• CHAPITRE 939

    Meredith, arrête, dit Derek avec douceur. Ses mains le démangeaient de ne pas pouvoir aller vers elle, la toucher, la caresser. Cesse de penser à ça. Dis-toi que… dis-toi que, maintenant, elle est auprès de ceux qu’elle aimait et que c’est ce qu’elle voulait.

    Enervée, Meredith partit à l’autre bout de la pièce. Elle ne voulait certainement pas mourir toute seule, cria-t-elle avec une certaine violence. J’aurais dû être avec elle mais au lieu de ça, je suis allée à cette stupide soirée et…

    Reléguant dans un coin de son cerveau cette dernière information qui lui déplaisait souverainement, Derek rejoignit la jeune fille et la saisit aux épaules pour l’obliger à lui faire face. Arrête ça tout de suite ! Elle essaya de se dégager mais il resserra son étreinte pour la maintenir devant lui. Elle est morte en pleine nuit. Si tu n’étais pas sortie, tu aurais été dans ta chambre, en train de dormir, et tu n’aurais rien pu faire. Ni toi ni personne ! Il sentit qu’elle se détendait et allégea sa pression sans toutefois la relâcher totalement. Elle avait quatre-vingt-quatre ans, Meredith. Elle était arrivée au bout de sa route, il faut l’accepter. Il se raidit lorsqu’elle plongea son regard, plein de doute et de désarroi, dans le sien. Il aurait suffi qu’il se penche un peu pour atteindre sa bouche. La tentation était trop forte. Il cessa de la tenir et recula d’un pas. Cela faisait tellement longtemps qu’il espérait avoir la chance de pouvoir lui parler. Maintenant qu’il l’avait, il n’allait pas la gâcher pour un baiser volé. S’il arrivait à la convaincre de lui donner une seconde chance, il aurait le reste de sa vie pour l’embrasser. Elle n’a pas souffert. Le reste… le reste n’a pas d’importance. Il vit sa tête qui allait lentement de droite à gauche. Ce n’est pas ta faute, Mer.

    Si, si, ça l’est, insista-t-elle avec fatalisme. Si je n’étais pas venue… Elle fit quelques pas et se laissa tomber sur une chaise. Cette idée la vrillait depuis des heures et des heures. Elle était responsable de la mort de Momsy.

    Derek fronça les sourcils. Comment ça, si tu n’étais pas venue ?

    Mais tu ne comprends donc pas ? s’emporta à nouveau Meredith. Je suis arrivée ici avec mes petites histoires. Et ma colère. J’étais tellement en rage, Derek, tellement. La culpabilité submergea le chirurgien. Cette rage dont elle parlait, c’était lui qui l’avait fait naître. Elle était là alors, j’ai tout déversé sur elle, poursuivit-elle. Je lui ai même dit du mal de Mark, tu te rends compte ? Elle l’aimait tellement et moi, je l’ai sali. Elle s’est énervée, elle a crié. Je l’ai bouleversée. J’ai bouleversé ses habitudes. Ce n’était pas bon pour elle.

    Derek se précipita pour s’agenouiller devant elle et lui prit les mains. Bébé, tu es folle de penser ça, s’exclama-t-il, sans réaliser qu’il lui donnait encore une fois ce petit nom tendre dont elle ne voulait plus. Au contraire, tu lui as fait du bien. Elle était heureuse que tu sois là. Elle le regarda à travers ses larmes et se sentit fondre devant son sourire. Seule sa fierté la retint de se blottir dans ses bras. Elle était malade, elle était usée, insista-t-il. Son cœur prit tout à coup le dessus sur sa raison et il lui effleura la joue du revers de la main. Le contact de sa peau le fit frémir. Je crois qu’elle en avait assez de la vie mais tu lui as donné une raison de s’accrocher encore un peu, avança-t-il de sa voix suave. Tu as été le rayon de soleil de ses derniers jours, Meredith.

    Tu crois ? demanda-t-elle d’une toute petite voix.

    J’en suis sûr. Elle me l’a dit, précisa Derek devant le regard incrédule de la jeune fille. Elle t’appréciait énormément. Elle a été très heureuse de t’avoir auprès d’elle.

    Merci, parvint-elle à ânonner avant de fondre en larmes. La mort de Momsy, le chagrin de Mark, les retrouvailles avec Derek, tout ce qu’elle éprouvait vis-à-vis de ces divers évènements… C’en était trop pour elle. Elle ne pouvait pas gérer tout cela.

    Je m’en veux tellement pour ce que je t’ai fait, murmura Derek, le cœur serré. Je ne voulais pas…

    Meredith leva la main. Non, Derek, non. Pas ça. Je ne peux pas, articula-t-elle avec peine, à cause des pleurs qui étranglaient sa voix. Elle ne se sentait pas la force d’entamer une discussion sur leur relation.

    Calme-toi, la supplia-t-il, au comble du supplice. Il se leva et alla chercher quelques feuilles de sopalin pour remplacer le mouchoir qu’elle avait trempé. Je ne te parlerai pas de nous maintenant. Ce n’est ni le moment ni le lieu. Il revint et lui tendit les quelques feuilles de papier essuie-tout. Là, je veux juste que tu saches que je suis désolé, poursuivit-il en la regardant essuyer son beau visage. Parce que tout ce que tu vis pour le moment, c’est ma faute. Si je n’avais pas agi comme je l’ai fait… Sous l’effet de l’émotion, sa voix se cassa. Depuis qu’il la connaissait, il avait toujours tout fait pour épargner Meredith. Il n’avait eu d’autre but que de la protéger. Et au final, c’était lui qui lui avait fait le plus de mal. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à espérer qu’elle trouverait en elle la force de lui pardonner. Si je n’avais pas fait le con, tu ne serais jamais venue ici et tu n’aurais pas eu à vivre tout ça.

    Meredith réfléchit quelques secondes à ce qu’il venait de lui dire. Effectivement, s’il n’y avait pas eu toutes ces histoires, elle ne serait jamais réfugiée à Santa Rosa. Mais alors, je n’aurais pas connu Momsy, pensa-t-elle à voix haute. Donc, on va dire que c’est un mal pour un bien. Ils se regardèrent et, pour la première fois depuis qu’ils s’étaient revus, se sourirent. Mais l’instant ne dura pas. Après avoir séché ses larmes, Meredith se leva pour aller jeter les essuie-tout à la poubelle. Elle s’arrêta devant la fenêtre pour regarder Jackson qui accueillait les premières personnes venues pour se recueillir devant la dépouille de Momsy.

    Derek vint se poster derrière elle et regarda au-dessus de son épaule le manège des véhicules qui se garaient devant l’Hacienda. Alors cette soirée… c’était comment ? demanda-t-il tout à coup d’un ton faussement détaché.


  • Commentaires

    1
    Butterfly
    Samedi 25 Mai 2019 à 19:06

    Il commence à placer ses pions smile Et Meredith semble plutôt réceptive, donc ça s'annonce bien je pense

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