• CHAPITRE 9

    Une fois la porte fermée, Meredith ne put retenir ses larmes plus longtemps. Elle se maudit d’avoir accepté, non, provoqué la partie de jambes en l’air dans l’escalier. Comment, après ça, faire croire à Derek qu’elle n’éprouvait plus rien pour lui ? Voilà trois jours qu’elle essayait de prendre ses distances et il avait suffit d’un baiser pour que tous ses efforts soient réduits à néant. Elle grimpa l’escalier quatre à quatre et s’enferma dans la salle de bains. Elle se déshabilla en toute hâte, fit couler l’eau et se précipita sous la douche. Elle se sentait sale après ce qui venait de se passer. Incapable de maîtriser ses pulsions, elle avait sauté sur Derek comme un animal en rut et après, elle lui avait fait du mal pour qu’il s’en aille. Puisqu’elle était incapable de lui résister, elle devait prendre les mesures qui s’imposaient, éviter tout contact avec lui en dehors du cadre strictement professionnel, et même dans ce cas, rester à une distance respectable, ne pas l’approcher à moins d’un mètre… non, disons même deux. Il avait trop d’emprise sur elle et ça ne semblait pas près de s’arranger.

    Pourtant, à leur première rencontre, elle ne s’était pas méfiée. Il l’avait accostée au comptoir, chez Joe. Il était beau gosse. Il avait joué de son regard et de son sourire, à tel point qu’elle avait imaginé qu’il était un dragueur professionnel. Il avait de l’esprit, il l’avait fait rire. Surtout il l’avait fait boire. Non, là encore, elle était injuste, il avait bu autant qu’elle. Et de toute façon, elle n’avait jamais eu besoin de personne pour se saouler. Les nuits passées dans les bars qui s’achevaient à l’aube, aux côtés d’un inconnu, avec la gueule de bois, elle ne connaissait que trop bien. Et Derek n’avait pas fait exception à la règle ! Elle s’était réveillée sur le canapé et l’avait trouvé en train de dormir, nu, à ses pieds, à même le sol. Elle s’était vaguement souvenue de la rencontre de la veille et n’avait eu aucun mal à imaginer comment la soirée s’était terminée. Il ne lui restait plus qu’une chose à faire : se débarrasser de ce bel inconnu au plus vite. Elle avait rougi quand il lui avait tendu le soutien-gorge qui traînait par terre, et aussi quand il lui avait proposé de reprendre leurs ébats là où ils en étaient restés. Après avoir échangé quelques paroles désolantes de banalité, elle l’avait laissé, certaine de ne plus jamais le revoir. Aussi avait-elle été plus que surprise quand, lors de sa première journée d’internat au Seattle Grace, elle l’avait aperçu parmi les membres du corps médical. Cerise sur le gâteau, il était un de ses professeurs. Elle avait eu l’impression qu’elle se vidait de son sang et elle avait voulu fuir pour reprendre ses esprits et mettre au point un plan d’action. Mais on n’échappait pas à Derek Shepherd, elle l’avait appris à ses dépens. Il l’avait poursuivie et elle s’était retrouvée avec lui dans la cage d’escalier, tentant de le persuader qu’il n’y aurait désormais plus d’autres contacts entre eux que ceux strictement exigés par l’exercice de leur métier. A partir de là, il ne l’avait plus lâchée. Quoiqu’il en dise, il avait été le chasseur, elle avait été la proie. Après avoir faiblement résisté, elle était tombée dans ses filets et n’en était plus ressortie.

    C’est qu’il savait y faire, le séduisant Dr Shepherd. Des yeux bleus qui exprimaient toute la palette des émotions, un sourire à faire se damner la Vierge Marie, un corps musclé juste ce qu’il faut, des cheveux épais dans lesquels il faisait bon passer la main… Il n’y avait rien à jeter chez cet homme-là. Ajoutez à tout cela de l’humour, de la sensibilité, une incroyable humanité, un sens profond du devoir, une intégrité absolue et tous les ingrédients étaient réunis pour donner l’homme parfait selon Meredith Grey.

    Il y avait encore un élément qui était loin d’être négligeable pour expliquer le pouvoir que Derek exerçait sur elle ; il l’avait révélée en tant que femme. Certes, quand elle l’avait rencontré, elle n’était plus vierge, loin s’en faut. Très jeune déjà, elle avait eu des relations sexuelles avec ses petits amis du collège d’abord, de l’université ensuite. Son voyage en Europe aussi lui avait permis d’explorer d’autres lits. Si elle n’avait jamais été dégoûtée par l’amour physique, elle n’y était pas non plus accro. La multiplication de ses amants ne s’expliquait pas par un appétit sexuel hors normes, mais plutôt par le besoin de susciter chez l’autre l’intérêt dont elle avait manqué quand elle était enfant. Etre désirée par un homme s’apparentait en quelque sorte à la reconnaissance et l’affection que ses parents lui avaient toujours refusées.

    Puis Derek était apparu dans sa vie et tout avait changé.

    Il ne lui restait que très peu de souvenirs de leur première nuit ensemble et, étrangement, ils ne concernaient pas la partie horizontale. Vu l’état d’ébriété avancée dans lequel ils étaient tous les deux, l’étreinte avait dû être plus que furtive, du moins elle le supposait. La seconde fois avait eu lieu dans la voiture de Derek, devant la maison de Meredith. Là encore, les fées ne s’étaient pas penchées sur leur cas. Elle, elle était saoule, une fois de plus. Lui, son grand corps était à l’étroit dans l’habitacle. Et tous les deux étaient stressés d’être découverts dans une situation aussi compromettante. Ils avaient fait l’amour en étant sans cesse aux aguets. Les quelques petites secondes durant lesquelles ils avaient baissé leur garde avaient d’ailleurs suffi pour que Miranda Bailey les surprenne. Elle ne leur avait pas caché sa désapprobation. Ils en avaient fait les frais pendant les quelques semaines qui avaient suivi.

    La véritable révélation avait eu lieu le lendemain. Toute la journée, par peur des conséquences sur son internat, Meredith avait hésité à poursuivre sa nouvelle relation. Finalement elle avait décidé de tenter sa chance et à la fin de la journée, elle avait attendu Derek devant son véhicule, sous la pluie, une bonne bouteille de vin à la main. Il l’avait emmenée dans un charmant petit hôtel. Meredith sortit de l’eau et s’assit, drapée dans une serviette de bain, sur le rebord de la baignoire. Tout en se séchant les cheveux, elle se souvint… Les mains de Derek qui parcouraient son corps au fur et à mesure qu’elles le dénudaient, sa bouche qui en explorait le moindre recoin, ses doigts qui s’aventuraient dans ses plis les plus intimes… Et elle, délicieusement affolée par ce plaisir inconnu qui montait en elle, comprenant enfin le véritable sens du mot volupté. Jamais homme avant lui n’avait été si attentif à son bien-être, si soucieux de sa jouissance. La violence de son orgasme l’avait surprise à un tel point qu’elle, d’habitude peu démonstrative, avait crié son plaisir à la face du monde. Avant cette nuit-là, elle n’avait jamais imaginé que le plaisir puisse être si intense.

    Meredith se leva pour se regarder dans le miroir. La seule vision de sa figure devenue écarlate à l’évocation de ce moment suffit à lui faire comprendre qu’elle restait un oiseau pour le chat et que, si elle n’y prenait pas garde, Derek n’éprouverait aucune difficulté à la ramener dans son lit.


  • Commentaires

    1
    sammy
    Vendredi 31 Octobre 2014 à 00:19

    Il y a deux malheureux dans cette histoire t je ne comprend pas pourquoi Meredith a repoussé Derek ??? Si Cris est malheureuse, elle a le droit d'être heureuse bon sang !!!yes

    2
    Nolcéline 97234
    Vendredi 31 Octobre 2014 à 07:59

    Bonjour à tous, Meredith se rappelle aux bons souvenirs  passés avec Derek, au début de leur relation, à quel point il l'a fait évolué etc.

    Clairement elle ne peut pas se passer de lui et malgré tout elle s'inflige cette souffrance, elle leur inflige cette souffrance à tous les deux alors qu'ils pourraient être heureux ensemble. Derek ne veut que cela et elle aussi alors stop. s'il te plaît Meredith  J'avoue avoir du mal à comprendre son obstination.

    Bonne journée à tous.

    3
    Valerie
    Vendredi 31 Octobre 2014 à 12:34

    De toute manière, il faut que Derek revienne dans son lit....et dans sa vie. Si elle continue comme ça, ils vont être malheureux tous les deux. 

    Je continue de penser que son attitude est ridicule. 

    4
    Spring
    Vendredi 31 Octobre 2014 à 12:45

    Meredith ne devrait pas se séparer de Derek, vu l'effet qu'il a sur elle !

    5
    Van
    Samedi 7 Février 2015 à 00:34

    Et oui les bons moments refont surface. Elle est amoureuse mais son comportement c' est n' importe quoi!

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :