• CHAPITRE 1026

    Derek accusa le coup sans broncher. Oh mais si ça peut vous rassurer, elle ne l’a pas accepté ! assura-t-il. Quand elle l’a appris, elle m’a immédiatement quitté. Après avoir hésité un instant, il renonça à s’installer derrière son bureau et s’assit sur une des chaises réservées à ses visiteurs. La mère de Meredith mettait suffisamment de distance entre eux pour qu’il n’en rajoute pas.

    Mais vous avez réussi à la faire changer d’avis ! tempêta-t-elle. Vous l’avez embobinée.

    C'est faux, je ne l'ai pas embobinée, protesta Derek.

    Anne ne le laissa pas poursuivre sa défense. Allons donc ! Ma fille est jeune et sans expérience. Elle est naïve. Vous, vous avez la parole facile, lança-t-elle comme une accusation. Ça n’a pas dû être compliqué pour vous d’obtenir d’elle ce que vous vouliez.

    Pas compliqué ? Derek émit un petit rire plus ironique qu’il ne l’aurait souhaité. Si vous le pensez vraiment, alors, c’est que vous connaissez très mal votre fille.

    Frappée de plein fouet par ce qui lui sembla être une évidence, Anne s’affaissa dans le canapé. C’est ce que je crains, soupira-t-elle. Comment ma petite fille a-t-elle pu accepter de vous donner une seconde chance après ce que vous lui avez fait ?

    Derek réfléchit un petit instant avant de lui donner son avis. Sans doute parce que, malgré ce que je lui avais fait, malgré tout, elle a toujours su que je l’aimais sincèrement.

    Vous l’aimez ? interrogea Anne avec une once de suspicion dans la voix. Derek opina de la tête. Alors pourquoi l’avoir trompée ? l’attaqua-t-elle.

    Parce que j’étais un imbécile, reconnut-il sans détours. Et aussi, parce que j’ai vécu des choses dans ma vie qui ont fait que je ne croyais plus en rien, et certainement pas en l’amour. Il était conscient que ses arguments étaient pitoyables et qu’ils ne suffiraient pas à convaincre Anne.

    Il ne se trompait pas. La mère de Meredith ouvrit de grands yeux scandalisés. Donc, parce que vous avez souffert dans votre passé, vous avez voulu vous venger sur ma fille ? C’était à dessein qu’elle précisait à chaque phrase que Meredith était sa fille. Premièrement, cela lui donnait l’impression qu’elle avait encore une influence à exercer. Ensuite, c’était sa façon de dire à Derek qu’il allait devoir compter avec elle.

    Me venger, non, jamais. Je n’ai jamais voulu lui faire du mal sciemment, soutint-il avec fermeté. Mais elle a payé les pots cassés de mon passé, c’est vrai, et je m’en voudrai jusqu'à la fin de mes jours pour ça.

    Anne le regarda au fond des yeux, comme si elle voulait sonder son âme et savoir à quel point il était sincère. Qu’est-ce qui vous plait chez elle ?

    Un tendre sourire adoucit soudain les traits jusqu’alors tendus de Derek. Tout ! Elle est merveilleuse.

    En quoi ? insista Anne. Quand vous l’avez vue pour la première fois, qu’est-ce qui vous a plu chez elle ?

    Derek se demanda quel effet aurait son franc-parler sur la mère de Meredith. Pourtant, bien que n’ayant pas la réponse, il n'envisagea absolument pas de contourner le problème en déguisant la vérité. Pour être honnête, la première fois, pas grand-chose. Je n’étais pas là pour elle mais pour Izzie. Meredith était… enfin, je l'ai trouvée gentille mais ce n’était pas mon genre.

    Et c’était quoi, votre genre ? se renseigna Anne avec défiance.

    Derek avait l’impression qu’il risquait de ruiner sa vie à chaque phrase et, pourtant, une fois encore, il ne se défila pas. Le genre de fille avec laquelle on aime s’afficher le temps d’une soirée et qu’on largue après l’avoir sautée à l’arrière de la voiture.

    L’homme était un goujat mais Anne devait admettre qu’on ne pouvait pas prendre sa franchise en défaut. Elle sentait qu’il n’éluderait aucune question et qu’elle en apprendrait bien plus sur sa relation avec Meredith, que si elle s’était adressée à cette dernière. Alors, si elle ne vous plaisait pas, qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à elle ?

    Derek se leva pour prendre une bouteille d’eau dans son frigo. Mon meilleur ami m’a mis au défi de sortir avec elle. Un pari stupide. Il versa l’eau dans deux verres.

    Horrifiée, Anne le regarda revenir vers elle. Sortir avec ma fille pour de l’argent ? Cet homme était bien pire que ce qu’elle croyait. Meredith n’était sûrement pas au courant de l’existence de ce pari. Si elle l’avait été, jamais elle ne l’aurait toléré.

    Derek lui tendit un verre. Pas pour de l’argent, la corrigea-t-il. Juste pour le défi. C’était stupide, je vous l’ai dit. De toute façon, je ne l’ai pas fait. Il devança la prochaine question. Parce que quand je l’ai vue, ce soir-là… Il revit Meredith telle qu’elle lui était apparue, en haut des escaliers, magnifique princesse dans sa robe de bal. Il n’a plus été question de pari. Je n’ai pas voulu la séduire pour battre mon ami, mais pour moi. Je la voulais pour moi ! Il alla reprendre sa place sur sa chaise et posa son verre sur son bureau, sans avoir touché à son contenu.

    Vous vous êtes dit qu’elle ferait l’affaire à l’arrière de votre voiture, ironisa Anne avant de boire une gorgée d’eau.

    Oui. Oui, c’est ce que j’ai pensé, admit Derek. Mais il ne s’est rien passé ce jour-là, ni les suivants. Nous avons mis un certain temps pour… Il voulait convaincre la mère de Meredith que le sexe n’était pas l’élément moteur de leur relation mais, en croisant son regard furieux, il comprit qu’il valait mieux ne pas s’étendre sur le sujet.


  • Commentaires

    1
    Mdbailey
    Mardi 24 Septembre 2019 à 20:38
    Il passe un vrai interrogatoire. En tout cas il tiens bon pour le moment...
      • Butterfly
        Mardi 24 Septembre 2019 à 21:28

        Je crois qu'il va tenir bon jusqu'au bout. Il est motivé clown

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