Derek se pencha au-dessus de la balustrade de l’escalier. Bébé, tu viens ? Ma sœur doit partir. Meredith apparut tout de suite, ce qui amena Derek à penser que, contrairement à ce qu’elle avait dit, elle n’avait ni repassé, ni révisé, mais qu’elle était restée cachée dans le couloir pour écouter leur conversation, et peut-être pour venir à son secours au cas où la discussion aurait dégénéré. Il n’y avait qu’à voir la façon dont elle le regardait pour comprendre qu’elle était inquiète pour lui. Il lui sourit pour la rassurer. Tout va bien, lui murmura-t-il à l’oreille quand elle fut près de lui. 

Je vous le rends, déclara Lizzie. Et je m’excuse encore d’être venue sans prévenir et d’avoir gâché votre soirée.

La soirée n’est pas terminée, vous n’avez rien gâché du tout, la rassura Meredith.

Malheureusement, nous n’avons pas pu vraiment faire connaissance, déplora Lizzie. J’espère que nous en aurons l’occasion un jour.

Je l’espère aussi, répondit prudemment Meredith, ne sachant pas quelles étaient les intentions de Derek au sujet de sa sœur. Son silence lui indiqua qu’elle avait raison de ne pas s’avancer.

A bientôt, Meredith. Lizzie prit la jeune fille dans ses bras avant de faire la même chose avec son frère. Ça m’a fait plaisir de te revoir et je suis contente qu’on ait pu se parler. On aurait dû faire ça beaucoup plus tôt.

Oui, c’était bien, dit sobrement Derek. Sa sœur allait ouvrir la porte quand il lui posa la main sur l’épaule, ce qui la fit se retourner vers lui. Et si jamais il meurt sur ma table d'opération ? Il m'a quand même donné la vie. Je ne veux pas être celui qui lui enlève la sienne, Liz.

Elle lui sourit. Ça n’arrivera pas. Tu es le meilleur. C’est ce que Papa m’a dit en tout cas. Et je crois qu’il s’y connait plutôt bien dans ce domaine.

Elle est vraiment très forte, déclara Meredith une fois que la porte se fut refermée sur Lizzie.

Derek sembla intrigué. Pourquoi dis-tu ça ?

Meredith haussa les sourcils avec un air un peu dédaigneux. Ce qu’elle vient de dire sur ton père… Si ça, c’est pas pour te convaincre de l’opérer ! Parce que c’est pour ça qu’elle est venue évidemment.

Derek fit une petite moue. Peut-être. Je ne sais pas. Je crois qu’elle voulait surtout connaitre la vérité sur son état.

Mais elle t’a quand même dit qu’il avait été un bon père pour elle et ta sœur et qu’elle n’était pas prête à le voir partir, répliqua Meredith. Elle a joué sur la corde sensible.

Derek comprit qu’elle était inquiète. Bébé, quoi qu’elle ait pu dire, ça n’influencera pas ma décision, promit-il.

L’impression qu’il n’était pas totalement sincère et même qu’il sous-estimait quelque peu son intelligence, énerva Meredith qui lui jeta un regard sombre. Allons Derek, je ne suis pas idiote. Ce que tu lui as dit juste avant qu’elle s’en aille, que tu ne veux pas être celui qui tue son père, ça prouve que tu envisages de l’opérer.

Oui, bien sûr, et je ne te l’ai jamais caché, se défendit-il. Mais comme tu le dis, j’en suis encore au stade où je ne fais que l’envisager. Il vit que cela ne la rassurait aucunement. Ne t’inquiète pas, chérie. Je te promets que je ne prendrai pas de risques inutiles et que je ne mettrai jamais notre couple en danger, pour personne. Même pas pour ma sœur et certainement pas pour mon père. Mais je suis un médecin, un chirurgien, et mon rôle est de sauver autant de vies que je le peux, même s’il s’agit de la vie d’une personne que je n’apprécie pas du tout. Surtout si je suis le seul à pouvoir le faire. C’est mon devoir. Mais je ne pratiquerai cette intervention que si je suis certain à 1000% de la réussir, conclut-il. 

Alors, tu ne la feras pas, riposta sèchement Meredith en oubliant toutes ses bonnes résolutions de ne pas tenter de l’influencer. Parce qu’il n’y absolument aucun moyen que tu aies une telle certitude. Et si tu la fais quand même, c’est que tu es fameusement orgueilleux. Encore plus que ce que je croyais. Et franchement, ça me dérangerait de me rendre compte que je sors avec un petit connard arrogant. Elle reprit l’escalier avec un visage fermé.

Un petit connard arrogant ? Sérieusement Meredith ? cria Derek, ulcéré. Et tu te casses en plus ? La jeune fille ne réagit pas. Tu fais vraiment chier, là !

C’est réciproque !

En l’entendant claquer une porte, Derek poussa un grognement sonore, non seulement parce qu’il était terriblement contrarié par le comportement de sa compagne, mais surtout parce qu’il pressentait qu’il serait celui qui ferait le premier pas pour sortir de cette situation qui le rendait déjà malheureux. Et elle ose dire que je suis orgueilleux, putain ! grommela-t-il. Je ne suis pas un petit connard arrogant, vociféra-t-il ensuite pour que Meredith l’entende. Bien entendu, il n’obtint aucune réponse ce qui ne l’étonna pas mais le mit en rage. Putain, qu’est-ce que j’étais bien quand j’étais pas amoureux ! hurla-t-il.