• Le début ? Meredith écarquilla les yeux avec un air un peu dédaigneux. Et je fais quoi après ? 

    Mais on verra à ce moment-là ! tonna Mark. Lance-toi, bon Dieu ! Est-ce qu’au moins tu as déjà pris des renseignements ?

    Evidemment ! Je sais tout ce qu’il faut savoir, les frais d’inscription, le coût du logement, des cours, de la vie quotidienne, les cours que je choisirais. Je me suis déjà renseignée sur tout. Ça ne résout pas le problème, conclut tristement Meredith en se laissant tomber dans le canapé.

    Et les banques ? Tu as déjà fait des démarches ? s’enquit Derek. Elle fit signe que non. Tu devrais le faire, suggéra-t-il. Qu’est-ce que tu risques ?

    Meredith haussa les épaules. D’être ridicule. Ça fait trois ans que j’ai quitté le lycée. Je n’ai postulé dans aucune université. Et je n’ai aucune garantie à leur donner, énuméra-t-elle. J’aurais l’air de quoi, à aller demander un prêt ?    

    Bref, tu as peur, conclut sèchement Mark.

    Meredith n’essaya même pas de nier. Bien sûr ! N’importe qui dans ma situation et qui a deux sous de jugeote aurait peur.

    Mark plissa les yeux sous l’effet de la contrariété. Et donc, tu préfères te contenter de rêver plutôt que d’agir ? Si ça te suffit…

    De toute évidence, il était déçu et Meredith s’en voulut de ne pas être à la hauteur de ses attentes. Elle tourna la tête pour cacher ses yeux qui commençaient à s’emplir de larmes. Non, ça ne me suffit pas, reconnut-elle d’une voix étranglée. Mais je ne sais pas ce que je peux faire d’autre pour le moment.

    Derek alla s’asseoir à côté d’elle et la prit dans ses bras. De toute façon, le sujet n’est pas d’actualité, dit-il en fusillant Mark du regard. Ce qui est d’actualité, c’est notre départ, demain, pour Aspen. La seule chose qui compte pour moi dans l’immédiat, c’est que Meredith passe de bonnes vacances, qu’elle s’amuse et qu’elle retrouve sa forme et son moral d’avant… Il s’arrêta juste à temps pour ne pas évoquer le drame. Ce qui est important aussi, c’est de savoir que tous les espoirs lui sont permis. Si elle veut entreprendre quelque chose, eh bien, elle réussira. Et nous – il mit l’accent sur le pronom – nous serons toujours là pour l’aider et la soutenir. Quelle que soit sa décision ! martela-t-il en dardant son regard perçant sur Mark.

    Evidemment que nous serons toujours là ! répondit ce dernier, penaud à l’idée d’avoir fait pleurer son amie. Il alla s’asseoir sur le canapé, de l’autre côté de Meredith et lui prit la main. Je m’excuse de m’être énervé. Mais c’était pas vraiment contre toi, tu sais. C’est juste que ça me fait chier quand on gâche son talent. Et j’ai la faiblesse de croire que tu en as.

    La tête appuyée contre l’épaule de son amant, Meredith lui sourit. C’est gentil. Mais tu sais, je ne renonce pas. Je veux simplement prendre mon temps pour ne pas faire n’importe quoi.

    Oui, je comprends, prétendit Mark. En réalité, il ne comprenait toujours pas comment Meredith espérait réaliser ses rêves vu la façon dont elle s’y prenait mais il ne voulait pas lui faire plus de peine. En tout cas, si tu as besoin d’aide, je suis là. Il se leva du canapé et tapa légèrement sur l’épaule de Derek en passant devant lui. Si on veut partir demain, faudrait peut-être se remettre au boulot.   

    Derek resta enfoncé dans le fauteuil en serrant sa petite amie contre lui. J’ai pas envie. J’veux rester avec toi, lui chuchota-t-il.

    Elle le repoussa délicatement. Pourtant, va falloir que tu y ailles. Parce que moi, j’ai encore du travail qui m’attend. Elle se leva et lui tendit la main pour l’aider à se remettre debout.

    Il soupira. Ce n’est pas gai quand tu es raisonnable. Il se leva et caressa la joue de la jeune fille. Mais bon, dans quelques heures, à nous Aspen !

    Si tu savais comme j’ai hâte d’y être ! Le ski n’avait pas grand-chose à voir avec son impatience. Tout ce qui l’intéressait dans ces vacances, c’est qu’elle allait profiter toute une semaine, jour et nuit, de Derek.

    Il lui décocha un sourire tendre. Oui, j’ai hâte, moi aussi.

    Ouais eh ben si on veut pouvoir partir, il faudrait peut-être se décider à aller s’occuper des patients qui nous restent, rappela Mark que leur attitude d’adolescents attardés, agaçait tout autant qu'elle l'attendrissait. Mais il se serait fait tuer plutôt que de l’admettre. En ronchonnant, il alla vers son meilleur ami et le tira par le bras. Allez, bonhomme, on y va. Et toi, travaille bien, fit-il à Meredith. Sinon pas de vacances pour toi !

    Elle lui tira la langue. Mais c’est toi qui m’empêches de bosser. Tu t’incrustes. Elle alla ouvrir la porte et leur fit signe de sortir. Alors, ouste, dehors ! Ils sortirent non sans que Derek ne lui vole un baiser au passage.


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  • Est-ce qu’au moins tu penses la même chose que moi ? demanda Mark, à peine sorti du bureau.

    Derek fronça les sourcils. A propos de quoi ?

    Mark leva les yeux au ciel avec un air agacé. A propos de Meredith, bien sûr ! Ses yeux brillèrent d’admiration. Les greffes en filets autologues ! Bon sang ! Comment a-t-elle fait pour comprendre ? Tu as remarqué ses annotations ? Derek opina de la tête avec un grand sourire empli de fierté. Et tous ces nouveaux articles qu'elle a trouvés ? poursuivit Mark. Je n'ai pas regardé en détail mais j'ai l'impression que ses choix étaient pertinents. Les deux hommes s'arrêtèrent devant un distributeur de boissons chaudes pour se servir un café. Et quel esprit d'initiative ! vanta Mark. Elle a recherché les coordonnées de tous les spécialistes dont je voulais avoir l'avis. Et elle les a trouvées en quelques heures seulement alors que ça fait des mois que ma secrétaire n'est pas foutue de le faire. Elle est sensationnelle, cette petite, s'émerveilla-t-il.  

    Oui, elle est étonnante, dit simplement Derek qui n’avait pas envie de s’épancher sur ce qu’il ressentait envers cette fille qui venait de leur donner à tous deux une grande leçon d’humilité.

    Donc, toi aussi, tu estimes qu’elle perd son temps derrière son comptoir, à vendre des pâtisseries pour un salaire de misère ?

    Oui, bien sûr. Derek soupira. Il y a bien longtemps que je le pense et je le lui ai déjà dit d’ailleurs mais j'ai été plus diplomate que toi. Il posa sur son ami un regard lourd de reproches. Tu y as été un peu fort avec elle, je trouve.

    C’est toi qui me dis ça ? ricana Mark. Toi qui condamnes les gens à la moindre erreur !

    Meredith - Derek eut un large sourire - c’est différent. Il redevint aussitôt sérieux. Elle est sensible et elle n'a pas une grande confiance en elle, à la base. Et ce qu'elle vient de vivre l'a encore plus fragilisée. Alors, je ne suis pas persuadé que la manière forte soit la bonne. Et puis, elle est tellement jeune. L'université, un prêt bancaire, c’est normal que ça lui fasse peur.

    Des millions d’Américains en passent par là sans problèmes, objecta Mark. Pourquoi pas elle ?

    Oui, bien entendu mais… Derek baissa un peu la voix, avec un ton confidentiel. D'après ce qu'elle m'a raconté, sa mère s'est retrouvée veuve très jeune et elle a fait de gros sacrifices pour l’élever. Je comprends que Meredith ne veuille pas lui en imposer d’autres. Sans garantie de succès.

    Mark eut un léger sursaut d’étonnement. Tu veux rire ? Intelligente comme elle l'est, avec sa volonté, elle va casser la baraque. Il lança un regard désapprobateur à son ami. Tu sors avec elle depuis des semaines mais tu ne crois pas en elle ?

    Bien sûr que je crois en elle ! Comme je n’ai jamais cru en personne. Il fallut qu’il l’énonce à voix haute pour que Derek réalise à quel point c’était vrai. Je crois en elle au point de… Il hésita un peu avant de se confier. J'ai déjà pensé plusieurs fois à lui proposer de payer ses études. Mais je n'ai pas osé. Elle me fait une scène à chaque fois que je lui offre quelque chose. Encore hier, chez Bloomingdale's. Quand je vois comment elle réagit pour quelques fringues, je n'ose même pas imaginer ce qu'elle ferait si je lui annonçais que je veux prendre en charge ses frais d'université.

    Tu as envisagé de lui payer ses études ? répéta Mark qui était totalement abasourdi par ce que son ami venait de lui dire.  

    Oui et je l'envisage encore d'ailleurs, répondit Derek. Ce serait la meilleure solution mais je ne vois vraiment pas comment lui faire accepter ça.  

    Eh ben dis donc, ça devient vachement sérieux, vous deux, constata Mark.

    Derek haussa les épaules. N'exagère pas ! Ce n'est pas comme si je comptais la demander en mariage. Et je ne fais pas ça parce qu'on sort ensemble, assura-t-il. Je vois plutôt ça comme un coup de main que je peux lui donner. Cette fille est brillante. La seule chose qui lui barre la route, c'est le manque d'argent. Moi, j'en ai plus qu'il n'en faut. Si je lui payais ses études, ce serait une façon de lui rendre tout ce qui m'a été donné, conclut-il sur un ton presque désinvolte.

    Mark le regarda avec un air narquois. Si je te comprends bien, Meredith serait ton œuvre caritative en quelque sorte. Ah mon ami ! Il prit Derek par les épaules. J'admire ta capacité à nier l'évidence. A un tel niveau, c'est de la haute voltige. 

    Ça veut dire quoi, ça ? grogna Derek en se dégageant de l'étreinte de son ami.

    Tu le sais aussi bien que moi, répliqua Mark. Mais comme tu n'es pas prêt à mettre des mots sur ce que tu as dans le cœur, je ne vais pas insister.

    Si c'est pour encore dire des conneries, ça vaut mieux, maugréa Derek. Il jeta son gobelet vide dans la poubelle.

    Mark rit. Au risque de t'énerver un peu plus… Je vais me faire l'avocat du diable. Que se passera-t-il si vous rompez ?

    Ce n'est dans mes intentions, déclara Derek. Et je ne crois pas que ce soit dans les siennes.


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  • Dans l'immédiat, non, bien sûr. Mais dans un an ou deux ? insista Mark. Tu pourrais en avoir marre de votre relation. Et elle, elle pourrait rencontrer quelqu'un d'autre. Un étudiant par exemple. Elle serait en plein cursus. Tu couperais les vannes ?

    Non, bien sûr. Je paierais ses études jusqu'à la fin, certifia Derek. Mark haussa le sourcil droit en signe de doute. Qu'elle me quitte un jour, je m'y attends déjà, avoua Derek. C'est dans la logique des choses. Elle va évoluer et vouloir des choses que je ne suis pas à même de lui donner. Ce serait dégueulasse de ma part de le lui faire payer. Et puis, qu'est-ce que ça va me coûter ? Deux cent cinquante mille dollars ? ça ne va pas me ruiner. Et si c'est moi qui la quitte, je lui devrai bien ça.

    Nous sommes d'accord. Mark poussa à nouveau sur le bouton "latte macchiato" de la machine à café. Tiens, tu ne m'avais pas dit que tu lui avais parlé de ton vieux.

    Je n'ai pas eu trop le choix, estima Derek. Un jour, elle m'a reproché d'exiger d'elle qu'elle sorte avec moi sans rien savoir de moi, ou presque. Alors, j'ai été obligé de lâcher du lest.

    Tu aurais pu lui parler d'autre chose que de ton père, lui fit remarquer Mark en lui tendant un gobelet fumant avant d'en demander un autre pour lui.

    Non, le sujet était imposé, ironisa Derek.

    Elle est forte, s'exclama Mark avec fierté.

    Derek approuva les propos de son ami avec un hochement de tête. Je ne te le fais pas dire. Donc, je lui ai raconté qu'il avait saboté mon inscription à Harvard et John Hopkins pour m'obliger à aller à Berkeley. Il fit tourner le gobelet de café entre ses mains. Je lui ai parlé d'Abigail aussi, lâcha-t-il soudain.

    Mark ouvrit de grands yeux stupéfaits. Sérieux ?

    Je ne suis pas entré dans les détails, admit Derek. Je lui ai simplement dit que mon père s'était tapé une de ses étudiantes et qu'il avait abandonné sa famille pour elle. Sans plus.

    Mark parut réellement impressionné. Putain, elle est vraiment très, très forte ! C'est plus que ce que tu n'as jamais raconté à personne.

    Oui, elle est redoutable, reconnut Derek en souriant.

    Imagine cette fille à l'université, avec son intelligence et son talent pour les relations humaines ! Mark écrasa son gobelet vide entre ses doigts. Elle va tout casser ! Alors, comment on peut l'aider ? Il salua distraitement des collègues qui passaient dans le couloir. Parce que moi, ça m’énerve de voir tant de potentiel gâché dans une boutique de douceurs. Elle gâche sa jeunesse, elle perd son temps. Il tenta de contenir la colère qui montait en lui. En plus, avec ce qu’elles lui donnent comme salaire, il va lui falloir des années avant d’avoir ce qu'il lui faut pour se lancer.

    Derek acquiesça. Je sais. Et je crois qu’elle l’a compris, elle aussi. Avant même ton intervention. Nous en avons parlé, il y a quelques jours. Le visage du chirurgien s’illumina. Tu as vu comme elle était heureuse de nous expliquer ce qu'elle avait fait pour tes recherches ? Elle aime ce qu’elle fait et ça se voit. E je suis certain que ça contribue à ce qu'elle se remette aussi bien et aussi vite de ce qu'elle a subi. ça lui redonne confiance en elle. ? Elle m’a dit combien ça lui faisait du bien de se servir enfin de son cerveau.

    Mais alors, qu’est-ce qu’elle attend ? s’écria Mark

    De ne plus avoir peur, présuma Derek. Laisse-lui encore un peu de temps. 

    Je ne laisserai pas tomber l’affaire, Derek, l'avertit Mark.

    Je ne te demande pas de laisser tomber mais d’être patient. Nous devons trouver des solutions pour lui permettre de prendre son envol. Ce travail qu'elle fait pour toi a été une première étape. Derek réfléchit quelques secondes avant de continuer. Je fais des recherches pour un essai, moi aussi. Je pourrais lui demander de m’aider. Elle travaillerait ici, à mi-temps du moins, et la clinique continuerait à la rémunérer. Il tourna la tête vers son ami. Qu’est-ce que tu en penses ?

    Moi, je suis prêt à tout ce que tu veux pour éviter qu'elle retourne là-bas ! Mark fit un geste de la main en direction de l’endroit où se trouvait Sweet Dream. Je suis même prêt à inventer des sujets de recherche s’il le faut. Et je la paierai de ma poche si la clinique ne le fait pas.

    Derek sourit. Ce ne sera pas utile. J’aborderai le sujet à Aspen. En douceur.

    Le plus tôt sera le mieux ! dit Mark. Tu la vois recommencer à travailler là-bas, après ce qu’elle y a vécu ?

    Avec des personnes qui l'ont trahie et en qui elle n'a plus confiance, renchérit Derek. Non. Sans parler du fantôme de son agresseur qui sera toujours présent. Il faut qu’elle s’éloigne de cette boutique, c'est évident. Il ne me reste plus qu’à réfléchir de quelle manière. J’ai une semaine pour ça, décréta-t-il. Mais là, je dois aller bosser. Et toi, tu ferais mieux d’en faire autant. Hors de question qu'on reporte notre départ !


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  • Après avoir classé le résultat de ses recherches dans les chemises en plastique, Meredith décida de s'octroyer une pause. Tout en mangeant une pomme, elle alla sur Google pour faire des recherches sur Aspen. Elle avait hâte d'y être, pas tellement pour le ski mais pour découvrir ce lieu que tout le monde présentait comme l’endroit idéal pour profiter de tous les plaisirs. Et profiter, elle comptait bien le faire au maximum. De Derek pour commencer. Ce serait leurs premières vacances ensemble et la première fois qu'ils seraient ensemble vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Etrangement, elle n'éprouvait absolument aucune appréhension à ce sujet. Elle avait un caractère plutôt accommodant et finalement, Derek n'était pas aussi difficile à vivre qu'il le laissait croire. Tout allait bien se passer, elle en était convaincue. Et elle comptait beaucoup sur cette semaine de vacances pour amener Derek à révéler ses sentiments et faire passer leur relation à un stade supérieur.

    Pleine d'entrain, elle commença à faire la liste de tout ce qu'elle voulait emporter. Elle se rendit très vite compte que dans ce que Derek lui avait ramené de Mason Street ou ce qu'il lui avait offert, il manquait pas mal de choses essentielles, que ce soit au niveau des vêtements ou du nécessaire de toilette, des choses qui se trouvaient dans la maison de Nob Hill. Cela la contraria fortement. Elle n'avait pas envie de retourner chez sa tante pour prendre ce dont elle avait besoin. Pas envie de revoir la chambre de George, pas envie de parler de la mort de ce dernier avec Gloria et Tante Ellis, pas envie de replonger dans la réalité. Elle voulait rester sur son petit nuage où il n'y avait que Derek et Mark. Comme elle n’avait pas les moyens de tout racheter, il n'y avait qu'une solution. Elle prit son téléphone et composa le numéro d'Izzie. Celle-ci répondit à la quatrième sonnerie. Meredith ?

    Oui, Izzie. J'aurais besoin que tu me rendes un service. Je pars quelques jours en vacances et…

    Izzie l'interrompit. Ah ! Tu pars en vacances ? Où ça ?

    A Aspen, lui révéla Meredith un peu à contrecœur.

    A Aspen ? s'écria Izzie. Mais avec qui ?

    Agacée par la question un peu idiote de son amie, Meredith leva les yeux au ciel. Avec qui veux-tu ? Avec Derek et Mark, bien sûr. Elle s'empressa de revenir au sujet qui l’occupait. J'aurais besoin que tu ailles à la maison pour me ramener quelques affaires dont j'ai absolument besoin, et je passerais les prendre à la boutique en fin d'après-midi, ou en tout début de soirée, si ça t’arrange mieux.

    Izzie plissa le front. Pourquoi tu n’y vas pas toi-même ?

    Meredith souffla légèrement. Je ne m'en sens pas la force, Izzie. C'est encore beaucoup trop tôt.

    Si c'est à cause de George, tu ne dois pas t'en faire. Cristina a donné toutes ses affaires à l'Armée du Salut, lui apprit Izzie. Sa chambre est vide, elle a tout viré. C'est comme s'il n’était jamais venu avec nous à San Francisco !

    Si seulement ça pouvait être aussi facile ! pensa Meredith. C'est encore trop tôt, répéta-t-elle. Et puis, si je passe à la maison, il y aura Gloria, ma tante. Elles vont me demander pourquoi je suis partie, quand je rentre et tout ça. Je préfère éviter.

    Je comprends, Mer, mais moi, je n’ai pas le temps de passer à la maison en pleine journée, répliqua Izzie sur un ton un peu sec. On n’est plus que deux pour tout faire ici, je ne sais pas si tu t’en rends compte.

    Le fait que sa camarade rechigne à l’aider, après ce qui s’était passé, et qu’elle se pose en plus en victime, mit Meredith en colère. Pendant que vous étiez partie à la recherche de vos producteurs, je me suis occupée de tout toute seule, alors tu ne m'apprends rien, asséna-t-elle. Et faut-il que je te rappelle le nombre de fois où j'ai fait la fermeture toute seule parce que tu étais partie faire des courses, que Cristina était à la banque et ton cousin dieu sait où ? Alors, je trouve que tu peux me rendre ce service. En plus, vous avez la voiture de ma tante pour vous déplacer, mentionna-t-elle pour rappeler subtilement à Izzie un des avantages dont elle bénéficiait grâce à elle.

    Izzie hésita. Elle n’avait pas envie de perdre deux heures de son temps en traversant la ville mais à cause des circonstances, elle n’osa pas refuser. Très bien, je le ferai. Qu’est-ce que tu veux que je te ramène ?

    Je vais t'envoyer ma liste par mail. Enervée, Meredith raccrocha sans plus de cérémonie. Après avoir terminé sa liste et l’avoir envoyée, elle réfléchit à la visite qu'elle avait faite la veille à la boutique, à la discussion animée qu’elle avait eue avec les filles et à la conversation qu’elle venait d’avoir avec Izzie. C’était indéniable, un fossé s'était creusé entre elles et elle ne savait pas du tout si elles arriveraient à le combler. Trop de choses s'étaient passées, trop de méchancetés avaient été dites. Ça lui semblait difficile, voire impossible, de passer au-dessus de ça. Et surtout, elle n’avait plus le sentiment que leur amitié était essentielle. Elle avait Derek maintenant, et Mark aussi. Ils ne la connaissaient que depuis peu mais ils la soutenaient, la motivaient, la poussaient à se dépasser bien plus que ses amies d’enfance ne l’avaient jamais fait. Avec ces deux hommes à ses côtés, elle n’avait plus besoin de personne d’autre. Forte de cette conviction rassurante, elle se remit au travail.


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  • Il était presque 16h30 quand Meredith reçut un texto d’Izzie l'informant que ses affaires étaient à la boutique. Elle décida d’y aller tout de suite, pour se débarrasser de la corvée. Elle pressentait qu’elle n’échapperait pas à une autre confrontation, que Cristina allait lui parler de la boutique, de la charge de travail, du fait qu’il fallait prendre sur soi pour aller de l'avant. Quant à Izzie, il était clair qu’elle n’avait pas apprécié les remarques que son amie lui avait faites et il fallait s’attendre à ce qu’elle veuille lui rendre la pareille. En se dirigeant vers l’ascenseur, Meredith récapitula tous les arguments qu’elle pourrait employer pour se défendre.

    La porte de l’ascenseur s’ouvrit et la jeune fille se retrouva face à face avec Mark. Celui-ci ne cacha pas sa surprise quand il la vit vêtue d’une veste et son sac sur l'épaule. Tu pars ? Y a un souci ? Il fronça les sourcils. Ne me dis pas que tu as encore surpris une conversation que tu n’étais pas censée entendre !

    Meredith sourit. Non, rassure-toi. Je fais juste un aller-retour jusqu'à la boutique. Les sourcils de Mark passèrent du froncement au haussement. J’ai demandé à Izzie de me ramener des affaires dont j’ai besoin pour Aspen, et je dois aller les chercher, précisa Meredith. Elle hocha la tête en voyant son ami ouvrir la bouche. Non, tu ne vas pas venir avec moi. Tu m'as accompagnée hier et ça m'a fait du bien de ne pas être seule pour affronter ça mais maintenant que je l'ai fait, ça va être plus facile d'y retourner. Et puis, toi et Derek, vous ne pourrez pas toujours être avec moi alors, je dois me débrouiller toute seule. Elle rentra dans l’ascenseur en même temps que Mark en sortait.

    Il l'attrapa par le bras. Au moindre problème, tu m’appelles, hein !

    Il n’y aura pas de problème, assura-t-elle. Mais merci quand même. Elle l’embrassa sur la joue avant d’appuyer sur le bouton du rez-de-chaussée. A tout à l’heure !

    Le temps de faire le chemin, elle arrivait à la boutique. Izzie était occupée à frotter les tables de la terrasse. Le regard qu’elle lança à Meredith confirma à celle-ci qu’elle n’avait pas apprécié de jouer la bonne. Ton sac est à l’intérieur, déclara-t-elle froidement.

    Merci. Meredith rentra dans la boutique et tomba sur Cristina qui sortait de la cuisine avec des moules à quiche. Ah tiens, Meredith ! Elle poussa la porte de l’arrière-boutique avec son pied. Alors, il parait que tu vas à Aspen ? Tu ne te refuses rien, ma parole. Elle commença à mettre les moules dans le lave-vaisselle.

    Oui, j’ai besoin de me changer les idées, répondit simplement Meredith.

    Comme tout le monde, j’ai envie de dire, intervint Izzie qui l’avait suivie.

    Moi peut-être un peu plus, tu ne crois pas ? rétorqua Meredith. Je te rappelle quand même que j’ai failli me faire violer.

    Tout le monde a des coups durs, riposta Izzie. Moi, j’ai perdu mon cousin. Mais personne ne me paie des vacances, malheureusement.

    Ah ça, ça se mérite, enchaina Cristina sur un ton ironique. Meredith devina ce à quoi elle faisait allusion mais elle choisit de ne pas relever ce qu’elle considérait pourtant comme une insulte. Elle n’aspirait plus qu’à une seule chose, quitter cet endroit le plus rapidement possible et retrouver le cadre devenu rassurant de la clinique. Elle s’apprêtait à aller ramasser son sac, qu’elle avait repéré dans un coin de la salle, quand Cristina s’adressa à nouveau à elle. C’est bien que tu sois revenue parce qu’on a quelque chose à te dire. Après ta visite de tout à l’heure, on a discuté avec Izzie et comme de toute évidence, tu ne vas pas revenir de sitôt, on a décidé d’engager deux ou trois personnes pour nous aider, annonça-t-elle.

    Deux ou trois personnes ? s’exclama Meredith. Mais pourquoi autant ? On a fait tourner la boutique à quatre et le plus souvent à trois, parce qu’il y avait toujours un absent. Et moi, j’ai réussi à tout faire toute seule quand vous n’étiez pas là.

    Ça, on commence à le savoir, commenta Izzie sur un ton aigre.

    Meredith l’ignora. En plus, la situation actuelle est provisoire. En tout cas, je n’ai pas encore pris de décision, ajouta-t-elle.

    Je suis désolée mais on ne peut pas attendre ton bon vouloir, Mer, répliqua Cristina. Tenir la boutique à deux, ça va un temps mais là, ça commence à devenir dur. On a envie d’avoir une vie sociale, nous aussi.

    Alors, engagez une personne, conseilla Meredith. Mais trois, ça va nous manger tous les bénéfices. Il était hors de question qu’elle accepte sans discuter que ses maigres revenus soient encore diminués.

    Ecoute, Mer, on t’a mise au courant par correction mais on a déjà pris notre décision et on ne va pas revenir dessus, avertit Cristina.

    Meredith la regarda, interloquée. Vraiment ? Je n'ai pas mon mot à dire ? Même après ce que j’ai subi à cause de cette boutique ?  

    Faut arrêter avec ça ! s’écria Cristina. C’est moche ce que George t’a fait, on ne le nie pas et on donnerait n'importe quoi pour que ça ne soit jamais arrivé, mais ne compte pas sur nous pour passer notre temps à nous excuser. Et je ne vais pas non plus te laisser nous culpabiliser le reste de notre vie.

    Moi non plus, aboya Izzie. En plus, en tant que patronne, je n’ai d’avis à demander à personne. Parce que je te rappelle que c’est ma boutique !


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