• CHAPITRE 1130

    Derek déposa sa fourchette sur son assiette à dessert et se laissa aller contre le dossier de sa chaise. Je n’en peux plus ! s’exclama-t-il en posant ses deux mains sur son ventre supposé être rebondi. J’ai mangé comme un ogre. Anne, vous êtes la meilleure cuisinière que je connaisse. Je serais prêt à me damner pour vos cakes au crabe.

    Merci, mais c’était un diner tout simple pourtant, assura Anne que le compliment avait fait rougir.

    Vous êtes trop modeste, estima Derek. Il y avait très longtemps que je n’avais plus aussi bien mangé et je ne dis pas ça pour vous flatter.

    Meredith émit un petit rire. Ah ça, tu peux en être sûre. La flatterie, c’est vraiment pas son genre.

    Derek la regarda en souriant et lui prit la main pour la poser sur sa cuisse. Toi, ton crumble était une vraie tuerie. La jeune fille se serra contre lui. Elle était aux anges. Tout compte fait, le diner s’était parfaitement déroulé. Ellis n’avait plus fait que de brèves apparitions au cours desquelles elle n’avait plus prêté la moindre attention à Derek. Ce dernier avait fait honneur aux plats d’une façon qui avait ravi la maitresse de maison autant qu’elle avait étonné Meredith – elle ne l’avait jamais vu manger autant et de si bon appétit. Le vin et la bonne chère aidant, il s’était détendu et avait fini par se comporter tout à fait naturellement. Il s’était même enhardi à interroger Anne sur la petite fille et l’adolescente qu’avait été Meredith. Quelques anecdotes les avaient fait rire aux éclats. De son côté, il avait répondu de bonne grâce aux quelques questions qu’Anne lui avait posées sur sa jeunesse - tout en évitant soigneusement le sujet de la famille, ce qu’il avait apprécié – et sur son métier. Anne avait ainsi découvert un homme charmant et plein d'humour, mais aussi bien moins sûr de lui qu'elle l'avait cru et très sensible. Lorsque mère et fille s’étaient retrouvées en cuisine, Anne avait confié à Meredith qu’elle commençait à apprécier son petit ami. En tout cas, elle comprenait mieux pourquoi sa fille était tombée aussi follement amoureuse de lui. La soif d’absolu de Derek ne pouvait que plaire à l’idéaliste qu’était Meredith. Il y avait en outre chez lui un très séduisant mélange de force, de maturité qu’on ne pouvait que trouver rassurante, et de fragilité, un côté presqu’enfantin qui aurait éveillé l’instinct maternel chez la plus dure des femmes.

    Que diriez-vous d’un petit café ? proposa Anne à son invité.

    Ah volontiers ! Rien de tel après un bon repas. Anne n’était pas encore sortie de la pièce que Derek se tournait vers sa petite amie et déposait un baiser sur le bout de son nez. Maintenant, je sais d’où tu tiens tes talents de cuisinière.

    Oh je ne suis pas encore aussi douée qu’elle, reconnut Meredith. Mais j’y travaille.

    Finalement, ça va être assez sympa de sortir avec toi, plaisanta Derek.

    Ouais, ben, si tu espères que je vais te faire des diners comme ça tous les jours, tu rêves, rétorqua Meredith.

    Houlà ! Tu te rebelles déjà ? Je ne sais pas si je vais te garder, riposta Derek dont le regard tendre démentait tout envie de rupture.

    Les amoureux tournèrent la tête en entendant Ellis qui s’asseyait à la table. Tu veux du crumble aux myrtilles, Tante ? proposa Meredith. C’est moi qui l’ai fait.

    C’est bon, les myrtilles ? demanda Ellis comme si elle n’en avait jamais mangé.

    Mais tu le sais bien, voyons, répondit Anne qui revenait avec le café. Tu adores les myrtilles.

    Meredith coupa un gros morceau de gâteau et le déposa sur une assiette qu’elle présenta à sa tante. Celle-ci prit la pâtisserie à pleine mains et mordit dedans avec appétit. Elle hocha la tête. Mmm oui, c’est bon, dit-elle, la bouche encore pleine, n’attendant pas pour mordre une seconde fois dans le crumble.

    Ne mange pas si vite, recommanda Anne. Tu as le temps.

    Y en a encore ? s’inquiéta sa belle-sœur.

    Mais oui, regarde, dit Meredith en lui montrant le reste du crumble.

    Ellis hocha la tête d’un air satisfait. Cependant, après une troisième bouchée, elle renonçait déjà au dessert. Elle promena son regard absent autour d’elle, ne semblant prêter attention à rien jusqu’à ce qu’elle se fixe sur Anne qui versait le café dans les tasses. Elle suivit des yeux le mouvement du bras qui se tendait vers Derek pour lui donner sa tasse et ce fut alors qu’elle remarqua la présence du médecin. Oh vous êtes là ? minauda-t-elle.

    Oui, Madame, et j’espère que cela ne vous contrarie pas, dit prudemment Derek que l’air subitement amical d’Ellis ne rassurait pas, que du contraire.

    Ellis l’enveloppa d’un regard charmeur, presque coquin, qui la rajeunit considérablement. Je sais ce que vous attendez de moi mais je ne peux pas ! Vous ne pouvez pas me demander ça.

    Très bien. Alors, je ne demanderai rien, promit Derek en souriant. Ça n’a pas d’importance. Il porta la tasse de café à ses lèvres en attendant avec méfiance la suite des évènements.  


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