• CHAPITRE 578

    Rose eut un petit sursaut. Pourquoi tu dis ça ?

    T’es dingue, marmonna Laurel. Jamais de la vie.

    M’enfin, les filles, réfléchissez ! les pria Annabel. Tout le monde ici sait que ce type ne couche jamais deux fois avec la même fille. C’est sa règle de vie, c’est lui-même qui le dit. Alors, s’il est toujours avec elle, c’est parce qu’il n’a pas encore eu ce qu’il voulait.

    Harriett fit une petite moue dubitative. Hmm, je ne sais pas. Il y a des regards qui ne trompent pas. A chaque fois qu’elle avait croisé le couple, elle avait été frappée par la façon dont le beau Derek Shepherd regardait sa petite amie. Elle espérait qu’un jour, un homme la regarderait de la même façon.

    C’est vrai que tu t’y connais en amour, toi, répliqua du tac au tac Annabel, vexée qu’aucune de ses amies n’adhère à sa théorie.

    Je ne sais pas, tu as peut-être raison, concéda Rose. Mais je n’ai plus le temps d’en discuter. Si je ne pars pas maintenant, je vais être en retard au bloc.

    Avec qui tu bosses ? demanda Annabel, en se regardant dans le miroir pour vérifier que ses cheveux étaient toujours bien coiffés.

    Avec Torres.

    Ah celle-là ! Je ne peux pas la saquer, grogna Laurel. Elle me jette toujours de ces regards, quand elle me croise.

    Normal, tu as piétiné ses plates-bandes, lui rappela Annabel en riant. Bon, on ferait bien d’y aller parce que si on se fait prendre, la milice va nous faire passer un mauvais quart d’heure.

    La milice ? fit Rose, intriguée.

    Oui, c’est comme ça qu’on surnomme le trio infernal, lui révéla Laurel. Tu n’étais pas au courant ? Les quatre amies s’en allèrent.

    En entendant une porte se refermer avec un bruit sec, Meredith retira ses jambes ankylosées de la porte des toilettes et les reposa sur le sol. Mais il lui fallut encore au moins cinq minutes pour oser sortir de sa cachette, tant elle craignait qu’une des infirmières ne soit encore là. Elle entrouvrit doucement la porte et après s’être assurée qu’elle était bien seule, elle quitta son refuge. En voyant son visage dans un des miroirs – outre les marques et les strips, elle était livide et avait les traits tirés – elle se dit que l’expression "une tête à faire peur" avait été inventée pour elle. Son image lui devint insupportable, parce qu’elle la renvoyait à toutes les horreurs que les infirmières avaient dites sur elle. Elle n’eut plus qu’une idée, retrouver rapidement la quiétude du bureau de Derek. Après avoir jeté un coup d’œil dans le couloir, elle sortit du local. Elle marcha d’un pas rapide en rasant les murs et en regardant obstinément ses chaussures, pour être sûre de ne croiser le regard de personne.

    Quand elle reprit sa place dans le fauteuil de Derek, elle vit son dossier médical et une foule d’émotions la submergèrent. Elle ressentait principalement de la colère contre George d’abord, qui en quelques minutes avait réduit à néant le semblant d’assurance qu’elle avait acquis après son arrivée à San Francisco ; contre Mark aussi qui avait réussi à la convaincre que son apparence n’avait pas changé alors que, de toute évidence, tout le monde pensait le contraire ; contre ces dindes d’infirmières qui s’étaient permises de la juger sans la connaitre ; contre Derek enfin qui de par sa vie dissolue et son attitude envers les femmes qu’il avait séduites, l’avait exposée à la rancœur de ces dernières, et aussi parce qu’il n’avait pas été franc avec elle au sujet de ses soupçons sur George. Il y avait en elle beaucoup de déception aussi parce que, même s’il le lui avait dit à plusieurs reprises, elle avait réalisé en écoutant les infirmières parler de lui, qu’il n’était pas le prince charmant dont elle avait rêvé toute sa vie, mais au contraire un homme qui n’avait parfois aucun scrupule quand il s’agissait d’obtenir ce qu’il voulait. Et que dire de ces pratiques qu’elle trouvait perverses mais qu’il semblait tellement apprécier et auxquelles, elle en était certaine, elle ne pourrait jamais s’adonner malgré tout l’amour qu’elle avait pour lui ! Car, elle était un peu gênée de se l’avouer, rien de ce qu’elle avait entendu n’avait changé les sentiments qu’elle éprouvait à son égard. Elle l’aimait toujours, de cet amour fou et inconditionnel qui s’était emparé d’elle sans qu’elle s’en aperçoive vraiment. Et maintenant, elle avait l’impression d’être prisonnière de cet amour parce qu’il l’amenait à accepter des choses qu’elle n’aurait jamais pensé accepter un jour. En outre, ce sentiment incontrôlable était une source de peur, peur de ne pas être capable d’oublier ce qu’elle avait subi, de ne pas retrouver une vie normale, que Derek ne sache pas attendre qu’elle se rétablisse et qu’il l’abandonne pour aller assouvir ses besoins avec d’autres, ou alors qu’il lui demande de faire les choses dégoutantes qu’il avait faites avec Laurel, et avec d’autres sans doute. A tous les coups, elle serait perdante car, quelle que soit la raison pour laquelle Derek la quitterait, le jour où ça arriverait, elle n’aurait plus rien. Elle ne serait plus personne.

    Elle se releva et attrapa sa veste et son sac. Sans penser à rien d’autre qu’à fuir cette clinique qui symbolisait soudain son malheur, elle sortit du bureau en laissant tout en plan. Ignorant les ascenseurs, elle se précipita dans la cage d’escalier et dévala les marches au risque de se rompre le cou. Elle traversa le grand hall en courant sans prêter attention aux regards intrigués du personnel soignant qui rentrait après avoir fait une pause cigarette. Par chance, un taxi venait de déposer ses clients devant la porte. Meredith s’y engouffra comme si sa vie en dépendait. Après avoir donné l’adresse de la maison de Pacific Heights, elle se plongea dans ses sombres pensées dont le chauffeur, qui la regardait à travers son rétroviseur, n’osa la distraire. Il ne le fit que pour lui signaler qu’elle était arrivée à destination. En reconnaissant la maison, Meredith se sentit soulagée. Après avoir réglé la course, elle se rua hors du taxi pour rentrer là où elle avait le sentiment étrange d’être chez elle.


  • Commentaires

    1
    Nolcéline 97234
    Mardi 4 Juillet 2017 à 20:36

    Bonsoir à tous,

    Merci pour la suite,

    Le contrecoup la discussion de ces femmes c'est le truc de trop maintenant elle en veut à la terre entière .

    Franchement je ne trouve pas qu'elle soit juste notamment envers Derek et Mark mais bon vu son état ...

    Enfin elle n'a même pas tenu une journée ça montre bien qu'elle n'est pas encore prête à reprendre le travail . Elle pensait qu'elle serait capable de mais elle a peut-être sous-estimé les choses et est allée trop vite.

    Il y a  tout ce qui vient de se passer ce matin c'est vrai mais ça aurait pu être  autre chose qui aurait pu la perturber.

    Il faut qu'elle prenne le temps qu'il faut pour se reconstruire.

    Derek lui, il va être fou d'inquiétude quand il ne la trouvera pas dans son bureau  ni dans celui de Mark  et je pense qu'il va en prendre pour son grade lorsqu'ils se retrouveront. Bonne soirée à tous.

    2
    Butterfly
    Mardi 4 Juillet 2017 à 20:54

    La discussion entre les infirmières a fait beaucoup de dégats, ca a renvoyé Meredith à tous ses doutes et ses peurs : son visage, garder Derek ... D'ailleurs je trouve qu'elle devrait penser un peu moins à lui et plus à elle. Il faut qu'elle décide 'aller mieux pour elle par pour lui. Elle a tendance à s'oublier pour l'amour de Derek et c'est dommage. En plus il ne le mérite pas, même s'il se conduit mieux depuis l'agression de Meredith

    3
    Nolcéline 97234
    Mardi 4 Juillet 2017 à 23:06

    Oui c'est vrai Butterfly et d' ailleurs ce serait  bien que quelqu'un lui fasse prendre conscience de ça. C'est d' abord pour elle qu' elle doit faire les choses pour s' en sortir quant au reste cela prendra le chemin que ça doit prendre. Une chose à la fois. 

    Il faut d' abord qu'elle soit bien avec elle- même pour pouvoir être bien avec les autres c'est important. Bonne nuit à tous. 

     

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