• Le lendemain matin, Mark se réveilla avec un horrible mal de crâne. Il ouvrit péniblement les yeux et se demanda où il était. Il ne reconnaissait absolument pas les lieux. Ce n’est que lorsqu’il s’assit qu’il réalisa qu’il se trouvait dans la caravane de Derek. Il eut un regard circulaire et vit ce dernier qui l’observait avec un brin d’ironie. Mal au crâne sans doute ?

    C’est rien de le dire. Une main plaquée sur le front, Mark avala plusieurs fois de suite sa salive en faisant claquer légèrement sa langue contre son palais, comme s’il voulait la rendre moins pâteuse. Comment ça se fait que je suis ici ?

    Tu avais un peu trop bu, hier. J’ai jugé préférable de te ramener ici plutôt que de te laisser prendre le volant.

    Merci... J’avais besoin de picoler pour faire passer la pilule, se justifia Mark en venant s’installer à la table où se trouvait son ami.

    Et elle est passée ? s’enquit celui-ci. Pour toute réponse, Mark haussa les épaules. Derek se leva pour lui servir une tasse de café. Qu’est-ce tu comptes faire ?

    Rentrer chez moi, prendre une douche, aller au boulot et après ça, dormir ! Mark fit la grimace en sentant les effluves de café venir lui chatouiller les narines. Cependant, il se força à boire une gorgée du breuvage bouillant.

    Derek s’assit en face de lui. Non, je veux dire, avec Addison...

    Rien du tout, bougonna Mark. Elle est partie ! C’est son choix. Je ne peux rien faire d’autre que de le respecter.

    Tu pourrais peut-être l’appeler, suggéra Derek.

    Hors de question, claironna Mark, outré. Si elle avait voulu qu’on se parle, elle l’aurait fait quand elle était encore ici. Elle n’a pas jugé bon de me donner une explication avant, je n’en demanderai donc pas après. C’est fini, classé, oublié.

    Derek ne put s’empêcher de sourire devant ce qui n’était clairement qu’une manifestation de la fierté de son ami. Tu n’es pas très convaincant, Mark. Tu ne peux tout de même pas nier que tu es amoureux d’elle.

    Si ce n’était pas le cas, je ne t’aurais pas trahi, je n’aurais pas couché avec elle et je ne serais pas ici, admit Mark sans difficultés. Mais il ne sera pas dit que Mark Sloan rampe devant une femme, aussi exceptionnelle soit-elle !

    Tu devrais peut-être mettre ton orgueil de côté.

    C’est ce que tu vas faire avec Meredith ? riposta Mark.

    Oh tu sais, mon orgueil, depuis que je suis avec elle… Derek soupira. Je ne peux pas vivre sans elle, Mark. Et il y a quelque chose qui cloche dans ce qu’elle dit… Je ne sais pas ce que c’est mais je vais le trouver.

    Et ça t’avancera à quoi ? persifla Mark.

    A comprendre déjà... A la faire changer d’avis ensuite... Le regard de Derek se perdit dans le vide. Il s’est passé quelque chose qui l’a amenée à rompre avec moi, quelque chose qui n’a rien à voir avec ses sentiments pour moi, je pense. Nous avons discuté juste avant le mariage de Cristina. Je lui ai dit qu’elle était... que je l’aimais et j’ai bien vu qu’elle en était heureuse. Elle a souri, tu vois, dit Derek en prenant son ami à témoin. Mais une heure après, elle n’était plus la même. Je dois savoir pourquoi. Elle me doit bien ça.

    Tu risques d’aller au devant de grandes désillusions, Derek, l’avertit Mark. Elle t’a plaqué. Ça, c’est la réalité. Le pourquoi... ce n’est qu’un détail.

    Désolé mais je ne vois pas les choses comme toi, riposta Derek.

    Si je comprends bien, tu ne te résous pas à la rupture ? insista Mark, perplexe. Tu comptes la récupérer ?

    Derek opina de la tête. Je vais tout faire pour. Je me suis rendu compte... Depuis quelques temps, notre relation n’était plus vraiment au top. J’ai senti qu’elle s’éloignait. J’en ai tellement souffert, si tu savais, confia-t-il, mais je l’ai laissée faire. Au mariage de Burke, je lui ai dit que si elle ne croyait plus en nous, elle devait me libérer... abréger mes souffrances. J’ai eu tort... Je souffre bien plus maintenant. J’en crève, avoua-t-il avec une sincérité qui stupéfia Mark. Ce n’était pas dans les habitudes de Derek Shepherd d’avouer aussi facilement ses faiblesses. Elle est comme l’air que je respire, poursuivit l’intéressé. Elle m’est indispensable. Je ne peux pas vivre sans elle.

    Mark regarda Derek avec un air catastrophé. Eh bien ! T’es encore bien plus mal barré que ce que je pensais.


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  • Cristina arriva dans la cuisine, débordante d’enthousiasme, et y trouva Meredith en tête à tête avec un bol de céréales auquel elle avait à peine touché. Salut. Bien dormi ? Meredith resta muette. Moi j’ai dormi comme un loir, poursuivit Cristina. Izzie et Alex ne sont pas là ?

    Non, ils sont de garde.

    Ah il me tarde d’être au Seattle Grace, s’exclama Cristina en se servant un café. Inciser des patients, extirper des organes, faire des sutures, humer l’odeur du sang… Meredith eut un petit sourire poli. Je suis trop contente de retrouver mon job, déclara Cristina. Comme résidente en plus ! Je me demande si on va déjà pouvoir torturer les nouveaux internes aujourd’hui.

    N’oublie pas que parmi les internes, il y a ce pauvre George, lui rappela son amie.

    Ah tu ne fais que m’allécher là ! Cristina observa Meredith avec attention. Tu n’es pas contente d’être devenue résidente ?

    Meredith haussa vaguement les épaules. Si cela implique que je vais réussir à éviter Derek pendant les cinq années à venir, alors je suis contente.

    Pfft ! Tu en es toujours là ? déplora Cristina. Tu sais, tu dois t’attendre à le croiser tous les jours. Du moment qu’il ne vient pas te harceler ici… Quoi ? Il est venu ! questionna-t-elle quand elle vit la gêne s’inscrire sur le visage de son amie. Quand ? Pourquoi ?

    J’ai pas envie d’en parler, bougonna Meredith.

    Cristina ouvrit de grands yeux scandalisés. Hein ? Tu rigoles ? T’as intérêt à cracher le morceau ou c’est toi que je vais torturer.

    Il est venu chercher ses affaires, c’est tout, expliqua Meredith à contrecœur. Mais ça n’a pas été un moment facile. Il a insisté…

    Et tu as résisté, c’est bien. Cristina fronça les sourcils en entendant sa camarade murmurer un très faible oui. Toi, tu me caches quelque chose. Tu n’as pas résisté du tout, hein ? Vous avez remis ça !

    Meredith prit un air choqué. Nooon ! Enfin – elle rosit légèrement - oui… un peu… dans l’escalier… Ça compte ? demanda-t-elle en toute candeur.

    Un peu ? Dans l’escalier ? répéta Cristina, complètement ahurie. Bien entendu que ça compte !

    Ça ne se reproduira plus, promit sa camarade avec détermination.

    Cristina ricana. Si j’avais dû gagner un dollar à chaque fois que tu as dit ça, j’aurais déjà un fameux magot.

    Cette fois-ci, c’est la vérité, assura Meredith. Je ne veux plus être avec lui… Je veux qu’il sorte de ma vie.

    La grimace que fit Cristina prouva à quel point elle était perplexe. Tu n’en prends pas le chemin.

    C’est juste que quand il est devant moi… et qu’il me regarde… je craque, gémit Meredith.

    Cristina s’attabla devant elle avec sa tasse de café. Il est si doué que ça ?

    Meredith la fusilla du regard. Tu n’espères tout de même pas que je te raconte ses exploits dans les moindres détails ?

    Cristina hocha la tête. Non, non, pas dans les détails… Dis-moi seulement s’il a un gros tu-sais-quoi. Elle eut un petit rire en voyant son amie devenir rouge écarlate. Ben quoi ? Moi je pense qu’il en a un gros. Sinon, pourquoi tu serais aussi dingue de lui ? Mais Izzie dit que celui de George est beaucoup plus gros.

    Qu’est-ce qu’elle en sait ? s’emporta Meredith. Elle n’a jamais vu celui de Derek.

    Cristina s’amusait vraiment beaucoup. Ben justement, toi, tu dois être au courant. Tu as vu les deux ! Quant à Izzie, je crois qu’elle a dû un jour apercevoir McDreamy dans la salle de bains. Et c’est là qu’elle a vu que….

    Oui, eh bien ce qu’elle dit avoir vu devait être au repos, l’interrompit Meredith avec rage. Rien à voir avec tu-sais-quoi quand il est en forme ! Parce que si tu veux tout savoir, oui, Derek a… il est… enfin, la nature l’a gâté à tous points de vue, lâcha-t-elle enfin, au comble de l’énervement.

    Seigneur ! A ce point ! feignit de s’extasier Cristina. Et visiblement il sait s’en servir parce que tes yeux brillent quand tu en parles. Elle fit semblant de réfléchir pendant quelques secondes. Je devrais peut-être l’essayer. Elle écarquilla de grands yeux teintés d’innocence en voyant le regard noir que lui décochait Meredith. Ben quoi ? Tu l’as laissé tomber. Les autres vont pouvoir en profiter maintenant.

    Les autres, oui, pas ma meilleure amie ! riposta une Meredith pleine de hargne.

    Ah parce que ça ne te ferait rien de voir McDreamy avec une autre fille ? demanda Cristina, dubitative.

    Meredith la toisa avec assurance. Désormais il est libre de faire ce qu’il veut avec qui il veut. Peu importe ce que cela me fera, je saurai rester forte !

    Oh oui ça m’en a tout l’air, se moqua Cristina. Il suffit qu’il apparaisse pour que vous fassiez mumuse dans l’escalier. Encore une chance que je n’ai pas débarqué à ce moment-là. Bonjour le traumatisme !

    Meredith sourit en imaginant la scène puis redevint sérieuse. Tu crois que j’y arriverai ? fit-elle d’une toute petite voix.

    À quoi ?

    À ne plus me laisser tenter par lui ?

    Cristina soupira longuement en regardant son amie avec commisération. Meredith, poser la question c’est déjà y répondre. Si tu n’en avais plus rien à faire de ce gars, tu n’aurais pas peur de succomber à ses avances.

    Oh je sais ! geignit Meredith. Je suis trop stupide. Qui est-il après tout ? Un homme, juste un homme.

    Cristina secoua la tête avec un air entendu. Oui mais un homme avec un gros tu-sais-quoi !

    Cristina ! couina Meredith.

    Ben quoi ? C’est toi qui l’as dit !


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  • Meredith parcourut les couloirs du Seattle Grace en rasant les murs et en priant pour ne pas rencontrer Derek. Elle parvint sans encombre dans les vestiaires sous les moqueries de Cristina. Elles étaient en train de revêtir leurs tenues lorsque Miranda Bailey entra dans la pièce. Grey, vous êtes avec le Dr Sloan, Yang avec le Dr Shepherd.

    Pendant que Bailey continuait à répartir les emplois, Cristina se pencha vers Meredith. Décidément, j’ai trop de chance, lui murmura-t-elle. Il va passer son temps à me questionner sur toi, tes intentions et tes motivations.

    Tu n’as qu’à lui dire que tu n’en sais rien, répliqua Meredith, soulagée d’avoir échappé au pire. Après avoir fait un dernier signe à son amie, elle se dépêcha de rejoindre Mark qu’elle trouva en train de donner des coups de poing dans la machine à café. Dr Sloan …

    Mark se retourna vers elle. Ah Dr Grey ! Nous allons avoir l’incommensurable plaisir de travailler ensemble ce matin.

    Il parait, oui.

    Je vois que, tout comme moi, vous frétillez de joie à cette perspective, persifla le chirurgien.

    Meredith fit le choix d’ignorer ses sarcasmes. Qu’est-ce que vous avez prévu aujourd’hui ?

    Saleté de machine ! Après un dernier coup de pied dans le distributeur de boissons, Mark commença à marcher dans le couloir, la jeune femme sur ses talons. Nous allons opérer Madame Jackson, 43 ans, qui au cours de ces quatre mariages a augmenté ou diminué le volume de ses seins pour répondre aux souhaits de ses chers époux. Malheureusement la dernière opération en date s’est mal déroulée. Sein droit plus gros que le gauche, mamelon décentré…

    Je me demande ce qui peut bien pousser une femme à se faire charcuter uniquement pour plaire à un homme, dit la jeune femme, un peu pensive.

    Moi, cela me réconforte de voir qu’il y a encore des femmes dont le seul but est de nous faire plaisir, clama Mark avec un regard réprobateur en direction de sa voisine. Cela me permet de garder foi en l’humanité !

    Meredith sourit légèrement. Ça ne m’étonne pas de vous.

    Mark lui tendit le dossier de sa patiente. Alors, il paraît que vous avez été méchante avec mon ami ? Meredith lui lança un regard courroucé mais ne répondit pas. Vous le jetez, vous couchez avec lui, vous le rejetez. Ce n’est pas très sympa, tout çaEh oui ! Il m’a tout raconté ! Nous sommes redevenus assez proches ces derniers temps. Les épreuves nous ont rapprochés.

    Grand bien vous fasse.

    Bon, alors, vous m’expliquez ce qui vous est passé par la tête ? insista Mark.

    Mais je ne vois pas en quoi ça vous regarde, protesta Meredith.

    Je vais vous le dire. Derek est mon ami et je ne supporte pas qu’une femme brise son cœur par simple cruauté.

    Meredith ricana. Ah ça, venant de votre part, c’est trop drôle. Tout ce qui arrive est de votre faute. Devant le regard étonné de Mark, elle se sentit contrainte de s’expliquer. Si vous n’aviez pas couché avec la femme de votre meilleur ami, il n’aurait pas eu envie de fuir New-York. Il n’aurait pas accepté la proposition de Richard Webber. Il ne serait pas venu à Seattle. Nous ne nous serions jamais rencontrés. Et nous n’en serions pas là. Alors… alors… fermez-la !

    Mark la considéra d’un air moqueur. Comme je vois, le sujet est sensible… un peu trop pour quelqu’un qui n’est plus amoureux.

    Agacée par l’insistance et la perspicacité du titulaire, Meredith se renfrogna un peu plus. Vous pouvez me torturer, je ne vous dirai rien. Je n’ai rien dit à Derek. Ce n’est certainement pas pour me confier à vous.

    Pas besoin de vous torturer, vous le faites assez bien vous-même, se moqua le chirurgien. Sans entrer dans les détails, vous pouvez me dire ce qui pousse une femme à fuir l’homme de sa vie ?

    Vous voulez parler de moi ou d’Addison ? lui demanda-t-elle avec une méchante ironie.

    Je n’ai jamais prétendu être l’homme de la vie d’Addison, grogna-t-il, piqué au vif.

    Mais vous l’espériez.

    J’ai tout fait pour ça. Voyez où j’en suis… Derek aussi a tout fait pour répondre à vos attentes, reprit-il, résolu à avoir le dernier mot. Mais ce qu’il fait n’est jamais assez pour vous, n’est-ce pas ? Meredith le regarda avec indignation. Pourtant il était là à toujours s’inquiéter, à surveiller le moindre de vos gestes de peur qu’il ne vous arrive quelque chose, à vouloir vous faciliter la tâche… Quand on y réfléchit, il a un peu cherché ce qui lui arrive.

    C’est faux, explosa Meredith. Je n’ai rien à reprocher à Derek. Il est gentil, sincère, merveilleux et vous… vous êtes un sale type toujours prêt à lui planter un couteau dans le dos.

    Donc, vous l’aimez encore ! en déduisit Mark avec un grand sourire. Il va être enchanté de l’apprendre.

    Meredith se mordit les lèvres, s’en voulant d’être tombée dans le piège grossier qu’il lui avait tendu. Peu importe quels sont mes sentiments pour lui. C’est fini entre nous et je ne reviendrai pas là dessus. Un jour, il sera le premier à m’en remercier.

    Je ne crois pas, non… Je ne sais pas quelle mouche vous a piquée, ma petite fille, la gronda Mark, très paternaliste, mais vous allez m’arrangez tout ça !

    Oh épargnez-moi votre ton condescendant. De toute façon, vous n’avez pas d’ordre à me donner en la matière.

    Mark n’était pas le genre d’homme à qui on faisait la leçon sans qu’il réagisse. Ecoutez-moi, espèce de petite dinde écervelée. La seule chose que je sais, c’est que Derek vous aime comme il n’a sans doute jamais aimé avant vous. Il ne pense qu’à vous, ça devient même de l’obsession. Il passe ses journées à se demander ce qu’il a bien pu vous faire pour mériter pareil traitement. En rompant avec lui, vous avez cru lui rendre sa liberté. C’est tout le contraire. Il est plus que jamais votre prisonnier. Et là, il est en train d’en crever.

    Meredith joignit ses deux mains. Oh mais que vous êtes touchant quand vous parlez d’amour ! Pour un peu, on croirait que vous êtes un expert en la matière. C’est sans doute pour ça qu’Addison a pris la tangente et a mis neuf mille kilomètres entre vous, lâcha-t-elle avec cruauté.

    Mark s’arrêta de marcher et se mit devant Meredith. Croyez-le ou non, ça m’est bien égal, mais j’aimais vraiment Addison.

    Mais oui bien entendu, persifla-t-elle. Et c’est pour lui prouver votre amour que vous avez couché avec tout ce qui portait jupon à vingt kilomètres à la ronde !

    C’est vrai, j’ai fait des erreurs et, croyez-moi, pour le moment, je les paie au centuple ! reconnut Mark. Le problème n’est pas là. Je ne sais pas ce que Derek vous trouve, ajouta-t-il en la toisant avec dédain. Plus je vous regarde, plus je vous écoute, et plus je pense que vous ne le méritez pas. J’en viens à croire comme vous que vous lui avez rendu service en rompant. Mais comme nous sommes manifestement les seuls à en être persuadés, vous allez cesser de jouer à la gamine capricieuse et vous allez faire en sorte qu’il aille mieux, sinon vous aurez affaire à moi !


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  • Ce fut avec des pieds de plomb que Cristina entra dans la salle de scanner où Derek était en train de contrôler les résultats d’un examen. Dr Shepherd… je crois que je travaille avec vous aujourd’hui.

    Derek l’accueillit avec un sourire. Exact, Yang… mais ne faites pas une tête pareille. Ça va bien se passer, rassurez-vous. Je n’ai encore jamais mangé personne.

    Oh je sais, Dr Shepherd.

    Derek la dévisagea avec un petit air moqueur. Vraiment ? Pourtant, en vous voyant arriver, j’ai cru que vous marchiez vers la chaise électrique.

    Non, non. Pas du tout. Je ne vous prends pas pour un bourreau, ajouta Cristina, désireuse de ne pas froisser Derek. Elle ne l’appréciait pas outre mesure mais il était titulaire et elle ne voulait pas se l’aliéner.

    Tant mieux… Je sais que je n’ai pas très bonne presse pour le moment parmi vos relations. Il lui jeta un œil en coin pour guetter sa réaction mais elle resta impassible. Comment allez-vous, Cristina ? Vous tenez le coup ?

    Euh… Oui, oui, ça va, merci, bafouilla-t-elle, à la fois étonnée et méfiante devant tant de sollicitude.

    Si vous avez besoin de parler… ou de quoi que ce soit… je suis là.

    Elle lui adressa un sourire poli. Merci, Dr Shepherd. Mais tout va bien, je vous assure. Alors, quel cas allons-nous traiter ? demanda-t-elle sur un ton qui se voulait guilleret mais qui ne réussit qu’à paraitre forcé.

    Derek sourit. Il comprenait pourquoi Meredith s’entendait si bien avec Cristina. Elles étaient pareilles, aussi peu enclines l’une que l’autre à exposer leurs sentiments. Oui bien sûr, le cas que nous allons traiter…. Rien de bien transcendant, je le crains pour vous. Regardez. Cristina se pencha au-dessus de son épaule pour regarder l’écran de contrôle du scanner et y découvrit l’hématome sous-dural le plus banal qui soit. Elle ne put retenir un soupir de déception. Voilà, Dr Yang, qui ferait plaisir à mon patient s’il savait vous décoder, plaisanta Derek avant de se tourner vers la résidente. Vous devriez vous habituer dès à présent à l’idée que vous ne traiterez pas tous les jours des cas exceptionnels ni même intéressants. Mais chaque jour vous apportera au moins la satisfaction d’avoir aidé quelqu’un à se sentir mieux. Ce n’est déjà pas si mal… Allez, on y va. Il se leva et elle le suivit en silence jusqu’à ce qu’ils arrivent en salle de préparation. Après avoir revêtu leurs tenues, ils se lavèrent consciencieusement leurs mains, toujours sans se dire le moindre mot. Mais juste avant d’entrer dans la salle d’opération, Derek retint la jeune femme par la manche. Cristina… je ne vais te le demander qu’une fois… après je te promets de ne plus te mêler à ça, mais je dois savoir… Est-ce qu’elle va bien ?

    A le voir si triste et si misérable, Cristina eut pitié de lui. Ça va. Je mentirais en vous disant qu’elle est au mieux de sa forme mais ça va.

    Derek opina lentement de la tête en pinçant légèrement ses lèvres. Je sais que ça ne me concerne plus, commença-t-il. Mais j’aimerais… si tu pouvais… fais attention à elle pour moi, se décida-t-il enfin à lâcher. Tu veux bien ? Cristina acquiesça d’un signe de tête. Et dis-lui… dis-lui que si jamais elle avait besoin de quoique ce soit, je serai là… je serai toujours là pour elle. Toujours, tu entends ?

    Je sais. Cristina allait entrer dans la salle quand soudain, sans qu’elle comprenne vraiment pourquoi, elle fit volte-face en barrant le passage à Derek qui la regarda avec étonnement. Ecoutez… Je ne sais pas pourquoi c’est fini entre vous. Elle ne m’a pas vraiment donné d’explication, reconnut-elle. La seule chose que je sais, c’est que cette décision ne la rend pas heureuse. Pas du tout, même. Alors… - elle fit un geste vague de la main en soulevant un peu ses épaules - je n’ai pas de conseil à vous donner, bien entendu… mais si j’étais à votre place, je n’abandonnerais pas tout espoir. Emue malgré elle par le regard plein de détresse de Derek, elle posa une main sur son avant-bras. Laissez-lui le temps… lâchez un peu de mou… mais restez disponible. Maintenez le contact et… soyez patient.


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  • Quand l’opération fut terminée, Derek et Cristina sortirent de la salle. Devant la porte se trouvait Meredith que l’attente avait transformée en une véritable furie. Quel âge as-tu, Derek ? Est-ce que tu étais vraiment obligé de demander à ton ami de me faire la leçon ?

    De quoi parles-tu ? Je n’ai rien demandé à personne, se défendit Derek.

    Et menteur avec ça ! s’exclama la jeune femme en adressant un regard outré à Cristina, comme si elle voulait la prendre à témoin. Je viens de me faire réprimander par Mark Sloan comme si j’étais une sale gamine et j’ai eu droit à sa tirade sur ton amour pour moi…

    Je te répète que je n’y suis pour rien, affirma Derek avec un peu plus de sécheresse. Je m’expliquerai avec Mark plus tard. Maintenant, calme-toi.

    Tu n’as pas à me dire de me calmer, protesta Meredith. Tu n’as plus rien à me dire.

    Voyant qu’un attroupement était en train de se former autour d’eux, Cristina se décida à intervenir. Meredith… arrête. Tu choisis mal ton endroit pour régler tes comptes.

    Toi, ne te mêle pas de ça ! ordonna sa camarade. Tu dis que tu es mon amie mais à la première occasion, tu changes de camp.

    Avant que Cristina ait pu répliquer, Derek prit les choses en mains. Bon, maintenant, ça suffit. Il saisit solidement Meredith par le bras pour l’entraîner hors de la vue des curieux. Dès qu’ils eurent tourné le coin du couloir, il la poussa assez durement dans un placard à balais. Je ne le répéterai pas deux fois, tu vas te calmer, dit-il d’un ton presque menaçant. Je veux bien parler avec toi à condition que tu aies un comportement normal.

    Les yeux de la jeune femme s’écarquillèrent, pleins d’indignation. Parce que pour toi, aller raconter à ton copain ce qui se passe entre nous, c’est un comportement normal ?

    Tu en as bien parlé à Cristina ! riposta Derek.

    Oui mais elle n’a pas couché avec ma femme, elle ! persifla Meredith en se dégageant de l’étreinte de son amant.

    Derek sourit avec espièglerie. J’espère bien ! Cela voudrait dire que tu as changé d’orientation sexuelle.

    La tendresse qui irradiait des yeux du chirurgien eut raison de la véhémence de la jolie résidente. Ce n’est pas amusant, Derek ! geignit-elle.

    Ce n’est pas un drame non plus, tempéra-t-il. Je ne sais pas ce que t’a dit Mark mais ça n’engage que lui, et de toute façon ça ne pouvait pas être si terrible.

    Mais non, bien sûr, dit Meredith sur un ton ironique. Juste assez pour me faire sentir encore bien plus moche que je ne le suis. Tu es la victime, je suis la tortionnaire.

    Que t’importe ce que pensent les gens, Meredith, du moment où tu es persuadée avoir bien agi ? Car c’est le cas, n’est-ce pas ? demanda Derek en plongeant un regard perçant dans celui de son amie.

    Oui… tout à fait… bien entendu, bafouilla Meredith, déstabilisée.

    Derek écarta ses bras en ouvrant les mains, avec ses paumes dirigées vers le plafond et de grands yeux innocents. Alors voilà, c’est réglé.

    Meredith le regarda avec étonnement. C’est tout ?… Tu ne cherches plus à me convaincre ?

    Derek fit une petite moue. A quoi bon ? La dernière fois, tes arguments ont été très persuasifs. Je m’y plie. Je te laisserai tranquille et je demanderai à Mark de faire la même chose. Il fit un pas vers elle. C’est ce que tu veux, je crois … que je te laisse tranquille ?

    Meredith hocha faiblement de la tête. Oui… enfin… je crois.

    Tu crois ? Derek fit une petite grimace. Moi, je préférerais que tu en sois certaine… Je ne voudrais plus avoir à soutenir un regard comme celui que tu m’en as jeté hier.

    Meredith plissa légèrement son front. Quel regard ?

    Derek avança encore vers elle. Si ce que Mark t’a dit t’a fait te sentir mal, je te laisse deviner ce que j’ai ressenti quand tu m’as regardé hier après que nous ayons fait l’amour. Comme elle avait un peu baissé la tête, il se pencha pour pouvoir la regarder dans les yeux. Parce que nous avons fait l’amour, Meredith, sans doute pas de la façon que je préfère… néanmoins … je ne t’ai pas violée…

    Je n’ai jamais dit ça ! s’indigna Meredith en relevant la tête.

    Tu ne l’as pas dit avec des mots… mais avec tes yeux. C’était bien pire.

    Derek avait l’air tellement malheureux que Meredith se sentit horriblement coupable. Derek… je suis désolée, murmura-t-elle en évitant de le regarder. J’étais fâchée… pas contre toi, contre moi.

    Derek se colla à elle. Regarde-moi, Meredith… Elle obéit à contrecœur. Pourquoi étais-tu fâchée ?

    Cette fois, Meredith ne fut plus capable de lui mentir. Parce que je suis faible quand tu es là.

    Avec un sourire tendre, Derek lui caressa les cheveux avant de faire glisser lentement sa main vers le visage parfait de la jeune femme. Moi aussi, je suis faible. Quand tu es là, je ne vois plus que toi, tout le reste passe au second plan… même mes patients. Il recula de quelques pas. Et ça, c’est indigne d’un médecin. Si Miranda était ici, elle nous dirait que des personnes meurent pendant que nous batifolons dans ce cabinet… Alors je vais y aller, ajouta-t-il, la main déjà, sur la clenche de la porte. Il avait déjà entrouvert cette dernière lorsqu’il se tourna vers Meredith. A propos de Mark, rassure-toi, tu n’auras plus à subir de leçon de morale de sa part… Il la regarda intensément. Fais attention à toi, Meredith…. Il sortit, la laissant seule au milieu des brosses et des raclettes, complètement déconcertée et désappointée aussi.


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