• Il était relativement tard quand Cristina donna le signal de l’arrêt des travaux. Couverts de poussière et les cheveux en bataille, les ouvriers amateurs étaient exténués mais contents d’eux. Certes, la journée avait mal débuté mais finalement ils avaient bien avancé et le programme établi par Cristina n’avait pas pris trop de retard. Comme elle s’y était engagée auprès de Derek, Meredith n’était pas remontée sur l’échelle. Elle aurait aimé compenser en faisant de petites choses pour ses camarades mais à chaque fois qu’elle avait esquissé le moindre geste, George l’en avait empêchée. Laisse, je vais faire, avait-il dit, avec pour effet qu’il avait couru de gauche à droite, sans ménager sa peine. 

    Réduite à la plus totale inactivité, Meredith avait fini par acheter quelques magazines à Alex. Pendant qu’elle les lisait plus ou moins attentivement, elle s’était surprise à lever la tête dès qu’elle entendait un bruit de moteur ressemblant à celui de la Porsche du Dr Shepherd. Evidemment, elle avait été déçue à chaque fois. Ma pauvre fille, arrête de rêver ! s’était-elle fustigée. Si tu crois qu’un homme comme lui pourrait s’intéresser à toi !

    Au moment de quitter la boutique, Cristina qui était de très bonne humeur, regarda ses amis avec un grand sourire. Pour nous récompenser, on va s’arrêter au chinois du bas de la rue pour prendre des trucs à grignoter et après, direction Tatie Ellis ! Je suis crevée. Une heure plus tard, elle garait la voiture devant la maison victorienne. Prems pour la douche ! cria-t-elle en abandonnant les clés du véhicule sur le démarreur.

    Ce n’est qu’une fois tous rafraîchis et changés qu’ils se retrouvèrent au salon pour dîner. Alors Mer, si tu nous expliquais ta visite à l’hôpital, lança Cristina en ouvrant l’emballage qui contenait ses nouilles sautées à la cantonaise.

    Meredith rosit légèrement. Il n’y a rien à raconter. C’était juste une consultation médicale.

    Ah ouais ? Cristina prit un air moqueur. C’est pour ça que tu as rêvassé toute la journée et que tu as sursauté à chaque fois qu’une bagnole s’arrêtait devant la boutique ? Meredith devint rouge de confusion à l’idée que son amie avait remarqué son manège.

    Moi, je trouve ces deux mecs puants de snobisme, déclara George avec un air méprisant.

    C’est clair qu’ils nous considèrent comme des cons de paysans.

    Izzie fit une petite moue. Il ne faut rien exagérer. Moi, je les ai trouvés plutôt sympas, surtout Mark. Un peu lourdaud mais sympa quand même. Et ils sont tous les deux plutôt beaux gosses ! ajouta-t-elle avec un petit clin d’œil à l’intention de Meredith.Celle-ci sourit.

    George se rembrunit tandis que Cristina regardait Izzie avec pitié. Elle se tourna ensuite vers Meredith. Bon, alors, tu nous racontes ? Comment ça s’est passé avec ton super doc ?

    Mais ça s’est bien passé, répondit Meredith un peu à contrecœur. Elle était partagée entre l’envie de parler du beau docteur et la peur que ses camarades se moquent d’elle. Il a examiné mes yeux et ma tête pour être sûr que je n’avais pas de commotion ou un truc du même genre. Et il m’a posé quelques questions sur Crestwood et notre vie là-bas. Voilà, c’est tout.

    Et la clinique, c’est comment ? se renseigna Izzie.

    A vrai dire, Meredith avait été tellement attentive à tout ce que faisait ou disait le Dr Shepherd, qu’elle n’avait prêté que fort peu d’attention à l’établissement. Elle se borna donc à des généralités. Eh bien, c’est grand… et très chic. Les gens ont l’air assez gentil. Elle ne put s’empêcher de revenir au sujet qui l’intéressait. Vous auriez dû voir comment ils se comportaient tous avec le Dr Shepherd. Ils étaient si respectueux, si déférents. Par contre, lui… Elle fit une petite grimace. Il est parfois rude. Mais avec moi, il a été très gentil… Son regard se perdit dans le vague. Et il a des yeux incroyablement bleus et des mains si douces, pensa-t-elle. Elle émergea de ses rêveries en entendant les rires étouffés de ses amies.

    Eh bien, on dirait qu’il t’a tapé dans l’œil, se moqua Cristina. Meredith réalisa qu’elle avait pensé tout haut et devint rouge pivoine.

    Et on peut savoir ce qu’il a fait avec ses mains pour te faire autant d’effet ? questionna Izzie, hilare.

    Il a joué au docteur, plaisanta Cristina. Les deux filles éclatèrent de rire sous le regard furibond de George.

    Mais… mais… pas… pas… du… du tout, balbutia Meredith.

    Izzie la poussa légèrement de l’épaule. Oh ça va, pas besoin d’être gênée avec nous, tu sais. Il n’y a pas de honte à être attirée par un homme, surtout quand il s’agit de ton docteur, parce que tu as raison, il est très beau.

    Ouais, mais l’air ne fait pas toujours la chanson, rappela Cristina. Alors, un conseil, t’amourache pas de lui. Ce mec, il pue les emmerdes à cent miles à la ronde. Elle se leva de table. Sur ce, je vais me coucher et vous feriez mieux d’en faire autant parce que demain, on a pas mal de boulot qui nous attend.

    A peine rentrée dans sa chambre, Meredith alla se mettre à sa fenêtre. Un épais brouillard recouvrait la ville créant une atmosphère romantique. Un klaxon se fit entendre au loin, suivi du son d’un moteur pétaradant. Meredith pensa immédiatement au Dr Shepherd. Derek… c’était un beau prénom, original en plus. Vous allez me faire perdre tous mes moyens, lui avait-il dit.Elle vint se planter devant le miroir et s’examina attentivement. La conclusion s’imposa d’elle-même. Comment était-ce possible qu’elle trouble un homme comme le beau chirurgien ? Elle était tellement quelconque. A côté des femmes qu’il fréquentait à l’hôpital, elle ne ressemblait à rien. Arrête de rêver, Meredith, se dit-elle. Il n’y a que dans les contes de fées que les princes épousent des filles comme toi. Ici, on est dans la vraie vie et un homme comme lui ne s’intéressera jamais à toi. 


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  • De retour à la clinique, les deux chirurgiens n’avaient guère eu le temps de faire le point sur les évènements du jour. Les consultations et les interventions s’étaient succédées à un rythme soutenu et ils ne s’étaient croisés qu’à de rares occasions, et jamais seul à seul. Ce n’est qu’à la fin de la journée qu’ils se retrouvèrent dans les vestiaires. Derek y entra alors que Mark achevait de se déshabiller pour aller sous la douche. Derek se laissa tomber lourdement sur le banc et se prit la tête entre les mains.

    Mark vint s’asseoir à côté de lui. Ça ne va pas ? demanda-t-il en posant sa main sur l’épaule de son ami.

    Pas la joie, non ! Derek releva la tête, avec le regard sombre. J’ai dû annoncer à un gars de vingt-huit ans, dont la femme attend un bébé, qu’il n’en avait plus que pour deux mois. Et par dessus le marché, cette infirmière de malheur qui ne cesse de me harceler pour obtenir des explications que je n’ai pas envie de lui donner. Il remarqua alors la nudité de son ami. Euh… tu pourrais éviter de te coller à moi quand tu es à poil ?

    Mark éclata de rire. Chochotte ! Il se leva et ouvrit son casier pour y prendre des serviettes de bain. Alors, comme ça, Rose continue à faire des siennes !

    Ouais… Déjà ce matin, quand j’étais avec la gamine. Enervé, Derek se leva et repoussa violemment le banc, lequel heurta les casiers. Elle me pompe, cette garce !

    Mais pas comme tu le voudrais ! plaisanta Mark.

    Derek leva les yeux au ciel. Vraiment très marrant. Nom de Dieu, si on ne peut plus se faire tailler une pipe tranquillement, où va-t-on ? s’indigna-t-il

    Mark hocha la tête en guise d’approbation. Moi, à ta place, j’irais voir le vieux et j’exigerais son renvoi.

    Derek haussa les épaules. Et sous quel prétexte ? Tu me vois aller chez Webber et lui dire de licencier une infirmière parce qu’elle suce mal ? Il commença à se déshabiller.

    Mark grimaça en se pinçant les lèvres. Vu comme ça, évidemment ! Bon, il faut qu’on discute de tout ça posément. Ça te dit, un verre entre hommes, après ?

    Une heure plus tard, ils étaient assis au comptoir d’un pub branché du centre ville, laissant leur regard dériver sur les tables, un peu à la manière de fauves qui repèrent leurs proies avant de fondre dessus. Tu as bien avancé avec la blonde ? se décida enfin à demander Derek, en vidant son verre d’un trait.

    Mark fit la moue. Bof ! Avec les deux zigotos à côté, ce n’était pas évident. Elle m’a juste raconté qu’ils avaient quitté leur bled… un nom pas possible…

    Crestwood, lui dit Derek. Mark le regarda d’un air interrogatif. Crestwood, c’est le nom de leur village, expliqua Derek. C’est la gamine qui me l’a dit. Ils sont venus ici pour ouvrir un tea-room.

    Mark approuva d’un signe de tête. C’est ça. Il ricana. Quatre gamins qui pensent conquérir San Francisco à coup de muffins.

    Derek fit signe au barman de les resservir. Peu m’importe ce qui l’a amenée ici ! Le principal, c’est qu’elle soit là et qu’elle reste assez longtemps pour faire un tour dans mon lit.

    Avant, elle sera venue dans le mien, répliqua Mark.

    Derek sourit d’un air supérieur. Pas sûr ! Le fait que j’ai soigné sa copine m’a donné quelques points d’avance, je pense.

    Mark feignit d’être choqué. Compte pas trop là-dessus !

    Allez, sois pas mauvais joueur. Derekpassa brièvement son bras autour des épaules de son ami. De toute façon, une fois que je l’aurai baisée, je te la refilerai. Promis !

    Mark sourit. Le pire, c‘est que ça risquait bien de se passer de cette manière. Tu crois que c’est le genre à faire des trucs à trois ? demanda-t-il soudain.

    La tête de Derek dodelina lentement de droite à gauche. Hum ! Possible… Les paysans, tu sais… On serait étonné.

    Ouais, c’est clair. Le contact de la nature, observer les animaux, ça donne des idées, estima Mark.

    Derek pouffa de rire. T’es trop con, toi, quand tu t’y mets.

    Mark le regarda avec un air ironique. Con peut-être mais avec une mémoire d’éléphant. Et moi, je n’oublie pas notre pari. Il serait temps que tu te mettes à la recherche de Miss Monstre. Le gala, c’est bientôt.

    Tu fais chier avec ton pari à la con, grommela Derek. Où veux-tu que je trouve ça ?

    Mark étendit son bras gauche vers la salle. Eh bien, ici peut-être, ce soir.

    Derek porta son verre à ses lèvres. Trop tard ! Ça fait quinze minutes que nous sommes le point de mire de deux filles pas mal du tout. Je crois bien que je vais terminer cette putain de journée de façon agréable. Il afficha son sourire le plus ravageur et leva son verre en direction des deux jeunes femmes.


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  • C’est en sifflotant que Derek sortit de l’hôtel où il venait de passer la nuit avec la femme qu’il avait rencontrée la veille, dans ce pub où il était avec Mark. L’expérience avait été plutôt agréable. La jeune femme, Hazel, avait été très entreprenante, devançant même tous les désirs du chirurgien, sans tabou. Mais ce que Derek avait le plus apprécié, c’était qu’il n’y avait eu aucun faux-semblant entre eux. Inutile de prétendre avoir eu le coup de foudre, pas besoin de faire des déclarations enflammées. Il avait à peine eu le temps de se présenter qu’Hazel avait immédiatement mis les choses au point. Elle savait ce qu’il attendait d’elle et ça lui convenait tout à fait. La nuit qu’ils allaient passer ensemble n’aurait jamais de lendemain. Elle n’avait pas menti. Aucune question d’ordre personnel, pas de perte de temps en palabre, ils avaient baisé toute la nuit et s’étaient quittés avec un simple baiser sur la joue. Si elles pouvaient toutes être comme ça, pensa Derek.

    Il monta dans sa voiture et mit le contact avant de regarder sa montre. Comme il avait encore une bonne heure à tuer avant sa première intervention, il décida de passer à la boutique pour faire plus ample connaissance avec Izzie. Compte tenu des travaux encore à réaliser, il supposait que la fine équipe de Crestwood serait déjà à pied d’œuvre. Il en profiterait pour acheter son journal chez Alex. Ce serait aussi l’occasion de prendre des nouvelles de la petite patiente de la veille.

    Au même moment….

    Après une nuit hantée par l’image d’un certain docteur aux yeux bleu azur, Meredith s’était réveillée, légèrement courbaturée mais en meilleure forme qu’elle ne l’aurait cru, compte tenu de ce qui lui était arrivé. Comme à son habitude, elle se précipita à la fenêtre et laissa son regard divaguer quelques instants sur la ville. En cette heure matinale, seules les hauteurs du Golden Gates Bridge surnageaient au-dessus d’une mer de brume. Cela lui donna une impression de surnaturel.

    Elle retrouva ses amis attablés devant un solide petit-déjeuner. Elle était à peine assise que Gloria posa devant elle un énorme bol de muesli. Tenez mon petit, après votre accident d’hier, vous avez besoin de vous requinquer. Ça ne m’étonne pas que vous ayez eu un malaise. Vous êtes beaucoup trop maigre, ajouta la dame avec un air désolé.

    Alors, je récapitule le programme pour aujourd’hui, déclara Cristina en se beurrant un toast. Avec George, on va aller voir les meubles qu’Izzie a repérés. Comme c’est en dehors de la ville, je pense qu’on va en avoir pour la journée. George acquiesça d’un signe de tête. S’il appréhendait un peu de passer la journée en tête-à-tête avec Cristina, il était ravi d’échapper aux corvées habituelles. Vous, les filles, vous allez pouvoir commencer les peintures, poursuivit Cristina. Et j’espère que vous allez en mettre un bon coup. Parce qu’hier, ça a vraiment été une journée gâchée !

    Izzie faillit s’étrangler d’indignation. Ça, c’est vraiment dégueulasse de dire ça ! Comme si on n’avait rien fait hier ! Et même si ça avait été le cas, ça aurait été normal, avec ce qui est arrivé à Meredith. Cristina haussa les épaules, avec une mine boudeuse.

    Et il ne faut pas t’attendre à ce qu’elle soit à cent pour cent aujourd’hui, renchérit George. Elle est encore sous le choc.

    Mais non, pas du tout, protesta l’intéressée. Je vais très bien. Avec Izzie, on va s’occuper des peintures, ne vous inquiétez pas.

    Moins d’une heure plus tard, Cristina déposait ses deux amies devant la boutique avant de repartir avec George. Dès qu’il aperçut Izzie, Alex sortit de son échoppe et vint vers elle. Salut, beauté ! La jeune fille l’accueillit avec un grand sourire.

    Pendant qu’ils entamaient une discussion, Meredith entra dans la boutique. Elle en fit le tour pour mesurer l’étendue des travaux encore à entreprendre. Il restait tant à faire qu’elle en éprouva un certain découragement. Elle commençait à rassembler le matériel dont elle et Izzie allaient avoir besoin pour peindre, quand son amie passa la tête à la porte du magasin. Mer, j’ai une petite course à faire. Ça ne te dérange pas ? Je n’en ai pas pour longtemps.

    Pas de souci, Iz, répondit Meredith avec un petit sourire. J’ai de quoi faire en t’attendant. Après le départ d’Izzie, elle passa dans l’arrière-boutique où elle découvrit les pots de peinture alignés au pied de l’échelle. Sa décision fut prise en une seconde. Comme la veille, elle n’avait pas été capable d’aider ses amis – elle les avait même retardés - il fallait qu’elle mettre les bouchées doubles. Elle prit un pot de peinture blanche et elle l’apporta dans la boutique. Elle revint ensuite pour prendre l’échelle. Mais elle préféra opter pour l’escabelle qui était moins haute et qui lui semblait plus stable. Après l’avoir dépliée, elle la regarda avec appréhension. Courage ! Si tu ne regardes pas par terre, il ne t’arrivera rien, s’encouragea-t-elle à mi-voix. Après s’être mis sur la pointe des pieds, pour déposer un rouleau et le pot de peinture sur la plateforme de l’escabelle, elle agrippa solidement les barreaux et grimpa lentement, marche après marche, en fixant un point sur le mur pour ne pas être tentée de regarder le sol. Quand elle arriva sur la dernière marche, elle se sentit heureuse d’avoir surmonté sa pire crainte. Tu vois, quand tu veux ! se dit-elle. Elle se détendit un peu et plongea son rouleau dans le pot de peinture. On y va ! 


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  • Lorsque Derek arrêta sa Porsche devant l’échoppe d’Alex, son premier réflexe fut de regarder en direction de la boutique. Il aperçut une silhouette à travers la vitre mais les reflets l’empêchèrent de l’identifier. Il sortit de sa voiture et avança vers le magasin, en espérant que la silhouette était celle d’Izzie et qu’il allait enfin pouvoir passer à l’attaque, sans Mark pour le gêner. Il poussa la porte de la boutique et faillit s’étrangler de fureur en découvrant Meredith perchée sur le dernier échelon de l’escabelle. Descendez de là tout de suite ! ordonna-t-il d’une voix forte.

    Meredith était tellement concentrée sur son travail et aussi sur le fait de garder son équilibre, qu’elle n’avait pas prêté attention aux bruits de la rue pas plus qu’elle n’avait entendu la porte de la boutique s’ouvrir. Aussi sa surprise fut totale quand elle entendit une voix masculine l’apostropher de cette manière. Manquant de tomber, elle se rattrapa de justesse au dernier barreau et se tourna vers celui qui venait d’entrer. Elle fut stupéfaite en voyant qu’il s’agissait du chirurgien. Ah c’est vous ! s’exclama-t-elle. Qu’est-ce qui vous prend de crier comme ça ? Vous auriez pu me faire tomber.

    Oh vous n’avez pas besoin de moi pour ça, riposta Derek. En tout cas, vous avez la mémoire courte. Qu’est-ce que je vous ai dit hier ?

    Oui, je sais, reconnut Meredith, rouge de confusion. Mais il y a encore beaucoup de choses à faire et il faut qu’on avance.

    Alors ça, je n’en en ai rien à faire ! Derek vint se poster à côté de l’escabelle. Tout ce que je vois, c’est que vous m’avez désobéi. Vous mériteriez une paire de claques. Il lui tendit la main. Allez, sale gamine, descendez de cette escabelle !

    Le fait qu’il l’ait traitée de sale gamine agaça Meredith. C’est ce qui lui donna le courage de se rebiffer. Et c’est vous qui allez faire le boulot à ma place ? Non, n’est-ce pas ? Alors, laissez-moi tranquille ! Elle plongea son pinceau dans le pot de peinture.

    Derek fut tellement étonné qu’elle ose lui tenir tête qu’il lui fallut quelques secondes avant qu’il ne réagisse. Ça, c’est ce qu’on va voir ! Ou vous descendez de votre plein gré ou je m’en charge !

    Vous n’oserez pas, grommela Meredith.

    Ah vraiment ? Derek la saisit par le bras et la tira vers lui, ce qui la fit atterrir directement dans ses bras.

    La peur qu’elle avait ressentie en se sentant tomber fit aussitôt place à de la fureur. Mais vous êtes dingue ! cria-t-elle. J’aurais pu me faire mal. Lâchez-moi tout de suite. Elle commença à se débattre pour lui échapper.

    Derek remarqua que les yeux de la jeune fille étincelaient de colère et il les trouva encore plus beaux. Son tempérament de prédateur reprit le dessus. Vous lâcher ? murmura-t-il. Mais pourquoi ? Vous n’êtes pas mieux dans mes bras que sur votre échelle ? Il la serra un peu plus fort contre lui. La hargne de Meredith retomba comme un soufflé dès qu’elle sentit le corps du chirurgien contre le sien. Elle se sentit rougir et baissa les yeux, ne pouvant plus soutenir le regard bleu qui la fixait. Un séducteur comme Derek ne pouvait que remarquer le trouble qui s’était emparé d’elle et évidemment, en jouer. Je tiens à vous, vous savez.

    Le cœur de Meredith bondit dans sa poitrine. Etait-ce possible qu’elle ait réussi à éveiller l’intérêt du chirurgien ? Si cette idée la ravissait, elle lui faisait peur aussi, parce que si c’était vraiment le cas, il ne pourrait être que déçu par elle. Lâchez-moi s’il vous plait, fit-elle sur un ton légèrement suppliant.

    Par jeu, Derek la retint, l’étreignant même encoreun peu plus, jusqu’à sentir un sein ferme contre son torse. C’est ce que vous voulez vraiment ? lui demanda-t-il, charmeur en diable. Elle fit timidement signe que oui. Il feignit d’être un peu peiné.Très bien, alors je vous laisse partir… à condition que vous me promettiez d’être une gentille fille. Elle leva légèrement la tête vers lui avec un regard interrogateur. Plus d’échelle, d’accord ? lui dit-il avec un sourire conquérant.

    En cet instant, il aurait pu lui demander n’importe quoi, elle le lui aurait donné. D’accord, chuchota-t-elle.

    Très bien. Derek la déposa sur le sol et regarda autour de lui, avant de se tourner à nouveau vers elle avec un air critique. Alors, dites-moi, où sont vos amis ? J’aurais pensé qu’après ce qui vous est arrivé hier, ils vous auraient ménagée. Et au contraire, ils vous laissent tout le boulot. Décidément, on a une conception très particulière de l’amitié à Crestwood.

    Meredith nota qu’il n’avait plus du tout la même attitude envers elle et elle réalisa que tout ce qui avait précédé n’avait été qu’un jeu de sa part. Il avait très certainement remarqué son trouble et il en avait joué. Mais qu’est-ce tu as cru, ma pauvre fille ? se gourmanda-t-elle. Comme si tu pouvais attirer ce genre d’homme ! Déçue mais aussi blessée, elle se promit de ne plus se laisser duper par le chirurgien. Elle adopta un ton détaché. Vous savez, ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas là qu’ils ne font rien. Cristina et George sont allés voir des meubles en dehors de la ville et Izzie avait une course à faire.

    C’est bien ce que je dis, vous travaillez pendant qu’ils se baladent, répliquaDerek. En voyant qu’elle haussait les épaules, il leva les yeux au ciel. Quand allez-vous enfin les empêcher de vous exploiter ? Il revint vers elle avec un sourire coquin. Je devrais être le seul à pouvoir abuser de vous. Son attitude et le double sens de sa phrase firent s’empourprer les joues de Meredith. Cela amusa Derek. Il se rapprocha d’elle avec des yeux de velours. Vous ne dites plus rien ? Je vous intimide ?


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  • Derek se retourna en entendant du bruit à la porte. Son humeur primesautière s’évanouit à la seconde même où il aperçut Mark qui le regardait d’un air goguenard. Tiens qui voilà ! persifla-t-il. ça fait longtemps que tu es là ?

    Mark lui fit un grand sourire. Assez longtemps pour t’entendre dire à la demoiselle que tu voulais abuser d’elle. Vilain garçon ! se moqua-t-il.

    Meredith rougit violemment. Quant à Derek, il se renfrogna, et plus encore quand il aperçut Izzie dans l’ombre de son ami. Je pensais que tu avais quelque chose d’important à faire ce matin, dit-il froidement à ce dernier.

    Tu m’avais dit la même chose, répliqua Mark avec un air narquois. C’était quoi, encore ? Un rendez-vous super urgent avec Richard, c’est bien ça ?

    Derek éluda la question. Je peux savoir ce que tu fais ici, à cette heure ?

    Mark prit un air innocent. La même chose que toi, sans doute.

    Izzie entra dans la boutique et sourit à Derek. Bonjour. Vous allez bien ? Sans attendre la réponse, elle se tourna vers son amie. Je suis désolée de t’avoir laissée si longtemps  mais je suis tombée sur ce charmant docteur qui m’a emmenée boire un café et je n’ai pas vu le temps passer. Messieurs, si vous voulez bien nous excuser… Elle prit Meredith par le bras pour l’entraîner dans l’arrière-boutique. Alors, il est venu prendre de tes nouvelles ? demanda-t-elle à mi-voix à sa camarade. C’est gentil, je trouve.

    Oui, très gentil, répondit Meredith qui préférait garder pour elle sa conversation avec le beau chirurgien. Elle n’avait pas envie qu’Izzie se moque d’elle et encore moins qu’elle aille tout raconter à Cristina et George. Et toi, ton café avec…

    Mark, Mark Sloan, lui apprit Izzie. C’était plutôt sympa. On a bien rigolé. Dans un même mouvement, les deux filles se tournèrent vers la boutique et observèrent les deux hommes qui semblaient être en grande discussion.

    Dis donc toi, je te croyais plus fair-play, reprochait Mark à son ami, en prenant garde ne pas parler trop fort. Pas très sympa de venir draguer la fille de mes rêves en mon absence.

    Fair-play ? Derek ricana. Si tu l’étais, tu m’aurais dit que tu comptais venir ici ce matin. Ecoute, on va mettre les choses au point tout de suite, on oublie les règles. La seule chose qui compte, c’est d’être le premier qui couchera avec elle. Et pour ton information, c’est aussi la fille de mes rêves.

    Mark fit semblant d’être surpris. Ah ce n’est pas ce que j’ai cru comprendre ! Derek fronça légèrement les sourcils. Ben oui, poursuivit Mark. Quand je suis arrivé, tu serrais le boudin de vraiment très près et tu la gratifiais d’un de tes fameux regards. La pauvre a failli en pisser dans sa culotte.

    Qu’est-ce que tu imagines encore ? grogna Derek.

    Oh mais je n’imagine rien du tout, rétorqua Mark. Hier déjà, j’ai bien vu que tu étais aux petits soins avec elle. Et on sait tous les deux que la gentillesse gratuite, ce n’est pas ton truc.

    Derek ne put cacher qu’il était contrarié. Elle me fait pitié, c’est tout, assura-t-il. C’est une gamine qui se fait exploiter par tout le monde, à commencer par ses copains. Ici, elle va se faire bouffer, alors j’essaie de lui apprendre à se défendre. Je ne supporte pas l’injustice, conclut-il, à court d’arguments.

    Mark s’esclaffa. Celle-là, tu ne me l’avais jamais faite ! Derek Shepherd, défenseur des opprimés. Et c’est pour lui apprendre à se défendre que tu te collais à elle ? Enervé d’être pris en défaut, Derek se contenta de hausser les épaules. Ce ne serait pas plutôt parce que tu as des vues sur elle ? insista Mark. Note, moi, je n’y vois aucun inconvénient. Ça me laissera le champ libre avec sa copine. Bon, c’est clair que ce n’est pas tout à fait ton genre, mais il n’a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis. Il pouffa de rire.

    Derek le fusilla du regard. Tu es vraiment con quand tu t’y mets ! Qu’est-ce que j’en ai à foutre de cette fille, moi ?

    Dans l’arrière-boutique, Izzie se pencha vers Meredith. Comment tu le trouves ?

    Qui ça ? s’enquit Meredith qui avait le regard fixé sur Derek et qui se demandait ce que son ami pouvait bien lui dire pour qu’il ait l’air si contrarié.

    Izzie souffla. Pfft ! Mark, bien sûr !

    Meredith regarda brièvement l’autre chirurgien auquel elle n’avait pas vraiment prêté attention jusqu’à présent. Il est plutôt bel homme et il a l’air sympathique.

    Izzie marqua son accord par un signe de tête. Tu crois que je lui plais ?

    Evidemment ! Meredith regarda son amie avec autant d’admiration que d’envie. Je ne connais aucun garçon à qui tu ne plaises pas. Izzie lui adressa un grand sourire. Si seulement j’étais comme toi, pensa Meredith avec un léger pincement au cœur, en contemplant discrètement Derek.   


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