• CHAPITRE 902

    Callie souffla. Mais refuser de te donner au moins la chance de t’expliquer, je trouve ça… je trouve ça puéril. En la voyant s’avancer d’un pas chaloupé, avec son sourire charmeur et ses cheveux de deux couleurs qui faisaient penser à un zèbre, Mark se tassa dans son fauteuil en prévision de l’orage qui n’allait pas tarder à éclater.

    Effectivement, les yeux de Derek s’obscurcirent. Puéril ? Vraiment ? Callie acquiesça d’un énergique signe de tête. Tu ne sais vraiment pas de quoi tu parles, gronda le chirurgien. J’étais son premier amour. Elle m’aimait vraiment et elle me faisait totalement confiance et… et… – fou de rage, il se mit à bafouiller – et elle m’a tout, oui, tout donné et… et moi… moi, je l’ai tra… trahie, je l’ai… je l’ai blessée. Alors non, ce n’est pas puéril. Sa mâchoire se contracta sous l’effet de la fureur. C’est normal. Sa réaction est normale. Meredith a une réaction tout à fait normale, insista-t-il avec force. C’est toi qui racontes n’importe quoi.

    Oh tu sais, moi, ce que j’en disais, persifla Callie, vexée d’avoir une fois de plus été désavouée au profit de Meredith. Même absente, celle-ci arrivait encore à lui gâcher la vie.

    Ben, ferme-la alors ! ordonna Derek avec méchanceté. C'était injuste mais il ne pouvait s’empêcher de penser que, sans Callie, rien de tout cela ne se serait produit. Si elle ne l’avait pas incité à parler de Meredith, celle-ci n’aurait pas surpris leur conversation. Elle n’aurait jamais su qu’elle avait été trompée. Il aurait pu, comme il en avait le projet, lui parler de ses sentiments. Il serait devenu le petit ami parfait et ils couleraient des jours heureux.

    Mark jugea bon d'intervenir. Bon, on se calme, là. Il se tourna vers son ami. Que Meredith ait raison ou tort, il est clair qu’elle fait un blocage. Elle pique une crise à chaque fois qu’elle entend ton prénom, alors… Il eut mal au cœur en voyant Derek baisser la tête. Il détestait ce rôle de bourreau que la vie lui faisait endosser. Laisse-lui un peu de temps, Derek.

    Callie embraya aussitôt pour tenter de rentrer dans les bonnes grâces de celui qu’elle idolâtrait. Mais oui, bien sûr. Avec du temps, tout s’arrange. Elle va finir par comprendre qu'elle doit te laisser une seconde chance. Elle claqua ses mains l’une contre l’autre. Et en attendant, si on faisait un peu la fête ? proposa-t-elle sur un ton plein de gaieté. Un Derek triste était un Derek qui avait besoin d’être consolé. Et dans ce rôle-là, elle était la meilleure, elle le savait.

    La réponse de Derek fusa, telle un éclair. Sans moi.

    Oh allez, Derek, insista Callie. Un petit dîner chez moi, à la bonne franquette.

    Mark haussa les épaules. OK pour moi, mais pas ce soir, objecta-t-il avec une pensée pour l’infirmière qu’il comptait bien mettre dans son lit. Ah et pas de machin mexicain, s’il te plait. Pitié pour mon estomac, supplia-t-il en se tapotant le ventre avec une grimace. Callie le remercia d’un sourire. Du moment où il acceptait son invitation, Derek ne pourrait que suivre. Elle se tourna vers l’intéressé, dans l’attente de sa réponse favorable.

    J’ai dit sans moi, répéta Derek en détachant chaque mot.

    Allez, chouchou, implora Callie, inconsciente de la menace contenue dans la voix métallique de son ancien amant.

    Ce petit mot tendre dont elle l’affublait dans leurs moments d’intimité, son sourire qui se voulait irrésistible, ses regards langoureux, tout dans son attitude fit voir rouge à Derek. Il la regarda avec morgue. Et après le dîner ? Qu’est-ce que tu as prévu ? On s’envoie joyeusement en l’air tous les trois ? Comme au bon vieux temps ? Interloquée par son intonation vindicative, Callie recula de deux pas.

    Derek, dit Mark en guise d’avertissement. Il avait senti, dès que son ami était arrivé, que ce dernier était à bout de nerfs et qu'il risquait à tout moment d’exploser mais il était hors de question que cette pauvre Callie en fasse les frais.

    Derek n’en eut cure. Sa rancœur éclata. C’est ça, Callie, hein ? On bouffe et puis on baise. Il lui désigna Mark de la tête. L’un après l’autre. Il ouvrit de grands yeux comme s’il avait soudain une idée géniale. Oh et pourquoi pas les deux en même temps ? On ne l’a pas encore fait, ça.

    Arrête, prévint Mark en se levant.

    Derek joua l’étonné, au mépris du chagrin qu’il lisait dans les yeux de son amie. Mais pourquoi ? Elle est prête à tout, tu sais. Elle aime ça ! Hein Callie, un devant, un derrière, ça devrait être génial.

    Shepherd, ferme-la, menaça Mark, les dents serrées. Callie était libertine, certes, mais ils l'étaient aussi, tout autant qu'elle. Ils n’avaient donc aucune leçon à lui donner. De plus, durant des années, ils avaient apprécié qu’elle se montre toujours disponible pour assouvir leurs désirs. Elle aussi, à sa manière, leur avait tout donné, sans jamais rien exiger pour elle-même. A ce titre, elle ne méritait pas le traitement que Derek était en train de lui infliger.

    Cruel, celui-ci continua pourtant de s’en prendre à sa consœur qui restait muette de stupeur devant un tel déferlement de haine. Qu’est-ce que tu crois ? Que tu vas réussir à me faire oublier Meredith ? Il secoua la tête avec une expression de dégoût sur le visage. Alors, c’est que tu ne me connais vraiment pas. Toi et moi, c’est fini. Il n’y aura plus jamais rien. Je préférerais crever que de coucher encore avec toi.


  • Commentaires

    1
    Butterfly
    Jeudi 4 Avril 2019 à 20:38

    Pfiou ! Il est dur Derek, et même cruel. Je suis d'accord que Callie a manqué de psychologie sur ce coup là mais elle n'a pas mérité qu'on lui parle de cette façon. Et surtout, les reproches qu'il lui a faits sont totalement injustifiés parce qu'il a été bien content pendant quelques années, de profiter de ce qu'elle lui a donné. Alors, jouer le dégouté maintenant, c'est abusé ! 

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