• CHAPITRE 1048

    Meredith se renfrogna avant de hausser les épaules. Rien d’important.

    Dis-moi quand même, la pria gentiment Derek en nouant ses jambes autour des siennes.

    Elle souffla légèrement. Elle te trouve trop compliqué, trop tourmenté. Enfin, ce genre de trucs.

    Je parie qu’elle a dit que j’étais trop vieux aussi.

    Sachant que sa mère avait abordé le sujet avec Derek, Meredith ne chercha pas à travestir la vérité. Oui, elle me l'a dit. Mais c’est n’importe quoi ! martela-t-elle avec force.

    Non, elle a raison, estima Derek. Je suis trop vieux pour toi.

    Irritée, Meredith leva les yeux au ciel. C’est ridicule ! Tu n’es pas si vieux que ça tout de même.

    Aujourd’hui non mais… Quand j’aurai cinquante ans, tu n’en auras que trente-cinq et – Derek soupira fortement – c’est quelque chose qui me fait peur quand j’y pense. Il repoussa son assiette sur le côté.

    Eh bien, n’y pense plus ! conseilla Meredith sur un ton qu’elle aurait voulu léger mais qui ne parvint pas à cacher qu’elle était excédée.

    Ce n’est pas parce que tu fais l'autruche que ton problème disparait, objecta Derek avec calme.

    Mais quel problème ? s’emporta Meredith en déposant ses couverts sur la table. Il n’y a pas de problème. Pas pour moi en tout cas. Je t'aime et je suis bien avec toi, assura-t-elle. Moi, je n’ai jamais ressenti notre différence d'âge, que ce soit physiquement ou mentalement. Et toi ? Tu trouves que je manque de maturité parfois ?

    Derek la tranquillisa immédiatement. Pas du tout. Au contraire. Je trouve que la plupart du temps, tu fais preuve de bien plus que maturité que la plupart des femmes que j'ai connues, et certainement plus que moi.

    Bon alors, il est où le problème ? l'interrogea encore la jeune fille. Moi, quand je te regarde, je ne me dis pas, oh il a quinze ans en plus que moi. Je ne pense jamais à ton âge. C'est quelque chose que je n'ai jamais pris en compte et ça m'étonnerait que je le fasse un jour.

    Tu dis ça maintenant mais…

    Derek ! Elle leva la main pour le faire taire avant de prendre une longue inspiration. Un jour… je venais à peine d’arriver à San Francisco. J’étais en train de nettoyer la boutique et… il y a eu cette voiture de sport qui s’est arrêtée devant et un homme en est sorti. Je ne le connaissais pas mais il avait une telle prestance que je n'ai pas pu arrêter de le regarder. C'était le plus bel homme que j'avais jamais vu. Elle se mordilla la lèvre inférieure. Elle se souvenait encore parfaitement de son impression et de la façon dont son cœur s’était emballé ce jour-là. C’était toi. Derek sourit. Tu as acheté quelques magazines à Alex et après, tu es remonté dans ta voiture en sautant par-dessus la portière. Elle le regarda, émue. Pour moi, même quand tu seras vieux, chauve et ventripotent, tu seras toujours l’homme magnifique que j’ai vu sauter au-dessus de sa portière, ce jour-là, devant la boutique. Elle lut dans les yeux de son amant qu’il éprouvait la même émotion qu’elle et cela l’attendrit. C’est comme ça quand on aime. Quand on aime vraiment. On ne vieillit jamais aux yeux de l’autre.

    Derek tendit le bras au-dessus de la table pour lui prendre la main. Ça m’étonnerait que je devienne chauve et je peux éviter de devenir ventripotent, plaisanta-t-il, mais… – son petit sourire s’effaça – il y a des choses… Il y eut un moment de flottement avant qu’il se décide à lui dire ce qui le tourmentait. Viendra un jour où je ne serai plus l’homme que je suis maintenant.

    Meredith l’interrompit en levant les yeux au ciel Moi aussi, je vais changer. On va tous vieillir. C’est la vie !  

    Oui, mais je serai vieux avant toi et je ne serai plus aussi – Derek hésita sur le terme à utiliser – je ne serai plus à la hauteur. Meredith fronça les sourcils. Je ne pourrai plus satisfaire tous tes besoins, conclut Derek.

    Meredith écarquilla les yeux. Sexuellement ? C’est de ça dont tu parles ? Il fit signe que oui. Tu dis des conneries, laissa-t-elle tomber avec dédain.

    Non, ce ne sont pas des conneries ! protesta-t-il. C'est un fait. Et le sexe, c’est important. Et dans vingt ans, je serai vieux et toi, tu seras en pleine fleur de l’âge et je ne pourrai plus… Il déglutit péniblement. Je ne pourrai plus te satisfaire, répéta-t-il, la voix soudain plus éraillée. Plus de la même façon. Plus comme tu en auras besoin ou envie. Il détourna le regard pour lui dissimuler son trouble.

    Meredith resta pantoise, prenant subitement conscience que leur différence d’âge posait un réel problème à son amoureux. C’est ma mère qui t’a mis tout ça en tête ? s'enquit-elle d’une voix douce.

    Oh non, soupira-t-il. J’y pense depuis longtemps et l’idée que tu puisses un jour me quitter parce que… 

    Arrête, supplia Meredith en se levant pour aller s’asseoir à côté de lui. Arrête. Elle posa la main sur la joue de Derek pour l’obliger à la regarder. Je suis sûre que tu arriveras toujours à me combler comme maintenant et même, si jamais… je ne te quitterai pas. Jamais ! Je t’aime pour bien d’autres choses que le sexe, des choses que le temps ne pourra jamais changer.


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