• Il était déjà tard quand les jeunes Kentuckiens laissèrent tomber éponges et serpillières. Sur le seuil du local, Meredith regarda avec satisfaction le carrelage. Après avoir passé la journée à quatre pattes, elle était exténuée, ne sentant plus ni ses genoux, ni son dos. Mais elle était contente d’elle car les dalles beiges veinées de rose avaient retrouvé tout leur éclat. Izzie vint à côté d’elle et manifesta son admiration. Tu as fait de l’excellent travail. C’est magnifique.

    En entendant les éclats de voix qui résonnaient dans la pièce voisine, elles échangèrent un regard amusé. George et Cristina se prennent encore la tête, constata Meredith.

    Izzie acquiesça d’un signe de tête. Il y a des choses qui ne changeront jamais, j’en ai peur. Elle prit la main de son amie. Tu regrettes d’être venue ici, Mer ? 

    Meredith la regarda avec étonnement. Non, pas du tout ! Pourquoi, toi, oui ?

    Izzie secoua énergiquement la tête. Non, au contraire ! J’ai enfin l’impression de faire quelque chose de ma vie. Tu imagines, on est à deux mille trois cents miles de Crestwood, et pourtant, on est chez nous. C’est dingue, non ?

    Pour toute réponse, Meredith serra la main de son amie. Effectivement, c’était dingue. Surtout pour moi, songea-t-elle. Elle, qui était si peureuse et peu sûre d’elle, avait réussi à faire un premier pas vers l’indépendance. Et pour l’instant, elle s’en sortait plutôt bien. George et Cristina finirent par les rejoindre tout en continuant de se chamailler. Mais ce n’est pas fini, vous deux ? s’exclama Meredith.

    Goofy ne veut pas faire ce que je lui demande, répondit Cristina, contrariée.

    Tu m’exploites ! répliqua George. Et arrête de m’appeler Goofy, bordel ! cria-t-il, au comble de l’énervement.

    Sans lui prêter attention, Cristina se tourna vers Izzie et Meredith pour les informer du planning qu’elle avait prévu pour le lendemain. Demain, avec George, on attaque le lessivage des murs. Vous deux, vous vous occuperez des vitres. L’annonce donna des sueurs froides à Meredith. Les vitrines du magasin étaient particulièrement hautes. Il était impossible de les laver sans utiliser une échelle. Or, Meredith était sujette au vertige et la perspective de passer la journée perchée en hauteur ne la ravissait guère. Cependant, elle préféra taire ses appréhensions plutôt que d’affronter les moqueries de Cristina. Bon, on y va ? J’ai une faim de loup, clama cette dernière.

    Dorénavant, la route de Marina Boulevard jusqu’au quartier de Nob Hill n’avait plus de secret pour eux et il ne leur fallut pas longtemps pour arriver à destination. Cristina monta directement pour prendre une douche, Izzie s’enferma dans sa chambre tandis que Meredith et George se dirigeaient vers la cuisine. Ils y retrouvèrent Gloria en train de servir le café à Ellis, laquelle regardait d’un œil gourmand une tarte aux pommes recouverte d’un monceau de crème. Bonsoir, firent les deux jeunes gens. Gloria leur sourit chaleureusement.

    Ellis releva sa tête vers sa nièce. Bonsoir ma chérie. Ta journée a été bonne ?

    Très bonne, Tante Ellis, répondit Meredith. On a bien travaillé.

    Ellis la regarda avec un air profondément compatissant. Tu as l’air bien fatiguée. Tes professeurs te donnent beaucoup de devoirs à faire ? Meredith et George échangèrent un regard entendu. Il était maintenant évident que la maladie déconnectait souvent Ellis de la réalité.

    Gloria posa une maison sur le bras de la malade. Mais enfin, Ellis, Meredith n’est plus à l’école. Elle va ouvrir une boutique de douceurs avec ses amis, vous savez bien. Elle sourit aux jeunes gens. Vous voulez du café ? Je viens de le faire.

    Avec plaisir. Après avoir interrogé George du regard pour savoir s’il en voulait aussi, la jeune fille ouvrit une armoire pour prendre deux tasses.

    Elle se pétrifia sur place en entendant la voix coupante de sa tante. Je t’interdis de toucher à mes affaires, sale petite garce !

    Gloria intervint aussitôt. Voyons, Ellis, c’est votre petite Meredith qui veut prendre une tasse pour elle et son ami. Il ne faut pas lui parler comme ça. Elle fit un clin d’œil aux jeunes gens. Il ne faut pas faire attention à ce qu’elle dit, elle ne se rend pas compte. Elle se mit à couper la tarte en quartiers. Maintenant, on va goûter. N’est-ce pas, Ellis, on va manger un bon morceau de tarte !

    Cependant, Meredith préféra décliner l’invitation, pour ne pas risquer d’assister à une autre crise de sa tante. Elle passa au salon et George la suivit, trop heureux de se retrouver en tête-à-tête avec elle. Il attendait ça depuis leur arrivée à San Francisco. Cela faisait des années, depuis qu’il avait atteint l’âge de s’intéresser aux filles en fait, qu’il était amoureux d’elle et s’il avait accepté de quitter son Kentucky natal pour la Californie, c’était avant tout parce qu’il espérait que cela permettrait enfin à Meredith de ne plus le voir uniquement comme le gentil cousin d’Izzie. Mais pour cela, il fallait qu’il lui montre l’homme qu’il était devenu et ça, ça n’arriverait jamais tant que Cristina serait dans les parages, en s’obstinant à l’appeler Goofy. Il fallait qu’il crée des occasions où il serait seul avec Meredith. Et pourquoi pas un restaurant ? Excellente idée ! Il s’approcha de son amie, sans se rendre compte qu’il était aussi rouge qu’une écrevisse. Meredith… je pensais… je me disais...  

    L’arrivée d’Izzie et de Cristina le stoppa net. Quand est-ce qu’on mange ? demanda Cristina. Je crève la dalle. Pas vous ?

    Meredith interrogea George du regard. Laisse tomber, grommela-t-il entre ses dents.


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  • Quand elle était sortie de la salle de bains, après y être seulement restée quelques minutes pour se laver les mains et vérifier son apparence dans le miroir, Rose avait été stupéfaite de constater qu’elle était seule dans la chambre d’hôtel. Derek s’était évaporé. Un coup de fil à la réception avait appris à la jeune femme que le Dr Shepherd venait de quitter l’établissement après avoir réglé la note. Le réceptionniste lui avait annoncé, comme s’il s’était agi d’un insigne privilège, qu’elle pouvait donc profiter de l’endroit pour la nuit. Jamais Rose ne s’était sentie aussi humiliée. Le lendemain, elle était arrivée à la clinique avec la ferme intention de demander des explications à Derek mais elle avait dû rapidement se rendre à l’évidence. Il avait laissé des consignes pour qu’elle ne puisse pas l’atteindre. Devant son insistance, la secrétaire du chirurgien avait reconnu, du bout des lèvres, qu’il avait ordonné qu’on décourage toutes les tentatives d’approche de l’infirmière. C’est le cœur gros que celle-ci était repartie travailler.

    Ainsi donc, la rumeur disait vrai. La beauté de Derek Shepherd n’avait d’égal que son profond mépris à l’égard de la gente féminine. Depuis qu’elle avait été engagée au Golden Health Center, Rose avait entendu divers bruits de couloir selon lesquels les deux plus proches collaborateurs du Dr Webber étaient de vils séducteurs, laissant tomber leurs conquêtes sitôt après les avoir abusées. Derek Shepherd, surtout, était connu pour ne jamais accorder de second rendez-vous, quelle que soit la façon dont le premier s’était déroulé. Dans sa grande naïveté, Rose avait cru pouvoir échapper à la norme. Mais elle n’avait pas failli à la règle, elle venait d’en faire l’amère expérience.

    Elle avait presque abandonné l’idée d’avoir une explication lorsque, en fin de journée, au détour d’un couloir, elle aperçut le beau chirurgien qui sortait du bloc, en compagnie de ses amis, les Dr Sloan et Torres. Ils riaient et parlaient fort. Manifestement, leur intervention avait été une réussite, encore une ! A les voir ainsi, tous les trois, on avait l’impression que le monde leur appartenait.

    Mue par une impulsion soudaine, Rose se précipita à la rencontre du trio. Derek… Derek, je voudrais te parler. Le regard que le chirurgien lui jeta lui donna envie de disparaître sous terre. Derek, je t’en prie…

    Nous n’avons pas gardé les cochons ensemble, dit froidement Derek. Pour vous, ce sera le Dr Shepherd, jusqu’à nouvel ordre.

    Mais… mais, bafouilla la jeune femme. Hier…

    Derek lui coupa à nouveau sèchement la parole. Hier était un autre jour.

    Bien que décontenancée par sa froideur et le regard goguenard que lui lançaient les deux autres médecins, Rose insista pourtant. J’ai droit à une explication, tout de même.

    Derek souffla bruyamment. S’il y avait bien une chose qui l’horripilait, c’était ces gonzesses qui osaient lui demander de se justifier. Pourquoi ? Comment ? Pfft ! A quoi tout cela servait-il ? Ils avaient passé un moment ensemble. Après, lui, il passait à autre chose. Ne pouvaient-elles donc pas faire de même ? Il saisit vivement l’infirmière par le bras et l’entraîna un peu plus loin, à l’abri des oreilles indiscrètes. Quelle explication ? aboya-t-il.

    Je ne mérite pas que tu me traites de la sorte, protesta Rose.

    Derek la prit de haut. Te traiter comment ? J’ai payé la chambre, me semble-t-il.

    Je n’y suis pas restée ! s’écria Rose.

    Eh bien tu as eu tort, répliqua Derek. A part ça, il n’y a rien de plus à dire. Me faire une fellation ne te donne aucun droit sur moi, surtout de la manière dont tu l’as faite. Roseblêmit. Pour ma part, l’incident est clos, asséna-t-il.

    Il voulut s’éloigner mais Rose le retint par la manche. Tu es vraiment un immonde personnage, chouina-t-elle.

    Dans ce cas, tu devrais me remercier de ne pas t’imposer ma présence plus longtemps. La vue de la jeune femme en larmes excéda Derek au plus haut point. Oh et cesse de pleurer, par pitié. Mais qu’est-ce que tu as cru, franchement ? Que j’étais ton grand amour ? Que nous allions nous marier et avoir une ribambelle d’enfants ? Arrête de rêver. Nous nous sommes parlé cinq fois tout au plus et tu acceptes de me suivre dans une chambre d’hôtel. Tu n’as eu que ce que tu méritais. Il la planta là et alla rejoindre ses amis qui l’attendaient à l’endroit où il les avait laissés.

    Et un cœur brisé, un ! claironna Mark.

    La solidarité féminine m’oblige à dire que vous êtes de beaux salauds, tout de même, dit Callie, en tentant de garder son sérieux.

    Tu parles ! s’exclama Mark. Tu es pire que nous. Il se tourna vers Derek qui restait renfrogné. Qu’est-ce que tu as ? Ne me dis pas que tu as des remords.

    Derek haussa légèrement les épaules. Non. Pourquoi j’en aurais ? Mark et Callie n’insistèrent pas. Ils connaissaient assez leur ami pour savoir quand il valait mieux le laisser tranquille. Ah ça me fait chier, tout ça ! éructa soudain Derek. Elles se donnent des airs émancipés, elles veulent se la jouer femme moderne et ce sont les premières à t’inviter dans leur lit, mais après elles se conduisent comme des vierges offusquées. N’y en a-t-il donc pas une pour rattraper les autres ? 


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  • Depuis trois jours qu’elle était à San Francisco, Meredith avait un rituel. Dès qu’elle était éveillée, elle courait à la fenêtre, ouvrait complètement les volets et restait de longues minutes à profiter de la vue. Elle aimait ce moment où la brume matinale se levait lentement et laissait entrevoir la baie avec l’île d’Alcatraz au loin. C’était l’heure aussi où la ville s’éveillait au milieu des bruits de la circulation. Ce matin là, en entendant les klaxons des voitures, Meredith repensa à l’inconnu en décapotable. Où était-il maintenant ? Allez Meredith. Encore une dure journée en vue ! Tu n’as pas le temps de rêvasser. Elle quitta sa fenêtre à regret et passa à la salle de bains. Après avoir pris une douche rapide, elle revêtit sa tenue habituelle, à savoir un vieux jean élimé, beaucoup trop grand pour elle, et un tee-shirt qui avait été souvent porté. Elle ramassa ses cheveux en une queue de cheval et plaqua les quelques mèches qui dépassaient avec des barrettes en écaille. Elle descendit à la cuisine où elle trouva Cristina et George en train de prendre leur petit-déjeuner. Elle se joignit à eux.

    Ils étaient en train de rassembler leurs affaires dans le hall d’entrée quand Izzie fit son apparition au haut des escaliers. Les trois jeunes gens la regardèrent avec un mélange d’étonnement et de réprobation. La jeune fille était vêtue d’un short ultra court en jeans délavé et d’une blouse blanche aux manches froncées qui lui arrivait au-dessus du nombril. Elle descendit les marches en courant. Voilà, je suis prête.

    Cristina mit ses mains à sa taille. Non, mais c’est une plaisanterie ! Où tu penses qu’on va, là ? A la plage ?

    La mine innocente, Izzie prit son sac et ouvrit la porte. J’aime être à mon aise quand je travaille.

    Cristina ricana. Travailler ? Sapée comme tu l’es ? Prends-moi pour une conne en plus !

    Et ton short est trop court, renchérit George. On voit tes fesses.

    Izzie haussa les épaules et sortit sur le perron. Meredith la suivit. Ils n’ont pas tort, dit-elle à son amie. Ce n’est pas vraiment une tenue pour nettoyer des vitres.

    Si tu as peur de devoir tout faire toute seule, t’inquiète pas, je ferai ma part, répliqua Izzie. Pour le reste, je m’habille comme je veux ! Elle s’installa dans la voiture, le visage fermé.

    Non loin de là…

    Après avoir traversé la ville à tombeau ouvert, Derek tourna le coin de la Jackson Street et arrêta sa Porsche GT3RS devant l'immeuble où Mark résidait, dans le quartier chic de Nob Hill. Il klaxonna à tout rompre, pour prévenir son ami de sa présence, sans se soucier aucunement, en cette heure encore matinale, de réveiller les voisins.

    Un de ceux-ci passa la tête à sa fenêtre. Hé ! C’est pas un peu fini, ce boucan ? Y a des gens qui dorment ici !

    Ta gueule ! répondit Derek avec agressivité. Y a des gens qui bossent !

    Mark sortit de sa demeure et se dépêcha de grimper dans le cabriolet. Ho ho du calme, dit-il à son ami. J’habite ici, moi. Je n’ai pas envie que les voisins fassent une pétition pour exiger mon départ.

    Derek démarra en trombe. Ce n’est pas ma faute si tu vis entouré d’imbéciles.

    Tu as bouffé du lion, ma parole. Mark se tourna vers son ami et vit son air fermé. Il y a quelque chose qui ne va pas. Tu veux en parler ? Derek secoua la tête ce qui n’empêcha pas Mark d’insister. C’est à cause de ce qui s’est passé hier, avec l’infirmière ?

    Je me moque de cette fille comme de ma première chemise, rétorqua Derek.

    Alors qu’est-ce que tu as ? s’inquiéta Mark. Depuis quelques jours déjà, tu n’es pas à prendre avec des pincettes. Tu es sombre, tu aboies au lieu de parler, même avec moi...

    Derek soupira. Excuse-moi. Tu as raison, je ne suis pas dans mon assiette ces derniers temps… Je ne sais pas trop pourquoi, reconnut-il avec un air soucieux. C’est comme si ma vie ne me plaisait plus, comme si j’attendais autre chose… La clinique, les filles, encore la clinique, puis les mêmes filles… Il se tourna vers son ami. Tu n’as pas l’impression de tourner en rond parfois ?

    Surpris, Mark haussa les sourcils. Mais tu es en train de me faire une déprime, là ? Il faut te changer les idées. Direction Marina Boulevard.

    En quoi ça va me changer les idées ? ironisa Derek. C’’est là-bas qu’on va de toute façon.

    Mark sourit. Oui, mais moi, je ne te parle pas de la clinique. Je te parle du voisinage… le voisinage qui bouge… Derek le regarda avec un air perplexe. Tu ne vois toujours pas ? s’étonna Mark. Derek hocha la tête. L’info d’Alex… La petite blonde, bon sang ! s’écria Mark. Quoi de mieux qu’une petite nana bien roulée pour vous mettre de bonne humeur le matin ? Allez, roule, mon vieux, roule. J’ai l’impression d’être dans le tacot de mon vieil oncle John. Derek sourit et appuya sur le champignon. 


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  • Après avoir placé les magazines et journaux du jour sur les étagères de son échoppe, Alex s’assit sur un tabouret pour feuilleter le dernier Playboy en attendant le client. Le bruit d’une voiture qui se garait lui fit relever la tête. Le spectacle d’Izzie qui sortait du véhicule faillit le faire tomber de son siège. Ses yeux se posèrent d’abord sur les deux pieds aux ongles vernis de rouge pour remonter ensuite le long des jambes bronzées avant de s’attarder sur le décolleté. Nom de Dieu ! murmura-t-il. Il se leva et s’approcha de la jeune fille. Salut.

    Flattée de voir l’admiration qui brillait dans les yeux du marchand de journaux, Izzie lui sourit. Salut Alex. Elle s’engouffra dans la boutique, suivie de ses trois camarades.

    Alex ne put s’empêcher de la comparer avec les deux autres filles. Putain, c’est le jour et la nuit ! se dit-il. Encore que l’asiatique, elle a un genre. Mais l’autre, elle ne ressemble vraiment à rien. Elle va finir comme ma tante Sandy, vieille fille. Il retourna à son échoppe sans quitter la boutique voisine du regard, pour ne pas manquer la prochaine apparition de la jolie blonde. Quand la vit sortir avec un tabouret et un seau, il se précipita. Attends, je vais t’aider. Il lui prit le tabouret des mains et l’installa à l’endroit qu’elle lui désignait. Par contre, il ne bougea pas lorsque Meredith sortit du magasin avec une échelle. Pendant que son amie liait conversation avec le jeune homme, Meredith déplia tant bien que mal son échelle. Elle rentra dans le magasin et en ressortit quelques secondes plus tard avec un seau. Elle s’arma de courage et mit un pied sur la première marche. La tâche était compliquée par le fait qu’elle ne pouvait se tenir à l’échelle que d’une seule main, l’autre étant occupée par le seau. Concentrée sur son ascension, elle ne remarqua pas qu’Alex semblait hypnotisé par les fesses d’Izzie. En effet, celle-ci s’était pliée en deux pour plonger son éponge dans le seau, ce qui avait pour effet d’épanouir son postérieur dans le mini short.

    Les filles, hurla Cristina depuis l’intérieur de la boutique. Vous pouvez venir ici deux minutes ? J’ai besoin de votre avis. Meredith, qui n’avait pas encore atteint la troisième marche, descendit de son échelle avec soulagement, trop heureuse d’avoir un motif légitime de ne pas être sur ce fichu instrument de torture. Elle suivit Izzie dans l’arrière-boutique. 

    Quelques minutes plus tard, la voiture de Derek s’arrêtait un peu en contrebas de la boutique. La première personne que les deux hommes aperçurent fut Cristina qui sortait de la boutique pour, apparemment, s’en prendre à un jeune garçon qui portait un bob en toile sur la tête. ça, c’est la mégère, dit Derek.

    Et, lui, c’est le péquenot, c’est sûr, ajouta Mark. Il n’y a plus qu’à attendre la blondinette.

    Meredith ressortit de la boutique. Après avoir imploré ses camarades de mettre fin à leur énième dispute, elle se dirigea vers l’échelle. C’est elle ? demanda Derek, incrédule. Mark lui jeta un regard noir. Ben quoi ? Elle a l’air d’être blonde, lui fit remarquer Derek.

    Alex nous a dit que la blonde était canon, lui rappela Mark. Alors, celle-ci, ça doit être le boudin.

    Oui, tu dois avoir raison, approuva Derek. En tout cas, ça se voit qu’ils débarquent de leur cambrousse. Regarde le chapeau du gars ! Les deux hommes éclatèrent d’un rire moqueur. C’est ce moment que choisit Izzie pour faire son apparition. La voilà ! souffla Derek, admiratif. Alex ne s’est pas foutu de nous.

    Izzie imbiba l’éponge d’eau savonneuse et sauta prestement sur le tabouret tandis que Meredith grimpait péniblement à l’échelle. Nom de Dieu ! s’exclama Mark, presque haletant d’extase. Si Pamela Anderson et Jessica Simpson pouvaient faire une fille ensemble, ce serait elle.

    Oui, approuva Derek, bouche bée. Cette fille est à tomber. Tu as vu ses jambes ?

    Mon vieux, à un tel degré de perfection, je ne fais plus de détail, déclara Mark, les yeux brillants d’excitation. Je prends tout le package. Je viens de trouver mon prochain passe-temps.

    Derek se tourna vers son meilleur ami avec un air goguenard. Tu n’as pas l’impression d’oublier quelque chose ? Si tu crois que je vais te regarder faire sans rien tenter…

    T’as aucune chance sur ce coup-là, répliqua Mark. Cette fille est faite pour moi. Il ne me reste qu’à réfléchir au moyen de nouer subtilement le contact.

    Subtilement ? ironisa Derek. Alors, là, c’est certain que j’ai toutes mes chances.

    Meredith était enfin arrivée au sommet de l’échelle. De plus en plus mal à l’aise, elle plongea son éponge dans le seau et commença à laver la vitre. Après quelques minutes, elle eut la malencontreuse idée de regarder le sol. Elle eut aussitôt l’impression que l’échelle tanguait. Mais plutôt que d’en descendre prestement, elle resta figée sur place, en s’agrippant aux barreaux. Ses jambes se mirent à flageoler et ses mains, à trembler. Sa tête tourna et son corps fut parcouru de frissons tandis qu’une légère transpiration perlait sur son front et au-dessus de sa lèvre supérieure. Ensuite, ses oreilles bourdonnèrent au point que les bruits de la rue lui parvinrent comme assourdis. Et tout à coup, plus rien…


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  • Quand Meredith chuta sur le trottoir dans un bruit de ferraille, Izzie poussa un cri strident. Sautant de son tabouret, elle se précipita vers son amie et se jeta sur elle. Oh mon dieu, Merediiiiith !

    Cristina la poussa rudement. Tire-toi ! ordonna-t-elle. Ça ne sert à rien de couiner comme ça. Elle s’agenouilla auprès de Meredith et lui tapota les joues. Meredith ! Hé, Meredith !

    Alex vint aider Izzie à se relever et en profita pour garder son bras autour de sa taille. Ne vous en faites pas, je vais appeler les secours. J’ai quelques amis très importants qui sont toubibs dans la clinique d’en face.

    Cela ne rassura pas Izzie qui commença à se tordre les mains. C’est de ma faute. Je savais qu’elle avait le vertige. J’aurais dû monter sur l’échelle et lui laisser le tabouret. Et elle, elle n’a rien dit. Elle était si gentille.

    Cristina, toujours à genoux, lui lança un regard assassin. Elle n’est pas morte ! Alors cesse de parler d’elle au passé. Elle reporta ensuite son attention sur Meredith en lui tapotant plus vivement les joues. Enervée parce que son amie ne réagissait pas, elle se mit à la secouer par les épaules. Meredith ! Réveille-toi ! Ce n’est plus drôle maintenant.

    Dans la voiture, les deux chirurgiens avait assisté à la chute.Mark s’esclaffa. Quelle cruche ! Même pas capable de tenir sur une échelle !

    Derek fronça les sourcils. Oui, mais elle ne se relève pas. Je crois qu’on devrait aller voir. Il avait à peine mis la main sur la poignée de la voiture que déjà Mark courait vers le groupe en criant qu’il était médecin. Derek sourit. Mark Tout-fou était de retour.

    Le fou en question se précipita sur Izzie et lui tendit la main. Dr Mark Sloan, pour vous servir, belle enfant. Je travaille au Golden Health Center, un peu plus haut.

    Mon Dieu… Mon Dieu, psalmodia Izzie sans l’écouter. Elle est morte et c’est de ma faute ! Si je ne l’avais pas incitée à me suivre, rien ne lui serait arrivé.

    Non mais tu vas la fermer, oui ! hurla Cristina, Elle n’est pas morte ! Elle secoua plus vigoureusement son amie.

    Inutile de paniquer, intervint Mark. Je suis là et j’ai les choses bien en main.

    Sans aucun doute, dit calmement Derek en arrivant près du groupe, mais pas les bonnes. Tous se tournèrent vers lui. Ecartez-vous. Laissez-la respirer au moins. Et ne restez pas là, comme des ballots, vous ne lui êtes d’aucune aide. Et vous, grogna-t-il à l’intention de Cristina, arrêtez de la secouer comme un prunier. Vous voulez lui causer des dommages irréversibles ? Poussez-vous et laissez-moi l’examiner. Bien que le ton qu’il avait employé pour lui parler ne lui plaise pas, Cristina ne dit rien et se releva. George prit Izzie par les épaules pour l’entraîner un peu plus loin. Mark nota le geste avec déplaisir. Ce n’était pas possible que ce falot soit intime avec cette bombe. Derek s’agenouilla auprès de Meredith. Mademoiselle, dit-il avec douceur. Vous m’entendez ? Il n’obtint aucune réaction. Avec précaution, il lui bascula la tête en arrière en appuyant sur le front avec une main et en soulevant son menton avec deux doigts de l’autre.

    Pendant que Derek se penchait vers Meredith pour sentir son souffle, Mark ne pouvait détacher son regard d’Izzie. Cette fille était tout bonnement sublime. Et la panique qu’il lisait dans ses yeux décuplait son charme. Il s’approcha d’elle et lui prit la main. N’ayez pas peur. Il ne peut rien vous arriver tant que je suis là. Je maîtrise la situation.

    Agacé par les fanfaronnades de son camarade, Derek lui lança un regard noir. Elle respire, annonça-t-il.

    Merci mon Dieu ! s’écria George tandis que Cristina et Izzie poussaient à l’unisson un soupir de soulagement.

    Dieu n’a rien à voir avec ça, laissa tomber froidement Derek. Et ce n’est pas parce qu’elle respire que tout va bien. Avec des gestes assurés et rapides, il plaça les pieds de Meredith dans l’axe de son corps et plia son bras droit à angle droit, la paume de sa main tournée vers le haut. Puis il prit son autre bras et appliqua le dos de sa main contre sa joue en la maintenant avec la paume de sa propre main. Il plaça son autre main derrière son genou et la fit tourner doucement sur le côté, en accompagnant sa tête. Il retira alors sa main qui tenait la tête.

    De son côté, Mark tentait toujours de séduire Izzie. Dites-moi, qu’est-ce qu’une beauté comme vous fait dans cette obscure boutique, à part l’illuminer, bien entendu ?

    Des douceurs, répondit distraitement Izzie, toute son attention étant concentrée sur son amie.

    Des douceurs ? s’exclama Mark, comme s’il venait d’apprendre le scoop du siècle. Oh mais dites donc, c’est intéressant, ça. J’adore les douceurs. Moi-même, j’en connais quelques-unes dont je ne demande qu’à vous faire profiter.

    Je ne sais pas si vous êtes un bon toubib mais au niveau lourdeur, vous excellez ! lança Cristina.

    Mark choisit d’ignorer la remarque. Peu lui importait ce que la mégère pensait du moment que la blondinette était réceptive. Ça vous dirait, une petite visite de San Francisco by night ? lui proposa-t-il avec un regard de braise. Je suis le meilleur guide que vous puissiez imaginer… dans tous les domaines. Je suis certain que je peux vous apprendre plein de choses dont vous ne soupçonnez même pas l’existence. Qu’en dites-vous ?

    Hé mec ! cria Cristina au comble de l’énervement. Il y a une blessée ici. Vous n’avez rien de mieux à faire que de jouer les balourds ? 


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