• CHAPITRE 971

    Derek fit un pas en avant mais Mark lui posa la main sur l’épaule pour le retenir. Elle viendra bien toute seule. Derek ne bougea plus, soufflant longuement. Il regarda sa montre. Bientôt 17h30, l’heure qu’il avait indiquée à Meredith comme celle de son départ. Elle ne va quand même pas nous laisser partir sans nous dire au revoir, s’exclama soudain Mark. Derek le fusilla du regard. Ce n’était pas ce qu’il avait envie d’entendre. Il commençait néanmoins à se résigner lorsqu’une silhouette apparut dans l’entrée. Il se redressa, fou d’espoir, mais ses épaules retombèrent d’un coup lorsqu’il vit qu’il ne s’agissait que de Frances. 

    Elle vint vers eux en souriant mais son sourire ne parvenait pas à cacher qu’elle était affligée. Ces jeunes gens avaient rendu vie à cette maison, au moment même où celle qui en était l’âme l’avait quittée. A quelques minutes de leur départ, Frances redoutait que l’Hacienda ne plonge dans la tristesse. Vous voilà bientôt partis alors ? demanda-t-elle avec un air faussement réjoui qui n’arrivait pas à donner le change.

    Oui, il est temps de retrouver nos vies ! répondit Mark sur le même ton. Et de vous rendre votre tranquillité aussi. Nous vous avons suffisamment dérangée.

    Oh non ! Ça a été un plaisir de vous recevoir, vraiment, et j’espère que vous reviendrez.

    Comptez-y, promit Mark sans grande conviction. Cette dame était vraiment charmante. Mais revenir dans cette maison sans y retrouver sa grand-mère ne le tentait pas. Sans parler du danger qu’il y aurait à se retrouver sous le même toit que Taylor la tentatrice. Comme pour lui donner raison, celle-ci surgit sur la terrasse. Elle descendit les escaliers, comme l’aurait fait une meneuse de revue à Broadway, en dardant sur Mark des regards tantôt langoureux, tantôt enflammés. Gêné, il se détourna, craignant que l’attitude de l’adolescente ne fasse naitre chez les autres des soupçons qui n’avaient pas lieu d’être. Pour se donner une contenance, il feignit de ranger les bagages dans le coffre, les mettant côte à côte, les déplaçant pour les remettre à leur place initiale. Cependant, quoi qu’il fasse, il sentait peser sur lui le regard insistant de Taylor. Il avait l’impression d’être une proie sur laquelle un fauve allait fondre d’un moment à l’autre. D’habitude, le fauve, c’était lui. Ne supportant plus cette inversion des rôles, il se rapprocha de Derek qui, sans quitter la maison des yeux, échangeait poliment quelques mots avec Frances. Qu’est-ce qu’on fait ? s’inquiéta Mark. On attend encore ou… Il ne termina pas sa phrase. En voyant les traits crispés de son ami se détendre brusquement, il sut que Meredith venait de faire son apparition. Il se retourna.

    Effectivement, elle se tenait sur la terrasse, très droite, un peu raide même, malgré le poids des bagages qu’elle tenait à bout de bras. Derek se précipita. Merci, murmura-t-il simplement en la soulageant de quelques sacs. Elle ne répondit pas mais sourit à Jackson qui venait prêter main-forte au chirurgien. Elle descendit les marches jusqu’à se trouver face à Taylor.

    Alors, tu t’en vas aussi, constata la lycéenne, dont l’expression traduisait la plus totale incompréhension.

    Il le faut. Je ne peux pas rester plus longtemps, commença Meredith, des larmes inondant subitement ses yeux.

    Pourquoi ? demanda Taylor avec agressivité. Personne ne te chasse. Tu pourrais rester si tu voulais. D’abord Mark, Meredith ensuite, c’en était trop pour elle. Elle avait l’impression que les deux l’abandonnaient et elle ne comprenait pas pourquoi. Sa lèvre inférieure se mit à trembler.

    Meredith la prit dans ses bras. J’aurais voulu rester, chuchota-t-elle à son oreille. Mais Derek, il m’a demandé de rentrer avec lui. Cela lui avait pris du temps pour se décider. Elle était restée enfermée dans sa chambre, tout l’après-midi, réfléchissant à la requête, presque une prière, formulée par Derek, pesant le pour et le contre, évaluant les possibles conséquences. Est-ce que le suivre à San Francisco signifiait qu’elle était prête à reprendre leur relation ? Était-elle capable de lui pardonner ? Pourrait-elle lui refaire confiance ? Pouvaient-ils tout recommencer à zéro ? Que se passerait-il si cela ne marchait pas ? Elle n’avait pu répondre à aucune de ces interrogations. La seule conclusion à laquelle elle était arrivée, c’était qu’elle devait tenter sa chance, le tout pour le tout. Je l’aime, avoua-t-elle à son amie, toujours dans un murmure. Il faut que j’essaie.

    Taylor s’écarta, les yeux inondés de larmes qui ne se décidaient pas à couler. OK. Mais si jamais ça ne marche pas, tu reviens, d’accord ?

    Meredith secoua énergiquement la tête. Promis. Elle reprit son amie contre elle. Oh tu vas tellement me manquer. Par-dessus son épaule, elle s’adressa à Frances et Jackson. Vous allez tous me manquer. Sa voix s’étrangla d’émotion. C’est tellement dur de vous quitter. C’est à ce moment que Murphy sortit de la maison. En voyant Meredith qui s’était si bien occupé de lui pendant son séjour, il aboya avant de courir vers elle. Elle éclata en sanglot et le prit dans ses bras pour le couvrir de baiser.

    Derek commença à craindre qu’elle ne change d’avis. Allons, ce n’est pas si loin, San Francisco, argumenta-t-il. Tu reviendras. Si tu veux, je te conduirai. Elle acquiesça d’un signe de tête en redéposant le chien à terre.

    Mais oui, bien sûr, enchaîna Jackson. De toute façon, il faut que tu reviennes pour Bluebelle. C’est ton cheval maintenant. Emue, Meredith se jeta dans ses bras, Je suis vraiment contente de te connaitre, Mer, dit-il à voix basse. Prends soin de toi.

    Derek avança vers Frances. Il avait vraiment hâte maintenant de partir, d’emmener Meredith loin de cette maison, de l’avoir rien que pour lui. Tandis qu’il remerciait la gouvernante pour son accueil, Mark approchait gauchement de Taylor. Ils s’étaient dit tout ce qu’ils avaient à se dire quelques minutes plus tôt. Ils se contentèrent donc de se donner une accolade à laquelle ils mirent fin assez vite. Mark tendit la main à Jackson tandis que Meredith reprenait Taylor dans ses bras. Parce qu’elle sentait son courage l’abandonner, elle s’arracha à l’étreinte pour monter dans la voiture. Elle fit semblant de fouiller dans son sac pour ne pas voir Taylor trouver refuge dans les bras de Jackson. Mais lorsque la voiture démarra, ce fut plus fort qu’elle. Elle se retourna et agita sa main, ne quittant pas ses amis du regard jusqu’à ce que la voiture franchisse la porte de la propriété. Elle eut alors l’impression qu’elle venait de tourner une page et elle sanglota à nouveau.


  • Commentaires

    1
    Butterfly
    Dimanche 14 Juillet 2019 à 16:54

    Les adieux sont déchirant mais Derek a raison, ce n'est pas si loin, elle pourra revenir. Ce qui compte, c'est leur couple et qu'ils se réconcilient

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