• CHAPITRE 879

    Depuis qu’elle était arrivée au Sweet Dream ce matin-là, Meredith était comme dans un état second. Elle ne voyait rien, elle n’entendait rien, ni les mines renfrognées de ses collègues de travail, ni leurs commentaires désobligeants. Elle planait littéralement. Elle n’avait jamais expérimenté la moindre drogue mais elle était sûre que même plusieurs doses de l’héroïne la plus pure n’auraient pu la rendre plus euphorique. Elle dressait les tables en fredonnant, passant de l’une à l’autre en dansant légèrement, tournoyant parfois dans un petit éclat de rire, sans se soucier aucunement des regards interloqués de ses camarades. Elle avait trouvé l’homme de ses rêves, elle l’aimait et en était aimée. Rien d’autre ne comptait.

    Depuis que Derek l’avait déposée à la boutique, elle se repassait en boucle les images des évènements de la veille, depuis le moment où elle l’avait aperçu au Gravity jusqu’à ce matin. Mon Dieu qu’elle avait été bête de douter de lui ! Tout n’avait été qu’enchantement, même les non-dits. Elle commençait à bien connaître son amoureux, à le comprendre, et elle savait que ses silences étaient tout aussi révélateurs que ses mots. Et hier soir, l’éclat de ses yeux quand il l’avait vue, son ironie mordante envers Hugh, l’invitation laconique à le rejoindre, son sourire quand il l’avait aperçue à la sortie du pub, la chanson qu’il avait hurlée à tue-tête, tout, absolument tout, signifiait qu’il l’aimait. Jamais sans doute, il ne le lui dirait franchement. Elle devinait qu’il n’était pas homme à faire des déclarations enflammées. Mais après tout, cela importait peu tant que la passion transpirait de chacun de ses actes.

    Et le sexe ! Oh oui le sexe ! Meredith se sentit rougir. Si on lui avait dit, quelques mois plus tôt, qu’elle se livrerait un jour, sans retenue, mais surtout avec autant de plaisir, aux jeux de l’amour, elle n’en aurait rien cru, pas plus qu’elle n’aurait cru que cela prendrait autant d’importance dans sa vie. Réfugiée dans l’arrière-boutique, heureusement déserte, elle s’assit sur un tabouret et ferma les yeux. Aussitôt, les images l’assaillirent. Derek nu sous la douche, leurs baisers, leurs caresses, leurs soupirs, leur jouissance… Cette remémoration fit frissonner la jeune fille. Comme si la scène était en train de se dérouler sous ses yeux, elle se revit lécher et sucer la verge de son amant. Le souvenir fut si vivace qu’elle eut l’impression d’avoir le membre gonflé dans sa bouche, de le sentir palpiter contre son palais. Elle gémit et ses jambes se mirent à trembler sous l’effet de l’excitation. Elle rouvrit les yeux et se leva, tentant de se concentrer sur son travail pour oublier ce qui l’avait mise dans un tel état. Mais le désir était là, et bien là, et Meredith ne parvenait plus à penser à autre chose qu’au plaisir que Derek lui donnait. C’était merveilleux et horrible à la fois. Elle sut qu’elle ne pourrait pas attendre la fin de la journée. Il fallait qu’elle le voie. Maintenant ! Bien sûr, il était sûrement fort occupé et il n’aurait pas de temps à lui consacrer. Mais l’apercevoir, ne fût-ce qu’une seconde, au détour d’un couloir, lui parler, seulement quelques mots, le serrer dans ses bras et, si la chance était avec elle, échanger un furtif baiser, elle ne demandait rien de plus.

    Elle se releva d'un bond et, sans même prendre le temps d’enfiler sa veste, revint dans la salle principale pour passer derrière le comptoir, saisir un sachet et y jeter quelques muffins. Une livraison pour la clinique, dit-elle pour répondre à l’interrogation muette qu’elle lisait dans les yeux de Cristina. Elle sut que celle-ci ne la croyait pas mais cela lui était complètement égal. Rien n’aurait pu l’empêcher de courir jusqu’à la clinique. Ce qu’elle fit à toutes jambes, pressée de retrouver cet homme qui lui faisait perdre toute commune mesure. Elle arriva, essoufflée, dans le grand hall de l’établissement hospitalier et se dirigea immédiatement vers la cage d’escalier, trop impatiente pour attendre l’ascenseur. Elle grimpa à toute vitesse les marches qui la conduisirent au troisième étage, où se trouvait le bureau de Derek. Normalement, elle n’était pas autorisée à pénétrer dans cette partie du bâtiment, réservée uniquement au personnel. Mais elle comptait sur sa chance pour ne pas faire de rencontres inopportunes. Et puis, qui oserait s’en prendre à la petite amie du peu commode Dr Shepherd ?

    Comme elle s’y attendait un peu, elle ne le trouva pas dans son bureau. Sans trop savoir pourquoi, elle y pénétra néanmoins, allant s’installer dans le grand fauteuil de cuir noir qui trônait derrière l’imposante table tout en verre et métal. Elle se cala bien au fond et fit tourner le siège plusieurs fois sur lui-même, en fermant les yeux. N’aurait été ce besoin impérieux de voir son amant, elle serait bien restée là jusqu’à la fin de la journée. Elle rouvrit les yeux et se leva, souriant à l’idée de la surprise que Derek aurait en la voyant. Elle allait avancer quand elle remarqua un bout de papier qui était tombé au pied du bureau. Elle le ramassa et le déplia machinalement, sans vraiment y prêter attention. Il y avait une note manuscrite au dos mais Meredith ne s’y arrêta pas. Elle retourna le papier, déjà prête à le jeter, lorsqu’elle remarqua qu’il portait un en-tête au nom d’un hôtel. Le Sir Francis Drake. Si elle ne se trompait pas, il s’agissait d’un palace situé au centre-ville. Cette fois, elle examina le papier plus attentivement, réalisant qu’en fait c’était une note de bar. Elle fronça les sourcils en découvrant la nature des consommations, whisky et champagne. Soudain alertée, elle regarda plus attentivement le verso et constata que la note manuscrite était en fait un prénom féminin, Madelina, suivi d’un numéro de téléphone. Le cœur de Meredith se mit à battre plus vite. Les mains tremblantes, elle tourna une fois encore le papier pour voir quand la note avait été établie. 21h30, quelques jours plus tôt. Juste avant Miami. Elle fit immédiatement la relation avec la mauvaise humeur de Derek et son silence prolongé. La tête lui tourna et elle dut s’appuyer un instant au bureau pour ne pas tomber.

    Le papier serré au creux de sa paume, elle sortit de la pièce comme une folle, sans savoir ce qu’elle voulait faire, ce qu’elle devait faire. Tout juste si elle savait encore où elle se trouvait. Elle se mit à courir, se heurtant aux murs, bousculant des personnes qu’elle ne voyait même pas, à cause des larmes qui noyaient ses yeux. Ce n’est pas possible, ce n’est pas vrai. Je me fais des idées, il ne peut pas avoir fait ça, tenta-t-elle de se raisonner. Elle s’arrêta net au milieu d’un couloir, regardant autour d’elle, totalement égarée. Après quelques secondes, elle sut ce qu’elle devait faire. Elle devait trouver Derek et lui parler de cette note. Il lui expliquerait, il la rassurerait, il se moquerait d’elle et ils finiraient par en rire tous les deux.


  • Commentaires

    1
    Mdbailey
    Vendredi 1er Mars 2019 à 20:17
    Outch ben oui fallait s'y attendre.
    2
    Butterfly
    Vendredi 1er Mars 2019 à 23:20

    Oh merde, je me doutais bien qu'elle allait l'apprendre mais je n'avais pas imaginé que ça se passerait comme ça, même si je n'avais pas d'idée précisé sur la façon dont ça se passerait

    Maintenant quelle va être la réaction de Derek ? Reconnaitre les faits ou bien mentir ? 

    3
    Lilas
    Samedi 2 Mars 2019 à 19:00

    Non pas ça cry

    4
    Nolcéline 97234
    Vendredi 4 Octobre 2019 à 15:10

    Bonsoir à tous,

    Merci pour la suite,

    Oui il y a cette note mais à moins que je ne me trompe il ne s'est rien passé avec cette fille?

    Parviendra t-elle à le retrouver? Bon vendredi après-midi en ce 4 octobre 2019 et bon week-end.

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