• CHAPITRE 1036

    Et quand Meredith voyait son petit ami se démener comme un beau diable pour sauver la vie d’une petite fille, elle ne pouvait que se féliciter d’avoir rencontré un homme aussi exceptionnel. Quant aux erreurs qu’il avait commises, elle en connaissait maintenant la raison, ce qui les rendait bien plus faciles à pardonner. Il m’a parlé de sa mère, laissa-t-elle tomber sans cesser d’observer ce qui se passait en bas.

    Je sais. Il me l’a dit ce matin, lui révéla Mark. En effet, Derek avait confié à son ami, entre deux portes, qu’il s’était enfin décidé à évoquer son passé avec Meredith. Il avait été peu disert, se bornant à dire qu’il lui avait parlé d'Abigail et de sa mère. Cela avait suffi à Mark. Point besoin d’entrer dans les détails. Il savait tout ce que cela impliquait.

    Meredith se tourna vers lui avec une expression désapprobatrice. Pourquoi tu ne m’as rien dit ? J’aurais sans doute réagi différemment si j’avais été au courant de tout ce qu'il avait subi.

    Mark ouvrit de grands yeux, étonné qu’elle puisse le blâmer pour ce qui lui semblait une évidence. Il m’avait fait jurer de ne jamais en parler à personne. Et puis, ce n’était pas mon histoire, Mer, mais la sienne. Il n’y avait que lui qui pouvait te la raconter. Avec moi, ça n’aurait pas eu le même impact.

    Meredith l’approuva d’un signe de tête. Il avait raison. Lorsque Momsy lui avait raconté ce qu’elle savait de l’histoire de Derek, elle avait été touchée, bien sûr, mais cela n’avait pas suffi à la ramener vers lui. Ce n’était qu’en écoutant Derek, en voyant son émotion, qu’elle avait perçu toute l’étendue du drame qu’il avait vécu. Je peux te poser une question ?

    Dis toujours…

    Comment il a fait pour s’en sortir sans sa famille ? Mark ouvrit la bouche mais Meredith enchaîna directement avec une autre interrogation. Il a fait comment pour ses études ? L’argent, je veux dire. Et il a vécu où ?

    Tu as dit une question, se moqua gentiment Mark avant de lui répondre. Quand son grand-père est décédé, il lui a laissé de l’argent. Un joli petit pactole, précisa-t-il en guettant la réaction de Meredith. Celle-ci resta impassible. Il poursuivit donc. Derek en avait hérité à sa majorité. Quand il a rompu les ponts avec son père, ça lui a permis de se débrouiller sans rien devoir demander à personne.

    Quelle chance ! s’écria Meredith. 

    L’argent est vraiment le seul avantage qu’il ait retiré de sa famille, lui fit remarquer Mark, un brin amer qu’elle les considère encore comme des fils de riches pour qui la vie avait été facile. Je crois qu’il pouvait avoir au moins ça.

    Elle prit immédiatement conscience du manque de tact dont elle venait de faire preuve. Oui, oui, bien sûr. Je suis désolée, ce n’est pas ce que je voulais dire. Elle semblait tellement navrée que Mark s’en voulut d’avoir été aussi sec avec elle. Il s’excusa d’un sourire et elle se sentit autorisée à continuer son interrogatoire. Tu connaissais bien ses parents, je suppose. Il fit signe que oui. Son père, il était comment ?

    Un neurochirurgien très brillant, vraiment, mais en tant qu’homme… Le dégoût s’inscrivit sur le visage de Mark. Un mari infâme, un père exécrable et vraiment un sale type. Il se tut un instant et jeta un œil distrait à l’opération qui semblait se dérouler sans encombre. Il a couché avec ma mère, lâcha-t-il soudain. Il se redressa et planta ses yeux dans ceux de Meredith. Le père de Derek, il a couché avec ma mère.

    Tu es au courant ? balbutia-t-elle, totalement médusée.

    Le regard de Mark traduisit sa stupéfaction. Toi aussi manifestement !

    Ta grand-mère me l’a dit mais elle m’a fait promettre de ne pas vous en parler, lui avoua Meredith, un peu contrariée de ne pas avoir réussi à donner le change. Elle croyait que vous n'étiez pas au courant.

    On l’a toujours été. On les a aperçus en ville un jour et… Mark haussa légèrement les épaules.

    Je suis vraiment désolée. Meredith se rapprocha de lui et s’agrippa à son bras tout en posant la tête contre son épaule.

    Oh tu sais… Il embrassa légèrement la chevelure de son amie. Lui ou un autre, ça ne changeait rien pour moi et ça ne changeait rien pour Derek. Ma mère, son père, ils étaient pareils. Ils ne respectaient rien. Il se souvenait parfaitement de cet après-midi de printemps où, alors qu'ils se promenaient en ville, ils avaient vu leurs parents sortir d’un hôtel. Cela ne les avait pas particulièrement choqués. Au contraire, ils en avaient plaisanté, se demandant avec cynisme s’il s’agissait d’une première fois ou d’une répétition. On n’a pas fait de vagues. On s’est tu, pour épargner Momsy. Il se sentit subitement tout attendri. Mais donc, elle le savait.

    Meredith se redressa. Oui. Elle les avait surpris un jour, chez toi

    Oh alors, elle a dû leur faire connaitre sa façon de penser, supposa Mark avec un sourire moqueur.  

    Oui, à grands coups de canne, sûrement ! Mark se mit à rire et Meredith l’imita, heureuse de constater que le temps semblait faire son œuvre. Le souvenir de Momsy devenait moins douloureux.  


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