• CHAPITRE 288

    Derek resta pensif un long moment après que Meredith eut raccroché. Il l’avait sentie désemparée, pleine de doutes sur lui et leur relation, étrange, il le reconnaissait. Pour rassurer la jeune fille, il avait dû se livrer à un exercice qu’il détestait : explication et justification. Il n’était pas sûr d’être prêt à recommencer. Il détestait s’épancher sur ses sentiments. Dans la mesure du possible, il évitait même d’en avoir. Cela simplifiait considérablement sa vie et il n’avait aucunement l’intention de la compliquer, même pour Meredith. Bah, ne t’en fais donc pas, se dit-il. Si ça devient trop difficile à vivre, tu prendras la tangente, comme d’habitude. Ni vu ni connu ! Pour tenter de penser à autre chose, il alluma la télévision qu’il éteignit presque aussitôt. Il voulut lire un article dans une revue médicale mais il n’y comprit rien, comme si les mots n’arrivaient pas à se fixer dans son cerveau. Même la musique des Clash, son groupe préféré, ne parvint pas à l’apaiser. Putain, ça commence bien, enragea-t-il. Même pas un jour et elle me prend déjà la tête. Comme toujours quand il avait des états d’âme, il éprouva le besoin de se tourner vers la seule personne avec laquelle il pouvait se laisser totalement aller, à qui il pouvait tout dire et qui pouvait le comprendre. Il se changea rapidement et ressortit pour se rendre chez Mark.

    Ce dernier était sur la terrasse de son loft, en train d’arroser un parterre où étaient réunies les plus belles et les plus rares espèces d’orchidées, lorsqu’un coup de sonnette le fit sursauter. Il se releva en pestant et alla décrocher l’interphone dans lequel il entendit Derek s’annoncer. Après lui avoir ouvert la porte, il retourna sur la terrasse.

    Lorsque Derek arriva, il trouva son ami en train de nettoyer les feuilles d’une orchidée avec un chiffon humide. Cette vision le fit éclater de rire, non pas parce que la situation était ridicule, mais parce que personne, à San Francisco, n’aurait imaginé que le talentueux chirurgien plasticien, misogyne et cynique, était en réalité un amoureux de la nature qui aimait se délasser en jardinant. Qu’est-ce qui t’amuse autant ? bougonna Mark, en mettant un terme provisoire à ses soins floraux.

    J’imagine les réactions de nos collègues s’ils te voyaient, répondit Derek, moqueur. Et je ne parle pas des filles avec lesquelles tu couches. Ça réduirait ton prestige à néant.

    Pourquoi crois-tu que je ne laisse personne entrer ici ? Mark regarda son ami d’un air critique. Et si tu continues à te foutre de moi, tu n’y entreras plus non plus.

    Derek leva les mains en l’air, à hauteur de son visage. Très bien, je me tais. Il pointa son pouce vers l’intérieur du loft. Bon, tu m’offres un verre ou il faut que j'aille me servir moi-même ?

    Comme si tu te gênais d’habitude ! s’exclama Mark en se relevant. Il prit Derek par les épaules et les deux hommes rentrèrent dans le living en riant. Pendant que Mark allait dans la salle de bains pour se laver les mains, Derek emplit deux verres de scotch pur malt. Lorsque Mark revint, il était assis au creux d’un confortable fauteuil, les yeux perdus dans le vague.

    Mark s’assit face à lui et prit son verre qui était déposé sur la table. Alors, ta soirée ? Soirée explication, c’est bien ça ? Il but une gorgée de whisky.

    Oui. On s’est expliqué, effectivement, répondit Derek, en jouant avec son verre.

    Et tu as couché avec elle… une deuxième fois, déduisit Mark en voyant l’air songeur, mais néanmoins épanoui, de son camarade.

    Oui, et une troisième même, si tu veux tout savoir. Derek passa sous silence qu’il avait bien eu envie d’une quatrième fois mais que la raison, et le manque de temps aussi, l’en avait empêché.

    Et ?

    Et c’était super.

    Super ? Mark haussa les sourcils en grimaçant. Tu m’en diras tant ! La petite oie ne serait donc pas si blanche qu’on le pensait. Comme Derek le fusillait du regard, il changea de direction. Trois fois, hein ! Nous voilà bien loin de ta fameuse règle de la fois unique. Aurait-on droit à une deuxième Callie ?

    Non ! affirma catégoriquement Derek. Aucun rapport.

    Mark dodelina de la tête en faisant la moue. Hum ! Ça dépend de quel côté on se place. Jusqu’à présent, Callie était la seule avec qui tu couchais et recouchais. Maintenant Meredith. Le rapport me paraît évident. Ou alors il faut que tu m’expliques.

    Derek soupira. Si seulement je pouvais ! Meredith, je la désire. Et ce désir ne disparaît pas. C’est tout ce que je peux te dire.

    Callie aussi, tu la désires, sinon tu ne coucherais pas avec elle, lui fit remarquer Mark.

    Mais non, souffla Derek. Enfin, oui, quand je n’ai rien d’autre sous la main. On se connaît tellement qu’avec elle, ça marche toujours. Pas besoin d’un vrai désir. Je sais que c’est mufle de dire ça, mais c’est la réalité. C’est toi-même qui le dis, Callie, c’est la parfaite roue de secours. Meredith, c’est vraiment autre chose.

    Mark leva les bras au ciel. Alléluia ! Enfin, tu l’admets.

    Derek hocha la tête. Ouais… bien obligé.

    Mark se leva pour se rendre à la cuisine. Si je comprends bien ce que tu es en train de me dire, tu ne t’arrêteras pas en si bon chemin. Il ouvrit une armoire et y prit un paquet de chips qu’il renversa dans un bol. Il y aura une quatrième fois et quelques autres.

    Oui. Derek se perdit dans la contemplation de son whisky.


  • Commentaires

    1
    sammy
    Mercredi 7 Octobre 2015 à 22:52

    Maintenant, il va falloir que Derek sache si sa relation avec Meredith va devenir sérieuse. 

    2
    Nolcéline 97234
    Mercredi 7 Octobre 2015 à 23:29

     Bonsoir à tous, oui il y aura d'autres fois mais une relation ne se résume pas qu'à ça donc Derek va devoir cheminer afin de savoir ce qu'il veut vraiment parce que pour Meredith tout est clair déjà yes . Bonne nuit à tous. 

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