• Meredith feignit d’être choquée. Pas du tout ! Alors qu’est-ce que c’est ?

    C’est un coin breakfast, lui apprit Mark. Ou lunch. Ou diner à la bonne franquette, si tu en as envie.

    Je crois que c’est ici que Derek et moi allons prendre nos repas, dit Meredith en regardant cette partie de la pièce avec un air satisfait. Je trouve ça sympa.

    Heureux que ça te plaise ! Mark était surtout heureux de la voir souriante et détendue, avec même un brin d’espièglerie. Apparemment, la découverte de la maison permettait à la jeune fille de se projeter à nouveau dans le futur de façon positive. Il se félicita d’avoir eu la très bonne idée de prêter sa demeure. Tu veux boire quelque chose avant de visiter le reste ? proposa-t-il. 

    Meredith prit place sur un tabouret. Oui, un verre d’eau, si tu veux bien. Pendant que Mark la servait, elle regarda encore une fois autour d’elle. Comment ça se fait qu’une maison qui est inhabitée soit aussi propre ? Je veux dire, il n’y a pas un seul grain de poussière.

    Mark posa un grand verre d’eau devant elle. La femme de ménage est passée ce matin mais de toute façon, la maison est entretenue régulièrement au cas où ma grand-mère déciderait de venir.

    Meredith le regarda avec un air mutin. Et tu n’amènes jamais de filles ici ?

    T’es dingue ! s’écria Mark.

    Pourquoi pas ? insista Meredith. Je suis sûre que ça aurait son petit effet sur certaines.

    Ouais, les vénales, commenta Mark. J’suis pas intéressé. Et puis, ma grand-mère me tuerait si elle l’apprenait.

    Oh je vois ! Mamy n’est pas au courant de ta vie de patachon, déclara Meredith sur un ton moqueur.

    Mark lui lança un regard faussement sévère. Mamy sait très bien ce qu’il en est et comme elle n’est pas née de la dernière pluie, elle devine que ça doit être bien pire que ce que je lui raconte.

    Alors, pourquoi tu n’en profites pas ? demanda Meredith, les yeux brillants de malice.

    Je ne vais quand même pas sauter des filles dans le lit de ma grand-mère, répliqua Mark avec un air scandalisé.

    Ne me fais pas croire qu’il n’y a qu’une seule chambre dans cette maison, rétorqua Meredith.

    Y en a six, bougonna Mark. Mais même ! Ça ne se fait pas.

    Oh ! Tu es trop mignon. La jeune fille se pencha pour lui pincer la joue.

    Il la repoussa gentiment. C’est ça, fous-toi de ma gueule. Bon, on continue la visite ou bien tu préfères me pousser à la débauche ?

    Comme si tu avais besoin de moi pour ça ! Meredith se laissa glisser en bas du tabouret. Allez, on continue. Ils revinrent dans le hall pour prendre l’escalier qui menait au premier étage. Six chambres, répéta Meredith avec une intonation presque dubitative, tandis qu’ils montaient les marches.

    Mark lui donna un léger coup de coude. Impressionnée, hein ?

    Pour ne pas lui donner satisfaction, elle prit un air blasé. Pfft Il en faut plus que ça pour m’impressionner, tu devrais le savoir !

    Comme une caverne rose par exemple, plaisanta Mark. Ce souvenir, ô combien heureux, rappela à Meredith tout ce qu’elle allait très certainement perdre dans un avenir plus ou moins proche et elle se mit à pleurer. Eh bien, qu’est-ce que tu as ? s’inquiéta Mark, surpris par ce soudain changement d’humeur. J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Il l’entraina vers la première chambre et la fit asseoir sur le lit.

    Elle essuya maladroitement ses yeux. C’est rien. Excuse-moi, je suis stupide. Mark émit un grognement de protestation. Non mais c’est parce que tu as parlé de la caverne, expliqua Meredith. Et c’était un moment tellement heureux… Les larmes envahirent à nouveau ses yeux.

    Comprenant ce qui la tourmentait, Mark la prit dans ses bras. Tu ne dois pas pleurer, voyons. Des moments comme ça, vous en aurez encore plein.

    Je ne sais pas, chuchota-t-elle en reniflant. J’espère.

    Moi, j’en suis sûr ! Mark retira un mouchoir de la poche de son pantalon et le lui tendit, l’observant avec tendresse pendant qu’elle essuyait ses larmes. Quand elle se moucha, il eut l’impression d’avoir une petite fille devant lui et se sentit tout attendri.


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  • Meredith lui sourit vaillamment avant de regarder autour d’elle. C’est la chambre de ta grand-mère ?

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    C’est très joli, dit-elle après que Mark lui ait répondu par un signe de tête affirmatif. Ils se levèrent et passèrent dans la chambre d’à-côté. Meredith en fit le tour avant de s’arrêter pour regarder par la fenêtre. Derek aussi a grandi dans ce genre de maison ? 

    Oh non. Chez lui, c’était bien plus grand, le genre maison de maitre, révéla ingénument Mark. Le gros truc, qui fait penser à un manoir, tu vois.

    Meredith se tourna vers lui avec un air interloqué. Tu déconnes ?

    Mais non, je te jure. Elle est à quelques rues d’ici. A l’occasion, tu lui demandes de… Mark se rendit compte de ce qu’il allait dire et s’arrêta net. Je dis n’importe quoi. Oublie ça. Il vit que la jeune fille était décontenancée. Sérieux, Meredith, ne lui parle pas de ça.

    Elle le pressa aussitôt de questions en espérant qu’il lui donnerait enfin la clé de l’énigme que représentait le passé de Derek. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Mark hocha la tête. Merde, Mark, explique-moi ! cria-t-elle, énervée.

    Il soupira. Je ne peux pas. Mais lui le fera sûrement, un jour. Meredith lui lança un regard dubitatif. S’il doit se confier un jour sur ce qu’il a vécu, ce sera à toi, j’en suis certain, affirma-t-il. Mais tu ne dois pas provoquer les choses. Tu dois le laisser décider du meilleur moment pour te parler.

    C’est parce qu’il n’a pas encore assez confiance en moi qu’il ne m’en parle pas maintenant ? s’enquit Meredith sur un ton où perçait la tristesse.  

    Mais non, voyons ! Ça n’a rien à voir avec ça, la rassura Mark. C’est juste qu’il n’en parle pas. Jamais. A personne. Même pas à moi.  

    Meredith haussa les épaules. Toi, c’est pas pareil. Il n’a pas besoin de t’en parler, tu es déjà au courant de tout.

    Mark la fit entrer dans le bureau. Ce que je veux dire, c’est qu’il n’aime pas parler de ça. Il a ses raisons et je pense qu’il faut les respecter.

    Je n’ai pas vraiment le choix, ronchonna Meredith en regardant distraitement l’aménagement de la pièce. Ils ressortirent et Mark guida la jeune fille vers un escalier qui allait à l’étage supérieur. Il y a encore quelque chose ? s’étonna Meredith. De l’extérieur, j’ai cru qu’il n’y avait qu’un étage.

    Il y en a deux en fait, celui où on est et un au-dessus, avec la chambre de maitre, précisa Mark, ravi d’avoir une bonne occasion de changer de sujet. Et au sous-sol, il y a le garage, la buanderie, et aussi une sorte de petit studio avec une chambre, une salle de bains et un salon. Ils montèrent l’escalier et débouchèrent dans une immense chambre.

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    Ah oui ! s’exclama Meredith. Je comprends pourquoi tu appelles ça la chambre de maitre.

    C’était la chambre de ma mère, lui indiqua Mark.

    Et ton père ?

    Sa chambre était à l’étage en-dessous. Et moi, j’étais au sous-sol. Il rit en voyant le regard affligé qu’elle posait sur lui. Fais pas une tête pareille. J’étais bien. C’était comme un petit appart’ et j’avais une paix royale. En plus, je pouvais filer en douce par le garage, personne ne le voyait. C’était génial. Elle lui sourit. Va voir la salle de bains, lui suggéra-t-il. Je crois que ça va te plaire.

    Effectivement, elle poussa un cri admiratif en entrant dans la pièce. Oh Mark, c’est super !

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    La baignoire, j’adore ! s’extasia-t-elle. Et la douche est magnifique. Elle se tourna vers son ami avec un air implorant. Dis-moi que ça ne te dérange pas qu’on dorme dans cette chambre.

    Evidemment que ça ne me dérange pas ! Il lui désigna la porte à côté de la douche. Et là, tu as le dressing.

    Un dressing ! répéta-t-elle d’une voix stridente. Elle courut à l’intérieur et découvrit avec ravissement l’armoire à chaussures et les innombrables penderies, étagères et tiroirs. Oh j’adore ! J’ai toujours rêvé d’en avoir un.

    Eh bien, voilà au moins un rêve d’exaucé ! dit Mark qui l’observait depuis la porte.

    Elle lui décocha un sourire éclatant. Merci. Elle regarda encore une fois autour d’elle. Evidemment, je n’ai pas de quoi remplir tout ça.

    Oh s’il n’y a que ça ! T’as qu’à demander à Derek de t’emmener faire du shopping, lui conseilla Mark.


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  • Ça, certainement pas ! répliqua Meredith. Il va vouloir tout payer comme d’habitude. Elle vit que Mark la regardait avec un sourire goguenard. Oui, je sais, je suis bizarre comme fille. D’autres en profiteraient, mais moi, je ne veux pas qu’il pense que je suis avec lui pour son argent.

    T’inquiète, il ne pense pas ça, certifia Mark. Il sait que tu es avec lui pour ses cheveux.

    Meredith lui sourit. Jaloux, va ! Elle le rejoignit et glissa son bras sous le sien.

    Ah ça se pourrait bien ! Il lui donna un baiser sur le front et la ramena dans la chambre. Et en plus ici, tu as une terrasse qui donne sur le parc. Il la quitta pour ouvrir une porte-fenêtre.

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    C’est magnifique, reconnut Meredith en le rejoignant à l’extérieur. Elle se pencha un peu au-dessus de la balustrade. Si je vois bien, tu n’as pas de jardin.

    Pas de jardin ? s’écria Mark. Et ça alors ? Il fit un mouvement circulaire avec son bras en direction du parc. C’est pas le plus beau des jardins, ça ? Meredith acquiesça d’un signe de tête en souriant. Moi, les parterres de fleurs, le potager et la pelouse à tondre, ça me fait chier, lui confia Mark. Et en plus, je n’ai pas le temps. Et puis, quel jardin rivaliserait avec ça ?

    C’est vrai. Meredith dirigea son regard vers la forêt qui s’étendait à perte de vue. C’est immense. On pourra aller se promener avec Derek quand… Elle hésita avant de poursuivre. Quand j’irai mieux.

    Mark comprit immédiatement ce à quoi elle pensait. Si tu as peur du regard des autres, à cause de ton visage, tu peux y aller franco. Y a jamais grand-monde par ici, certifia-t-il. Et pour peu que vous sortiez le soir, vous ne rencontrerez pas un chat.

    Meredith ne réagit pas. Elle posa simplement sa tête contre l’épaule de Mark. Je crois que je vais me plaire ici, dit-elle après avoir passé un long moment à contempler le paysage. On rentre ?

    D’accord. Mark la suivait pour sortir de la chambre quand il surprit le coup d’œil furtif qu’elle s’était jetée en passant devant le miroir. Il la prit par la main pour l’arrêter. J’espère que les choses sont bien claires dans ta tête maintenant et que tu sais que ton visage sera intact dans quelque temps.

    Oui, tu me l’as dit.

    Son manque d’enthousiasme et surtout de conviction dépita Mark. Mais malgré ça, tu n’y crois pas vraiment, déplora-t-il. Putain, Meredith, si tu ne me fais pas confiance…

    Mais si, je te fais confiance, protesta Meredith. Elle avait peur de le vexer. Avec Derek, il était le seul ami qui lui restait. Elle ne voulait pas le perdre. J’ai confiance, vraiment. Mais quand je me vois… j’ai juste un peu de mal à croire que c’est possible.

    Et pourtant, ça l’est, assura Mark. Meredith opina de la tête et il vit que ses yeux se remplissaient à nouveau de larmes. Allez, viens là, dit-il d’une voix bourrue. Il la prit dans ses bras et, pataud, se mit à tanguer de droite à gauche, comme s’il voulait la bercer.

    Je suis désolée, chuchota-t-elle. Je ne voudrais pas que tu me prennes pour une ingrate.

    Bah, te tracasse pas pour ça !

    Non mais c’est pas du tout ça, insista-t-elle. Je suis vraiment reconnaissante pour tout ce que tu fais pour moi. Mais j’ai peur. Je ne veux pas garder des marques. Si c’était un accident ou quelque chose d’autre, ça me serait égal. Mais là… je ne veux pas qu’à chaque fois que je me regarde dans un miroir, je pense à…

    Je comprends, je comprends, mais ça n’arrivera pas, garantit Mark de sa voix chaude. Il n’y aura aucune marque, Mer.

    Elle releva la tête vers lui avec un air surpris. Mer ? C’est la première fois que tu m’appelles comme ça.

    Euh… oui. J’ai as fait attention, ça m’est sorti comme ça. Mark parut soudain inquiet. Ça te dérange ?

    Non, non, pas du tout. Il n’y a que les filles qui m’appellent comme ça, lui apprit Meredith. Alors, ça m’a un eu étonnée mais il n’y a pas de problème. Elle se serra à nouveau contre lui avant de subitement se hausser sur la pointe des pieds pour lui donner un baiser sur la joue.

    Au même moment, il se baissa pour l’embrasser sur le haut de sa tête. Leurs lèvres se rencontrèrent à mi-parcours. Mark se rejeta en arrière comme s’il avait été foudroyé par un éclair. Excuse-moi. J’ai pas voulu… Ce n’était pas mon intention. Il y a quelque temps, il aurait été enchanté de l’aubaine mais là, il maudissait le hasard qui avait si mal fait les choses. L’expérience aurait pu être agréable si le contexte avait été autre et surtout si la demoiselle n’avait pas été la petite amie attitrée de son meilleur ami. C’était comme s’il était indiqué "Propriété privée" sur son front et donc, il était interdit ne s’y aventurer.


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  • Aussi embarrassée que lui, comme en attestait le rouge de ses joues, Meredith recula de deux pas. Je sais, ce n’est pas grave. Pour dissiper la gêne qui était en train de s’installer entre eux, elle se retourna vers la chambre qu’elle désigna d’un geste vague de la main. Encore merci pour tout ça. Tu ne peux pas savoir à quel point j’apprécie.

    Oh c’est rien. C’est qu’une maison, et elle est inoccupée en plus, lui rappela Mark. Alors, ce n’est pas un bien grand sacrifice.

    Mais c’est très gentil, s’entêta Meredith. Tu es très gentil. Mark fit une petite moue. Oui, je sais, tu veux faire croire le contraire mais moi, je sais que sous tes dehors de grand méchant, il y a un gros nounours qui se cache.

    Mark haussa un sourcil. Je ne suis pas certain de vraiment apprécier cette comparaison. Il lui sourit avec affection avant de redevenir plus grave. Ecoute, il y a un truc que je veux te dire. Je ne prétends pas comprendre ce que tu traverses, loin de là. Mais si tu veux parler, te confier, ou si tu as simplement besoin de quelqu’un pour chasser tes idées noires… ben, je suis là.

    Meredith regarda avec émotion celui qu’elle considérait, désormais, comme un ami. Merci. Je m’en souviendrai.

    On redescend ? lui proposa-t-il. Elle accepta d’un signe de tête. J’ai demandé à la femme de ménage qu’elle remplisse le frigo, pour que vous n’ayez pas à faire des courses, du moins dans les premiers jours. J’espère que j’ai bien fait. Il se retourna vers elle avec un regard soucieux.

    C’est super ! Merci, nounours !

    La ferme ! bougonna-t-il. Cependant, l’éclat à la fois tendre et rieur de ses yeux indiqua à la jeune fille qu’il appréciait son surnom.

    Au rez-de-chaussée, ils retournèrent dans la cuisine où Mark éprouva le besoin de recenser les achats que Carmen, sa femme de ménage, avait faits. Il ouvrit le frigo. Alors, là, il y a les boissons, eau, sodas, quelques bières pour Derek. J’ai fait acheter quelques bouteilles de vin aussi et puis – il ouvrit une armoire – ici, il y a quelques bouteilles d’alcool, mais ce n’est pas très indiqué pour toi, du moins pas tant que tu prends des médicaments.

    Effectivement, on va laisser tout ça à Derek, déclara Meredith en reprenant place sur le tabouret. Tu peux me donner un coca, s’il te plait ?

    Normal, light, zéro ?

    Zéro.

    Après lui avoir donné son verre, Mark ouvrit l’armoire située à gauche de la fenêtre. Là, vous avez de quoi vous faire du thé et du café. Il y a des gâteaux aussi. Il brandit un paquet. Tu veux un cookie ? Ou tu préfères du chocolat ? J’en ai vu dans le frigo.

    Meredith n’avait pas faim et elle n’avait pas envie non plus de sucreries, mais l’empressement que Mark mettait à la satisfaire était si touchant qu’elle n’eut pas le cœur de refuser. Un cookie, ce sera très bien, répondit-elle.

    Mark disposa plusieurs gâteaux sur une petite assiette qu’il lui tendit avec un grand sourire. Tiens, mange, ne te prive pas surtout. Moi, je vais dans la voiture, j’ai oublié un truc. Il réapparut presque immédiatement avec, dans la main, un gros livre qu’il posa sur la table, devant Meredith. Tiens, c’est pour toi. Il s’assit ensuite à côté d’elle. De toute évidence, tu t’inquiètes beaucoup pour ton visage, ce que je comprends tout à fait. Et comme je n’arrive pas vraiment à te rassurer – il fit un petit geste de la main pour l’empêcher d’intervenir – je me suis dit que ce bouquin pourrait le faire mieux que moi.  

    Meredith lut à voix haute le titre de l’ouvrage. Traité à propos des sutures cutanées. C’est un manuel de médecine, déduisit-elle. Mark le confirma d’un signe de tête. Et tu veux que je le lise ? demanda-t-elle, un peu perplexe.

    Mark leva les yeux au ciel. Evidemment ! Je ne l’ai pas apporté pour faire joli.

    Meredith regarda le livre avec un manque d’enthousiasme évident. Et ça va me servir à quoi ? Je n’ai pas l’intention de te faire de la concurrence.

    Tant mieux, parce que tu n’y arriverais pas ! répliqua Mark le plus sérieusement du monde. Ce bouquin va t’expliquer comment il faut suturer les lésions cutanées, en fonction de la blessure et du type de peau. Et quand tu l’auras lu, tu auras compris que ton cas n’est pas aussi désespéré que tu le crois.

    Meredith ouvrit le livre et commença à lire la préface qui avait été rédigée par un éminent confrère de l’auteur. Elle décrocha dès la troisième ligne. C’était ennuyeux à mourir, sans parler de la succession de termes médicaux tous plus obscurs les uns que les autres. Elle se tourna vers Mark avec un air découragé. Je crois que tu m’as surestimée. Je ne comprends rien à rien.

    Il se mit à rire. Il y a des images pour t’aider. Et Derek se chargera de la vulgarisation.


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  • Ne voulant pas donner l’impression qu’elle se résignait trop rapidement, Meredith feuilleta le manuel. Elle s’arrêta sur la photographie d’une jeune femme dont le visage était criblé par d’innombrables petits clous et éclats de verre et de minces filets de sang s’écoulaient de chaque blessure. Mais quelle horreur ! s’exclama Meredith en refermant sèchement le livre. En fait, tu me montres ça pour qu’après, je m’estime heureuse de ne pas être plus gravement blessée.

    Mark lui prit les mains dans les siennes. Je t’ai apporté ce livre pour que tu réalises que tu ne garderas aucune séquelle physique de ton agression, lui dit-il en la regardant dans les yeux. Si tu avais continué à tourner les pages, tu aurais vu la femme de la photo, comment elle était à la fin du processus de cicatrisation, et je crois que tu aurais été surprise. Il lui serra légèrement les mains. Ce livre peut vraiment te rassurer.

    D’accord, je regarderai au moins les images, promit-elle.

    Mark sourit. Ce sera déjà bien. Il sortit une petite boite de la poche arrière de son jean. Et j’ai ça aussi. Il la fit danser sous les yeux de la jeune femme. Le remède miracle, annonça-t-il fièrement. A base d’arnica.

    Meredith but une gorgée de coca en regardant la boite avec méfiance. C’est quoi ?

    L’arnica ? C’est une plante qui est utilisée pour le traitement des œdèmes et des ecchymoses, expliqua Mark. C’est un remède de grand-mère mais plein d’études ont confirmé ses propriétés antalgiques, anti-inflammatoires, cicatrisantes, et circulatoires. En un mot, c’est tout ce dont tu as besoin.

    Pour mon visage ?

    Non, malheureuse ! s’écria Mark avec de grands yeux. Surtout pas de pommade sur des strips ou des points de suture. Tu risquerais l’infection. Non, ça, c’est un gel pour soigner tes ecchymoses.

    Ça va m’empêcher d’avoir mal ? se renseigna Meredith. Parce que là, ça recommence dans le haut du dos et je ne sais pas où Derek a mis les antidouleurs.

    Non, le gel va agir sur les hématomes externes et tes douleurs proviennent d’hématomes internes, précisa Mark. Pour ceux-là, à part de la patience et des antidouleurs… Tu en as déjà pris combien aujourd’hui ?

    Juste un ce matin, répondit Meredith.

    Mark regarda sa montre, Bon, il est deux heures. Tu peux en prendre un autre sans problème. Je vais t’apporter ton sac. A mon avis, c’est là que Derek les aura mis.

    Oh regarde toi-même si ça ne te dérange pas, le pria Meredith.

    Mark se rendit dans le hall. Bingo ! cria-t-il après quelques minutes. Il revint dans la cuisine avec la boite de médicaments. C’est bien là qu’il les avait mis. Il observa Meredith qui retirait fébrilement une plaquette de la boite avant de trouer l’opercule recouvrant le comprimé. Ce ne sont pas des bonbons, lu rappela-t-il. Alors, promets-moi de ne pas en abuser. Laisse Derek contrôler la posologie.  

    Elle souffla en levant les yeux au plafond. Pfft ! Je ne suis plus une gamine, tu sais. Et comme je ne suis pas non plus une candidate au suicide, tu peux être tranquille.

    Tant mieux. Mark le tube de gel de son emballage et le lui tendit. Voilà, tu n’as qu’à en mettre sur tes hématomes.

    Meredith le regarda avec un air dubitatif. Comment veux-tu que je fasse ? Il y a des endroits que je ne pourrai pas atteindre. Mon dos…

    Bah tu n’auras qu’à demander à Derek, lança Mark. Je suis sûr qu’il se fera un plaisir de t’aider.

    Il avait dit ça en toute innocence mais Meredith y vit une allusion au désir que Derek éprouvait pour elle et cela la troubla. Elle ne se sentait pas capable, pour le moment, de gérer ça. Tu ne veux pas le faire toi-même ? demanda-t-elle timidement.

    Mark dévisagea Meredith en s’interrogeant sur l’éventualité d’une invitation déguisée à franchir certaines limites mais le regard innocent de la jeune fille lui indiqua qu’il faisait totalement fausse route. Bizarrement, il en éprouva du soulagement. Oui, bien sûr, je vais te faire ça. Il alla jusqu’à l’évier pour passer ses mains sous l’eau chaude. Rassure-moi, tu n’es pas allergique aux astéracées ?

    Meredith poussa un long soupir. Quand est-ce que Derek et toi, vous vous déciderez à oublier votre jargon médical quand vous vous adressez à moi ?

    Désolé ! Déformation professionnelle, invoqua Mark comme excuse. Les astéracées sont des plantes dicoty… Il vit qu’elle fronçait les sourcils et sourit. Des plantes comme le pissenlit, la chicorée, la marguerite, ou la laitue.

    Je n’ai jamais rien eu en mangeant de la salade, donc ça devrait aller, déclara Meredith en commençant à déboutonner les boutons de sa chemise.


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