• CHAPITRE 927

    Meredith bondit hors de la voiture et, sous l’œil amusé de Jackson, courut jusqu’à la maison, en brandissant un papier. Elle avait à peine pénétré dans l’entrée qu’elle se mettait à crier J’ai réussi. Je l’ai. Elle se précipita dans la cuisine, où Frances était en train d’écosser des petits pois, tandis que Momsy était plongée dans la lecture du journal local. J’ai réussi. Je l’ai, répéta Meredith, haletante d'excitation, en agitant le document. J’ai obtenu mon permis, précisa-t-elle en se laissant tomber sur une chaise, les yeux brillants de fierté

    Oh Meredith, c’est magnifique, s’exclama Frances en s’essuyant les mains sur son tablier, avant d'embrasser la jeune fille sur les deux joues. Félicitations !

    C’est bien, ma fille, dit Momsy, plus sobre. Je suis très fière de toi.

    Merci mais tout le mérite revient à Mark, vous savez, assura Meredith, rose de plaisir. Sans lui, je n’aurais jamais été capable de réussir. Elle alla s’asseoir à la table, en face de Momsy.

    Frances lui lança un regard légèrement désapprobateur. Pourquoi dis-tu ça ?

    Parce qu’elle éprouve toujours le besoin de se rabaisser, ronchonna Momsy, ses yeux pleins de contrariété visant la coupable par-dessus les verres des lunettes.

    Non, parce que c’est la vérité, affirma Meredith en riant. Et puis, franchement, j’ai eu de la chance, parce que l’examinateur, c’était une vraie peau de vache. Figurez-vous que…

    Elle allait se lancer dans le récit de ses aventures automobiles lorsque Taylor déboula dans la cuisine en hurlant. Merediiiith ! Il est venu. Il voulait te voir. Cela faisait une heure qu’elle était postée à la fenêtre de sa chambre, à guetter le retour de sa camarade pour être sûre qu’elle serait la première à lui apprendre la grande nouvelle du jour et, manifestement, elle venait de réussir parfaitement son coup.

    Blême, Meredith se tourna vers Momsy qui resta impassible. De qui parle-t-elle ? lui demanda-t-elle, bien qu’elle sache déjà quelle allait être la réponse.

    Mais de ton Derek bien sûr, cria Taylor, un peu vexée qu’elle ne s’adresse pas à elle pour avoir les détails de l’histoire. Il n’a pas pu t’attendre, une interv… Un coup de torchon donné par sa mère la fit taire brutalement.

    Cesse de te mêler des histoires des autres ! lui ordonna Frances, les sourcils froncés de mécontentement. Dommage que tu ne mettes pas autant d’ardeur pour étudier tes cours. Elle retira prestement son tablier avant de pousser sa fille aux épaules pour la faire sortir de la pièce. Pour ta peine, viens m’aider à étendre le linge.

    Comment a-t-il su que j’étais ici ? questionna sèchement Meredith en fixant Momsy dans les yeux. Celle-ci choisit d’ignorer le ton agressif de la jeune fille et se contenta de sourire. C’est Mark qui le lui a dit, n’est-ce pas ? insista Meredith qui sentait l’adrénaline monter en elle. Momsy opina de la tête. Il m’avait pourtant promis, ragea Meredith.

    Quand tu as disparu, Derek a paniqué, argumenta Momsy. Vraiment paniqué. Il avait peur que tu aies fait une bêtise. Alors, Mark a voulu le rassurer. Derek est son meilleur ami, enchaîna-t-elle. Depuis toujours. Il ne pouvait pas le voir dans cet état et ne rien faire, tu comprends ?

    Mais il m’avait promis ! couina Meredith, la gorge serrée à l’idée que son meilleur ami, son dernier rempart, l’avait trahie, lui aussi.

    Meredith, soupira la vieille dame. Il n’a pas été capable de garder le secret, c’est vrai, mais il a fait promettre à Derek qu’il ne viendrait pas ici.

    La jeune fille ricana. Oui, on voit ce que ça donne. Je sais maintenant ce que les promesses valent pour eux. Rien ! Nada ! Que dalle !

    Tu exagères, ma petite fille, constata Momsy qui, même si elle comprenait que la colère fasse dire un peu n’importe quoi à Meredith, ne pouvait guère admettre que cette dernière mette en doute la probité de son petit-fils.

    Non ! s’exclama Meredith. Vous savez que j’ai raison. La vieille dame secoua la tête. Si, j'ai raison, s’entêta Meredith. Elle commença à élever la voix. Parce que, moi, quand je promets le secret, je le garde. Et rien ni personne ne pourrait me faire parler. Mais eux… eux, ils n’ont pas de parole, pas plus l’un que l’autre.

    Ça suffit ! cria Momsy, soudain hors d’elle. Elle déposa brutalement sur la table le journal qu’elle tenait toujours en main. Je ne te permets pas de dire ça. Tu n’en as pas le droit. Mark… Son cœur s’emballa soudain et elle haleta un moment, jusqu’à ce qu’elle sente qu’il s’apaise un peu. Mark est ton ami, tu peux me croire. Il ne t’aurait pas amenée ici, si ça n’avait pas été le cas. Mais Derek… Elle ferma les yeux quelques secondes et, quand elle les rouvrit, son regard était empli de douleur. Derek est plus que son ami. Ils ont partagé tellement de choses, des épreuves surtout. Il existe entre eux un lien tellement fort, tu n’en as même pas idée. Alors, tu ne peux pas exiger de Mark qu’il fasse un choix entre Derek et toi.

    Mais je ne lui ai jamais demandé de choisir entre nous, protesta Meredith, scandalisée.

    Si, tu l’as fait, lui asséna durement Momsy. Sans t’en rendre compte peut-être mais tu l’as fait ! En faisant appel à lui quand tu as eu des problèmes avec Derek, en lui demandant de te mettre hors de sa portée, en le forçant à mentir à son meilleur ami pour te couvrir, c’est comme si tu lui avais demandé de faire un choix, comme si tu voulais qu’il prenne parti. A nouveau, elle reprit son souffle. Tu n’as pas le droit de te mettre entre eux, de quelque manière que ce soit !


  • Commentaires

    1
    Butterfly
    Mercredi 8 Mai 2019 à 20:18

    Ah là, elle abuse un peu Meredith ! Il ne serait pas venu, elle aurait qu'il dit qu'il l'oublie et qu'il n'en a rien à faire. ET il est venu et elle parle de trahison. Je comprends que Momsy la remette à sa place. Il faut qu'elle se calme ! 

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