• CHAPITRE 599

    Suite à cette réunion qu'il avait trouvée fort divertissante, Mark était de très bonne humeur. Aussi, lorsqu’il croisa, à l'étage des services administratifs, un employé qui sortait d'un bureau, il l’apostropha avec beaucoup plus de bonhommie que d’habitude. Dis, mon garçon, tu connais une certaine Harriett qui travaille à la comptabilité ?

    Une lueur d’étonnement traversa les yeux du jeune homme. Quelle mouche avait piqué Mark Sloan pour qu’il se décide à être enfin aimable ? L'employé tourna le buste et désigna une jeune femme qui était en train de photocopier des documents. C'est elle.

    Mark reconnut immédiatement l’empotée à laquelle il s’en était pris le matin même. Avec le recul, il s’en voulut de l’avoir traitée si durement, alors qu'elle avait pris la défense de Meredith. Il marcha jusqu'à elle. Harriett ? dit-il d'une voix douce. Elle ne s'attendait pas à lui et sursauta en le découvrant à ses côtés. La surprise céda aussitôt la place à la panique. Contre toute logique, la jeune femme imagina que le chirurgien était là pour lui reprocher son attitude du matin. Peut-être avait-elle mal reclassé un document dans un dossier et cela avait-il eu des conséquences sur le traitement d'un patient. Incapable de prononcer un mot, elle hocha la tête pour confirmer son identité. En voyant sa réaction, Mark comprit qu'elle avait peur de lui. D'habitude, c'était le genre de situation qui lui plaisait mais là, il eut pitié de la jeune femme. Il lui sourit gentiment. Je peux vous parler un instant ? A moins que votre travail ne soit très urgent.

    Autant de courtoisie surprit Harriett. Le chirurgien n’était pas réputé pour être poli, et encore moins gentil, avec le personnel. Alors pourquoi l'était-il avec elle ? Et que dire de son sourire et de ce regard doux dont il l'enveloppait ? Elle se demanda, sans trop oser y croire, si passé le premier mouvement de colère, il s'était rendu compte qu'elle n'était pas si mal que ça. Emotionnée, elle lui sourit timidement. Pas du tout, Docteur. Je suis à vous. Le double sens involontaire de sa phrase la fit devenir écarlate.

    Encore une qui craque pour moi, se rengorgea Mark. Il lui prit la main. Je voulais vous remercier, Hattie. Il se retint de sourire en la sentant trembler, sans doute à cause de ce petit nom dont il venait de l’affubler, à dessein. Il adorait troubler les filles.

    Me… me re… me remercier ? Mais… mais pour… pourquoi ? bégaya Harriett.

    Mark redevint sérieux. Ce matin, vous avez participé à une conversation, disons, un peu particulière. Dans les toilettes pour dames du service de neuro.

    Harriett devint livide. Comment était-il au courant ? Avait-on placé des caméras et des micros dans les moindres recoins de la clinique sans que le personnel en ait été averti ? Elle se sentit mal en se souvenant de la curiosité malsaine qu’elle avait manifestée à l’égard des ébats amoureux de ses camarades. Que devait-il penser d’elle maintenant ? Qu'elle était une pauvre fille un peu perverse ? Je suis désolée. Je ne voulais pas. Son menton se mit à trembloter, signe annonciateur d’une crise de larmes.

    Mark était là pour la remercier, pas pour lui faire peur. Il posa la main sur l’épaule de la jeune femme. Non, non, il ne faut pas. Vous n’avez rien à vous reprocher. Il sourit devant son air ébahi. Des quatre personnes qui étaient présentes, vous avez été la seule à ne pas avoir critiqué Meredith. L’amie du Dr Shepherd. Qui est mon amie aussi. Mais pas de la même façon, précisa-t-il aussitôt pour couper court à toute ambiguïté.

    Harriett oublia sa timidité. Mais comment le savez-vous ? Je veux dire, comment savez-vous ce que j’ai dit ?

    Meredith était là. Elle a tout entendu, lui révéla Mark.

    Harriett mit une main devant sa bouche. Oh mon dieu, la pauvre, s’exclama-t-elle, avec un accent de sincérité qui toucha Mark. Je ne savais pas. Les autres non plus.

    Je sais. C’est ce qui rend votre attitude d’autant plus appréciable. Vous avez pris sa défense en toute innocence, ce qui prouve que vous étiez sincère. Et sans le savoir, vous l’avez soutenue. Elle avait besoin que quelqu’un soit de son côté. Vous êtes une brave fille, Harriett, conclut-il en lui décochant un sourire qui manqua la faire défaillir.

    Merci, Docteur. Harriett trouva enfin le courage de le regarder dans les yeux. Vous savez, on s’est souvent moqué de moi – elle haussa les épaules - que je sois là ou pas, d’ailleurs. Je sais que ce n’est pas agréable. Alors… Elle eut un petit sourire que Mark trouva charmant. Je la trouve très jolie. Et elle a l’air très gentille aussi. Elle ne mérite sûrement pas qu’on la traite de cette façon. Dites-le-lui de ma part, si vous voulez bien.  

    Eh bien, vous devriez le lui dire vous-même, estima Mark. A l'occasion, venez donc lui rendre visite, dans mon bureau. Elle travaille pour moi. Vous êtes la bienvenue.

    Merci, Docteur, dit Harriett en sachant qu'elle n'oserait jamais débarquer dans le bureau du chirurgien pour se présenter à une inconnue, surtout après avoir commenté les performances sexuelles de l'amoureux de ladite inconnue.

    Meredith sera heureuse de faire votre connaissance, insista Mark. Elle est un peu isolée ici. Elle ne connait personne et les gens n'osent pas aller vers elle, à cause de nous, j'en suis conscient. Et nous, on n'est pas souvent disponible. Ce serait bien si elle pouvait nouer quelques liens. Alors, je ne veux pas vous obliger, bien sûr, mais si pouviez passer de temps en temps pour discuter avec elle, ce serait sympa. Et pourquoi pas lui présenter quelques personnes, suggéra-t-il encore. Elle gagne à être connue, vous savez. Et je suis certain que vous vous entendrez bien. C'est une chouette fille, tout comme vous.

    Harriett rosit de plaisir. C’est gentil. Merci Docteur.

    Mark la regarda plus attentivement. Pas très grande, un peu boulotte, des cheveux châtain foncé qui lui tombaient sur les épaules, en jean et tee-shirt et une paire de lunettes en écaille sur le nez, elle n’était pas laide, juste un peu godiche et mal fagotée. Comme Meredith au début, songea-t-il soudain. Il repensa à ce que celle-ci lui avait dit au sujet de la gentille fille avec qui il pourrait partager des moments heureux ailleurs que dans un lit. L’idée était peut-être à creuser. Je me disais, quand vous aurez fait la connaissance de Meredith, on pourrait peut-être se faire un petit diner à quatre, un de ces jours.

    A quatre ? Avec vous et le Dr Shepherd ? couina Harriett sous le coup de l’émotion. Conscient de l'effet qu'avait eu son invitation, Mark acquiesça en souriant. Harriett eut l'impression d'avoir été intronisée dans un club très sélect. Ah oui. Oui. Oh oui. Vraiment. Ça me ferait très plaisir. Elle avait maintenant la meilleure des motivations pour surmonter sa timidité afin de faire la connaissance de Meredith.

    Eh bien, à bientôt alors, dit Mark en faisant demi-tour, après lui avoir adressé un dernier sourire charmeur.


  • Commentaires

    1
    Nolcéline 97234
    Mardi 3 Octobre 2017 à 19:31

    Bonsoir à tous, eh bien c'est gentil à lui je ne m'attendais pas à ce qu'il l'invite à dîner smile .

    Mark et Harriet qui sait ce que l'avenir leur réserve? Bon mardi soir à tous.

      • Nolcéline 97234
        Mardi 3 Octobre 2017 à 21:25

        * Harriett (pardon pour la faute)

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