• Mark mordit dans la pâtisserie avec gourmandise. Mmm… Délicieux ! Mais vous n’en prenez pas ? demanda-t-il à Meredith. Ça ne vous ferait pas de tort pourtant, vous êtes toute pâlotte !

    Meredith se leva. Vous avez raison, je vais m’en chercher une part ! Elle passa à côté de Derek sans le regarder.

    Très bonne idée ! approuva Mark. Je veux bien vous faire du bouche-à-bouche mais pas pour des raisons médicales. Meredith rentra dans la boutique en éclatant de rire. Ce n’est qu’une fois à l’intérieur qu’elle s’autorisa à regarder Derek, en prenant soin de ne pas être vue par les deux hommes. Il semblait tendu et de fort mauvaise humeur.  

    Tu te fous vraiment de moi ! éructa-t-il à l’intention de Mark.

    Ce dernier haussa un sourcil faussement étonné. Pourquoi ? Parce que je lui propose de manger de la tarte ? Tu deviens parano, ma parole. Tout ne tourne pas autour de toi, tu sais, persifla-t-il.

    Ne joue pas à ça avec moi, l’avertit Derek. Tu sais très bien ce que je veux dire. Pour toute réponse, Mark enfourna un bon morceau de tarte en bouche.

    Meredith réapparut avec une assiette à la main. Elle fit mine d’être étonnée de voir Derek. Tu es encore là ? Tu ne risques pas de rater ton avion ?

    Mais oui, renchérit Mark. C’est ce que je viens justement de lui dire. Il tourna la tête vers son ami. Et ne t’inquiète pas. Je vais vraiment bien, bien, bien m’occuper de Meredith… Je vais veiller sur elle jour et nuit, promit-il avec un sourire que la jeune fille trouva démoniaque.

    Mais oui, tu peux partir tranquille. On va bien s’amuser tous les deux, ajouta-t-elle néanmoins en faisant un petit clin d’œil à Mark.

    La rage au cœur, Derek se dirigea vers son véhicule avec l’horrible impression d’être rejeté par Meredith et trahi par son meilleur ami. Il était trop en colère pour réfléchir et réaliser à quel point leur attitude était anormale et excessive. Une fois installé au volant de sa voiture, il regarda en direction de la boutique. Meredith et Mark semblaient avoir déjà oublié sa présence et mangeaient leur morceau de tarte en riant. Derek actionna la commande de descente de sa vitre. Sloan, n’oublie pas ce que je t’ai dit ! cria-t-il.

    Mark agita sa main en l’air sans même se tourner vers son ami. Celui-ci démarra sur les chapeaux de roue. Dites donc, il me semble bien nerveux, notre Derek, constata Mark en essuyant sa bouche.

    Qu’il aille se faire voir ! grommela Meredith qui ne souriait plus du tout. Elle ressentait une immense déception parce que Derek n’avait pas réagi comme elle l’espérait. Non seulement il n’avait rien dévoilé de ses sentiments mais en plus, il était parti en la laissant dans les griffes de Mark. Bien sûr, l’idée qu’elle puisse sortir avec ce dernier le dérangeait mais pas assez pour annuler son voyage. S’il croit que je vais culpabiliser, il se trompe, poursuivit-elle. C’est de sa faute tout ça. On ne sait jamais sur quel pied danser avec lui. Elle commença à s’échauffer. A un moment il rit, l’instant d’après, il tire la tête, un jour il veut, le lendemain il ne veut pas. Elle ne remarqua pas que Mark la regardait avec attention.

    Beaucoup ne voyaient en Mark Sloan qu’un fieffé imbécile à l’humour au ras des pâquerettes. Certes, il était souvent balourd et pénible mais il était surtout exceptionnellement intelligent. Il pouvait même se révéler particulièrement subtil pour peu qu’il veuille s’en donner la peine. Depuis longtemps, il avait remarqué l’intérêt soutenu que Derek manifestait pour Meredith. Et il ne faisait guère de doute que cet intérêt était partagé par la jeune fille. Mark décida de sonder cette dernière pour en avoir le cœur net. Vous êtes bien dure avec lui. Moi qui croyais que vous l’aimiez bien, dit-il avec un air détaché. Plus que bien même.

    Moi ? couina Meredith. Absolument pas !

    Allons donc, Meredith, pas à moi, insista Mark. Vous n’allez pas me dire qu’il vous est indifférent.

    Je ne sais vraiment pas ce que vous vous êtes imaginé, s’entêta Meredith. Il était hors de question qu’elle avoue ses sentiments à Mark pour qu’il aille tout répéter à Derek par la suite.

    Pourtant, j’aurais cru… Mark feignit d’hésiter. Il s’est quand même passé quelque chose entre vous quand vous avez eu cet accident de voiture, non ?

    Meredith bouillonna intérieurement. Elle aurait dû se douter que Derek irait se vanter de sa bonne fortune. Le sale type ! Il ne va pas s’en tirer comme ça ! se promit-elle. Oh quelque chose, dit-elle avec une moue dédaigneuse. C’était tellement insignifiant que ça ne vaut pas la peine d’en parler.


    3 commentaires
  • Derek sortit de sa voiture et en fit le tour pour ouvrir la portière à Meredith. Il lui tendit la main pour l’aider à en sortir. Devinant qu’elle était un peu stressée, il la serra contre lui et déposa un tendre baiser sur ses cheveux. Ne t’en fais donc pas. Ce n’est qu’un dîner avec ma sœur. Tu verras, Kathleen est très sympathique.

    J’en suis sûre. Mais je dois avouer que j’ai un a priori. Ma rencontre avec ton autre sœur ne s’est pas très bien passée, lui rappela Meredith.

    Derek joignit les mains de son amie avant de les prendre entre les siennes. Premièrement, les circonstances n’étaient pas les mêmes. Nous n’étions plus ensemble, à l’époque. Ensuite, Kathleen n’est pas comme Nancy. Meredith ne put cacher qu’elle était quelque peu dubitative. Nancy est très amie avec Addison, lui expliqua Derek. Elle est arrivée ici en croyant que tu étais celle qui avait brisé notre mariage. Elle n’était pas non plus au courant de tout pour Mark. Une fois qu’elle l’a su, elle était beaucoup moins remontée contre toi. Je suis persuadé que la prochaine fois que vous vous verrez, ça se passera beaucoup mieux.

    Meredith grimaça. Ne te vexe pas, mais je ne suis pas vraiment pressée de la revoir.

    Après un dernier baiser, ils entrèrent dans la salle du restaurant où ils avaient rendez-vous avec Kathleen. Après avoir jeté un coup d’œil circulaire, Derek la repéra et lui fit un geste de la main. Appuyant légèrement dans le creux de son dos, il guida son amie vers la table. Après avoir embrassé sa sœur, il fit les présentations. Kathleen, voici Meredith… Meredith, c’est Kathleen, la numéro trois de mes sœurs. Les deux femmes se serrèrent la main avec un sourire, sans chaleur de la part de Meredith. Kathleen se rassit tandis que son frère et son amie s’installaient en face d’elle. Les premières secondes s’écoulèrent dans un silence pesant. Derek fit un sourire exagérément réjoui mais, ne sachant pas comment entamer la conversation, il se tut.

    Kathleen décida de venir à son secours. Je suis ravie d’enfin faire votre connaissance, Meredith. J’ai tellement entendu parler de vous.

    Meredith mit sa serviette sur ses genoux et se mit à la triturer nerveusement en dessous de la nappe. Par Nancy, j’imagine… Elle ne m’apprécie pas beaucoup, je crois.

    Kathleen sourit. En fait, c’est surtout Derek qui nous parle de vous. Quant à Nancy… disons que les apparences étaient trompeuses et jouaient contre vous. Mais grâce à Derek justement, nous avons compris que nous vous avions mal jugées. Rassurez-vous, Meredith. Nous ne sommes pas vos ennemies.

    Guère convaincue, Meredith décida de relancer la conversation sur un autre sujet. Vous habitez New-York ?

    Oui. Kathleen but une gorgée de son Dry Martini. Je ne comprends d’ailleurs pas comment vous supportez de vivre ici. Personnellement, je ne quitterais Big Apple pour rien au monde. Je suis génétiquement programmée pour vivre à Manhattan.

    Meredith se détendit quelque peu. Tiens, c’est amusant, ça. Derek m’a dit exactement la même chose un peu après que nous nous soyons rencontrés.

    Kathleen regarda son frère avec tendresse. Ça ne m’étonne pas. C’était une phrase que notre père aimait à répéter. Nous l’avons tous repris à notre compte.

    Vous comptez séjourner longtemps à Seattle ? s’enquit Meredith, avec un ton plus cordial que celui qu’elle avait eu jusqu’à présent.

    Guère plus de deux ou trois jours.

    Oh ! Si peu, s’étonna Meredith. Vous êtes ici pour des raisons professionnelles ou bien c’est l’envie de revoir votre frère qui vous a amenée ?

    Je dirais les deux… Je suis ici pour faire votre connaissance, Meredith, annonça Kathleen avec une intonation apaisante. Pour vous parler.

    Derek fit signe au serveur. Et si on commandait d’abord ? proposa-t-il d’un ton guilleret. Nous aurons tout le temps de discuter par la suite. Qu’est-ce que vous désirez boire ?

    Meredith eut la vague impression qu’il s’était empressé de couper la parole à sa sœur pour l’empêcher d’en dire plus. Elle ne se laissa pas distraire et dévisagea Kathleen, le sourcil légèrement froncé. Me parler ? Vous avez fait presque cinq mille kilomètres et passé six heures dans un avion pour me parler ? Mais de quoi donc ?

    De vous… de vous et Derek, dit Kathleen avec un sourire qui se voulait rassurant. En fait, on peut parler de tout ce que vous voulez.

    Meredith regarda Kathleen, puis Derek dont elle vit l’embarras avant de revenir à Kathleen. Tout à coup, elle hocha lentement la tête de bas en haut. Mais oui, bien sûr… Kathleen… Vous êtes la psy de la famille, n’est-ce pas ?

    Oui, on peut dire ça comme ça. Vous êtes perspicace.

    Le regard de Meredith se durcit instantanément. Elle se tourna lentement vers Derek. Il lui adressa un sourire faussement innocent. Elle planta ses yeux dans les siens qu’il finit par baisser. Je vois. Tu as fait venir ta sœur pour me psychanalyser. Elle prit un ton nettement accusateur. Tous les deux, vous avez voulu me piéger.

    Pas du tout, protesta Derek. Je t’en avais déjà parlé et j’avais l’intention de te le dire… le moment venu, ajouta-t-il après avoir lancé un regard noir à sa sœur. Toi, je te remercie pour ta diplomatie.

    Je t’avais prévenu, Derek, lui rappela Kathleen. Je ne peux pas m’occuper d’un patient à son insu. Je me devais de mettre Meredith au courant.

    Je m’attendais à ce que tu le fasses de façon bien plus subtile, maugréa Derek.

    Patient ? Parce que je suis devenue votre patiente dans ce restaurant, en l’espace de dix minutes ? s’indigna Meredith. Avez-vous entendu que je marquais mon accord ? Non, parce que je ne l’ai pas fait. De plus, il me semble qu’en matière de psychothérapie, il est interdit de s’occuper de cas pour lesquels il existe une implication familiale ou personnelle.

    Meredith, calme-toi, s’il te plaît. Derek foudroya sa sœur du regard. Kathleen s’est mal exprimée. Il ne s’agit pas de psychothérapie, bien évidemment, insista-t-il. Simplement… je pense que cela te ferait bien du bien de parler à un professionnel qui pourrait t’indiquer des pistes pour que tu te sentes mieux dans ta peau.


    4 commentaires
  • Mark fit un sourire moqueur. Insignifiant ? Ça ne ressemble pas à Derek, ça. D’habitude, les femmes le trouvent plutôt… impressionnant. Efficace pour le moins.

    Eh bien, il ne devait pas être en forme ce jour-là, rétorqua Meredith sans se rendre compte qu’elle rougissait.  

    Mark rit doucement. A mon avis, c’est parce que vous lui faites trop d’effet. Meredith devint cramoisie. Donc, Derek ne vous plait pas ? demanda Mark.

    Alors là, pas du tout ! prétendit Meredith. Je ne vois même pas ce qui a pu vous faire penser ça.

    Mark n’en crut pas un mot. Tout dans l’attitude de Meredith prouvait que Derek lui plaisait énormément et qu’elle espérait être pour lui plus qu’une amie. Il eut envie de voir jusqu’où elle était prête à aller dans la comédie qu’elle était en train de jouer. Il se pencha légèrement au-dessus de la table pour prendre la main de la jeune fille. Je suis bien content d’entendre ça.

    Meredith se raidit légèrement. Pourquoi ?

    Parce que si Derek et vous… Mark accentua un peu sa pression sur la main de Meredith. Ça m’empêcherait de vous inviter à dîner et j’ai très envie de diner avec vous. Demain soir, ça vous convient ?

    Tu dois accepter, se dit Meredith. Quand Derek va apprendre que tu as diné avec son meilleur ami, il va devenir dingue, et il va réagir, c’est forcé. Parce que Mark va lui en parler, bien sûr… il va être trop content de se faire mousser. Avec plaisir, dit-elle à Mark en souriant. Toutefois, elle lui retira sa main.   

    -----------------------------

    Une petite heure après avoir quitté Marina Boulevard, Derek gara rageusement sa voiture dans le parking de l’aéroport. Tout en retirant son bagage du coffre, il prit son téléphone et appuya sur la touche correspondant au numéro de Mark. Il fut soulagé d’entendre que celui-ci lui répondait depuis sa voiture. Cela signifiait au moins qu’il avait quitté la boutique. Décidément, c’est plus de l’amour, c’est de la rage ! entendit Derek. Tu ne peux plus te passer de moi, dirait-on.

    Ne te fais pas d’illusions, répondit-il froidement. J’appelle simplement pour savoir ce qui s’est passé avec Meredith.

    Ah mon vieux, si tu savais ! s’exclama Mark avec une certaine emphase. T’étais à peine parti que je te l’ai allongée sur la table, j’l’ai léchée, et puis…

    Nom de Dieu, Mark ! tonna Derek en marchant vers l’aérogare. Je n’ai franchement pas le temps d’écouter tes conneries, là. Alors, va à l’essentiel.

    L’essentiel ? Comme tu voudras ! C’est dans la poche, claironna Mark. Demain soir, je l’emmène bouffer au Masa’s. Derek pinça les lèvres. Le salaud ! Il allait emmener Meredith au Masa’s, l’une des tables les plus renommées de la ville. Et je pense qu’après, on passera au Martuni’s, ajouta Mark.

    Derek enragea de plus belle. Le Martuni’s ! C’était son repaire, son antre. C’est là qu’il avait emmené Meredith le lendemain du gala. C’est là que leur relation avait réellement pris un autre tour. Le Martuni’s, c’était leur endroit et il estimait que Mark n’avait pas le droit d’y emmener Meredith. Je croyais pourtant avoir été clair quand je t’ai dit que je ne voulais pas que tu sortes avec elle, rappela-t-il.

    Tu es mon ami et je ne désire rien de plus que te faire plaisir, assura Mark sur un ton moqueur. Tu ne veux pas que je sorte avec Meredith et je t’aurais bien volontiers accordé ce plaisir. Mais vois-tu, j’ai un souci. Elle, elle veut sortir avec moi. Il sourit en entendant son ami grogner. Alors, imagine le dilemme. Mais je n’ai pas pu refuser. Tu connais ma galanterie légendaire.

    Espèce d’immonde salaud ! cria Derek. Si jamais j’apprends que… Fou de rage, il coupa net la communication pour appeler Meredith. Après quatre sonneries, il tomba sur la boite vocale de cette dernière. Meredith, c’est moi. Rappelle-moi s’il te plaît. C’est urgent. Il se dirigea vers les comptoirs d’enregistrement des bagages tout en recomposant le même numéro. Cette fois encore, il n’obtint pas de réponse. Il ne laissa plus de message et préféra rédiger un texto. Quelques secondes à peine après l’envoi, il reçut l’accusé de réception mais pas de réponse. Il envoya un second qui eut le même résultat. Il crut devenir fou. Coincé dans cet aéroport, il n’avait pas le moindre pouvoir sur les évènements qui se déroulaient au-dehors. Il redoutait ce qui allait se passer durant son absence. Meredith lui en voulait réellement et il savait de quoi était capable une femme en colère. Surtout, il savait de quoi Mark Sloan était capable.

    Il venait à peine de monter dans l’avion que la sonnerie de son portable lui indiqua qu’il avait reçu un message. Il se dépêcha de le lire. Demain soir, je sors avec Mark, lui avait écrit Meredith. Puisque tu es mon ami, je te raconterai tout à ton retour.


    4 commentaires
  • Je me sentais très bien jusqu’à ce que je me rende compte que tu m’avais joué un tour de cochon, répliqua Meredith avec agressivité.

    Kathleen sentit que la situation était explosive et comprit qu’il était temps de créer une diversion. Derek, commande-nous un verre et raconte-moi comment tu as rencontré Meredith. Je suis curieuse de connaître votre histoire.

    Derek jeta un coup d’œil à Meredith qui s’était remise à tordre sa serviette, sans plus se cacher cette fois. Il comprit que la soirée s’annonçait mal et soupira. Kathleen lui fit un signe pour l’encourager à parler. Je venais à peine d’arriver en ville et j’avais eu un entretien avec Richard Webber, le chef du service de chirurgie, commença-t-il avec anxiété, conscient que la moindre de ses bévues pouvait lui être fatal. Je suis allé dans un bar qui se trouve en face de l’hôpital. C’est là que nous nous sommes rencontrés.

    En somme, un verre entre collègues avant l’heure ? plaisanta Kathleen.

    Meredith releva la tête et s’adressa à elle avec provocation. Plutôt une envie irrépressible de me saouler et de trouver un mec pour la nuit… comme tous les soirs à l’époque. Ce soir-là, c’est tombé sur votre frère.

    Kathleen réprima un sourire. Oh ! Vraiment ? C’est… pittoresque.

    Meredith, s’il te plaît, supplia Derek.

    Elle lui sourit de façon hypocrite. Quoi, mon chéri ? Ce n’est que la vérité. Tu voulais que je parle, je parle.

    Continuez. Que s’est-il passé après ? la pria Kathleen.

    Nous avons baisé… Enfin je suppose, parce que nous étions trop saouls pour nous en rappeler, poursuivit Meredith. Catastrophé, Derek ferma les yeux. Au matin, je l’ai mis à la porte. Je pensais ne jamais le revoir mais la vie est ainsi faite que je l’ai retrouvé quelques heures plus tard. C’est alors que je me suis rendu compte que le bon coup de la nuit était en fait mon nouveau patron.

    Le hasard fait parfois bien les choses, conclut Kathleen.

    Oh oui, dit Meredith d’un ton perfide. Vive le hasard !

    Ne sois pas cynique, dit Derek. Ça ne te ressemble pas.

    Toi, raconte-moi la suite de l’histoire, lui demanda Kathleen dans l’espoir de soulager un peu la pression.

    Derek regarda Meredith avec tendresse, mais elle resta froide et l’ignora. Il voulut prendre sa main mais elle la lui retira et fixa son assiette. Il soupira encore et regarda sa sœur avec une grimace. Elle lui fit signe de poursuivre. Et bien après… j’ai eu très envie de sortir avec cette mystérieuse et belle interne. Mais elle ne voulait pas avoir une relation avec un titulaire du Seattle Grace. Alors, j’ai insisté. Je l’ai pourchassée dans les salles d’opérations, les escaliers, les ascenseurs et finalement…

    Meredith prit le relais. Et finalement jusque chez moi, un soir où je donnais une fête. J’étais ivre, comme d’habitude, précisa-t-elle avec insolence. Derek baissa la tête. Nous avons fini la soirée en baisant dans sa voiture qui était garée devant ma maison, ce qui a permis à ma résidente de nous surprendre en flagrant délit de galipettes.

    Amusée par les efforts que Meredith faisait pour la choquer, Kathleen sourit. Le moins que l’on puisse dire, c’est que votre relation a démarré sur les chapeaux de roues et qu’elle a été riche en rebondissements.

    Meredith lui rendit son sourire, en y ajoutant un soupçon d’ironie. Effectivement… le point d’orgue de ce début de relation ayant été sans aucun doute l’arrivée d’Addison dont Derek avait malencontreusement oublié de me parler pendant deux mois !

    Kathleen opina de la tête. Oui, les hommes sont horriblement lâches lorsqu’ils doivent avouer des faits qui risquent de leur porter préjudice.

    En l’occurrence, c’est à moi que cela a porté préjudice, riposta Meredith. La nouvelle de ce mariage m’a brisé le cœur, sans parler du fait que j’ai dû assumer une réputation de briseuse de ménages et faire face aux moqueries de tous. Mais ce n’était que le premier point de la longue liste des trahisons de votre frère ! conclut-elle d’un ton sec.

    Meredith, je t’en prie, ne réagis pas de cette façon, l’implora Derek.

    Le principal est que, tous les deux, vous ayez surmonté les épreuves et en soyez sortis plus forts, estima Kathleen, toujours sereine.

    Meredith ricana. C’est le genre de phrase convenue que vous sortez à vos clients quand ils sont couchés sur votre divan ?

    Je n’ai pas de divan, répondit Kathleen toujours en souriant.

    Oh ! Vous ne faites pas partie du courant freudien, alors ? Quel autre ? Celui des sœurs toutes dévouées à leur félon de frère ? Ulcérée, Meredith se tourna vers Derek. J’avais pourtant été claire. Je t’avais dit que je n’avais pas besoin d’aide, que je m’en sortirais toute seule, mais une fois encore, tu n’en as fait qu’à ta tête. Est-ce que tu as vraiment cru que vous alliez pouvoir me psychanalyser dans ce restaurant, comme si de rien n’était ?

    Il n’a jamais été question de ça, contesta Derek avec force. Ici, il ne s’agit que d’un dîner tout ce qu’il y a de plus banal avec ma sœur.

    Meredith sentit son exaspération monter devant tant de mauvaise foi. C’est sans doute en toute innocence qu’elle essaie de me faire parler de moi et de notre relation ?

    Je cherche seulement à vous connaître, Meredith, assura Kathleen.

    Et après, vous ferez votre rapport à Derek ? l’interrogea Meredith avec amertume. Vous lui donnerez votre consentement ? Vous lui direz si vous me jugez digne de sortir avec lui ? Si je mérite de prendre la succession d’Addison ? Je crains bien de faire tache dans la galerie de portraits de la famille Shepherd. Elle vit que Derek voulait l’interrompre mais, d’un geste de la main, lui intima l’ordre de se taire. Je suis désolée, il va falloir vous contenter du peu que vous savez déjà. Je ne jouerai pas ce jeu plus longtemps. Furieuse, elle jeta sa serviette sur la table et sans plus un regard pour eux, se leva et quitta le restaurant.


    4 commentaires
  • Le texto de Meredith avait grandement perturbé Derek. Il avait empoisonné son voyage jusque New York, troublé sa nuit et gâché sa première journée de séminaire dont le thème était "Du diagnostic à la thérapie des tumeurs intra médullaires". La pensée que Meredith allait passer la soirée avec Mark l’avait empêché de se concentrer sur les exposés des conférenciers. Et encore, ce n’était rien comparé aux images qui lui venaient en tête lorsqu’il pensait aux alcôves du Martuni’s.

    De son côté, après une autre nuit de quasi insomnie, Meredith s’était réveillée avec l’impression d’être encore exténuée. Elle se sentait aussi légèrement nauséeuse. Cet état n’avait fait qu’empirer au fil de la journée et la jeune fille avait vraiment pris sur elle pour effectuer son travail. Le coup de feu à l’heure du déjeuner avait failli avoir raison de sa volonté et durant l’après-midi, elle s’était réfugiée quelquefois dans l’arrière-boutique pour se passer de l’eau fraîche sur le visage. Elle ne savait pas comment, mais elle avait réussi à ce que ses camarades, y compris George qui pourtant la surveillait de près, ne se rendent compte de rien. Elle ne voulait pas que ses amies, qu’elle avait mises au courant de son projet, tentent de la dissuader de diner avec Mark. Elle-même n’était plus aussi certaine de le vouloir, parce qu’elle doutait de pouvoir endurer les blagues stupides du chirurgien durant toute une soirée, et surtout parce qu’elle craignait qu’il ne se montre vraiment trop entreprenant, mais au final, la perspective de braver les interdits de Derek eut raison de ses réticences.

    Quand elle rentra chez elle, à la fin de la journée, elle réalisa qu’elle n’avait que le temps de se préparer. Cela la contraria un peu parce qu’elle aurait aimé pouvoir faire une sieste. Elle fila donc immédiatement sous la douche, en espérant que ça lui donnerait un peu de tonus. Elle mit aussi ce moment à profit pour réfléchir à ce qu’elle allait porter. Quand elle sortait avec Derek, elle osait les tenues sexy mais ce ne serait pas le cas avec Mark, avec qui elle ne se sentait pas vraiment à l’aise, et à qui elle ne voulait plus donner de faux espoirs. Elle l’avait sans doute déjà trop fait. Aussi, quand elle revint dans sa chambre, elle opta pour un pantalon noir classique et un petit haut vert pastel tout simple. Quand elle fut prête, elle descendit au salon. Elle s’attendait à y voir ses amis mais elle ne trouva personne. Un petit mot posé en évidence lui indiqua qu’ils étaient, eux aussi, partis manger à l’extérieur.

    Quelques minutes plus tard, elle ouvrit la porte à un Mark tout sourire, sourire qui s’effaça aussitôt dès que le chirurgien vit sa mine blafarde. Ho là, vous êtes bien pâle, jeune fille. Vous allez bien ? Il vaudrait peut-être mieux remettre notre sortie à un autre jour, non ?

    Non, non, répondit Meredith d’une voix qu’elle essaya de rendre ferme. Je vais très bien, je vous assure.

    Vous êtes certaine ? Vous avez vu un médecin récemment ? s’enquit Mark.

    Vous êtes un petit rigolo dans votre genre, lui lança Meredith avec un regard sombre.

    Mark sourit. Je vous jure qu’il n’y avait aucun sens caché à ma question. Vous avez vraiment mauvaise mine et à mon avis, vous feriez mieux de consulter au plus vite. Je peux vous examiner, si vous voulez, ajouta-t-il en soulevant plusieurs fois ses sourcils avec un air coquin.

    Décidément, vous et votre copain, vous aimez jouer les gentils médecins, on dirait, ironisa Meredith. Mais ce sera inutile parce que je vais bien. Alors, on y va ?

    Très galant, Mark lui présenta son bras pour aller de la maison à sa voiture, qui se trouvait de l’autre côté de la rue. Il l’aida aussi à grimper dans le Hummer. C’est avec un certain amusement que Meredith le vit faire le tour de son véhicule, à petites foulées, en rentrant le ventre et en bombant le torse. Elle dût se retenir de rire. Autant Derek était incroyablement sexy, bien que frimeur, lorsqu’il sautait par-dessus sa portière, autant Mark était grotesque. Les craintes de la jeune fille concernant la soirée se confirmèrent.

    Alors, ma belle, prête à conquérir San Francisco en ma compagnie ? lança Mark en démarrant. La réaction de Meredith se limita à un sourire poli. Je vous emmène dans un endroit digne de votre beauté, poursuivit Mark. Le Masa’s. Vous en avez déjà entendu parler ? Meredith hocha la tête. Vous verrez, c’est un superbe écrin pour le bijou magnifique que vous êtes, déclara Mark sur un ton légèrement pompeux. Meredith retint un soupir. La soirée risquait d’être longue et à mourir d’ennui, en compagnie de Monsieur Phrases-toutes-faites-et-vides-de-sens. Je suis ravi que vous ayez accepté de dîner avec moi, ajouta Mark. Je reconnais que ça m’a un peu surpris. Je ne pensais pas que je pouvais vous plaire.

    Meredith prit aussitôt un air distant. Qui vous dit que c’est le cas ?

    Eh bien, je crois que vous n’êtes pas le genre de fille qui sort avec un homme qui ne lui plaît pas, supposa Mark en souriant.

    Je suis souvent sortie avec George quand on était à Crestwood et pourtant, il ne me plait pas, objecta Meredith. Tout dépend de ce qu’on entend par sortir.

    Mark fit une petite moue pleine d’assurance. Ça, laissons la nuit en décider. Depuis la veille, il avait beaucoup réfléchi à ce diner avec Meredith et il en était arrivé à la conclusion que si la jeune fille avait réellement décidé de tirer un trait sur Derek et de donner ce qu’il n’avait pas voulu à un autre, en l’occurrence lui, il ne se ferait pas prier. Evidemment, Derek l’orgueilleux le prendrait mal dans un premier temps, mais Mark était certain que cela ne durerait pas. De toute façon, si Derek avait vraiment tenu à la jeune fille, il ne serait pas parti à New York en la laissant derrière lui, surtout en sachant que son meilleur ami avait des vues sur elle. J’ai des tas de projets pour nous, beauté, déclara Mark. J’espère que vous me faites confiance.


    3 commentaires