• CHAPITRE 961

    Si on avait su, on n’aurait rien fait, affirma Mark. Quoi, qu’est-ce qu’il y a ? dit-il vivement en réponse au regard furieux de Meredith, et à celui plein de reproches que lui lançait Derek. Je dis la vérité, c’est tout. Si elle avait décidé de l’emmener avec nous, c’est moi qui n’y serais pas allé.

    C’est dégoutant, s’indigna Meredith. Comment peux-tu di…

    Mark lui coupa la parole. Parce que j’étais jaloux ! avoua-t-il sans ambages.

    La stupéfaction se lut sur le visage de Jackson. Jaloux ? Je me demande bien pourquoi ! Tu avais tout et moi…

    Mark l’interrompit. A chaque fois que mon père venait ici, il n’en avait que pour toi. Il partageait tes jeux, il te racontait des histoires, il t’emmenait dans ses promenades à cheval, il t’a même appris à nager. Jackson sourit à l’évocation de ce souvenir. Mark, au contraire, avait un masque douloureux. Moi, je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas pourquoi il faisait tout ça. Ses yeux se perdirent dans le vague. Après, quand on repartait, il pleurait, il pleurait pendant des heures. Et puis, surtout… il buvait plus que d’habitude. Ces soirs-là, il était vraiment déchiré. A nouveau, Mark fit face à son demi-frère. Toi, tu avais tous les bons moments. Moi, je le voyais se détruire. Je trouvais ça injuste.

    Ça l’était, confirma Derek avec un soupir. Tout ce que nous avons vécu, tous les trois, était terriblement injuste. Nous n’étions que des enfants et nous avons dû gérer des situations impossibles.

    Le regard sévère de Meredith alla de Mark à Jackson. Je ne comprends pas pourquoi vous vous détestez autant. Vous avez tellement de choses en commun. Derek sourit. Tout émue qu’elle soit, elle n’oubliait pas le but qu’elle s’était manifestement promis d’atteindre : réunir les deux frères. Il couva d’un regard amoureux cette adorable jeune femme pour qui le bien-être et le bonheur des gens qu’elle appréciait comptaient plus que tout.

    Jackson haussa les épaules. On ne peut pas revenir en arrière, Meredith. Il me déteste et moi, je ne l’aime pas non plus. Quand il y a trop de rancœurs accumulées…

    C’est la vie, renchérit Mark. Ce n’est ni sa faute, ni la mienne. C’est comme ça.

    Je n’ai jamais rien entendu d’aussi stupide ! s’emporta Meredith. Qui a dit que les choses ne pouvaient pas évoluer ? Ce n’est pas parce que vous avez été fâchés pendant vingt ans que ça doit continuer pour l’éternité. Avec du dialogue, on peut résoudre tous les conflits, leur asséna-t-elle d’un ton sans réplique.

    Et c’est toi qui nous dis ça ? ironisa Mark en faisant un signe de tête vers Derek.

    Jackson approuva d’un énergique signe de tête. Ouais, charité bien ordonnée commence par soi-même, paraît-il.

    Derek s’empêcha de sourire aussi largement qu’il en avait envie. Ils n’ont pas tort, se contenta-t-il de dire.

    Ça… ça n’a… ça n’a… ça n’a rien à voir du tout, bafouilla Meredith, rougissante. Et puis, c’est pas le sujet. Elle pointa son index vers Mark. Et toi, ne cherche pas à détourner la conversation. Jackson est ton frère et il n’est pas responsable de…

    Jackson ne la laissa pas aller plus loin. Je ne suis pas son frère, Meredith. Nous n’avons pas été élevés en tant que tel. Je suis seulement celui par qui le malheur est arrivé. Pour lui, je suis le diable et, d’une certaine façon, je peux le comprendre. Je ne savais pas pour ton père, assura-t-il à Mark. Je savais qu’il avait un problème avec l’alcool, évidemment, mais je ne savais pas que c’était à ce point. Ça n’a pas dû être facile pour toi. Et pour ce que ça vaut, je respectais énormément ton père. C’était un homme vraiment bon.

    Ouais. Trop sans doute. Dommage qu’il soit tombé sur elle, déplora Mark. Il hésita un instant avant de s’adresser à son demi-frère. Ne regrette pas de ne pas la connaitre, mec. Elle ne t’apporterait rien de bon de toute façon.

    Peut-être bien mais… elle me manque quand même. Jackson se reprit précipitamment. Enfin, pas elle spécialement, mais une mère. Je ne sais pas ce que c’est. Toi, au moins, tu en as eu une, même si elle était loin d’être parfaite. Vous avez partagé des moments. Moi, je n’ai rien.

    C’est mieux comme ça, je crois, commenta Derek, pensif. Son existence était émaillée de moments qu’il aurait aimé pouvoir oublier. C’était tous ces souvenirs qui avaient fait de lui l’homme qu’il était. Sans eux, il aurait mené sa vie différemment. Sans eux, il n’aurait pas eu peur d’aimer Meredith. Il la regarda et, une fois encore, pria pour que tout ne soit pas terminé. Avec elle, il pourrait peut-être se faire tout un tas de nouveaux souvenirs qui effaceraient les anciens, tellement horribles.

    Tu ne peux pas faire de généralités, Derek, dit-elle doucement en évitant toutefois de croiser son regard, qu’elle devinait intensément posé sur elle. Enfin, je veux dire… Elle considéra les trois hommes l’un après l’autre. Tous les parents ne sont pas comme les vôtres.

    Derek réalisa alors qu’il ne savait rien d’elle, de sa vie avant San Francisco. Certes, elle lui avait lâché quelques éléments d’information comme le fait que sa mère l’avait élevée seule ou encore son amourette avec Billy Bob, mais c’était tout. Quelle enfance avait-elle eue pour devenir cette jeune fille merveilleuse ? Raconte-nous.

    Quoi ?

    Tes parents. Ils étaient comment ?


  • Commentaires

    1
    Butterfly
    Mardi 25 Juin 2019 à 20:52

    Je comprends la rancoeur de Mark, ça ne devait pas être facile à vivre, mais Jackson n'y était pour rien, c'était qu'un gosse à l'époque. Et puis il y a du temps qui est passé. Mark devrait relativiser

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