• CHAPITRE 116

    C’est fou, chuchota Meredith. On ne se connaît pas depuis longtemps mais c’est la première fois que je me sens totalement en confiance avec un homme. Je suis bien avec toi, parce que je sens que tu ne veux pas profiter de moi. J’ai confiance en toi, répéta-t-elle avant de se lover contre le chirurgien en soupirant d’aise.

    Les paroles de Meredith atteignirent Derek de plein fouet. Tout cela allait bien trop loin. Certes, son attirance pour elle n’avait pas disparu, et son désir n’était pas mort, loin de là. Mais avait-il le droit de détruire toutes ses illusions et de l’abîmer ? La phrase de Callie se mit à résonner dans votre esprit. Mais une fois que tu auras joué au grand initiateur, que se passera-t-il, Derek ? Que se passera-t-il après ? Il sut qu’il devait mettre fin à la mascarade. Walter avait à peine déposé leurs verres sur la table que Derek vidait le sien d’un trait. On y va, dit-il d’un ton qui ne souffrait aucune contestation. Je te ramène chez toi. Il se mit debout. Surprise, Meredith reposa le verre auquel elle n’avait pas eu le temps d’y toucher et se leva pour le suivre. Ils n’échangèrent plus un mot jusqu’à la sortie.

    Le silence se prolongea durant le trajet. Alors que la voiture parcourait les rues à toute allure, Meredith jeta de fréquents coups d’œil au chirurgien, en se demandant quelle était la raison de son changement d’attitude. Bien sûr, il était resté poli et même attentionné, lui ouvrant les portes et s’effaçant pour la laisser passer, mais il était évident qu’il évitait de croiser son regard ou d’avoir un contact physique avec elle. Il agissait comme si elle n’était pas là.

    Se rendant compte que son mutisme était pesant, Derek alluma la radio au moment où commençait la diffusion du dernier succès de James Blunt, "Goodbye my lover". Il lui fallut quelques secondes pour réaliser ce que la chanson racontait*. Enervé, il appuya sèchement sur le bouton pour changer de chaine. Le hasard fut plus conciliant puisqu’il les amena sur un bulletin d’informations auquel ils ne prêtèrent attention ni l’un ni l’autre. C’est avec un grand soulagement que Derek tourna dans la Mason Street. Quand il eut garé la voiture devant la maison, Meredith ne bougea pas, regardant droit devant elle, attendant désespérément un geste, un mot de sa part. Il la sentit désarçonnée par son comportement, inquiète, se demandant ce qui s’était passé. Lui, il le savait, tout comme il savait qu’il n’y aurait plus jamais de rendez-vous, de tentative de séduction, de sourires charmeurs ou de conversations ambiguës. Il le savait, elle devait le savoir aussi. Meredith, commença-t-il, les mains crispées sur le volant. Il se tut aussitôt ne sachant comment lui parler sans lui faire de mal.

    Angoissée, Meredith se tourna vers lui, l’estomac noué. J’ai fait quelque chose qu’il ne fallait pas ? demanda-t-elle d’une petite voix.

    Non, non, répondit immédiatement Derek. Non, ce n’est pas toi, c’est moi… C’est seulement moi, je te promets. Il la regarda enfin, avec un petit sourire désolé. Je ne suis pas quelqu’un pour toi… Déjà, mon âge. Tu as vingt ans, moi trente-cinq, je suis trop vieux. Et puis… je suis désabusé, cynique. Je ne crois plus à grand-chose, et surtout pas à l’amour. Il détourna le regard pour ne plus voir les yeux embués de larmes de la jeune fille. Toi, tu mérites un type qui y croit encore.

    Mais tu disais…

    Il lui coupa la parole. Oui, j’ai dit des tas de choses. Toutes n’étaient pas vraies. Le visage de Meredith se décomposa. Elle se planta les ongles dans les mains pour s’empêcher d’éclater en sanglots devant lui. Je ne suis pas un mec bien, Meredith, insista-t-il, mais je sais quand je dois m’arrêter. Et là… je ne peux pas continuer, ce ne serait pas honnête vis-à-vis de toi. Il lui fit un sourire qu’il voulait réconfortant. Un jour, tu rencontreras un gentil garçon, qui te méritera. Je ne suis pas celui-là… Je ne te mérite pas… Maintenant, tu m’en veux, mais un jour tu comprendras et tu m’oublieras. De toute façon, je ne vaux pas la peine que tu te souviennes de moi. Il s’attendait à des cris, à des pleurs, à des supplications mais il n’y eut rien de tout ça. Très digne, sans un mot, Meredith ramassa son sac qui était à ses pieds et mit la main sur la portière. Pour la première fois de sa vie, Derek se dit qu’il aurait préféré faire face à une crise de colère plutôt qu’à ce silence. Je suis désolé, ajouta-t-il encore, dans l’espoir de susciter une réaction. Il ne put supporter le regard qu’elle posa alors sur lui. La tristesse, la douleur, la colère, le mépris, tout y était. Quand elle ouvrit la portière, Derek chercha à la retenir, sans trop savoir pourquoi. Meredith… Meredith, allez… Il posa la main sur son bras. On pourrait rester amis, non ? Elle sortit du véhicule sans lui répondre.

    Derek la regarda disparaître derrière la porte de la grande maison. Il avait un poids sur l’estomac et prit une profonde inspiration dans l’espoir de l’enlever. Peine perdue. Il aperçut son reflet dans le rétroviseur et ne put affronter son regard. En cet instant, il se méprisait. Il avait cassé les rêves d’une gentille fille, uniquement par jeu, un jeu dont il avait l’impression d’être le seul perdant. Il redémarra et traversa la ville comme un fou. Il ne s’arrêta qu’une fois arrivé devant une demeure cossue de Pacific Heights. Il sonna à la porte que Callie vint lui ouvrir en robe de chambre. J’ai besoin de toi, lui dit-il sèchement.

    Callie remarqua qu’il affichait la mine des mauvais jours. Derek… ça ne va pas ? Il entra, en passant devant elle sans rien dire. Derek, dis-moi ce qui se passe ? C’est à cause de Mer…

    Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’il lui jetait un regard presque haineux qui la surprit. Je ne suis pas venu pour parler, Cal. Il mit le pied sur la première marche de l’escalier qui menait à l’étage. Alors, tu viens ou il va falloir que j’aille tirer mon coup ailleurs ?

     

    *Traduction de "Goodbye my lover"


  • Commentaires

    1
    Nolcéline 97234
    Mercredi 8 Octobre 2014 à 21:24

    Bonsoir à tous, pauvre Meredith elle qui pensait avoir trouvé un type extraordinaire et voilà qu'en quelques minutes non seulement Derek lui fait perdre toutes ses illusions mais aussi lui brise le cœur en lui avouant qui il est vraiment frown

    Eh oui Meredith comme il le dit lui-même il n'est pas un mec bien!!!! Bonne soirée à tous.

    2
    sammy
    Mercredi 8 Octobre 2014 à 21:58

    Derek a fait de la peine à Meredith mais au moins il a été franc avec elle en lui avouant que ce n'était pas homme pour elle. Elle a perdu ses illusions et en retrouvera d'autres.

    3
    Valerie
    Jeudi 9 Octobre 2014 à 12:36

    Derek a raison sur un point : il n’est pas un mec bien et il ne mérite pas Meredith. no

    Mais j’ai peur qu’il ne soit trop tard, elle est déjà amoureuse de lui, c’est évident, elle souffre mais reste digne.

    A cet instant, je te déteste Derek Shepherd, je te déteste d’avoir brisé le cœur de cette adorable jeune fille. aww

    4
    Eoline
    Jeudi 9 Octobre 2014 à 14:57

    Dommage que Meredith n'entende pas les paroles qu'il adresse à Callie, ce serait tellement plus facile pour elle de l'oublier.


    Pourvu que Callie l'envoie promener, non mais ce n'est pas des façons de parler! Au moins Mark y met plus de forme.

    5
    Béné
    Jeudi 9 Octobre 2014 à 21:53

    Finalement, même si c'est bien trop tard, Derek a la bonne réaction, ce n'est pas un mec bien et encore moins l'amoureux qu'il faut à Meredith! Mais d'accord avec cousine Valérie, c'est trop tard, elle l'aime et sera sans aucun doute dévastée par son attitude...

    6
    van
    Vendredi 6 Février 2015 à 11:44

    C' est bien qu' il se soit arreter la! Meredith souffre mais au moins elle n' aura pas fait de bêtise. Quand à lui...Pfff se taper Callie ??? Arghhh je suis écoeuré !!!

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