• CHAPITRE 880

    Meredith reprit plus calmement sa marche à travers l’hôpital, ne sachant pas très bien où trouver Derek, priant pour qu’il ne soit pas au bloc. Elle ne supporterait pas de devoir attendre pour qu’il lui dise qu'elle s'était fait de fausses idées. Oh sans doute la gronderait-il un peu, parce qu’elle avait douté de lui, mais elle était prête à lui présenter des excuses, à se jeter à ses genoux même s’il le fallait, pourvu qu’il lui dise que cette Madelina n’était rien, juste une vague relation professionnelle, une patiente, ou pourquoi pas une cousine venue lui rendre visite, n’importe quoi, mais surtout pas ce qu’elle avait imaginé. Elle le trouva par hasard, en passant devant une salle dont la porte était restée ouverte. Il était assis aux côtés de Callie, dans un canapé qui tournait le dos à l’entrée. Ils ne pouvaient donc pas la voir. Elle allait leur signaler sa présence lorsqu’elle entendit des mots qui la firent se figer. Je suis allé dans un bar et je me suis tapé une inconnue, comme avant, tu vois. Je l’ai repérée, je l’ai draguée. J’ai couché avec elle et j’y ai même pris du plaisir.

    Meredith eut l’impression que son corps se vidait de tout son sang. Elle était là, sans force, ne pouvant rien faire d’autre que d’assister à la scène. Le souffle coupé, elle vit, comme dans un brouillard, Callie se lever et aller jusqu’à la machine à café. Tu l’as dit à Meredith ? l’entendit-elle demander.

    La réponse de Derek finit de l’achever. Non, grands dieux non ! C’est pas ça le problème, de toute façon. J’ai fait ça pour me sentir mieux et… Il n’en dit pas plus. Pendant qu’il parlait, Callie s’était retournée et avait découvert Meredith. Son air horrifié avait alerté Derek qui s’était retourné à son tour. Il comprit que sa petite amie avait surpris leur conversation, du moins la fin, le pire. A le voir perdre toutes ses couleurs en une fois, la jeune fille sut que ses soupçons, qu’elle pensait absurdes la minute d’avant, étaient justifiés. Une douleur incommensurable, plus forte que toutes celles qu’elle avait éprouvées jusqu’alors, la traversa, la faisant se plier en deux, comme si on venait de lui donner un violent coup de poing dans l’estomac. Meredith, commença Derek. Elle se redressa d’un coup et l’arrêta d’un geste de la main. Elle ne voulait pas l’écouter. De toute façon, qu’aurait-il pu dire qui efface ce qu’elle venait d’entendre ? Les mots résonnaient sans fin dans sa tête. J’ai couché avec elle et j’y ai même pris du plaisir. J’ai fait ça pour me sentir mieux. Elle sentit la colère monter en elle, comme un raz-de-marée, enfouissant sa douleur bien loin au fond d’elle. Elle jeta à Derek un regard haineux qui le cloua sur place, et ensuite elle fit demi-tour et repartit en courant. Elle ne pouvait pas rester près de lui. Elle ne supportait pas de le voir pâle, défait, perdu, le regard affolé, comme si c’était lui qui souffrait. Elle ne lui reconnaissait pas ce droit. Elle seule pouvait avoir mal, c’était elle qui avait été trompée, bafouée, humiliée. Son monde venait de s’écrouler, par sa faute à lui.

    Dans la salle, Derek restait le regard fixé sur la porte par laquelle Meredith venait de disparaître, incapable de bouger d’un pouce, comme frappé par la foudre. Il fallut que Callie se mette à crier pour qu’il sorte de sa torpeur. Mais vas-y ! Qu’est-ce que tu attends ? Il faut que tu lui parles. Dépêche-toi, bon sang.

    Il se rua hors de la pièce. Evidemment, Meredith avait déjà disparu. L’accès aux ascenseurs était bloqué par un groupe d’infirmières qui plaisantaient bruyamment. Derek devina que Meredith n’était pas passée par là. Il s’engouffra dans la cage d’escalier. Son instinct ne l’avait pas trompé. Il entendit le bruit de ses pas qui couraient. Meredith, cria-t-il en se lançant à sa poursuite. Attends. Elle répondit quelque chose qu’il ne comprit pas. Meredith, s’époumona-t-il, descendant les marches quatre à quatre. Il la rattrapa enfin sur le palier du premier étage et la saisit par le bras pour l’obliger à s’arrêter. Mer…

    Lâche-moi ! hurla-t-elle en se dégageant violemment. Ne me touche pas ! Tu me dégoûtes.

    Derek la libéra et recula d’un pas, les mains levées en signe d’apaisement, prenant soin toutefois de se mettre devant l’escalier pour l’empêcher de continuer sa descente. Meredith, laisse-moi t’expliquer, je t’en prie, la supplia-t-il, conscient que son destin était en train de se jouer.

    Expliquer ? Il n’y a rien à expliquer, espèce de sale type, vociféra-t-elle. Tout est déjà très clair. Elle ouvrit sa main qui était restée serrée jusqu’à présent et la lui tendit. Je suppose que ça te dit quelque chose.

    Il prit la note du bar et devint blanc comme un linge en découvrant ce dont il s’agissait. Il avait complètement oublié que Madelina lui avait laissé ses coordonnées et il se maudit de ne pas s’en être débarrassé directement. Où est-ce que tu as trouvé ça ? demanda-t-il d’une voix d’outre-tombe.

    Au pied de ton bureau. Pas de chance ! lança Meredith, folle de rage. Je voulais te faire une surprise. Eh bien, on dirait que la surprise a été pour moi. Laisse-moi passer, ordonna-t-elle sèchement, en essayant de se faufiler entre lui et le mur. Il fallait qu’elle s’en aille, qu’elle lui échappe. Elle ne supportait plus d’être là. Elle n’arrivait même plus à le regarder en face.

    Il se déporta pour lui barrer le passage. Laisse-moi une chance, l’implora-t-il.

    Mais je n’ai fait que ça depuis le début, s’écria Meredith, exaspérée. A chaque fois que tu as pété les plombs, quand tu m’as plantée après notre première fois, ou à Aspen ou la semaine passée. Ses larmes se mirent à couler pendant qu’elle se remémorait la façon dont il l’avait traitée quelques jours plus tôt. Elle en connaissait la raison maintenant. Elle se recula précipitamment lorsqu’il voulut la prendre dans ses bras. Je t’ai tout donné, Derek. Il ouvrit la bouche mais elle ne le laissa pas parler. Je croyais… je croyais que tu étais comblé, bredouilla-t-elle. Mais je me trompais manifestement, sinon tu ne serais pas allé voir ailleurs, conclut-elle, à nouveau mordante.

    Non, non, protesta vigoureusement Derek. La voir dans cet état, par sa faute, sans rien pouvoir faire, c’était vraiment trop horrible. Il avait envie de la serrer contre lui mais il sentait que s’il faisait le moindre geste vers elle, il aggraverait encore les choses. Ça n’a rien à voir avec ça.

    Avec quoi alors ? Meredith regretta aussitôt d’avoir posé cette question. Aucune justification ne lui permettrait de pardonner la trahison dont elle était la victime.


  • Commentaires

    1
    Nolcéline 97234
    Vendredi 4 Octobre 2019 à 15:28

    Bonsoir à tous,

    Ah oui j'avais oublié cette histoire toutes les certitudes de la jeune femme s'écroulent cry. La rupture semble inévitable frown. Bon après-midi à tous.

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