark ?

    Principalement du poulet, de la dinde et des légumes verts, lui indiqua Derek. Salade, brocoli, haricots. Mais j’ai vu des tomates et un chou-fleur aussi.

    Meredith fit la grimace. C’est démoralisant. Ça ne me donne pas envie de me mettre aux fourneaux.

    Qu’est-ce que tu proposes ?

    Je pourrais te faire un gratin de macaronis, ou un risotto aux asperges, ou alors un plat typique de chez moi, le célèbre poulet frit du Kentucky, dit Meredith avec des yeux brillants de gourmandise.

    Derek haussa les sourcils. Comme chez KFC ? Très peu pour moi. Meredith souffla, ce qui le fit sourire. Oui, je sais, tu aimes manger des crasses, pas moi. Par contre, ton risotto aux asperges me tente assez. Tu me diras ce qu’il te faut, je ferai livrer.

    Du riz, des asperges vertes, des petits pois, frais si possible, du parmesan et de la crème fraiche épaisse, cita la jeune fille avant de prendre un pancake. Oh zut, il est froid.

    Derek reposa son toast et s’essuya la bouche avec une serviette. Je vais aller le réchauffer.

    Non, ça va. Je peux le faire moi-même. Meredith se leva et prit l’assiette de pancakes avant de rentrer dans la maison.


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  • Meredith était en train de faire réchauffer son pancake dans la poêle lorsqu’elle sentit sa fesse droite vibrer. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser que c’était son téléphone. Le temps qu’elle l’extirpe de sa poche, la vibration s’était arrêtée. Son écran lui indiquant qu’elle avait reçu un appel en absence, elle appuya sur une touche pour savoir qui l’avait appelée.

    Environ dix minutes s’étaient écoulées quand Derek trouva que Meredith prenait vraiment beaucoup de temps pour réchauffer un pancake. Il rentra dans la maison pour voir ce qui se passait. Il trouva la jeune fille dans la cuisine, en train de jeter rageusement le contenu de la poêle dans la poubelle. Tu as eu un problème avec le pancake ? se renseigna-t-il. L’attitude extrêmement nerveuse de son amie et son silence lui indiquèrent que la crêpe n’y était vraisemblablement pour rien. Bébé, qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il d’une voix douce en venant se mettre derrière Meredith. Celle-ci resta silencieuse mais déposa brutalement la poêle sur l’évier. Parle-moi, s’il te plait, implora Derek.

    Elle a appelé, révéla Meredith dont tous les membres étaient tendus à l’extrême.

    Qui ?

    Cristina. Elle a appelé, répéta-t-elle. Il posa les mains sur ses épaules et l’attira vers lui pour qu’elle puisse s’appuyer contre son torse. Quand il noua les mains sur son ventre, il sentit qu’elle se détendait. Je ne veux pas lui parler, murmura-t-elle en se retournant.

    Alors, ne lui parle pas, répondit-il sur le même ton, en la prenant dans ses bras. Il était énervé parce qu’elle commençait à aller mieux et qu’une fois de plus, Cristina avait tout compromis.

    Tu ne la connais pas. Elle va insister jusqu’à ce que je réponde, déplora Meredith, les yeux embués de larmes.

    Eteins ton téléphone alors, lui conseilla Derek en prenant son visage entre les mains. A ce moment-là, l’appareil vibra à nouveau, et le nom de Cristina s’afficha au centre de l’écran. En voyant l’air paniqué de Meredith, Derek sut qu’il devrait régler le problème lui-même. Il saisit le téléphone et prit la communication. Allo. C’est Derek.    

    Il y eut un blanc avant que Cristina ne réponde. Euh… oui, bonjour. C’est moi. Cristina. On vient de rentrer et comme Meredith n’est pas là, je suppose qu’elle est avec vous. Vous pourriez me la passer, s’il vous plait ? 

    Derek interrogea Meredith du regard. Elle secoua vivement la tête. Il la rassura par un sourire. Je suis désolé mais elle ne désire pas vous parler pour le moment, dit-il à Cristina.

    Ça vient vraiment d’elle ou c’est vous qui l’avez décidé ? aboya cette dernière.

    Je peux vous assurer que je n’ai rien à voir avec ça, déclara Derek avec un calme olympien.

    Désarçonnée, Cristina mit quelques secondes avant de réagir. Mais pourquoi elle ne veut pas me parler ?

    Ce n’est pas à moi de vous le dire, estima Derek. Constatant que Meredith était toujours aussi nerveuse, il lui prit la main et en caressa le dessus avec son pouce.

    La détresse transparut dans la voix de Cristina. Ecoutez… Depuis qu’on a appris, on ne dort plus, avec Izzie. On n’arrête pas de penser à ce qui s’est passé. On ne comprend pas comment ça a pu se produire. On ne l’a pas vu venir, sinon on aurait fait quelque chose. On s’en veut beaucoup de ne pas avoir été à la hauteur, avoua la jeune femme. Mais maintenant, on est là. Meredith peut compter sur nous.  

    Elle ne veut pas vous parler, répéta Derek en voyant son amie secouer la tête une fois encore.

    Mais moi, je veux lui parler, insista Cristina. Est-ce qu’au moins elle pourrait écouter ce que j’ai à lui dire ?

    Un instant. Derek couvrit le téléphone avec sa main avant de s’adresser à Meredith dans un murmure. Elle demande que tu écoutes ce qu’elle a à te dire. Tu es d’accord ? Si tu n’en as pas envie, je lui dis. Ce n’est pas un problème.

    Non, ça va. Meredith connaissait Cristina par cœur. Elle savait que si celle qu’elle ne considérait déjà plus vraiment comme une amie n’obtenait pas gain de cause maintenant, elle insisterait et qu’un jour, elle arriverait à ses fins, d’une façon ou d’une autre. Et peut-être que ce jour-là, Derek ne serait pas là comme bouclier. Et puis, elle était aussi curieuse de savoir ce que Cristina avait à lui dire.

    Derek plongea son regard dans celui de la jeune fille. Elle comprit qu’il voulait s’assurer que c’était bien ce qu’elle voulait et elle opina de la tête. Il mit à nouveau le téléphone à son oreille pour prévenir Cristina. Elle est d’accord pour vous écouter. Mais je vous préviens, si vous lui dites quoi que ce soit qui la contrarie, vous aurez affaire à moi. Il tendit l’appareil à son amie.


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  • Meredith ? Comme l’intéressée ne réagissait pas, Cristina n’attendit pas plus longtemps. Je sais que tu ne veux pas me parler et même si je ne comprends pas pourquoi, je respecte ton choix. Mais écoute-moi, s’il te plait. Avec Izzie, on n’arrête pas de penser à ce qui s’est passé.

    Ce qui s’est passé parce que tu lui as demandé de me surveiller, pensa Meredith. 

    On ne comprend pas comment ça a pu se produire, continua Cristina avec douceur. On ne l’a pas vu venir, sinon on aurait fait quelque chose. Et on s’en veut de ne pas avoir été là. Mais maintenant, on est rentrée et on veut t’aider avec Izzie. Celle-ci approuva en hochant la tête de haut en bas. Mais pour ça, il faut que tu rentres à la maison, estima Cristina. On va bien prendre soin de toi. Et quand tu iras mieux, tu reviendras à la boutique. Je suis sûre que ça te changera les idées.

    En entendant Cristina lui suggérer de revenir à la boutique, là où elle avait failli se faire violer, dans le but de se changer les idées, Meredith n’en crut pas ses oreilles. Cristina était-elle stupide ou insensible pour envisager que son amie serait capable de retourner dans l’endroit où elle avait subi la pire des choses qu’une femme pouvait vivre ? Cette perspective l’épouvanta. Elle se jeta dans les bras de Derek en fondant en larmes. Furieux, il la serra contre lui tout en lui reprenant le téléphone. Il ne savait pas ce que Cristina avait dit mais dans le fond, ça n’avait pas vraiment d’importance. Meredith pleurait et il ne le supportait plus. Ces derniers jours, il n’avait que trop souvent vu ses joues baignées de larmes. Vous n’avez pas pu vous en empêchez, hein ? éructa-t-il dans le téléphone, en s’adressant à Cristina. Il a fallu que vous la fassiez pleurer.

    Mais je n’ai rien fait, se défendit Cristina. J’ai simplement dit…

    Derek l’interrompit sèchement. J’ai pas besoin de savoir, je m’en fous. Et ce n’est pas la peine de rappeler. C’est Meredith qui vous contactera si elle a quelque chose à vous dire. Il raccrocha sans laisser à Cristina le temps de répondre et jeta le téléphone sur la table avant d’emmener Meredith au salon. Il la fit asseoir sur ses genoux pour la bercer comme une petite fille. C’est fini, mon bébé. Calme-toi. 

    Je ne veux pas retourner là-bas, hoqueta-t-elle en s’accrochant à lui.

    Il crut que Cristina avait incité son amie à revenir chez sa tante. Il est hors de question que tu ailles où que ce soit si tu ne te sens pas prête, assura-t-il. Son calme apparent contrastait avec la colère qui bouillonnait en lui. En cinq minutes, la mégère avait anéanti tous les progrès que Meredith avait faits. La jeune fille détendue du matin avait disparu pour céder à nouveau la place à la victime bouleversée de la veille.

    C’est de sa faute, cria Meredith. Si elle ne l’avait pas envoyé pour me surveiller, rien ne se serait passé. Elle sanglota de plus belle.

    Derek fut étonné d’entendre qu’elle tenait réellement Cristina pour responsable du drame. Je sais, je sais, répéta-t-il, dévasté par son désespoir et ne sachant que dire d’autre pour la consoler.

    Elle lui a donné l’occasion de le faire, insista Meredith. Tard le soir dans un endroit désert, c’était les conditions idéales pour lui. C’est comme si elle l’avait encouragé à me violer !

    Pendant quelques secondes, Derek fut tenté d’abonder dans son sens. C’était peut-être l’occasion d’éliminer Cristina à tout jamais. Mais il se dit que la rancœur n’aiderait pas Meredith à aller de l’avant. Et surtout, il ne voulait pas lui mentir plus qu’il ne le faisait déjà. Tu sais, elle ne pouvait pas prévoir, plaida-t-il. Je suis certain que si elle avait eu le moindre soupçon, elle ne l’aurait pas envoyé là-bas. La jeune fille émit un ricanement plein d’amertume. Derek lui caressa la joue. A mon avis, ça faisait un moment qu’il projetait de faire ça. Il attendait son heure. Si ça n’avait pas été ce soir-là…

    Meredith secoua la tête. Si ça n’avait pas été ce soir-là, les choses auraient été totalement différentes, affirma-t-elle avec nervosité. Je ne me serais pas retrouvée à 22 heures, toute seule à la boutique. J’aurais été chez moi, ou avec toi. Elle prit un air buté. Tu peux dire ce que tu voudras, mais tu n’arriveras jamais à me convaincre que Cristina n’est pas responsable.

    Elle s’en veut sincèrement, je pense, s’entêta Derek.

    Scandalisée, Meredith ouvrit de grands yeux. Depuis quand tu la défends ? Elle ne lui laissa pas le temps de se justifier. Tu sais ce qu’elle m’a dit tout de suite ? Qu’il fallait que je revienne travailler pour me changer les idées.

    En entendant cela, Derek se promit instantanément de ne plus jamais plaider la cause de Cristina. Comment pouvait-elle faire preuve d’un tel manque de délicatesse ? Je voudrais bien voir ça ! s’écria-t-il. Elle est monstrueuse, cette fille ! Comment est-ce qu’elle peut imaginer que tu vas retourner travailler maintenant ? Tu portes encore les traces des coups, et tu es loin de t’être remise du choc émotionnel. Il est hors de question que tu travailles où que ce soit avant de t’être complètement rétablie, tu m’entends ?

    Alors, je ne retravaillerai plus jamais ! cria Meredith en se levant d’un bond. Elle leva la main pour empêcher Derek de s’insurger. Non, ne dis rien ! Je ne veux plus en parler. Plus jamais ! Il avança vers elle mais elle recula. Désolée mais j’ai envie d’être seule. Elle fit volte-face et se dirigea vers le premier salon. Intrigué, Derek la suivit. Allongée sur le canapé, elle lui fit comprendre d’un regard qu’il n’était pas le bienvenu.  


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