• Le ton employé par Izzie et la fait qu’elle nie l’implication de Meredith dans la gestion du Sweet Dream irrita cette dernière. Ta boutique ? dit-elle sur un ton caustique. Elle haussa la voix. Ta boutique ? Sans l’argent que je t’ai donné, elle n’existerait pas, ta boutique ! Il n’y aurait que les murs. Rien pour faire la cuisine, rien pour accueillir tes clients, rien pour leur donner à manger, énuméra-t-elle, hors d’elle. Alors, cette boutique est la mienne autant que la tienne. Et mon avis compte autant que le tien quand il s’agit de prendre des décisions. Elle se tourna vers Cristina. Et il compte certainement plus que le tien, parce que toi, tu n’as pas mis un seul dollar dans cette affaire. Tu n’y as apporté que ton amour du commandement. D'ailleurs, si tu mettais autant d’entrain à travailler que tu n’en mets à donner des ordres, tu n’aurais pas besoin d’engager du personnel, asséna-t-elle.

    Vexée, Cristina lui lança un regard assassin. Et toi, tu n’es qu’un perroquet ! Parce que tout ce que tu viens de dire, ça ne vient pas de toi. Ça vient de ton mec et de son copain. Tu ne fais que répéter tout ce qu’ils t’ont mis dans la tête.

    Un vrai lavage de cerveau ! persifla Izzie.

    Ils ne m’ont rien mis dans la tête, se défendit Meredith. Ils m’ont ouvert les yeux. Je ne voulais pas les croire quand ils me disaient qu’il y avait plein de choses qui n’étaient pas normales, mais maintenant je vois qu’ils avaient raison. Mais pour qui vous vous prenez pour me traiter comme vous le faites ? cria-t-elle.

    Et toi, pour qui tu te prends ? hurla Cristina. Depuis que tu les fréquentes, tu te crois tout permis.

    Mais tu oublies une chose, ma petite, embraya Izzie. C’est qu’au début, ton Derek, il n’est venu ici que pour moi ! Et Mark aussi, d’ailleurs. Je te dis ça parce que tu vois, nous, on ne sait plus très bien avec lequel des deux tu sors. Cristina ricana. C’est moi qu’ils voulaient et ils ne se sont intéressés à toi que par dépit, poursuivit Izzie. Qui sait comment ils réagiraient si je leur faisais comprendre que j’ai changé d’avis ? Parce que moi aussi, ça me plairait bien de me pavaner en Porsche ou d’aller à Aspen. Elle défia Meredith du regard.

    L’idée qu’Izzie allait peut-être tenter de séduire Derek rendit Meredith folle de jalousie et de colère. Derek est à moi ! Alors, t’as pas intérêt à t’approcher de lui ! Parce qu’ou sinon, je te jure… Et Mark, tu as eu ta chance et tu ne l’as pas saisie, ce qui est vraiment stupide de ta part, parce que c’est un homme extraordinaire. Mais pour lui, c’est une chance, parce qu’il mérite mieux que toi. Elle traversa la boutique d’un pas décidé pour ramasser son sac. Et si vous ne voulez pas être obligées de me rembourser l’argent que j’ai investi ici et vous chercher un autre endroit où dormir, ne me menacez plus jamais ! Elle sortit en trombe de la boutique et repartit d’un pas pressé vers la clinique. Quelques mètres plus loin, aux prises avec ses émotions, elle éclata en sanglots. Elle ressentait tellement de choses. De la déception et de la colère bien sûr, parce qu'elle avait été traitée avec mépris, mais de la tristesse aussi, car elle avait l'impression qu'un chapitre important de sa vie venait de se clore. Elle avait également le sentiment d'avoir été trahie et cela l'amenait à se demander si cette amitié avait été aussi sincère dans l'esprit des filles qu'elle l'avait été dans le sien. Et quelle image renvoyait-elle aux gens pour qu'ils se sentent autorisés à la considérer comme une personne insignifiante dont l'avis ne comptait pas ? Avait-elle si peu de personnalité ? Recherchait-on son amitié parce qu'on l'appréciait ou parce qu'on la sentait manipulable ? Et que penser de ce qu'avait dit Izzie ? En insinuant qu'elle n'avait qu'un mot à dire pour que Derek s'intéresse à elle, elle avait ébranlé le peu de confiance que Meredith avait vis-à-vis d'elle-même par rapport à cette relation.

    Elle arrivait à la clinique quand elle vit Derek et Mark qui venaient à sa rencontre. Les deux hommes comprirent immédiatement à son attitude et à son expression qu'il y avait quelque chose d'anormal. Derek courut jusqu'à elle et la prit dans ses bras. Qu'est-ce que tu as, bébé ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

    Elle ne répondit pas directement. Comment ça se fait que vous êtes là ?

    Mark m'a prévenu que tu allais à la boutique et je ne sais pas, j'ai eu un mauvais pressentiment alors, on allait te rejoindre, expliqua Derek. Dis-moi, ce qui s'est passé.

    C'est rien, murmura Meredith en se serrant contre lui.

    Mark ramassa le sac qu'elle avait laissé tomber par terre. On n'est pas aveugle, Mer, dit-il d'une voix calme. Tu es bouleversée. Alors, ne dis pas qu'il n'y a rien eu.

    Parle-nous, bébé, insista Derek.

    Je me suis encore pris la tête avec elles, relata Meredith en tendant le menton en direction de la boutique. J'en ai plus qu'assez de la façon dont elles me traitent. Elles me prennent vraiment pour de la merde. Quand il s'agit de donner mon argent pour monter leur affaire, là, je suis la bienvenue. Mais après, ferme-la, Meredith ! Tu n'as pas voix au chapitre !

    Explique-toi mieux parce que là, je ne comprends rien, la pria Mark. Derek l'approuva d'un signe de tête.

    Elles viennent de m'annoncer qu'elles veulent engager trois personnes pour les aider, parce que c'est trop dur à deux, raconta la jeune fille. Et quand je leur dis que je ne suis pas d'accord, on me répond que je n'ai rien à dire. Rien à dire ? Sérieux ? Mais c'est grâce à moi qu'elles peuvent jouer à la patronne ! Si je n'avais pas été là pour m'occuper du service, Cristina n'aurait pas pu passer ses journées à compter ce qu'il y avait dans la caisse et Izzie n'aurait pas pu rester enfermée dans sa cuisine. Mais moi aussi, je sais cuisiner. Vous allez voir à Aspen !

    Derek ne put se retenir de sourire devant cette réaction un peu enfantine. Pauvre petite livrée à elle-même dans la jungle de la grande ville, qui ne pouvait même pas compter sur le soutien de ses amies d’enfance. Ah ça c'est vrai ! approuva-t-il. Je me souviens encore de ton délicieux risotto aux asperges.

    Mark parut très intéressé. Un risotto ? Si l'envie te prend d'en faire à Aspen, je suis client. Ça me changera des sempiternels enchiladas et tacos de Callie.


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  • Tout à sa colère, Meredith ne réagit pas. Quand je pense à tout ce que j'ai fait dans cette boutique, tout ce que j'ai enduré, pour deux fois rien en plus, et maintenant je n'ai même pas le droit de dire ce que je pense. Les chirurgiens échangèrent un regard entendu par-dessus la tête de leur amie. Même s’ils détestaient la voir dans cet état, ils ne pouvaient s’empêcher de penser que la discussion qu’elle venait d’avoir avec ses deux associées tombait à point nommé pour servir leurs projets. Et comme si ça ne suffisait pas, elles insinuent que je suis une femme intéressée et que je me partage entre vous, conclut Meredith avec dépit.

    Ayant remarqué que leur trio était un objet de curiosité pour ceux qui passaient par là, Derek la prit par la taille. Rentrons. Tu vas nous expliquer tout ça en détail mais pas ici. Evitons de nous donner en spectacle.

    Bonne idée. On n’a déjà que trop alimenté les conversations ici, bougonna Mark en jetant le sac de la jeune fille sur son épaule.

    Ils rentrèrent dans le bâtiment et trouvèrent refuge dans une petite salle d'accueil qui était inoccupée. Derek présenta une chaise à Meredith. Maintenant, on est à notre aise. Tu peux dire ce que tu veux.

    C'est quoi, cette histoire de partage ? demanda Mark, les sourcils froncés.

    Apparemment, elles pensent que je sors avec vous deux, lui apprit Meredith. Ou bien que je t'ai quitté – elle regarda Derek avant de se tourner vers Mark – pour sortir avec toi. Je ne sais pas exactement. Mark souffla tandis que Derek haussait les épaules avec un air indifférent. Et Izzie a sous-entendu que j'étais avec toi, avec vous, pour l'argent, poursuivit Meredith. Pour aller à Aspen par exemple. Et après, elle m'a dit qu'elle pourrait très bien faire en sorte de vous récupérer.

    A la fois surpris et perplexe, Derek porta la main à son torse. Me récupérer ?

    Ben oui, elle sait que c'est pour elle que tu venais si souvent à la boutique, au début, marmonna Meredith en lui jetant un regard à la limite de l'hostilité.

    Ce n'est pas pour elle que je venais, mais parce qu'on s'était lancé un défi avec Mark, rectifia-t-il. C'était au premier qui arriverait à la sauter. Alors bien sûr, si l'occasion s'était présentée, je l’aurais baisée. Et après, je l'aurais oubliée, comme les autres. En temps normal, Meredith aurait été choquée de l'entendre dire ça mais là, vu les circonstances, cela la ravit. Elle lui décocha un grand sourire plein de gratitude. Mais pour être très honnête, je n'étais pas vraiment motivé, contrairement à Mark, ajouta-t-il.

    Oui, eh bien, c’est du passé pour moi, clama Mark. Elle serait la dernière femme sur terre que je n’en voudrais pas.

    Meredith et Derek ne purent se retenir de sourire. A ta place, j’éviterais d’être aussi affirmatif, conseilla Derek.

    De mauvaise foi, Mark haussa les épaules. Ben quoi ? A part ses cheveux, sa tronche et son cul, qu’est-ce qu’elle a pour elle, cette fille ? Rien du tout !

    En tout cas, je lui ai dit qu'elle avait eu tort de ne pas sortir avec toi, parce que tu étais quelqu'un de bien, mais que pour toi, c'était mieux, parce que tu méritais mieux qu'elle, raconta Meredith avec une petite moue.

    Ah bon, tu lui as dit ça ? Flatté, Mark sourit de toutes ses dents. Tu le penses vraiment ?

    Mais oui !

    Tu sais, si elle avait dit oui, j'aurais couché avec elle mais ça en serait resté là, confessa-t-il. Elle n'a pas assez dans le ciboulot pour que je la garde.

    Derek les rappela à l'ordre. On s'éloigne de notre sujet, là. Il s’agenouilla devant Meredith et lui prit les mains. Ce que cette fille peut dire sur moi, sur nous, ça n’a aucune importance. Personnellement, je m’en moque complètement et je te conseille d’en faire autant. Mais pour le reste, il va falloir que tu trouves une solution, bébé. La voyant ouvrir la bouche, il l’empêcha de parler en posant ses doigts sur ses lèvres. Je sais le but que tu poursuis et pourquoi tu endures cette situation mais tu ne peux pas les laisser continuer à t’exploiter. Quant à moi, il est hors de question que je te laisse repartir là-bas et que je les regarde t’escroquer sans rien dire.

    M'escroquer ! Meredith fit une moue dubitative. Tu exagères un peu, tu ne crois pas ?

    Derek se releva et s'assit sur la table basse en face d'elle, tandis que Mark se posait sur une chaise. Meredith, je me souviens des heures que tu as passées dans cette boutique et du travail que tu y as abattu. Il y aussi cet argent que tu as investi au départ. Je ne connais pas le montant et ça ne me regarde pas mais….

    La jeune fille lui coupa la parole. Quinze mille dollars, révéla-t-elle dans un murmure. Ses joues rosirent comme si elle était gênée.

    Mark marqua sa désapprobation en soufflant et en hochant la tête. Pourquoi personne ne l'avait conseillée valablement ? Cet argent aurait pu être dépensé de façon tellement plus intelligente. Penser à ce gaspillage l'énerva mais il se tut, préférant laisser Derek mener le débat. De son côté, celui-ci était abasourdi. Il ne s'attendait pas à un montant aussi élevé. Et Izzie, elle a investi autant que toi ? s'enquit-il.

    Je ne sais pas, avoua Meredith. Je ne crois pas. Elle a fait quelques défilés de lingerie mais je ne pense pas que ça lui a rapporté autant.

    Mais toi, comment ça se fait que tu as donné une telle somme ? la questionna Mark.

    En fait, j’avais prévu d’investir une partie et de garder le reste pour vivre, ou en cas de coup dur. Mais une fois ici… Meredith grimaça légèrement. On a réalisé qu’on avait sous-estimé les frais. Alors, j’ai donné mon argent à Cristina pour qu'elle achète ce qu'il fallait, comme c’était elle qui s’occupait de tout ça. Elle se mordilla les lèvres en voyant le regard catastrophé et un peu sévère de ses amis. J'avais confiance, dit-elle d’une voix tremblotante.


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  • Derek sentit son cœur se gonfler de tendresse envers cette fille si gentille, si honnête qui était assez naïve pour penser que le monde était fait à son image. Ah bébé ! Il lui caressa la joue. Tout le monde n'est pas comme toi.

    Malheureusement ! s'écria Mark. Mais tu as gardé de l’argent pour toi tout de même ?

    Oui, bien sûr. Un peu.

    Donc, tu as financé la plus grande partie de cette boutique mais ça n’empêche pas Cristina, qui n’a pas donné un seul cent, de te nier le droit de participer à sa gestion, résuma Derek.

    Et de ne t’octroyer que trois cents dollars par semaine, ajouta Mark. Ne fut-ce que ça, ce n’est pas normal !

    Elle nous a dit qu’au début, il fallait être prudente parce qu’on ne savait pas si ça allait marcher, expliqua Meredith. Et puis…

    Sentant qu’elle hésitait, Derek lui reprit la main. Et puis ?

    Il n’y a pas longtemps, elle m’a reproché de négliger la boutique à cause de toi, avoua-t-elle. Et elle m’a dit que si je ne changeais pas d’attitude, je ne pourrais pas prétendre à la même part de bénéfices que les autres.

    Mark ricana en se donnant une claque sur la cuisse. Sa tête se mit à dodeliner, signe chez lui d’une grande fureur qu’il cherchait à maîtriser. Derek, lui, resta silencieux, comme s’il n’était pas certain d’avoir bien compris ce que la jeune fille venait de dire. Mais enfin, de quel droit elle décide ça ? demanda-t-il enfin, totalement incrédule.

    C’est elle qui gère les finances de la boutique, lui rappela Meredith. Et Izzie et George avaient donné leur accord, donc… Je crois qu’ils se sont dit que cela me ferait rentrer dans le droit chemin.

    Ah vraiment ! Le visage de Derek fut déformé par un rictus de colère. Te faire rentrer dans le droit chemin ? Et puis quoi encore ?

    Elle va certainement finir par lui couper les vivres, présuma Mark. Cette nana est complètement dingue. Merde, Meredith ! s’écria-t-il. C'est toi la vraie patronne de cette saloperie de boutique. Tu as ton mot à dire autant que les autres, si pas plus, en tout cas plus que la mégère. Qu’est-ce qu’elle a apporté, elle, dans cette histoire ? A part sa méchanceté et sa mauvaise humeur ?

    Son talent pour le management, répondit Meredith, l'air désabusé.

    Tu trouves, toi ? s’étonna Mark. Sérieusement ? Tu penses vraiment qu’elle a du talent pour diriger une équipe ?

    Mais on s’en fout de ça ! Il y a surtout qu’elle n’a pas à faire de management avec sa boss, s’emporta Derek. Elle ne te donne pas l’argent qui te revient, elle te place sous surveillance, elle te parle comme si tu étais de la merde. Il se leva et se dirigea vers la porte.

    Meredith se mit debout. Où tu vas ? 

    Foutre mon pied dans la fourmilière. Derek mit la main sur la poignée de la porte avant de se retourner vers Meredith. Et cette fois, n’essaie plus de m’en empêcher. Je ne t’ai que trop écoutée. Je vais leur apprendre à te respecter, moi !  

    Tu crois que c'est une bonne idée, demanda-t-elle d'une petite voix craintive.  

    Je n’en sais rien et je m’en fous. Je veux leur dire ma façon de penser. Ça me soulagera et elles sauront que tu n’es pas seule dans cette histoire.

    Mark se leva à son tour et rejoignit son ami. Je viens avec toi, annonça-t-il.

    Non, Mark, c’est gentil, mais c’est mon affaire.

    Comment ça, ton affaire ?

    Meredith est ma petite amie et…

    Et c’est mon amie, rappela Mark. Alors, cette affaire est la nôtre. Le fait que vous couchiez ensemble ne donne pas plus de valeur à ta colère qu’à la mienne. Il désigna la jeune fille de la main. Je ne supporte pas plus que toi qu’on se foute de sa gueule et c’est ce qui se passe là-bas. Si les deux autres voient qu'elle est vraiment soutenue, elles hésiteront à continuer de la flouer. Il défia son ami du regard. Alors, oui, je viens aussi et je te conseille de ne pas essayer de m’en empêcher.

    Derek le connaissait assez pour savoir qu’il ne parviendrait pas à le convaincre, si ce n’est par la force. Et il n’était pas assez stupide pour vouloir se battre avec son meilleur ami. De plus, il comprenait son argumentation. Très bien, on y va ensemble. Il se tourna vers Meredith et lui sourit. Toi, tu retournes dans le bureau de Mark et tu termines ce que tu as à faire. Nous allons revenir très vite.

    Elle ne ut dissimuler qu'elle était inquiète. Ne cassez pas tout quand même, leur recommanda-t-elle.

    T'en fais pas, ce n’est pas notre genre, ironisa Mark. Les deux hommes quittèrent la pièce avant qu’elle ne tente encore de les retenir.

     

    Et maintenant on fait une pause pendant 15 jours. Joyeuses fêtes ! 


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