• CHAPITRE 854

    L’heure du déjeuner arrivait à sa fin. Meredith était en train de prendre note de la commande de ses derniers clients lorsqu’un vrombissement familier de moteur lui fit tourner la tête vers la rue. Elle vit la voiture de Derek passer si rapidement qu’elle se demanda si elle n’avait pas une hallucination. Mais il était évident que non. La Porsche venait effectivement de passer à toute vitesse devant la boutique, comme si Derek avait voulu éviter qu'on puisse voir que c'était lui au volant. Meredith ne comprenait plus du tout le comportement de son amant, pas plus qu'elle ne comprenait sa colère et son mutisme. Même pas un coup de fil, rien ! Puisqu'il était passé devant la boutique, pourquoi ne s'y était-il pas arrêté, ne fut-ce que pour lui dire bonjour et lui souhaiter une bonne journée ? Elle avait maintenant la preuve qu'elle ne s'était pas trompée au matin, quand elle avait dit à Mark que Derek ne voulait plus la voir. Désespérée, elle tenta de se concentrer à nouveau sur la commande, écrivant d’une main tremblante le nom des plats. Un nouveau bruit de moteur et un crissement de pneus la fit se retourner à nouveau. Les yeux écarquillés de surprise, elle vit la Porsche qui se garait à moitié sur le trottoir, en empiétant presque sur la terrasse, et Derek en jailliir comme un diable sort de sa boite.

    Cristina se campa au milieu de la salle, les deux mains sur les hanches. Mais qu’est-ce que c’est encore que… Elle n'en dit pas plus, préférant se taire plutôt que de provoquer un nouvel esclandre devant les clients. Que ce maudit chirurgien fasse ce qu’il avait à faire et s’en aille rapidement ! Et tant qu’il y était, qu’il emmène l’autre, là ! De toute façon, Meredith n’était bonne à rien aujourd’hui, le sourire en berne et les yeux au bord des larmes. Tu parles d’une pub ! C’est pas comme ça qu’on va augmenter le chiffre d’affaires, pensa Cristina en soufflant bruyamment.

    Derek s’arrêta à la porte de la boutique, son regard passant au-dessus de tout pour venir s’accrocher à celui de Meredith. Ils ne surent pas combien de temps ils étaient restés là, à se regarder intensément, la bouche légèrement ouverte pour trouver un peu d’air, jusqu’à ce que Derek se décide à traverser la salle. Il rejoignit la jeune fille en quelques enjambées. Sans un mot, il leva la main, dessinant le contour de son visage sans toutefois le toucher, s’enhardissant à le frôler du bout des doigts au deuxième passage, avant de poser délicatement la main sur sa joue. Il s’approcha d’elle jusqu’à toucher sa bouche et, heureux de ne pas être repoussé, ferma les yeux, appréciant la douceur de ses lèvres, avançant doucement les siennes pour amorcer un baiser. Il passa la main dans sa nuque qu’il étreignit entre ses doigts nerveux et se mit à lui bécoter la bouche, d’une commissure à l’autre.

    Il ne s’étonna pas de n’obtenir aucune réaction. Il savait que Meredith attendait autre chose qu’un baiser mais il ne pouvait pas, pas maintenant. Déjà, il ne comprenait pas trop pourquoi il avait fait marche arrière alors qu’il était déjà au bout de la rue. Le manque d’elle était horrible mais il ne savait pas, jusqu’à il y a quelques minutes, qu’il l’était à ce point. Il était passé devant la boutique en roulant à toute allure pour éviter de ne fût-ce qu’entrevoir la silhouette de son amie et malgré cela, il n’avait pas résisté au besoin de la voir, impérieux, intense, plus fort que tout, qui l’avait saisi. Voilà pourquoi il était revenu sur ses pas et pourquoi il n’avait plus aucune envie de partir. Honteux de sa faiblesse, il laissa échapper un soupir puis, n’y tenant plus, entrouvrit les lèvres pour livrer le passage à sa langue, afin qu’elle puisse se délecter des lèvres de la jeune fille et en apprécier la saveur.

    Meredith s’était promise, lorsqu’elle reverrait Derek après sa scène de l’autre jour, d’être forte et de ne pas lui pardonner facilement son attitude. Mais ce n’était qu’un vœu pieux. En fait, elle s’était fait avoir dès qu’il était apparu à la porte de la boutique. Il l’avait eue dès son premier regard. Elle avait oublié tout le reste et même tous ceux qui les entouraient. Ces yeux-là lui avaient dit tout ce qu'elle voulait entendre à ce moment-là. "Pardonne-moi, ne me laisse pas, j'ai besoin de toi, aime-moi, je ne peux pas me passer de toi" Comment aurait-elle pu résister à un tel appel au secours ? Parce que c’en était un, même s’il n’était pas exprimé avec des mots. Et maintenant que Derek était là tout contre elle, complètement perdu, elle le sentait bien, comment aurait-elle pu le repousser ? Il avait quinze ans de plus qu’elle mais en ce moment, l’enfant, c’était lui. Il n’était plus qu’un petit garçon désespéré en manque d’amour. Elle cessa de réfléchir et entrouvrit ses lèvres à son tour.

    Le chirurgien sentit son cœur bondir dans sa poitrine, tellement fort qu’il en gémit. Il commença à embrasser vraiment la jeune fille, ses mains lui enserrant son fin visage, pinçant ses lèvres entre les siennes, les léchant avant d’aspirer doucement sa langue dans sa bouche, pour la sucer tendrement dans un concert de petits soupirs de bien-être et de désir, avant qu’elles ne voltigent toutes les deux dans une danse sans fin. Le bout de ses doigts massant le cuir chevelu de son amie, juste derrière les oreilles, Derek interrompait parfois son baiser pour lui mordiller les lèvres, tout en se demandant comment il avait pu tenir aussi longtemps sans l’embrasser, la caresser, l’aimer… Ce fut à regret qu’il s’écarta, les yeux troubles d’une étrange émotion qu’il ne se rappelait pas avoir déjà ressenti. Mais il fallait qu’il parte très vite s’il ne voulait pas être tenté de prendre Meredith dans ses bras et de l’emmener loin d’ici, dans une chambre où il lui ferait l’amour des heures et des heures. C’était trop tôt. Mark avait raison, il devait mettre de l’ordre dans ses idées mais, avec la jeune fille à proximité, il était incapable de réfléchir. Miami tombait à point nommé. Ce voyage de quelques jours lui fournirait le recul nécessaire, du moins il l’espérait.

    Il recula de deux pas et, ses yeux plantés dans ceux de Meredith, refit le geste qu’il avait eu en arrivant près d’elle, ses doigts venant lui effleurer la joue en une douce caresse. Il esquissa un sourire maladroit où il essaya de faire passer tout le regret qu’il avait de lui avoir fait de la peine et de la quitter. Il fit rapidement volte-face pour ne plus voir les yeux noyés de larmes dans lesquels il lisait tellement d’incompréhension et de douleur. Il repartit comme il était venu, sans avoir prononcé un mot, ne s’apercevant même pas qu’il était suivi par les regards ébahis de ceux auxquels il venait de donner un spectacle aussi poignant.


  • Commentaires

    1
    Butterfly
    Samedi 26 Janvier 2019 à 16:37

    OMG quelle belle scène ! On sent vraiment bien l'amour fou qu'il y a entre eux, il faut juste que Derek accepte l'idée d'être amoureux et tout ira bien 

    Je pense aussi que ça va faire du bien à Derek de s'éloigner pour quelques jours, il va pouvoir faire le point et sans doute que d'être loin de Meredith va lui faire réaliser à quel point elle lui manque et admettre l'idée qu'il ne peut pas vivre sans elle. Du moins je l'espère

    2
    Nolcéline 97234
    Dimanche 27 Janvier 2019 à 18:27

    Bonsoir à tous, Eh bien une sacrée impulsion happy. J'espère qu'il fera le point effectivement durant son séjour mais j'espère surtout qu'il n'ira pas voir ailleurs pas après ce qu'il vient de faire. Si c'est le cas je serais déçue. Bonne soirée en ce dimanche 27 janvier 2019.

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