• CHAPITRE 614

    Meredith acquiesça d'un signe de tête avant de regarder autour d'elle, avec un sentiment étrange. George n'était plus là et pourtant, elle avait l'impression d'être en territoire ennemi, comme si le fantôme du jeune homme rôdait dans les lieux. Elle sut d'emblée qu'elle aurait beaucoup de mal à s'y sentir bien à nouveau. Cette boutique était à tout jamais marquée du sceau de l'infâmie dont elle avait été la victime. Et pourtant, elle éprouvait le besoin irrépressible de revoir l'endroit, sans vraiment comprendre pourquoi d'ailleurs. Malgré son appréhension, elle avança vers l'arrière-boutique dont la porte était entrouverte. Je peux le faire, murmura-t-elle pour s'encourager.

    Mark, qui la suivait de près, la retint en la prenant par la main. Tu es certaine que c’est ce que tu veux ? lui demanda-t-il avec un air soucieux. Elle fit signe que oui. Alors, il l’entraîna vers le fond de la salle. Si ça ne va pas, dis-le-moi, la pria-t-il. Il poussa la porte et, après que Meredith lui eut de nouveau exprimé son assentiment par un signe de tête, il la poussa délicatement à l’intérieur de la pièce. Elle était décidée à se montrer forte et à ne pas se laisser submerger par les émotions qui pourraient l'envahir mais elle fut surprise par la force des souvenirs qui la frappèrent. Ce fut comme si en un clin d'œil, elle avait remonté le temps jusqu'à cette funeste soirée et que George était en train de la frapper. Elle pouvait presque ressentir la douleur qu'avait causée chacun des coups. Ses jambes se dérobèrent sous elle. Mark la rattrapa juste avant qu’elle ne tombe et l'installa sur une chaise. Un verre d’eau, nom de Dieu, cria-t-il aux filles qui les regardaient avec stupeur. Il s'agenouilla devant son amie et appuya ses doigts à l’intérieur de son poignet, pour prendre son pouls. Celui-ci battait plus vite que la normale mais sans que cela soit inquiétant. Un peu rassuré, Mark fit boire à la jeune fille quelques gorgées du verre d'eau que Cristina lui avait servi.

    Ça va mieux, Mer ? se renseigna cette dernière tandis qu'Izzie continuait de pleurer, le nez plongé dans son mouchoir, au grand dam de Mark qui ne supportait plus de la voir pleurnicher, sans raison selon lui.

    Meredith opina de la tête en regardant autour d'elle. Tout dans cette pièce lui rappelait qu'elle avait failli y perdre son intégrité, et peut-être sa vie. Après avoir pris quelques minutes pour récupérer, elle se leva et fit lentement le tour de la pièce en promenant ses doigts sur la surface des meubles, sous le regard attentif de Mark. Vous le saviez, vous, qu'il se droguait ? demanda-t-elle soudain à ses amies.

    Izzie secoua la tête en étouffant un sanglot, ce qui eut le don d'agacer un peu plus Mark, lequel lui lança un regard furibond. Tu penses bien que non, répondit Cristina. Sinon, je l'aurais viré directement. Tu aurais vu nos têtes quand le flic nous a annoncé qu'on l'avait retrouvé avec une seringue dans le bras ! A mon avis, ça devait être la première fois. ça ne lui a pas porté chance, à ce sale con, conclut-elle méchamment.

    Meredith secoua la tête. Ce n'était pas la première fois. Pour la seringue, je ne sais pas, mais il prenait déjà des trucs. Il en avait pris ce soir-là. Son regard était bizarre et lui, il n'était pas dans son état normal. J'ai cru qu'il avait bu mais maintenant, j'ai compris qu'il était drogué. Elle arriva devant l'armoire contre laquelle George l'avait projetée avec violence et en caressa la poignée qui lui était entrée dans le dos. Vous êtes au courant qu'il a essayé de me donner du GHB ?

    Les filles firent signe que non. C'est horrible, geignit Izzie en sanglotant, ce qui eut pour effet de faire souffler Mark. Je ne comprends pas ce qui a pu se passer. Il n'était pas du tout comme ça. Il a dû faire des mauvaises rencontres, ce n'est pas possible autrement.

    C'est pas ses mauvaises rencontres qui lui ont dit de violer Meredith, répliqua Cristina. Il est devenu cinglé quand elle est sortie avec un autre que lui, voilà ce qui s'est passé.

    Qu'est-ce que vous avez raconté à Crestwood ? s'enquit Meredith.

    Ce que la police nous a dit, déclara Cristina. C'est-à-dire pas grand-chose. Pour eux, c'est qu'un camé qui a fait une overdose. Il n'y aura pas vraiment d'enquête, alors je doute qu'on en apprenne plus un jour. Et pour le reste… Elle désigna Izzie d'un geste de la main. Iz ne se sentait pas trop d'annoncer à sa famille que George était un prédateur sexuel. Et on a pensé que toi, tu n'aurais pas envie que tout le monde sache ce qui t'était arrivé. Alors, on n'a pas parlé de ça. Même pas à Gloria ou à ta tante. Mais si tu veux…

    Meredith lui coupa la parole. Non, je ne veux pas. Ses parents sont de braves gens, ils viennent de perdre leur fils unique. Ils n'ont pas besoin de savoir que c'était un salaud. Mark la regarda avec admiration. Même avec ce qu'elle avait enduré, elle arrivait encore à se préoccuper du bien-être des autres. Et il est hors de question que ma mère soit au courant, poursuivit la jeune fille. Elle rejoignit Mark et s'appuya contre lui. Il lui fit signe de se rasseoir sur la chaise, ce qu'elle refusa d'un hochement de tête.

    Qu'est-ce que tu lui as raconté, toi ? se renseigna Izzie en reniflant.

    Comme vous, le truc de la seringue, et qu'on ne comprenait pas comment c'était arrivé, qu'on n'avait rien vu venir, expliqua Meredith. Elle n'a pas besoin d'en savoir plus. Déjà qu'elle a peur pour moi, si elle apprenait ce qui s'est passé, elle ne vivrait plus. Et elle voudrait que je rentre, et moi, je ne veux pas rentrer. Ma vie est ici maintenant.  

    Avec Derek, pensa Mark avec un petit pincement au cœur.

    Et comment tu as justifié que tu n'assisterais pas à l'enterrement ? demanda encore Crisitina. Moi, j'ai dit que c'était difficile point de vue finance à la boutique et que je n'avais pas les moyens de me payer le voyage. J'ai eu la chance que mes parents viennent de refaire leur salle de bain, sinon ils m'auraient payé le billet.

    J'ai dit la même chose que toi, que je n'avais pas de quoi me payer l'avion, dit Meredith. Et heureusement, ma mère n'a pas les moyens non plus.

    Pour sauver les apparences, je vais faire livrer une belle couronne de fleurs de notre part, l'informa Cristina. ça va me faire mal au ventre mais si on ne fait rien, ça va paraitre suspect.

    Meredith acquiesça d'un signe de tête. Tu me diras combien je te dois.


  • Commentaires

    1
    Nolcéline 97234
    Mardi 3 Octobre 2017 à 23:59

    Bonsoir à tous, franchement Mark et Derek ne sont pas les seuls à admirer Meredith toujours là à penser aux autres malgré ce qu'ils lui font subir .

    Elle a le cœur sous la main oopsc'est une fille en or cool

    Bonne nuit à tous.

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