• CHAPITRE 97

    Le cœur battant, Meredith s’adossa à la porte et resta un long moment sans bouger, guettant le moindre bruit qui venait de la rue. Le son du moteur rugissant de la Porsche lui indiqua que Derek était parti. Elle en éprouva un certain soulagement, mais aussi du regret, parce qu’elle aurait aimé qu’il insiste pour qu’elle ressorte de la maison et qu’elle passe un peu plus de temps avec lui. En même temps, pourquoi voudrais-tu qu’il insiste ? se dit-elle aussitôt. Tu lui as claqué la porte au nez, sans un mot d’explication, sans même lui dire au revoir. Tu l’as vexé, c’est sûr. Ce n’est pas bien malin de ta part. Pour une fois que quelqu’un s’intéressait à toi ! Tu auras de la chance s’il accepte encore de te parler. Elle sentit la tristesse l’envahir à l’idée qu’elle avait sans doute gâché toutes ses chances avec le chirurgien. Ne lui restait que le souvenir d’une merveilleuse soirée, dont chaque détail serait gravé dans sa mémoire jusqu’à la fin de sa vie, elle en était certaine ; le regard de Derek quand il l’avait découverte dans sa robe, la salle de réception, l’accueil qui avait été réservé au chirurgien, le champagne et le diner avec ces mets si fins, leur première danse, trop courte, le moment où ils s’étaient retrouvés sur la terrasse et les baisers qu’ils avaient échangés… Oh mon dieu, ces baisers ! Meredith passait le bout de sa langue sur ses lèvres, comme si elle espérait encore y trouver le goût de celles de Derek lorsque la lumière s’alluma brusquement, ce qui la fit sursauter. Elle découvrit George qui se tenait à deux mètres devant elle, une canette de bière à la main. Tu aurais pu dire que tu étais là, grommela-t-elle. C’est pas des manières de rester comme ça, dans le noir, sans faire de bruit.

    Le jeune homme ricana. Tu as eu peur ? C’est peut-être parce que tu n’as pas la conscience tranquille. Meredith ne réagit pas. Elle fit deux pas en direction de la cuisine mais George se mit devant elle pour lui barrer le chemin. La soirée a été bonne ? lui demanda-t-il sur un ton ironique.  

    Meredith comprit à son attitude et à son élocution, que la canette qu’il tenait en main n’était vraisemblablement pas la première de la soirée. C’était chouette, oui, répondit-elle simplement. Elle voulut contourner son camarade pour poursuivre son chemin mais il l’en empêcha en se plaçant à nouveau devant elle.

    Chouette ? répéta-t-il avec un air moqueur. On dirait pas, pourtant. Il regarda ostensiblement sa montre. On ne t’attendait pas avant l’aube et tu es déjà là. Qu’est-ce qui s’est passé ? Il n’a pas voulu de toi ou bien il baise comme un lapin ?

    Meredith fit comme si elle n’avait pas entendu. Tu devrais aller te reposer, lui recommanda-t-elle. Je crois que tu as un peu trop bu et…

    George la défia du regard. Oui j’ai bu et alors ? Moi, je picole et toi, tu te conduis comme une garce, chacun son truc !

    Arrête, George. Tu dis n’importe quoi, murmura Meredith, la gorge serrée. Elle n’arrivait pas à reconnaitre en ce garçon insultant l’ami d’enfance qui lui avait toujours été si dévoué. Le pire, c’est qu’elle ne comprenait pas du tout pourquoi il avait tellement changé en si peu de temps.

    N’importe quoi ? George secoua la tête avec un air dédaigneux. Oh non, je ne crois pas. Suffit de te regarder !

    Bien que blessée, Meredith choisit de répondre par le silence pour ne pas envenimer les choses. Elle poussa légèrement George sur le côté et passa dans la cuisine. Il la suivit et déposa sa canette sur l’égouttoir de l’évier, à côté de celles qu’il avait déjà bues, avant d’aller en chercher une autre dans le frigidaire. Meredith secoua doucement la tête. Tu ne devrais pas….

    Le jeune homme lui coupa la parole avec agressivité. Oh épargne-moi tes leçons de morale, tu veux ? Pas toi, pas ce soir. Il toisa sa camarade de la tête aux pieds. Non mais tu t’es vue ? On dirait une pute.

    Les yeux de Meredith se remplirent de larmes sous la force de l’insulte. Ça suffit, George, répliqua-t-elle d’une voix étranglée. Je ne te permets pas de me parler comme ça.

    Elle voulut quitter la pièce mais George l’attrapa par le haut du bras. Sérieux, Meredith ? Tout ça pour ce mec ? La jeune fille tenta de se dégager mais il resserra son étreinte pour l’en empêcher. Mais qu’est-ce que tu espères ? Ils vécurent heureux et ils eurent beaucoup d’enfants ? dit-il sur un ton hargneux. Il se mit à secouer sa camarade. Réveille-toi, nom de dieu ! Il veut juste te baiser.

    Lâche-moi, geignit Meredith. Tu me fais mal.

    Lâche-la tout de suite, aboya au même moment Cristina qui venait d’apparaitre sur le seuil de la pièce. George libéra immédiatement Meredith tout en lançant un regard mauvais à Cristina. Celle-ci ne se laissa pas démonter. Si tu crois que tu me fais peur ! Elle avança de trois pas. Tu ferais mieux de déguerpir avant que je te foute une raclée. Conscient qu’il n’aurait pas le dessus sur elle, George choisit d’obéir sans discuter. Quand on ne sait pas boire, on s’abstient, lui cria Cristina alors qu’il était déjà sorti. Elle se tourna vers Meredith. Ça va, toi ?

    Meredith fit signe que oui. Mais qu’est-ce qui lui prend ? gémit-elle en se frottant le bras.

    Cristina commença à vider le fond des bouteilles de bière dans l’évier. Il lui prend qu’il est jaloux. Meredith la regarda avec un air interrogatif. Ça fait des années qu’il en pince pour toi, Mer, lui expliqua Cristina. Tu es bien la seule à ne pas l’avoir remarqué.

    Totalement abasourdie, Meredith sortit de la cuisine sans un mot. Jamais jusqu’à ce jour, elle n’avait soupçonné que son ami d’enfance nourrissait pour elle des sentiments amoureux. En montant l’escalier, elle réalisa qu’elle était partagée à son sujet. Elle se sentait désolée pour lui parce qu’elle ne pourrait jamais lui apporter ce à quoi il aspirait, du moins selon ce que Cristina en avait dit, mais elle ressentait aussi une énorme rancœur pour la façon dont il l’avait traitée ces derniers temps. Elle savait déjà en son for intérieur que rien ne serait plus jamais pareil entre eux.


  • Commentaires

    1
    Nolcéline 97234
    Mercredi 3 Septembre 2014 à 21:35

    Bonsoir à tous, non mais ce n'est pas vrai George se dit son ami et il la traite de cette façonmad, eh bien nous n'avons pas la même définition de l'amitié!

    Après cette énième attaque Meredith devrait rester sur ses gardes.

    Et non Meredith tu n'as pas gâché tes chances avec Derek bien au contraire yes Je suis convaincue que vous partagerez d'autres moments agréables ensemble!!happy 

    Bonne soirée à tous.

    2
    sammy
    Mercredi 3 Septembre 2014 à 23:16

    Si George, son soi disant ami la traite ainsi alors qu'elle en est à son premier rendez vous avec Derek, alors cela promet pour la suite s'il y en a plein d'autres de prévu !!!

    3
    Valerie
    Jeudi 4 Septembre 2014 à 12:34

    Non mais que sale type ce George ? mad

    Qu’il soit saoul et amoureux de Meredith n’excuse en rien ses propos blessant, cette méchanceté envers la jeune fille.

    Derek n’est pas un saint, mais jamais il ne se comporterait ainsi avec une femme, et surtout pas avec Meredith qui semble l’avoir conquis…alors qu’elle reste zen, rien n’est perdu, au contraire, de tendres moments les attendent, sûre et certaine ! yes

    4
    Béné
    Jeudi 4 Septembre 2014 à 21:39

    J'ai des boutons juste en lisant le nom de Georges! Quelle enflure ce type! Mettre plus bas que terre une femme qu'il dit aimer... n'importe quoi!

    5
    van
    Vendredi 6 Février 2015 à 10:04

    J' ai envie de frapper George! Il faut qu' il arrête il lui manque une case. Il est jaloux ok mais il n' est pas obligé de s' adresser à Meredith de cette manière ! Je le trouve trop agressif...ca fait peur ! 

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :