• CHAPITRE 498

    Main dans la main, le couple descendit la rue sur une cinquantaine de mètres avant de bifurquer sur Presidio Boulevard qui menait à l’intérieur du parc. Plutôt que de suivre la route, Derek entraina directement son amie en-dessous des eucalyptus et des pins qui s’étaient penchés au fil des ans à cause du vent. Par chance, ce soir-là, la brise était légère et la température relativement douce, mais l’humidité du soir imprégnait déjà l’atmosphère, dégageant du sol une odeur d’aiguilles de pin et de terre mouillée. Comme Derek l’avait prédit, il n’y avait pas un chat et pour être honnête, s’il n’y avait pas eu les lumières des maisons bordant le parc, l’endroit aurait été assez sinistre. D’ailleurs, Meredith ne se sentit pas rassurée et elle se serra contre son amant. Tu as froid ? s’inquiéta-t-il.

    Non. Avec ton pull et ma veste, ça va, le rassura-t-elle. Mais j’aime bien être dans tes bras.

    Derek la prit par les épaules. Comme ça ? Elle acquiesça d’un signe de tête en souriant. Tu vois, j’avais raison, on est les seuls, lui fit-il remarquer. Ça aurait été dommage de se priver de cette petite balade.

    Oui, c’est vrai, concéda Meredith. Tu m’as sans doute trouvée un peu stupide tout à l’heure – Derek hocha la tête - mais ce n’était pas un caprice. C’est juste que je n’ai vraiment pas envie de faire face aux regards des gens, à leurs commentaires, à leurs questions. Je n’ai pas la force d’affronter tout ça pour le moment.

    Derek lui donna un baiser sur la tempe. Oui, je comprends. Mais tu sais, fuir la réalité ne va pas effacer ce qui s’est passé.

    Ce qui n’était qu’une simple constatation fut ressenti par Meredith comme une accusation. Elle s’arrêta net de marcher et se campa devant Derek. Fuir la réalité ? Tu crois que c’est ce que je fais ? Tu crois que c’est possible ? Il voulut répondre mais elle ne lui en laissa pas le temps. J’aimerais tant pouvoir fuir la réalité mais je n’y arrive pas, asséna-t-elle avec un certain énervement. J’y pense tout le temps. Tout le temps !

    Oui, je sais…

    Elle lui coupa la parole. Non, tu ne sais pas. Tu ne peux pas savoir ce que c’est. Tu n’as jamais eu ton ami d’enfance qui te roue de coups, qui te touche contre ta volonté, qui te fourre son sexe dans la bouche.

    Arrête, la supplia Derek d’une voix sourde.

    Tu voulais de la réalité, tu en as, répliqua Meredith. Je n’arrête pas de penser à ce qu’il m’a fait. Je le revis à chaque instant. Les images sont toujours là, dans ma tête. Et je sens sa présence, tout le temps, au point d’avoir l’impression parfois qu’il est là et qu’il me surveille.

    Derek la prit dans ses bras en la grondant gentiment. Tu vas me faire le plaisir de te retirer cette idée de la tête tout de suite. Il ne connait pas la maison de Callie et encore moins celle de Marc. Il n’y a aucun moyen qu’il sache où tu es. Pelotonnée contre lui, Meredith l’approuva d’un signe de tête. Et à mon avis, il est déjà très loin, poursuivit Derek comme s’il voulait achever de la convaincre. Il s’est sûrement dit que tu avais porté plainte et il n’aura pas attendu que la police parte à sa recherche. A ce sujet, d’ailleurs…

    Meredith l’interrompit avec un ton blasé. Oui, tu veux que je porte plainte. Je sais, Mark m’en a déjà parlé.

    Tu dois le faire, bébé, insista Derek. Il faut qu’il paie pour ce qu’il t’a fait. Une fois qu’il sera sous les verrous, tu seras soulagée et tu pourras vraiment aller de l’avant.

    Avant de le mettre en prison, il faudrait déjà l’attraper, souligna Meredith avec un air désabusé.

    Oh je ne m’inquiète pas pour ça. Il n’est pas assez malin pour leur échapper, ironisa Derek. Il reprit son amie par la main et ils recommencèrent à avancer.

    Je ne sais pas encore ce que je vais faire, reconnut Meredith. Derek tourna la tête vers elle avec un regard désapprobateur. Comprends-moi, l’implora-t-elle. Je n’ai pas envie d’aller raconter dans les détails ce qui m’est arrivé à des inconnus, même si ce sont des policiers. C’est humiliant. Et pour quel résultat ? Il va peut-être se retrouver en prison. Et alors ? Ça ne va pas me rendre ce que j’ai perdu. Mon insouciance, ma confiance. Ses yeux s’embuèrent de larmes. Mes amis… Toi, ajouta-t-elle après un petit silence

    Moi ? Derek la regarda avec un air choqué. Hé ! Tu ne m’as pas perdu. Je suis là.

    Jusqu’à quand ?

    Jusqu’à, jusqu’à… Tu ne m’as pas perdu, c’est tout, s’écria Derek. Comment tu peux en douter ?

    Derek, soupira Meredith en posant sur lui un regard éploré. On ne fait même plus l’amour.

    Il leva les yeux au ciel. A t’entendre, on dirait que ça fait six mois.

    Non, mais ce sera le cas dans six mois, déplora Meredith.

    Ça, tu n’en sais rien, riposta Derek, agacé.

    Je ne suis pas si naïve, rétorqua la jeune fille. Tu n’attendras même pas aussi longtemps pour me quitter.

    Excédé, Derek éleva la voix. Tu veux bien cesser de me prêter des intentions que je n’ai pas ?

    Que tu n’as pas aujourd’hui, mais dans quelques jours ? Dans quelques semaines ?


  • Commentaires

    1
    Nolcéline 97234
    Mercredi 1er Février 2017 à 20:59

    Bonsoir à tous,

    Une petite promenade qui devait être bien sympathique est en train de se transformer en dispute frown .

    Meredith il faut que tu arrêtes on avance ensemble et au jour le jour yes . Bonne soirée à tous.

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