• CHAPITRE 882

    Derek avança dans le couloir d’un pas mécanique sans voir les regards moqueurs qui se posaient sur lui, pas plus qu’il ne percevait les rires discrets et les murmures de ceux qui commentaient son infortune. C’était comme s’il était seul… seul avec la voix de Meredith, déformée par la haine, qui lui crachait son dégoût. Il entra dans la pièce attenante à la salle d’opération et, le regard fixé sur un point lointain, se lava les mains. Il eut l’impression que l’eau qui coulait lui répétait tout ce que Meredith lui avait asséné quelques minutes plus tôt. Tu me dégoûtes. Espèce de sale type. Nous deux, c’est fini. Ton je t’aime ne veut plus rien dire. Tu me donnes envie de vomir. C’est comme si tu n’avais jamais existé… jamais existé… jamais existé… jamais existé. Ces mots qui se répétaient à l’infini lui firent tourner la tête. Il tituba.

    Ça va, Docteur ? s’inquiéta une infirmière de bloc qui l’observait depuis un moment. Elle ne l’avait jamais vu ainsi, il semblait être complètement ailleurs et certainement pas en état de pratiquer une intervention délicate. Il ne lui répondit pas et pénétra dans la salle d’opération. Il enfila les gants qu’une infirmière lui tendait, tandis qu’une autre nouait les liens de son masque. D’un pas hésitant, il alla jusqu’à la table où se trouvait le patient. Machinalement, il jeta un rapide coup d’œil en sa direction mais il ne vit qu’une forme floue, comme si cette personne n’était pas réelle. Il resta immobile jusqu’à ce que l’infirmière le rappelle à l’ordre. Docteur Shepherd…. Il se présenta devant le microscope et prit l’instrument que son assistante lui tendait, mais sa main resta suspendue en l’air. Ce n’était pas les circonvolutions du cerveau de cet homme qu’il voyait à travers les lentilles mais le visage inondé de larmes de celle dont il avait brisé le cœur. A nouveau, il vacilla. Sa main laissa échapper le bistouri qu’elle tenait. Il comprit qu’il ne pourrait pas opérer. Il ne savait même pas qui était le patient et pourquoi il était là, ou plutôt il l’avait oublié. C’était comme s’il n’était pas dans cette salle, mais qu’il était resté dans l’escalier avec Meredith qui lui portait le coup fatal. Cette histoire est terminée. Une douleur intolérable le foudroya, l’empêchant quasiment de respirer. Il avait perdu Meredith.

    Prévenez le Dr Webber que je n’opérerai pas aujourd’hui, annonça-t-il enfin d’une voix blanche, sans vraiment s’adresser à une personne en particulier. Jusqu’à ce jour, il avait toujours accordé la priorité à son métier, quelles qu’aient été les circonstances. Mais depuis quelques minutes, sa priorité venait de changer.

    Un murmure parcourut la salle tandis que des regards stupéfaits s’échangeaient entre les membres de l’équipe. Mais Docteur… Pour quelle raison ? Qu’est-ce que je dois lui dire ? demanda l’infirmière, abasourdie.

    Ce que vous voulez, répondit Derek d’un ton indifférent. Je m’en fous. Il sortit de la salle sans se soucier aucunement des réactions que sa décision avait provoquées. Une fois dehors, il eut l’impression que ses sens se réveillaient et que son cerveau se remettait à fonctionner. Il lui apparut clairement que sa place n’était pas dans cette clinique. Sa place était auprès de Meredith. Il était hors de question qu’il la laisse partir sans se battre. Il allait la retrouver et lui dire combien il l’aimait, à quel point elle lui était devenue indispensable. Il lui raconterait aussi comment et pourquoi il était devenu cet homme dur et insensible qu’elle était la seule à avoir pu attendrir. Et surtout, il lui dirait qu’il ne voulait plus être cet homme-là, qui s’était construit dans le malheur et la haine, mais qu’il voulait rester celui à qui elle avait fait découvrir la tendresse, l’amour, le respect aussi, le bonheur tout simplement.

    Il se mit à courir tout en arrachant son masque et ses gants qu’il laissa tomber par terre. Sa blouse suivit le même chemin. Il était torse nu quand il entra dans les vestiaires. Il ne perdit pas une seconde pour revêtir ses vêtements de ville. Il courait toujours en arrivant dans le parking. Il s’engouffra dans la Porsche et démarra sur les chapeaux de roues pour s’arrêter quelques mètres plus loin dans un crissement de pneus. Il se rua à l’intérieur de la boutique. Meredith ! Meredith ! cria-t-il sans se préoccuper de déranger la quiétude des quelques clients qui finissaient de déjeuner. Meredith, il faut qu’on parle.

    Elle n’est pas là, aboya Cristina de derrière le comptoir.

    Derek fronça les sourcils. Comment ça, elle n’est pas là ? Pas un instant, il n’avait envisagé la possibilité que Meredith ne retourne pas à la boutique après avoir quitté la clinique.

    Izzie sortit de l’arrière-boutique, le regard mauvais. Vous ne pouvez pas lui foutre la paix une bonne fois pour toutes ?

    Mêlez-vous de ce qui vous regarde, répliqua Derek

    Elle n’est pas heureuse avec vous, riposta Izzie, à laquelle la présence toute proche d’Alex donnait de l’aplomb. Elle ne doutait pas que, si Derek se montrait menaçant, son amoureux saurait le remettre à sa place.

    Derek la toisa avec mépris. Vous ne savez rien de ce qui se passe entre nous.

    Tout ce que je sais, c’est ce que je vois et j’ai vu l’état dans lequel elle était revenue de là-bas, fit-elle en faisant un geste vague en direction de la clinique. Elle était ravagée.

    Elle a ramassé ses affaires et elle est partie. Résultat, maintenant, on peut se taper tout le boulot, bougonna Cristina.

    Où est-elle ? interrogea Derek avec fébrilité.

    Je n’en sais rien et, même si je le savais, je ne vous le dirais pas, déclara Cristina, l’air mauvais.

    Quand vous la verrez, dites-lui que…

    Cristina lui coupa la parole avec une moue dédaigneuse. Je ne suis pas votre secrétaire. Alors vos messages, vous les ferez vous-même.


  • Commentaires

    1
    Butterfly
    Mercredi 6 Mars 2019 à 20:43

    Il s'est mal conduit mais là, il me fait pitié 

    2
    Butterfly
    Mercredi 6 Mars 2019 à 20:44

    A mon avis c'est la 1e fois qu'il n'est pas capable d'opérer cry

    3
    Mdbailey
    Mercredi 6 Mars 2019 à 22:36
    Il va finir en loque je crois.
    4
    Nolcéline 97234
    Vendredi 4 Octobre 2019 à 16:00

    Bonsoir à tous,

    Elle non plus n'est plus en état de travailler c'est compréhensible. Merci pour la suite et bon premier vendredi d'octobre 2019.

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