• Le lendemain matin, après avoir invectivé un chauffeur de taxi qui l’empêchait de sortir sa voiture du garage, fait un geste obscène à un livreur qui lui barrait le passage, insulté copieusement tous les conducteurs qui roulaient trop lentement à son goût et s’en être pris à des aides soignantes qui papotaient dans le couloir, Derek entra dans le bureau qui lui était dévolu à la clinique. Il ne prit même pas le temps d’enlever son trench-coat et sauta sur le téléphone. Il faut que je te voie, aboya-t-il. J’ai vraiment besoin de te voir, ajouta-t-il immédiatement d’un ton nettement plus doux, presque câlin.

    Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrit sur une plantureuse jeune femme brune de type latino, chirurgienne elle aussi comme en attestait sa blouse blanche. Le héros du jour est de mauvaise humeur ? demanda-t-elle d’un ton ironique.

    Il est fatigué surtout, répondit Derek avec lassitude. Excuse-moi d’avoir été désagréable avec toi, Cal. Il lui sourit affectueusement. S’il y a bien une personne que j’avais envie de voir ce matin, c’est toi.

    Ah ! Je vois… envie d’un gros câlin. Callie Torres s’assit sur le canapé et fit signe à Derek de venir s’asseoir à côté d’elle. Il la rejoignit et posa la tête sur ses genoux. Tu as eu une mauvaise soirée ? s’inquiéta-t-elle tout en lui caressant ses cheveux. Pourtant, Mark m’a dit que tu sortais avec une infirmière. Rose, c’est ça ?

    Derek tourna la tête pour la regarder. Tu as vu Mark ? Quand ?

    Hier… on a passé la nuit ensemble, lui apprit Callie en enroulant une boucle de ses cheveux autour de l’index.

    Tiens donc ! Je croyais qu’il devait aller draguer au Factory, dit Derek sur un ton moqueur. La jeune femme sourit. Il fit de même. Dis donc, vous ne seriez pas un peu amoureux, tous les deux ? Vous couchez ensemble au moins une fois par semaine.

    Son amie fit la moue. Et alors ? Je couche avec toi aussi, nous ne sommes pas amoureux, je pense. Alors, Rose ? Raconte.

    Derek soupira. Pitoyable et pathétique… Pas elle, moi… enfin, elle aussi, un peu… Pas douée, conclut-il.

    La prochaine fois peut-être, l’encouragea Callie.

    Il n’y aura pas de prochaine fois, promit Derek sur un ton catégorique.

    Callie jeta les yeux au plafond. Ah oui ! J’oubliais, Derek Shepherd ne couche jamais deux fois avec la même fille.

    Sauf avec toi, dit-il en souriant. Et pour ton information, je n’ai même pas couché avec Rose. Les préliminaires ne m’ont pas donné envie d’aller plus loin.

    Un jour, tu rencontreras une gentille fille, commença Callie.

    Derek lui coupa la parole. Ça n’existe pas, les gentilles filles.

    Callie feignit d’être choquée. Ben, et moi alors ? Ils rirent légèrement.

    Il la regarda tendrement. Ah ! Ma Callie… Avec toi, tout est si simple. Tu profites de la vie sans te poser de questions, tu fais l’amour sans rien attendre en retour, tu ne cherches pas à tirer profit de la situation. Il prit la main de sa camarade. Pourquoi ça ne pourrait pas être toi, la gentille fille ? 

    Parce qu’on ne s’aime pas, déclara-t-elle avec une once de regret dans la voix. On couche ensemble de temps en temps, on est amis mais on ne s’aime pas. Et puis, qu’est-ce qu’on ferait de Mark ?

    On pourrait s’installer à trois, suggéra Derek.

    Callie feignit d’être horrifiée. Moi, vivre avec vous deux ? Mon Dieu ! Non, pitié. Ils rirent encore, plus franchement cette fois. Nous formons une équipe formidable, estima-t-elle. Ici, à la clinique et accessoirement dans un lit. Mais il ne faut pas tout mélanger. Ça gâcherait tout entre nous. Elle caressa tendrement la joue de Derek. Un jour, tu rencontreras une fille et tu en tomberas amoureux. Elle ne releva pas la moue dubitative qu’il lui fit. Ce jour-là, tout te semblera évident. Mais pour cela, il faut que tu te montres tel que tu es, Derek.

    C’est-à-dire ?

    Tu es un gentil garçon, affirma-t-elle. Il ne faut plus le cacher. Laisse tomber tes défenses… Laisse les autres t’approcher.

    Derek, dont la tête était toujours posée sur les genoux de Callie, se tourna pour se retrouver sur le dos. Il n’y a que toi qui me connaisses aussi bien.

    Il faut dire aussi qu’on se fréquente depuis longtemps tous les deux… tous les trois. Callie promena le bout de son index sur le visage du jeune homme. Alors, raconte, qu’est-ce qui n’a pas marché avec Rose ? Qu’est-ce qu’elle t’a fait qui te mette d’aussi mauvaise humeur ? Ou plutôt, qu’est-ce qu’elle ne t’a pas fait ?


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  • Derek sourit. T’aimes ça, hein, que je te raconte mes histoires de cul ? Callie opina énergiquement de la tête, les yeux brillants d’impatience. Eh bien, vois-tu, Rose ne couche pas ! persifla Derek. Pas au premier rendez-vous, en tout cas. Par contre, elle suce… très mal et pas jusqu’au bout, ce qui ne donne guère envie de lui accorder une seconde chance.

    Mon pauvre lapin ! le plaignit Callie. Comment peut-on ne pas avoir envie de coucher avec toi ? Mais, à la décharge de cette fille, elle ne pouvait pas savoir qu’il n’y aurait jamais de second rendez-vous. Ils rirent.Mais très vite, Derek se perdit dans ses pensées. Il avait l’air si mélancolique que Callie en eut mal au cœur. Ça te dit, une petite compensation ? proposa-t-elle.

    Quel genre ? s’enquit Derek, l’œil morne.

    Callie fit un sourire coquin. Du genre qui te dédommagera de tout ce que Rose n’a pas pu te donner.

    Derek se redressa, l’œil subitement plus vif. Comment dire non ? C’est proposé si gentiment.

    Oui, ce serait mufle de ta part de refuser, plaisanta Callie.

    Derek la prit dans ses bras et l’embrassa avec avidité. Ils glissèrent sur le canapé en enchaînant les baisers impatients et fiévreux. Ils furent nus en un clin d’œil. Derek commença à explorer le corps pourtant déjà bien connu de son amie et passa la main sur sa superbe croupe potelée, qu’il flatta par des mouvements concentriques réguliers, tout en plongeant son visage entre ses seins ronds et imposants, déjà dardés comme des obus. Après quelques attouchements savamment distillés, Callie prit la tête de Derek entre ses mains et le poussa doucement vers son ventre. Ne voulant pas être en reste, il se retourna et se mit à quatre pattes au-dessus d’elle. Elle s’empara aussitôt de sa verge tendue, d’une main à la fois ferme et délicate, et lécha la hampe avec ardeur avant de cajoler le gland du bout de la langue, puis de l’aspirer goulûment et finalement engloutir totalement tout le membre. De son côté, après avoir caressé du plat de la main la vulve de sa partenaire, Derek écarta les grandes lèvres de celle-ci et se jeta avidement sur son clitoris pour l’exciter à grands coups de langue. Callie se mit à gémir légèrement. Il la pénétra de son pouce et fit tourner son index sur son bouton, en alternance avec sa langue. Très vite, Callie se trouva forcée de relâcher le pénis pour exprimer de petits cris de satisfaction. Elle sentit la jouissance monter et l’annonça dans un gémissement. Son bassin s’agita frénétiquement sous les caresses tandis qu’elle reprenait son gland en bouche, en le masturbant avec fougue.

    Au bord de l’explosion, il trouva cependant la force de s’écarter. Il lui tendit la main, pour l’aider à se relever, et l’amena vers son bureau, sur lequel il la fit se pencher en avant. Il la laissa dans cette position quelques instants pour contourner le bureau et prendre un préservatif dans le tiroir. Le temps de déchirer l’emballage et d’enfiler l’étui en latex, il revint vers la jeune femme, frémissante d’impatience. Quand il fut derrière elle, elle écarta largement les jambes et posa la tête sur le meuble, pour que son corps soit plus incliné et ainsi s’offrir plus généreusement. Elle posa ses mains sur ses propres fesses pour les ouvrir. Viens, viens, je veux te sentir en moi, dit-elle d’une voix rauque. Derek la prit par les hanches et la pénétra profondément d’un coup sec. Le cri qu’elle poussa l’encouragea et il lui donna un second coup de rein, plus violent. Elle gémit de plaisir sous l’assaut. Plus vite. Obéissant, il accéléra la cadence de sa pénétration, excité par la vision de son sexe s’enfonçant et ressortant d’entre les fesses rebondies de son amie, auxquelles il s’agrippa pour ne pas se laisser déstabiliser par la force de ses coups de butoir. Le bruit du claquement de ses hanches contre le postérieur de ne fit que décupler leur excitation. Il rythma chaque mouvement par un ahanement sonore qu’elle accompagna d’un oui strident. Encore, encore, vas-y, furent les seules paroles que Callie prononça avant qu’un orgasme foudroyant ne la secoue. Derek sentit que les muscles intimes de son amie se contractaient violemment pour lui broyer le sexe. A son tour, il jouit en criant son plaisir.

    Fais-moi penser à remercier cette chère Rose, dit Callie quelques minutes plus tard, en se rhabillant.

    Pourquoi ? demanda Derek, nu et mollement alangui dans son fauteuil, derrière son bureau.

    Parce que tu baises vachement bien quand tu es frustré et de mauvaise humeur, le complimenta Callie.

    Derek se leva et l’enlaça par la taille. Dis-moi… Il prit un ton particulièrement enjôleur. Je suis meilleur que Mark ?

    Callie éclata de rire. Ah ! Vous êtes bien les mêmes, vous deux. A chaque fois, vous me posez la même question. Vous devriez savoir maintenant que je ne répondrai jamais à ça. Elle posa la paume de sa main droite sur la joue de son amant. Si je couche avec vous depuis si longtemps, c’est que vous n’êtes pas si mal.


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  • Les filles étaient rentrées du bar en pleine nuit. C’est une Meredith épuisée qui avait posé sa tête sur l’oreiller, avec un soupir de soulagement. Contrairement à la nuit précédente, elle n’avait guère mis de temps à s’endormir. Quand le réveil sonna, elle se sentit en pleine forme, malgré le peu d’heures de sommeil qu’elle avait eu. Après s’être étirée, elle ouvrit les paupières et réalisa qu’elle n’était pas dans sa chambre de jeune fille, à Crestwood. Tout lui revint en mémoire d’un seul coup et elle poussa un long geignement plaintif. Quelques heures à peine après son arrivée à San Francisco, tous ses espoirs s’étaient volatilisés, lors de la visite nocturne de ce qui aurait dû être son tremplin pour une vie meilleure. Mais compte tenu de l’état des lieux, il était évident que cela allait plutôt la renvoyer directement dans le Kentucky. Car malgré les beaux projets de Cristina et l’enthousiasme d’Izzie, Meredith ne voyait pas du tout comment elles allaient pouvoir transformer, avec leurs maigres moyens, le taudis qu’elles avaient visité la veille en une boutique digne de ce nom. Mais elle le savait, elle suivrait le mouvement et elle obéirait à Cristina qui, comme d’habitude, prendrait les choses en main et se poserait en leader du groupe.

    Elle sauta en bas de son lit et alla ouvrir les volets. Comme c’est beau, se dit-elle en découvrant la vue. De sa fenêtre, elle bénéficiait d’un panorama exceptionnel sur toute la ville et sa baie. Elle était vraiment à mille lieux des champs qu’elle apercevait de sa chambre à Crestwood.

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    En regardant cette vue sublime, elle réalisa à quel point ce serait un déchirement que de quitter tout ça. C’est le cœur lourd qu’elle se rendit dans la salle de bains.

    Une demi-heure plus tard, vêtue d’un de ses vieux jeans et d’un sweat de couleur crème, elle descendit à la cuisine où elle retrouva ses amis attablés devant un solide petit-déjeuner. Une dame d’une quarantaine d’années surgit devant Meredith. Bonjour ! Vous devez être Meredith, s’exclama cette femme en la serrant contre sa poitrine imposante. Je suis Gloria, la dame qui s’occupe de votre tante. Asseyez-vous vite, mon petit, vos œufs seront bientôt cuits.

    Merci Madame, dit Meredith en prenant place sur un des tabourets. Tante Ellis ne va pas déjeuner avec nous ?

    Oh non, répondit Gloria avec un air soudainement plus grave. La pauvre, elle dort encore.

    Normal, elle s’est baladée dans la maison toute la nuit, grommela George, avec une mine boudeuse.

    Oui, elle a tendance à confondre le jour et la nuit, expliqua Gloria. Meredith savait que sa tante souffrait de la maladie d’Alzheimer mais elle ne savait pas exactement en quoi cela consistait, si ce n’est qu’il y avait une perte de la mémoire. Elle n’osa pas interroger Gloria et plongea le nez dans son assiette.

    Cristina, qui commençait déjà à s’impatienter, houspilla ses amis. Bon, les enfants, faudrait peut-être se dépêcher. On n’est pas en vacances. Et je n’ai pas envie de me retrouver bloquée dans les embouteillages matinaux. Je ne sais pas si vous vous en êtes rendu compte, mais il y a un peu plus de cinq voitures qui circulent ici.

    George avala son œuf en maugréant. Tu nous prends vraiment pour des cons de paysans !

    Je te prends pour ce que tu es, Goofy, riposta Cristina. Bouge tes fesses !

    Le jeune homme la fusilla du regard. Je ne bougerai rien tant que vous ne m’aurez pas expliqué ce que vous avez vu hier. Il se tourna vers Meredith et Izzie. Il est comment, ce magasin ?

    On n’a pas vraiment pu se faire une idée, dit Meredith qui ne voulait pas être celle qui délivrerait les mauvaises nouvelles. Il faisait trop noir.

    On va avoir du boulot, c’est certain, murmura Izzie, mal à l’aise.

    Ah ça je veux bien croire, c’est une vraie ruine, ton magasin ! lança Cristina, impitoyable. Et c’est bien pour ça qu’on n’a pas de temps à perdre. Alors, maintenant, vous allez me faire le plaisir de vous grouiller. Il faut qu’on aille là-bas pour voir ce qu’il en est vraiment et surtout décider par quoi on va commencer.

    Quelques minutes plus tard, les quatre jeunes gens se retrouvèrent dans l’entrée, prêts à partir, quand Ellis apparut en haut de l’escalier. Vous êtes qui, vous ? s’écria-t-elle, surprise. Et qu’est-ce que vous faites chez moi ?

    Surpris, le quatuor sursauta. C’est moi, Tante Ellis, dit Meredith, un peu apeurée.

    Gloria déboula de la cuisine et rejoignit prestement la malade. Mais oui, Ellis, vous savez bien, c’est Meredith, votre nièce. Ah vous n’êtes pas encore complètement réveillée ce matin ! Venez, on va aller à la cuisine et je vais vous préparer une tasse de thé. Une bonne petite camomille, comme vous l’aimez. Elle prit le bras d’Ellis et l’aida à descendre les escaliers.

    Elle est bizarre, ta tante, fit remarquer George à Meredith, tout en enfonçant son chapeau en toile sur la tête.

    C’est toi qui es bizarre, maugréa Cristina. Enlève ce stupide chapeau de ta tête ! T’as vraiment l’air débile.


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  • Une fois que la voiture tourna le coin de la Mason Street, la rue tranquille dans laquelle résidait Ellis, et qu’elle pénétra dans la California Street, les jeunes gens découvrirent ce qu’était une grande agglomération à l’heure de pointe. Ce fut à ce moment là qu’ils comprirent ce que trafic routier voulait vraiment dire. Cela n’avait rien à voir avec ce qui se passait à Crestwood où l’on considérait qu’il y avait embouteillage lorsque dix voitures étaient arrêtées aux feux de signalisation. Pendant que Cristina se faufilait dans la circulation avec une habilité dont elle ne se serait pas crue capable, Meredith, Izzie et George regardaient avec stupéfaction le ballet incessant des voitures.

    Ça me donne un peu le tournis, toute cette agitation, déclara Meredith.

    Izzie se tourna vers elle, un grand sourire aux lèvres. Moi, je trouve ça génial ! Il y a de la vie ici, au moins.

    Il y a surtout des tarés, grommela Cristina à qui l’on venait de faire une queue de poisson.

    Izzie ignora la remarque négative de sa camarade. Ici, on va pouvoir aller au musée, boire un verre dans des bars sympas ou manger dans des restaurants chics. Et je ne vous parle même pas des magasins ! Vous savez que San Francisco est un haut-lieu de la mode ?

    Oui, on sait, tu l’as déjà dit, répliqua une Cristina énervée, en donnant un brusque coup de volant pour éviter une camionnette. Mais en attendant d’aller faire du shopping, tu vas passer les prochains jours à récurer et à peindre.

    Ça n’empêche pas qu’on fasse des projets, riposta Izzie avant de se retourner vers l’arrière de la voiture. Une fois qu’on aura remis la boutique à neuf, à nous la grande vie ! lança-t-elle à l’intention de Meredith et George. Cristina leva les yeux au ciel mais s’abstint cette fois de tout commentaire.

    Une heure plus tard, ils arrivèrent sur Marina Boulevard. Par chance, Cristina trouva une place de stationnement devant la boutique. Comme la veille, tout le monde resta dans la voiture, se contorsionnant pour voir la façade. C’est en mauvais état, laissa tomber George, pour qui c’était une découverte.

    Bravo, Goofy ! ironisa Cristina en ouvrant la portière. Ton sens inné de l’observation m’impressionnera toujours.

    Une fois sur le trottoir, Izzie eut à nouveau envie de pleurer. En plein jour, c’était encore pire. La peinture de la façade, qui avait dû être bleue un jour, était en fait d’un gris sale, du moins là où il y en avait encore. La vitre qui était à gauche de la porte était fissurée sur toute la hauteur et tous les châssis, sans exception, étaient pourris. Meredith sentit son amie au bord de la déprime et voulut la rassurer. Après quelques réparations et une bonne couche de peinture, cet endroit sera magnifique, tu verras.

    Cristina ricana. Elle introduisit ensuite la clé dans la serrure de la porte, laquelle lui résista comme la veille. Cristina la secouait énergiquement quand une voix s’éleva derrière elle. Hé, on ne vous a jamais dit que c’était illégal d’entrer par effraction dans une propriété privée ?

    La jeune femme se retourna et toisa celui qui venait de lui faire cette remarque désobligeante. De quoi je me mêle ?

    De ce qui me regarde, répliqua le jeune homme aux cheveux bruns coupés court. Je ne vais pas vous laisser démolir le bien d’autrui sans moufter.

    On est ici chez nous, intervint Izzie. Nous sommes les nouveaux locataires.

    L’inconnu jaugea la jolie blonde d’un air connaisseur. Putain, le canon ! se dit-il. Ses yeux glissèrent du visage de la jeune femme à sa poitrine avant de se poser sur le bas de son corps. Pas de doute ! Un joli petit lot ! pensa-t-il encore. Alors, comme ça, vous avez loué ce trou à rat ? dit-il à voix haute sur un ton moqueur.  

    Si Cristina avait la critique et l’ironie facile, elle ne le supportait pas de la part des autres. Je peux savoir qui vous êtes ?

    Le jeune homme tendit le bras vers une échoppe de journaux qui se trouvait à quelques mètres de là. J’m’appelle Alex et j’suis marchand de journaux… et de magazines en tout genre, ajouta-t-il avec un petit clin d’œil coquin à l’intention d’Izzie. La jeune femme resta imperturbable. L’importun tenta alors une autre approche. Vous êtes d’ici ?

    Non, on vient de Crestwood, répondit Meredith. Elle s’en voulut aussitôt en croisant le regard furibond de Cristina.

    Crestwood ? C’est où ce bled ? questionna Alex, l’air hilare.

    Meredith feignit de ne pas avoir entendu. Ce fut George qui renseigna le marchand de journaux. C’est dans le Kentucky.

    Alex éclata d’un rire méprisant. Des campagnards !

    Cristina pointa un index menaçant vers lui. Toi, tu dégages d’ici vite fait avant que je te fasse bouffer tes journaux ! George se plaça entre elle et Alex, pour montrer qu’il était prêt à intervenir.

    Alex, pas du tout impressionné, ricana doucement. Pas la peine de s’énerver. Je voulais juste faire connaissance.

    On n’est pas intéressé, tonna Cristina avant de se tourner vers ses amis. On a beaucoup mieux à faire que de s’occuper de ce minable. Ils entrèrent dans le magasin. 


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  • George plissa le nez. ça pue !

    C’est certain que ça ne sent pas la rose, approuva Cristina. D’un regard circulaire, elle repéra tout ce qu’il y avait à faire, du moins tout ce qui était apparent. Elle désigna un tas de détritus divers qui trônait dans un coin de la pièce. Le plus urgent est de se débarrasser de tout ce bric-à-brac. Ça sera ton travail, Goofy.

    Son ton de commandement déplut fortement à George qui protesta. Pourquoi moi ?

    Parce que tu es l’homme de la situation, persifla Cristina. Elle poussa la porte qui menait à l’arrière-boutique. Meredith, Izzie… Ses deux amies la rejoignirent. Pendant que George déblaie le terrain à côté, vous allez nettoyer ici, ordonna-t-elle. Et après, vous vous occuperez du magasin. Quand ce sera propre, on verra mieux ce qu’il y a à faire.

    Izzie fronça légèrement les sourcils. On peut savoir ce que tu vas faire pendant ce temps là ?

    Je vais réfléchir à un plan d’action, annonça Cristina.

    Woaw quel effort ! lança George depuis l’autre pièce. Trop dur !

    Mais qu’est-ce que tu crois ? rétorqua Cristina. Qu’il suffit de juste passer un coup de balai et mettre une jolie couleur rose bonbon sur les murs pour que cet endroit ait du succès ?

    Le jeune homme ne se laissa pas faire. Non mais on ne va pas tout se taper pendant que toi, tu te reposeras.

    Qui a dit que j’allais me reposer ? protesta Cristina. Je vais aller faire un tour dans le quartier pour repérer les boutiques susceptibles de nous concurrencer. Et faire ami-ami avec les autres commerçants, ça peut servir. Il faut aussi réfléchir au moyen de nous faire connaître parce que si vous voulez mon avis, les clients ne viendront pas sauf si on est différent de ce qu’ils connaissent.

    Tout en écoutant son amie exposer son plan, Izzie arpentait la pièce, passant d’un coin à l’autre, en imaginant à quoi ça ressemblerait une fois qu’elle aurait appliqué ses idées de décoration. Elle sentit l’optimisme la regagner. Il fallait fêter ça ! Avant d’attaquer les grands travaux, ça ne dirait pas d’aller vous balader à Fisherman’s Wharf ? proposa-t-elle à ses camarades. J’ai lu, dans mon guide, que c’était super comme endroit et que…

    Tu ne crois pas qu’on a mieux à faire que de jouer aux touristes ? la rabroua Cristina.

    Izzie insista. Cristina, c’est notre dernier jour de liberté avant longtemps. Dès que nous aurons commencé, tout va s’enchaîner et nous n’aurons plus une minute à nous. Elle implora. S’il te plait, s’il te plait !

    Et de toute façon, on n’a pas de matériel, fit remarquer Meredith.

    Cristina ne put que s’incliner devant cet argument. D’accord. Mais juste une heure ! Après, on revient ici et on se met au boulot.

    Youpie ! cria George Les jeunes gens se ruèrent à l’extérieur. Ce fut au premier qui grimperait dans la voiture.

    Après avoir longé Marina Boulevard, ils arrivèrent à Fisherman’s Wharf. Cet endroit, situé au bord de l’eau, était en fait l’ancien quartier des pêcheurs et des conserveries, leur expliqua Izzie, le nez plongé dans son livre. Il faut absolument que nous allions au Pier 39. C’est là que tout se passe, assura-t-elle.

    Après avoir perdu dix minutes à chercher une place pour garer la voiture, ils arpentèrent Colombus Avenue où ils furent surpris de voir les cable cars, des tramway aux wagons de bois brinquebalants. Ils débouchèrent enfin au Pier 39, une jetée organisée en centre commercial. En cette fin d’été, le soleil brillait et les températures plutôt clémentes leur permirent de s’installer à la terrasse d’un petit restaurant dont la vue sur la mer leur plut immédiatement. Tout en attendant leur commande, ils rirent des facéties des lions de mer couchés les uns sur les autres, se prélassant au soleil en faisant un boucan terrible.

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    Onk ! Onk ! Onk ! Onk ! imita George, déclenchant une crise de fou rire chez les filles. Ils rirent beaucoup moins quand le serveur déposa sur la table les quatre clams chowders qu’Izzie les avait incités à commander. George regarda avec méfiance cette soupe servie dans un petit pain rond. Tu es sûre que ça vaut le coup ? demanda-t-il à sa cousine. 

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    La jeune femme lui parla sur le même ton qu’elle aurait employé avec un enfant. George, dans mon livre, on dit qu’il faut absolument essayer cette spécialité.

    Cristina porta une cuiller à sa bouche et la reposa aussitôt. Ah ça pour être spécial, ça l’est ! 

    Ce fut au tour de Gorge de goûter. Ce n’est pas mauvais.

    Non effectivement, c’est dégueulasse ! renchérit Cristina.

    En tout cas, la présentation est originale, constate Meredith. Et il y a quoi dedans ?

    Des palourdes et des pommes de terre, lui apprit Izzie.

    Meredith repoussa son assiette. Je ne suis pas fan des coquillages. Alors, si quelqu’un veut… George leva le doigt pour montrer qu’il était intéressé. 


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