• CHAPITRE 221

    L’ambulance entra à toute allure dans l’enceinte du Queen’s Medical Center, la clinique privée de Honolulu. Le chef du service chirurgie, Peter Halford, ainsi que le chef de la neurologie, Leon Liem, l’attendaient à l’entrée des urgences. Ils avaient été avertis de la présence à bord du renommé neurologue, Derek Shepherd. Dès que les portes du véhicule s’ouvrirent, ils s’avancèrent pour l’accueillir. Les deux hommes furent étonnés de voir leur collègue ignorer leurs mains tendues, ainsi que leur discours de bienvenue. Ils furent encore plus surpris de constater combien il était soucieux de la patiente qu’il escortait, exigeant d’emblée le maximum d’attention et les meilleurs soins. Lorsque l’ambulancier leur eut révélé discrètement que la jeune femme, allongée sur la civière, était en réalité la compagne du chirurgien, ils comprirent mieux son haut degré d’implication. Dès ce moment, tout fut mis en œuvre pour lui assurer une collaboration optimale.

    Meredith fut conduite immédiatement à l’imagerie pour passer un IRM. Pendant ce temps, Derek expliqua aux spécialistes les circonstances de l’accident, l’apparente pleine forme de la jeune femme après l’évènement et l’absence de symptômes qui auraient pu l’alerter. Enfin, les premières images apparurent sur l’écran. C’est étrange, je ne vois rien, dit Peter Halford.

    Leon Liem se pencha pour mieux examiner les clichés. A priori, pas trace d’hématome ou d’œdème.

    Ce n’est pas possible, décréta Derek, désespéré. Il doit y avoir quelque chose, sinon pourquoi ne se réveillerait-elle pas ?

    Halford prit un air un peu supérieur. Chez confrère, vous n’êtes pas sans savoir que, dans le domaine médical, il n’y a pas toujours d’explication cohérente.

    Je ne peux pas accepter ça, répliqua sèchement Derek. Je suis en présence d’un coma de stade deux et j’ai besoin d’une explication qui tienne debout. Je dois savoir ce dont elle souffre si je veux la ramener parmi nous.

    Les deux médecins d’Honolulu échangèrent un regard préoccupé. Le Dr Halford prit la parole. Euh… excusez ma curiosité, Dr Shepherd, mais j’ai cru comprendre que cette personne vous était proche.

    Je ne vois pas ce que ça change, rétorqua Derek avec agressivité.

    Rien du tout, s’empressa de répondre Halford. Comprenez-moi bien…

    Agacé par ces palabres, Derek lui coupa la parole. Si vous voulez que je vous comprenne, soyez clair.

    Le Dr Liem vint au secours de son supérieur. Ne le prenez pas mal mais vous n’êtes pas le mieux placé pour traiter ce cas. Votre implication personnelle, vos sentiments obscurcissent sans doute votre jugement.

    Derek le regarda froidement. Mon jugement n’est obscurci en rien. Quels que soient mes sentiments, ils ne me font pas oublier ce que j’ai appris pendant mes années d’études à la faculté de Columbia, laquelle fait partie, dois-je vous le rappeler, des huit prestigieuses universités de l'Ivy League, ainsi que durant les années où j’ai exercé à New-York et à Seattle. La patiente  - il insista à dessein sur ce mot -  est entrée dans le coma à la suite d’un accident. Il doit y avoir une explication rationnelle à cela et je la trouverai avec ou sans votre aide.

    Allons, allons, messieurs, calmons-nous, intervint Halford. Je vais ordonner des examens complémentaires et nous verrons bien si cela donne quelque chose.   

    Liem acquiesça d’un énergique signe de tête. En désespoir de cause, nous pratiquerons une craniotomie. C’est bien le diable si nous ne trouvons rien, une fois sur le terrain.

    Derek n’apprécia pas du tout la façon dont son confrère parlait de la femme de sa vie, comme s’il s’agissait d’un terrain expérimental. Ce ne sera pas la peine.

    Halford et Liem se regardèrent à nouveau, avec perplexité cette fois. Que voulez-vous dire ?

    Vous ne devrez pas opérer, précisa Derek. Je vais demander notre rapatriement à Seattle.

    Le chef du service neurologie ouvrit de grands yeux. Mais enfin, c’est inutile. Notre clinique dispose d’un matériel de pointe comme vous en avez sur le continent. Quant à notre personnel, il est tout aussi compétent que celui du Seattle Grace Hospital, je peux vous l’assurer, ajouta-t-il, vexé qu’on puisse remettre son talent chirurgical en cause.

    Je n’en doute pas. Néanmoins, je veux rentrer à Seattle, s’entêta Derek.

    Donnez-nous au moins une raison valable.

    S’il faut opérer Meredith, je veux le faire.

    Halford sursauta. Vous plaisantez ? C’est contraire à toute déontologie. Vous ne pouvez pas opérer la personne avec laquelle vous avez une relation amoureuse !

    Liem abonda dans son sens. D'expérience, je sais qu’il est hasardeux, voire dangereux, de mélanger l'intérêt que l'on porte à quelqu'un et l’aide médicale que l'on peut lui apporter. Il faut être très fort moralement. Compte tenu des circonstances, je ne suis pas sûr que vous soyez dans cet état d’esprit pour le moment.

    Derek opina de la tête. Je comprends vos réserves. C’est pour ça que je dois rentrer à Seattle. Là-bas, je pourrai faire ce que j’ai à faire.

    Si on vous laisse entrer au bloc – Halford s’emporta – alors, c’est qu’ils sont inconscients, à Seattle ! Vous n’êtes pas en état d’opérer. Votre façon de réagir le prouve.

    Quoi qu’il en soit, nous rentrons à Seattle, répéta Derek sur un ton glacial.

    Halford hocha la tête. Je ne peux pas le permettre. Je suis désolé de vous dire ça mais je crois savoir que, légalement, vous n’avez aucune autorité pour prendre des décisions concernant cette personne.

    Les yeux de Derek lancèrent des éclairs. Un simple coup de fil et le père de la patiente m’accordera tous les pouvoirs. Mais en attendant, nous perdons du temps. Vous feriez mieux de me faire apporter les documents de décharge et de prendre les dispositions pour le rapatriement sanitaire. Après avoir consulté du regard son collègue, le Dr Halford haussa les épaules et marqua son accord d’un bref signe de tête.


  • Commentaires

    1
    Nolcéline 97234
    Vendredi 9 Octobre 2015 à 22:31

    Bonsoir à tous, que Derek veuille rentrer à Seattle ça je peux comprendre mais qu'il l'opère non je suis du même avis que  ses confrères pour toutes les raisons qu'ils ont invoquées et j'espère que Richard ne le laissera pas faire no Bon vendredi soir et bon week-end à tous. 

    2
    sammy
    Vendredi 9 Octobre 2015 à 23:51

    De toute façon,il vaut mieux être dans un endroit que l'on connait. Les collègues de Derek sauront quoi faire et surtout ils ne le laisseront pas opérer Meredith car il n'est pas en état de le faire.

    3
    llindagr54
    Samedi 10 Octobre 2015 à 17:37
    Oh je viens de rattraper mon retard.
    Et je reviens quand Meredith se trouve dans le coma. J'espère que ca va aller mieux et vite.
    J'espère aussi que les médecins donneront leurs accord pour la transférer à Seattle.

    En tout cas ce n'est pas de chance que ça luk arrive pendant leurs 1ere vacances.
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :