• CHAPITRE 320

    Après l’amour, les amants se turent. Aucun n’osa parler de ce qui venait d’être dit. Derek retint les questions qui lui brûlaient les lèvres. Meredith garda pour elle le fait que les mots qu’il venait de prononcer l’avait transportée de bonheur tout autant qu’ils l’avaient effrayée. Ils s’endormirent tant bien que mal, le sommeil troublé par leurs doutes.

    Au matin, Derek s’éveilla en sursaut et en sueur, pour constater qu’il était seul dans la chambre. Il se leva d’un bond et passa sous la douche, où il ne s’attarda guère, bien décidé à mettre les choses au point. Il ne supportait plus l’incertitude dans lequel il était. Il voulait savoir. Il s’arrêta au beau milieu des escaliers qu’il dévalait, stoppé net dans son élan par un bruit diffus de conversation. Il ne reconnut pas les voix qui semblaient murmurer. Il descendit plus calmement et passa sa tête à la porte du living. Il aperçut Meredith, encore en pyjama, penchée sur l’épaule de Carolyn Shepherd. Il soupira. Ça commençait à bien faire. Impossible d’avoir de l’intimité dans cette maison ! Il pénétra dans la pièce sans chercher à dissimuler sa contrariété. Les deux femmes se retournèrent vers lui.

    Ah mon chéri ! s’écria Carolyn. Tu as bien dormi ?

    Bonjour, Maman, dit Derek sans vraiment répondre à la question qui lui était posée. Il jeta un rapide coup d’œil à Meredith qui le regardait en souriant. Ça va, toi ? Il n’attendit pas la réponse et se dirigea vers la cuisine. Le sourire de Meredith s’effaça aussitôt. Elle se demanda pourquoi cette froideur, même pas déguisée. Mais la présence de la mère de Derek l’empêcha de faire quelque commentaire que ce soit.

    Carolyn perçut, elle aussi, le malaise mais fit comme si de rien n’était. Après tout, ce n’était pas ses affaires. Je m’excuse d’être venue vous déranger mais ta sœur m’a raconté ce qui s’était passé chez Bogey hier soir et je suis venue voir si tout allait bien. Si je peux faire quoi que ce soit…

    Derek réapparut, un verre de jus d’orange à la main. C’est gentil, dit-il sèchement, mais il vaut mieux que tu restes en dehors de ça. J’ai déjà réglé mes comptes avec ta fille.

    Derek, c’est ta sœur aussi, lui rappela Carolyn avec un ton désapprobateur. Je reconnais qu’elle a fait une erreur mais…

    Il lui coupa la parole. Oui, une erreur, on va dire ça, ricana-t-il. Ecoute, maman, pour moi, le sujet est clos. Tant qu’elle n’aura pas fait amende honorable, Nancy n’existe plus pour moi. Meredith ouvrit la bouche mais le regard dur qu’il lui lança l’empêcha de s’exprimer. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux.

    Consciente de la tension qui existait entre eux, la mère de Derek tenta de faire diversion. Comme j’étais là, j’en ai profité pour montrer tes photos d’enfance à Meredith. Elle te trouve adorable.

    Plutôt que de toujours se retourner sur notre passé, il serait nettement préférable de regarder devant nous, tu ne crois pas ? répliqua Derek.

    Les deux femmes ne surent pas à laquelle d’elle deux il s’adressait. Carolyn vit le regard désemparé de Meredith et lui serra la main en guise de soutien. Il s’est levé du pied gauche, semble-t-il, ajouta-t-elle sur le ton de la plaisanterie. Faisons comme s’il n’était pas là et continuons à feuilleter notre album, voulez-vous. Voir le charmant enfant qu’il était nous fera oublier l’homme désagréable qu’il est devenu. Derek haussa les épaules mais ne répondit pas. Il alla s’installer à la table et ouvrit ostensiblement le journal régional derrière lequel il se cacha, tout en étant attentif à ce qui se disait. Regardez, Meredith, poursuivit Carolyn sans se démonter. Quel bel enfant c’était ! Et si doux, si facile à vivre… Oh il savait ce qu’il voulait, c’est certain, il était déterminé mais il n’a jamais écrasé les autres pour atteindre ses buts. Il a toujours été très respectueux. Regardez là comme il est espiègle. 

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    Carolyn pointa son index sur une autre photo. Et celle-là… Si je me souviens bien, cette photo a été prise lors d’un spectacle scolaire. Un vrai clown !

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    Il aimait faire des blagues, commenta Carolyn avec un regard en coin vers son fils. Il est toujours comme ça, dites-moi ?

    Meredith acquiesça d’un signe de tête. Oui, il aime rire. Il est positif… la plupart du temps. D’ailleurs, il m’impressionne parce que, quel que soit l’événement, il le voit de façon positive. Par exemple, quand il entre au bloc, même si le cas semble désespéré, il ne doute pas de l’issue heureuse. Et bien souvent, il a raison. Il suit son instinct. Je voudrais être comme lui, conclut-elle en soupirant. Derek fut touché par ce qu’elle disait mais sa fierté l’empêcha de le montrer.

    Carolyn continua à tourner les pages en émaillant son récit d’anecdotes amusantes, parvenant ainsi à faire rire Meredith. Derrière son journal, Derek se prit à sourire à l’évocation de ses souvenirs d’enfance. Il ne put s’empêcher d’abaisser son journal lorsque sa mère poussa une exclamation. Oh ! Excusez-moi, Meredith, ce n’est pas très délicat.

    Ce n’est rien, voyons, assura la jeune femme en regardant avec attention la photo d’un jeune Derek avec une jolie brunette. Je sais que Derek a eu une vie avant moi. Il est normal qu’il en reste des traces. C’est Jamie Lynn, n’est-ce pas ?

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    Oui, répondit Carolyn, encore embarrassée. C’est eux, juste avant le départ de Derek à la fac.

    C’était un beau couple, admit Meredith. Jamie Lynn était très belle. Elle l’est encore, d’ailleurs.

    Dommage que son âme ne s’accorde pas à son physique, lâcha Derek, à nouveau camouflé derrière les feuilles de papier.

    Vous aussi, vous êtes très jolie, Meredith, répliqua Carolyn. La jeune femme haussa les épaules. Mais si, voyons, vous ne devez pas vous sous-estimer. Vous êtes une très belle femme. Vous valez largement Jamie Lynn.

    Je me tue à le lui dire, ajouta Derek qui ne lisait absolument plus les nouvelles locales.

    Sa mère fit un clin d’œil à Meredith. Viens près de nous au lieu de faire ta mauvaise tête. Tu pourras donner plus de détails que moi.

    Derek posa son journal en soupirant et vint s’asseoir sur l’accoudoir, à côté de Meredith. Il regarda à peine la photo de lui et de Jamie Lynn. Ouais… ça a été pris quelques jours avant mon départ pour New York. Il sourit. Je m’étais coupé les cheveux, je me souviens. Que veux-tu que je dise de plus ? C’est tellement loin, tout ça. Ce n’était rien d’autre qu’un amour de jeunesse. Je n’ai jamais eu l’intention de faire ma vie avec elle. J’attendais autre chose de la vie. Je l’ai trouvé, je crois, murmura-t-il en regardant Meredith. Elle leva enfin les yeux vers lui et lui sourit. Il lui prit la main et la serra fort.


  • Commentaires

    1
    Nolcéline 97234
    Mercredi 2 Mars 2016 à 20:48

    Bonsoir à tous merci pour la suite, je trouve ça sympa que Carolyn ait apporté des albums de Derek plus jeune contrairement à sa fille elle cherche à connaître sa belle-fille et de par sa manière d'agir , ses réflexions elle semble s'être faite à l'idée que son fils est avec la résidente, à l'accepter et à l'intégrer comme un membre à part entière de la famille happy.

    Bonne soirée à tous.

    2
    sammy
    Dimanche 6 Mars 2016 à 23:18

    Et bien, je préfère la fin de la suite que le début. Et enfin, Derek s'est radouciyes

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