• CHAPITRE 256

    S’il avait osé, Mark se serait frotté les mains. Tout allait pour le mieux. Rachel semblait avoir ferré Derek lequel paraissait conquis autant par la conversation que par le physique de la jeune femme. Cela faisait un quart d’heure au moins que Mark avait cessé de décompter les regards langoureux et les sourires complices. Oui, il avait eu le nez fin en mettant ces deux là en présence. Si cela continuait de la sorte, l’affaire serait conclue avant la fin de la soirée.

    Une heure plus tard, il déchantait. Peu à peu, il avait vu Derek perdre son bel entrain, laisser mourir toutes les conversations dans lesquelles il était impliqué, éviter de croiser le regard trop pressant de Rachel, s’assombrir de plus en plus. Mark n’avait eu aucun mal à deviner l’objet de ses sombres pensées. Meredith, toujours Meredith. Même absente, Meredith Grey gardait tout son pouvoir sur le cœur de son amant. Mark avait sans doute trop vite chanté victoire. Sans doute aussi avait-il sous estimé l’effet de la culpabilité que Derek n’avait pas manqué de ressentir. Le coup de grâce avait été donné lorsque Rachel avait clairement laissé entendre à son compagnon qu’elle espérait terminer la nuit avec lui, dans un endroit plus intime. L’attaque avait été trop franche, pas subtile pour un sou. Aussi Mark n’avait-il pas été étonné de voir Derek se lever subitement de table et annoncer qu’il devait s’en aller. Une urgence, un oubli, un patient à aller voir… Il était parti avec un sourire désolé à l’attention de Rachel, fort dépitée, qui s’était aussitôt tournée vers Mark pour avoir des explications sur ce brutal changement d’humeur.

    Il était un peu plus de 22h30 quand Derek déboula dans le hall de Seattle Grace. En quittant le bar, il avait composé le numéro de Meredith et était tombé sur la messagerie. Il avait téléphoné chez elle mais n’avait obtenu aucune réponse. En désespoir de cause, il avait appelé l’hôpital où on lui avait appris que le Dr Grey était encore présente dans le service. Il avait foncé. Et là encore, dans le grand hall, il fonçait vers les escalators quand il entendit qu’on le hélait. Il se tourna en direction de la voix et aperçut Rose, assise dans un fauteuil, qui lui faisait signe. Presque à contrecœur, il se dirigea vers elle. Bonsoir.

    Bonsoir, Dr Shepherd. Elle lui fit signe de s’installer à côté d’elle.

    Derek s’assit en prenant soin, sans trop savoir pourquoi, de laisser une place entre eux. Que faites-vous encore ici, à cette heure si tardive ?

    Je sors du bloc, lui apprit Rose. Il y a eu un accident sur la I-405, un camion, plusieurs voitures… Elle grimaça. C’était assez…

    Horrible ? demanda Derek avec compassion.

    Rose approuva d’un signe de tête. Oui, c’est le mot.

    Vous vous habituerez, vous verrez, assura Derek.

    Le regard de Rose se perdit un peu dans le vague. Je ne sais pas si j’ai envie de m’habituer à ce genre de choses. Elle tourna la tête vers son voisin. Pas si cela implique que je devienne insensible.

    Insensible, non. Mais vous devrez apprendre à vous blinder, à prendre du recul, sinon vous ne tiendrez pas le coup, lui conseilla-t-il. Dans ce métier, il faut éviter d’être une éponge à émotions sous peine de craquer très vite.

    Une éponge à émotions ? Rose sourit. L’image est jolie.

    Derek rit légèrement. Heureux qu’elle vous plaise ! Il l’enveloppa d’un regard chaleureux. Et qu’est-ce qui vous empêche de rentrer chez vous après une telle journée ? Vous attendez quelqu’un ?

    Oui, mon taxi, répondit Rose avec des yeux rieurs, heureuse de l’intérêt qu’il lui manifestait. J’allais l’appeler quand vous êtes arrivé. Et vous, que faites-vous ici ?

    Derek resta évasif. Je suis venu chercher quelqu’un.

    Rose prit un air entendu. La fille avec laquelle je vous ai vu, l’autre soir, chez Joe. Le Dr Grey, c’est ça ? Derek opina de la tête. C’est votre fiancée ? le questionna-t-elle sans gêne. Le petit sourire ironique du chirurgien lui fit réaliser son indiscrétion. Excusez-moi. Je suis très maladroite.

    Très curieuse, plutôt, répliqua-t-il sur un ton moqueur.

    Un peu, c’est vrai, admit Rose avec un air contrit. En fait, je l’ai vue. Le Dr Grey. Elle a quitté l’hôpital. Derek ne cacha pas sa déception. Mais c’était juste avant que vous n’arriviez, précisa Rose. Vous l’avez vraisemblablement croisée sur le parking.

    Par réflexe, Derek regarda par la fenêtre, comme s’il espérait encore apercevoir le véhicule de Meredith. Alors je peux peut-être encore la rattraper, se dit-il à voix haute.  

    Il allait se lever mais Rose l’arrêta. Je ne voudrais pas avoir l’air de me mêler de ce qui ne me regarde pas mais… D’un geste, il l’invita à parler. Votre amie n’était pas seule. Elle sourit en le voyant tiquer. Elle était avec cette jolie blonde et son copain, et il y avait aussi cette femme d’origine asiatique. Euh… le Dr Yang, je crois. Derek confirma d’un signe de tête. Ils riaient beaucoup et parlaient assez fort, ajouta Rose. Je croise avoir compris qu’ils avaient l’intention d’aller manger en ville.

    Oh ! Alors, je n’ai plus qu’à rentrer chez moi, dit Derek, au comble du dépit. Il se mit debout. A demain. Bonne soirée.

    Il avait déjà fait quelques pas lorsque la jeune femme le rappela. Dr Shepherd. Il se retourna vers elle. Je voulais vous dire… Elle se leva pour le rejoindre. Je suis vraiment très honorée de pouvoir travailler avec vous. C’est un immense privilège, je m’en rends compte.

    Derek serra la main qu’elle lui tendait. Je suis certain que vous serez à la hauteur.

    En tout cas, je ferai tout pour me montrer digne de vous. Je suis persuadée que vous avez beaucoup à m’apprendre, conclut Rose avec un grand sourire plein d’enthousiasme. Perdu dans ses pensées – Où Meredith pouvait-elle bien être ? Pourquoi ne l’avait-elle pas appelé ? - Derek ne réagit plus. Je vous ennuie, en déduisit Rose. Il resta muet. Un peu inquiète, elle posa la main sur son épaule. Docteur ? Le contact physique ramena Derek à la réalité. Ça ne va pas ? s’inquiéta Rose.

    Intérieurement, Derek pesta de s’être montré en état de faiblesse devant elle. Qu’allait-elle penser de lui ? Si, si, ça va. C’est juste un peu de fatigue. Excusez-moi. Bonne soirée, Rose.

    Bonne soirée, Docteur.

    Le chirurgien se rua à l’extérieur de l’hôpital. Il était déjà presque arrivé à son véhicule quand, mû par une impulsion qu’il aurait été bien incapable d’expliquer, il fit demi-tour. Rose ouvrit de grands yeux étonnés en le voyant entrer dans le hall. Vous avez déjà appelé le taxi ? lui demanda-t-il. Elle secoua la tête. Ça vous dit de venir boire un verre avec moi ?

    Elle lui lança un regard malicieux. Je croyais que vous étiez fatigué.

    Derek balaya l’argument d’un revers de la main. Peu importe. Je n’arriverais pas à dormir, de toute façon. Alors, vous êtes partante ?

    Rose prit son sac et y rangea rapidement les quelques objets personnels qu’elle en avait sortis. Il y a des invitations qui ne se refusent pas. A condition toutefois que vous me raccompagniez chez moi après.

    Pas de problème ! On y va ?


  • Commentaires

    1
    Nolcéline 97234
    Mardi 1er Décembre 2015 à 20:45

    Bonsoir à tous, et ce verre ils vont aller le boire chez Joe où se trouve Meredith et les autres et là que va t-il se passer ?

    Il a refusé que je vienne ce soir à la caravane et là le voilà qui vient boire un verre avec une femme... Tout ça n'annonce rien de bon no

    Bonne soirée à tous.

    2
    sammy
    Mercredi 2 Décembre 2015 à 15:24

    Mais qu'est ce qu'il fout Derek aww??? Il s'est débarrassé de Rachel qui lui faisait du rentre dedans mais cette Rose ne vaut pas mieux !!! Il aurait mieux fait de rentre chez lui parce que j'ai peur qu'il y rencontre Meredithsarcastic

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