• CHAPITRE 948

    Elle va s’en aller, laissa tout à coup tomber Jackson.

    Derek fronça les sourcils. Pardon ?

    Elle va s’en aller, répéta Jackson. Elle va repartir avec vous.

    Elle te l’a dit ? se renseigna Derek, plein d’espoir.

    Jackson hocha la tête en souriant. Pas besoin. Je le sais. Elle est venue à l’Hacienda pour faire le point mais sa vie n’est pas ici. Sa vie est à San Francisco, avec toi.

    Derek se renfrogna. Je ne crois pas, non, exprima-t-il avec une intonation douloureuse. Il n’avait pas eu l’intention de parler de Meredith et de leur relation à Jackson. Il détestait faire état de ses problèmes personnels. Il n’y avait qu’auprès de Mark qu’il acceptait de s’épancher, et encore. Mais maintenant que le sujet était lancé et puisqu’il semblait que Jackson était au courant de la situation… Derek hésita encore un instant mais son envie de savoir fut la plus forte. Elle t’a parlé de… de nous ?

    Pas vraiment. Jackson n’était pas le genre de personne qui aimait rapporter les confidences qu’on lui faisait. Mais il appréciait Derek et de surcroît, il le sentait sincèrement épris de Meredith. Sachant que le sentiment était réciproque, il était plutôt enclin à donner un petit coup de pouce au couple. Elle m’a seulement dit qu’elle aimerait savoir qui tu étais vraiment, lui confia-t-il.

    Encore faudrait-il que je le sache moi-même, répondit sincèrement Derek. En effet, il aurait été bien en peine de se définir. L’introspection n’était pas une occupation à laquelle il aimait se livrer. Il se contentait de suivre ses instincts sans éprouver le besoin de les analyser. Il n’en voyait pas l’intérêt. Quant à la façon dont il était perçu, il s’en moquait généralement. Ceux qui l’avaient connu jeune avaient vraisemblablement gardé de lui l’image du gendre idéal. Ensuite, il s’était forgé une solide réputation d’infâme salaud. La vérité était située entre les deux, sans doute.

    Oh moi, j’ai ma petite idée, avança Jackson avec un petit sourire entendu. Tu devrais commencer par lui parler de ce jeune homme qui n’hésitait pas à se battre pour défendre un p’tit métis gay.

    C’était il y a très longtemps. Je ne suis plus ce gars-là, prétendit Derek, blasé.

    Bien sûr que si ! répliqua Jackson. Tu es quelqu’un de bien, Derek, et tu l’as toujours été. C’est juste que ça t’a arrangé de faire croire le contraire. Il hésita un instant avant de poursuivre. Un jour, Momsy m’a dit que tu avais décidé de te faire passer pour un sale type pour garder les autres à distance. Comme ça, ils n’avaient plus l’occasion de te faire du mal. Emu, Derek approuva d’un signe de tête. Jackson regarda à nouveau la jeune fille que ces derniers jours lui avaient permis d’apprécier. Je ne crois pas que Meredith te veuille du mal. Alors, arrête de la repousser.

    Mais, là, je ne la repousse plus, s’indigna Derek. C’est elle qui refuse de me parler.

    Mais elle fait comme toi, mon vieux, répondit calmement Jackson. Elle s’enferme dans sa colère. Ça lui permet de te tenir à distance. Il ne fut nullement impressionné par le regard noir que lui décocha le chirurgien. Elle se protège. Et puis, j’imagine qu’elle veut te faire payer tes conneries, aussi.

    Les gonzesses, j’te jure, maugréa Derek, l’œil rivé sur Meredith qui commençait à seller son cheval. Elles sont d’un compliqué.

    Ah pour ça, je te crois sur parole, plaisanta Jackson. Il partit soudain d’un petit rire. Tu n’aurais pas tous ces problèmes si tu avais accepté ma proposition, il y a douze ans.

    Derek se tourna vers lui avec un sourire complice. Ouais, belle connerie que j’ai faite ce jour-là, dit-il avant de se mettre à rire à son tour. T’es trop con, toi !

    Pourquoi ? Jackson se leva pour le rejoindre. Tu sais, si tu veux changer d'avis, il n’est pas trop tard. C’était une boutade, bien sûr, et pourtant… Jackson devait bien avouer que, malgré les sentiments sincères qu’il portait à Jonas, il était toujours aussi sensible au charme du chirurgien. Mais il n’y avait aucun espoir à nourrir, compte tenu du regard plein de passion dont Derek enveloppait à nouveau Meredith. Va lui parler, conseilla Jackson. Elle n’attend que ça.  

    Un bruit de pas les fit se retourner. Mark venait d’arriver sur la terrasse. Salut, grommela-t-il entre ses dents, contrarié par la présence de Jackson.

    Salut, répondit froidement celui-ci. Il s’adressa ostensiblement à Derek. Bon, tu m’excuseras, mais j’ai du boulot qui m’attend. A plus. Sans un regard vers Mark, il dévala les quelques marches et partit à grandes enjambées vers son pick-up.

    Qu’est-ce qu’il raconte ? s’enquit Mark sur un ton grognon, en le regardant s’éloigner.

    Rien de spécial, répondit distraitement Derek qui réfléchissait à la meilleure façon d’entamer la conversation avec Meredith.

    Paraît qu’il sort avec le fils du Marshal, commenta Mark. La veille, lors de leur promenade équestre, la bavarde Taylor lui avait dévoilé tous les secrets d’alcôve de Jackson, sans qu’il ait eu besoin de demander quoi que ce soit.

    Derek regarda son ami avec un air agacé. Et ça te gêne ?


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