• CHAPITRE 324

    La jeune fille opina de la tête avant de s’accroupir pour ramasser les débris de faïence. Gloria la fit relever aussitôt. Laisse donc, je vais m’en occuper. Elle lui prit la main. Elle ne pensait pas ce qu’elle a dit, chuchota-t-elle. Quand elle va bien, elle me dit à quel point elle est fière de toi et comme elle est contente que tu sois là, poursuivit-elle en se tournant de temps en temps vers Derek, comme pour le prendre à témoin. Alors, quand elle te parle comme ça, n’oublie pas que c’est parce qu’elle ne sait plus qui tu es. Elle regarda la malade avec commisération. La pauvre, elle s’en voudrait tellement si elle se rendait compte de ce qu’elle dit parfois.   

    Ne vous en faites pas, je le sais, la rassura Meredith. Ce n’est pas ce qu’elle me dit qui me rend triste, c’est de la voir dans cet état.

    Eh oui, que veux-tu, nous sommes peu de choses, commenta Gloria. Elle poussa gentiment le couple en-dehors de la pièce. Allez, filez, vous avez mieux à faire que de rester ici. Et moi, je dois empêcher Ellis de vider le paquet de beignets. Je suis désolée, ajouta-t-elle en regardant Derek avec un air contrit. Elle vous a gâché votre petit-déjeuner.

    Il lui sourit. Oh ce n’est rien, j’en ai vu d’autres. Il lui serra chaleureusement la main.

    Meredith serra Gloria contre elle et lui donna un baiser sur la joue. Merci pour tout ce que vous faites pour nous. Touchée, Gloria lui caressa la joue avant de refermer la porte.

    Le couple entendit Ellis qui poussait un cri de colère. Ellis, vous ne pouvez quand même pas manger tous les beignets ! invoqua Gloria.

    Meredith prit son sac. Pauvre Gloria, ça doit être épuisant de subir ça toute la journée. Derek lui ouvrit la porte. Je ne m’étais jamais rendu compte que c’était grave à ce point, ajouta-t-elle.

    Il lui prit le bras pour marcher jusqu’à la voiture. Et encore, ce n’est rien à côté de ce qui vous attend, dit-il franchement. Meredith lui jeta un regard où se lisait une certaine appréhension. Malheureusement, son état va empirer, précisa Derek. Et j’ai peur que vous ne soyez très bientôt plus capables de gérer la situation.

    Tu crois ? demanda Meredith d’une petite voix mal assurée.

    Derek fit signe que oui en lui ouvrant la portière de la Porsche. S’occuper d’une malade Alzheimer, c’est lourd, c’est très lourd.

    Meredith prit place dans la voiture. On s’en sort plutôt bien pour le moment, reprit-elle quand Derek s’installa au volant.

    Il approuva d’un signe de tête. Pour le moment, oui. Mais bientôt, tu ne pourras plus tout gérer, insista-t-il. Ta tante, ton travail, ta vie personnelle aussi. Déjà, la dame de compagnie, Gloria, elle est bien brave, cette dame, mais… Il fit une petite grimace. D’après ce que j’ai pu constater ce matin, ta tante en est au stade 2 de la maladie. Vous allez être très vite dépassés par les évènements.

    Pourquoi ? demanda Meredith en bouclant sa ceinture de sécurité.

    Derek fit de même. Quand les patients atteignent le deuxième stade, ils deviennent très dépendants de leur entourage. Premièrement, les problèmes de mémoire s’aggravent. Par exemple, en voyant une personne, certains malades pensent qu’ils ont affaire à des membres de leur famille, parfois décédés depuis très longtemps.

    Comme ma tante qui, tout à l’heure, t’a pris pour son mari qui est décédé depuis au moins dix ans, souligna Meredith.

    C’est ça. Derek lui prit la main. Mais ce que tu as vécu jusque maintenant n’est rien en comparaison avec ce qui va arriver. Ta tante va avoir de plus en plus de difficultés à interpréter les stimuli. Il sourit légèrement en voyant la mine interrogative de Meredith. Je veux dire qu’elle ne va plus réagir normalement au toucher, au goût, à l’ouïe. Dans sa vie quotidienne, ça va se traduire par des pertes d’appétit, une incapacité de lire. Elle va aussi avoir des hallucinations visuelles et auditives.

    Meredith ouvrit de grands yeux effrayés à l’idée de ce que sa tante allait vivre. Oh mon dieu ! Pauvre Tante Ellis !

    Derek la regarda avec tendresse. Comme d’habitude, elle se souciait plus des autres que d’elle. Oui, ça va être difficile pour elle mais ça va l’être encore plus pour vous. En voyant son air catastrophé, il s’en voulut de s’être lancé dans cette discussion, même s’il l’estimait nécessaire. Je ne veux pas t’alarmer mais je préfère que tu saches ce qui vous attend. Les crises auxquelles nous avons eu droit ce matin… il y en aura d’autres, de plus en plus fréquentes, de plus en plus fortes.

    La mine sombre, Meredith haussa les épaules. De toute façon, ce n’est pas comme si j’avais le choix. La condition pour vivre ici sans payer de loyer, c’est de m’occuper d’elle quand Gloria n’est pas là. Et puis, c’est ma tante, je ne peux pas la laisser tomber. Il faut juste espérer que son état de santé ne va pas se dégrader trop rapidement.

    Derek démarra. Tu sais que si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là. Tu peux compter sur moi. La jeune femme le remercia avec un pâle sourire avant de se tourner vers la vitre. Durant tout le trajet, elle pensa à cette horrible maladie qui allait anéantir la vie de sa tante et sans doute ruiner la sienne.


  • Commentaires

    1
    Nolcéline 97234
    Mercredi 6 Janvier 2016 à 20:52

    Bonsoir à tous merci pour la suite, c'est bien triste tout ça cry à un moment viendra le temps où il faudra réfléchir au fait de la placer dans un établissement spécialisé .

    Fort heureusement elle n'aura pas à affronter tout ça toute seule en effet comme le neurochirurgien le lui a dit  il sera présent à ses côtés yes.

     

    2
    sammy
    Vendredi 8 Janvier 2016 à 00:13

    Saleté de maladie !!! Il va donc falloir que Meredith réfléchisse impérativement à devoir placer Ellis. Et heureusement que Derek est làyes

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