• Derek ouvrit la porte du vestiaire qu’il partageait avec Mark et poussa délicatement Meredith à l’intérieur. A peine la porte était-elle refermée qu’il prit la jeune fille dans ses bras. Tu as aimé, dis-moi ? lui demanda-t-il d’une voix fébrile. L’intervention, tu as aimé ?

    J’ai eu peur surtout ! s’exclama-t-elle en se serrant contre lui.

    Moi aussi, mais c’était génial. La petite… Encore sous le coup de l’excitation, il s’arracha des bras de Meredith pour faire quelques pas dans la pièce. Tu vois, quand son cœur s’est arrêté… Il s’immobilisa brusquement. Nom de dieu, je crois bien que j’ai paniqué, avoua-t-il dans un souffle. Mais tout de suite après… Il commença à arpenter son vestiaire. J’ai senti… c’est étrange, tu sais… Son cœur avait cessé de battre mais j’ai senti qu’elle était en train de lutter pour vivre, affirma-t-il, les yeux brillants. Alors, j’ai lutté avec elle. Et je l’ai ramenée. Il poussa un soupir de soulagement, comme s’il venait de sauver la fillette à la seconde. Et puis, il y avait la tumeur. Une saleté comme c’est pas possible. Enorme et terriblement mal placée mais… Son visage s’éclaira subitement et il s’arrêta devant Meredith, qui s’était adossée à la porte. Je l’ai eue, bébé ! Les yeux de Meredith étincelaient de tant d’admiration et d’adoration qu’il eut l’impression d’être un dieu. Il se jeta sur elle. Je t’aime, murmura-t-il, les yeux plongés dans ceux de son amie. Il lui prit le visage entre ses mains et fondit sur ses lèvres, les embrassant avec passion, chacun de ses baisers étant ponctué par de petits gémissements de béatitude. Très vite, ses mains vinrent se poser sur la peau de la jeune fille, à la naissance des hanches que ni le jean taille basse, ni le tee-shirt ne couvrait. Ce contact électrisa Derek. Ses doigts remontèrent lentement dans le dos tandis que sa bouche parcourait le chemin qui la menait au cou. Quand il commença à y planter délicatement ses dents, Meredith renversa sa tête en arrière avec un petit rire comblé. C’était si bon de le retrouver. Il se redressa. Tu es belle, lui susurra-t-il à l’oreille. Et terriblement sexy. Tu sais que tu es très excitante en blouse blanche ? Elle gloussa. Tu viens prendre une douche avec moi ? proposa-t-il d’une voix suave où le désir transparaissait. Toujours souriante, elle refusa l’invitation d’un signe de tête. Il s’attendait à cette réponse. Il ne fut donc pas déçu. Il lui appartenait maintenant d’essayer de la faire changer d’avis. Il recula de quelques pas et commença par ôter sa blouse blanche qu’il jeta sur le banc, avant de retirer sa tunique. Une fois torse nu, sans quitter Meredith des yeux, il enleva, avec une lenteur étudiée, son pantalon, faisant apparaître son corps délié et musclé, mais surtout son sexe en érection. Il apprécia de voir Meredith rougir mais éprouva quelque dépit lorsqu’elle tourna la tête. L’affaire était loin d’être gagnée. Cependant, cette résistance, dont il n’avait pas pensé qu’elle serait aussi déterminée, l’émoustilla plus qu’elle ne le contraria. Il aimait relever les défis. Il se campa, bien droit, devant la jeune fille, en affichant fièrement son désir pour elle. Toujours pas tentée ? Il sourit en la voyant rougir de plus belle. Par la douche bien sûr.

    Incapable d’articuler un seul mot, Meredith hocha encore une fois la tête. Pour la première fois depuis leur réconciliation, elle venait de ressentir un désir fou pour Derek. Il était beau, si beau. Et son sexe. Oh mon dieu qu’il était tentant, ainsi superbement dressé ! A cette pensée, elle sentit sa peau devenir écarlate. A nouveau, elle détourna le regard. Rassuré par son trouble évident, Derek disparut par la porte qui se trouvait au fond de la pièce. Le bruit de l’eau qui coulait parvint assez vite à Meredith. Pour s’occuper les mains et l’esprit, elle ramassa les vêtements que Derek avait jetés à terre et les plia soigneusement. Mais il aurait fallu qu’elle ait quelque chose de bien plus intéressant à faire pour empêcher son esprit de vagabonder. Le petit striptease de Derek avait fait son effet et elle sentait des fourmillements dans le bas de son ventre. Une image surtout revenait l’assaillir, celle du pénis turgescent faisant des allers et retours dans sa bouche. La vision était tellement précise qu’elle eut l’impression de sentir le membre contre son palais. Un gémissement lui échappa. Tu es tombée bien bas, ma pauvre fille, se gourmanda-t-elle intérieurement en secouant la tête, comme pour chasser ses pensées. Elle s’assit sur le banc, la blouse de Derek étroitement serrée sur son cœur.

    Elle était toujours plongée dans ses pensées lorsque la voix du chirurgien lui parvint depuis la salle de bains. Bébé… Elle sursauta en l’entendant. Tu peux m’apporter une serviette s’il te plait ? Dans l’armoire à côté de la porte.

    J’arrive. La serviette sur le bras, elle emprunta le même chemin que Derek quelques minutes plus tôt et arriva dans une salle de douche, qui lui fit penser à celle de la péniche. Pas de cabine mais une grande pièce carrelée avec des jets d’eau au plafond. Le corps ruisselant d’eau, Derek était en train de refermer le flacon de savon. Il releva la tête à l’entrée de sa petite amie et lui décocha un sourire reconnaissant. Elle lui apporta la serviette, en évitant que son regard ne se pose trop sur lui. Derek nu et qui plus est mouillé était synonyme de danger pour elle. Elle s’arrêta à un mètre de lui et lui tendit le rectangle de tissu éponge à bout de bras. Il le saisit et commença à se sécher énergiquement les cheveux, avant de la passer sommairement sur le corps. Meredith allait repartir quand elle fut happée par une main et plaquée contre le mur. Où tu vas ? lui murmura Derek.   

    Nulle part, je…

    Il lui coupa la parole avec un baiser, ses lèvres pinçant celles de la jeune fille avant de lui fouiller fougueusement la bouche avec sa langue. Je t’aime, chuchota-t-il entre deux baisers. Il n’obtint comme réponse qu’un gémissement. Il enfouit brusquement son nez dans le cou de Meredith qu’il mordilla légèrement, avec de descendre plus bas, jusqu’au décolleté, et enfin à la naissance des seins. Dans le même temps, ses mains reprirent leur place à la taille mais l’abandonnèrent presque tout de suite pour s’infiltrer sous le petit haut fuchsia et remonter jusqu’au soutien-gorge qu’elles ouvrirent d’une simple pression. Tandis que sa bouche bécotait un sein par-dessus le tee-shirt, Derek fit passer une main devant et l’insinua sous le bonnet de dentelle. Le contact du globe le fit gémir. Il le palpa délicatement tout en pressant son bassin contre celui de son amie, afin de lui faire sentir son érection.

    Meredith fut prise d’un vertige. Non, non, haleta-t-elle en le repoussant.


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  • Pourquoi ? geignit Derek, lui aussi à bout de souffle, en se laissant aller contre elle.

    Pas maintenant, pas encore, se justifia Meredith, la paume de ses mains contre le torse encore humide de son amant, prêt à le repousser encore une fois.

    Pourquoi ? répéta-t-il avec plus de force. Tu en as envie. Je le sais. Je le sens.

    Oui, j’en ai envie, avoua-t-elle enfin. Résister à l’appel du sexe bandé qu’elle sentait contre son ventre était certainement une des choses les plus difficiles qu’elle avait jamais faite. J’ai envie de toi mais je ne veux pas. Pas tout de suite.

    Derek la scruta de ses yeux bleus que la contrariété avait assombris. Tu veux me punir par où j’ai pêché, c’est ça ?

    Non, pas du tout, protesta Meredith avec véhémence, choquée qu’il puisse lui prêter de telles intentions. Je n’ai aucune envie de te punir ou de me venger. Ça n’a vraiment rien à voir avec ça.

    Alors pourquoi ? insista Derek, sincèrement étonné par cette attitude qu’il ne comprenait pas. Explique-moi.

    Meredith lui passa une main tendre dans les cheveux, s’amusant à remettre en place quelques mèches qui lui tombaient sur le front. Quand on était ensemble… avant… on faisait l’amour mais on ne se parlait pas ou alors juste de sexe. Derek fronça les sourcils, prêt à rectifier ce qui lui semblait être une exagération. Elle le devina et s’empressa d’enchainer. Tu me disais que tu avais envie de moi, que tu aimais faire l’amour avec moi, que je te donnais du plaisir, beaucoup de plaisir, enfin tout ça, et c’est bien, ajouta-t-elle précipitamment en le voyant ouvrir la bouche pour se défendre. J’aime bien que tu me dises tout ça mais… je veux autre chose. Elle suivit du bout des doigts chaque courbe du visage de son petit ami, s’attardant un peu plus longtemps sur ses joues. Je veux que tu me parles. De toi, de tes sentiments. Je veux que tu me parles d’amour, parce que tu ne l’as pas encore fait, enfin pas beaucoup. Et j’en ai besoin, confessa-t-elle avec un air contrit, comme si elle voulait s’excuser d’être aussi exigeante. Le sexe, je sais que c’est bien, mais l’amour… Sa voix s’enroua sous l’effet de l’émotion. J’ai besoin que tu me dises encore que tu m’aimes. Que tu m’aimes pour ce que je suis et pas parce que je te donne du plaisir. J’ai besoin que tu me rassures, Derek.

    Il plissa légèrement les yeux. Que je te rassure ? Ça veut dire que tu as encore peur ? Ou que tu n’as toujours pas confiance en moi ? La tête baissée, Meredith ne répondit pas et son silence fit mal à son compagnon. D’accord, d’accord. Je comprends. Même si ce n’était pas facile à admettre, il était conscient qu'elle avait toutes les raisons de rester méfiante. Ce qu’il lui avait fait subir l’avait si profondément blessée qu’il lui faudrait du temps, et certainement beaucoup de preuves, pour être pleinement convaincue de la sincérité de son amour. Il mit deux doigts en-dessous du menton de la jeune fille pour l’obliger à relever la tête vers lui. Regarde-moi. Pourquoi tu ne m’as pas dit tout ça plus tôt ? Elle haussa légèrement les épaules tandis que les larmes envahissaient ses yeux. Si tu attends de moi que je te dise ce que je ressens, le contraire est vrai aussi, Meredith. S’il y a quelque chose qui ne va pas et que tu ne me le dis pas, je ne suis pas certain de toujours le deviner, parce que la psychologie et moi… Et pour le reste… Il l’enveloppa d’un regard tendre. Je te parlerai d’amour, lui promit-il. Pas parce que tu me l’as demandé mais parce que j’en ai envie. Je t’aime, bébé. Il lui déposa un sage baiser sur les lèvres. Mais seulement je te désire aussi, autant que je t’aime. Je ne peux pas dissocier les deux, lui expliqua-t-il en la reprenant contre lui. Et quand on fait l’amour tous les deux… Il soupira. C’est comme si on ne faisait plus qu’un. C’est merveilleux comme sensation. Je ne l’avais jamais connue avant, jamais. Il fléchit un peu les jambes pour que son visage se retrouve au même niveau que celui de Meredith, qu’il prit entre ses mains. Alors quand je dis que j’ai envie de toi, ça ne veut pas seulement dire que j’ai envie de faire l’amour, ça veut dire aussi que je t’aime et que je ne veux faire qu’un avec toi, parce que ça me rend vraiment heureux. Cet aveu toucha Meredith au plus profond d’elle-même, si bien qu’elle se mit à pleurer. Derek la réprimanda gentiment. Oh qu’est-ce que tu me fais là ? Emu lui aussi, il le cacha sous des dehors un peu bourrus. Si tu pleures à chaque fois que je te parle d’amour, je ne vais pas le faire souvent. Elle émit un petit rire à travers ses larmes. Attends… Derek repartit en direction du vestiaire et, quand il en revint, il avait passé un peignoir de bain et il amenait une petite serviette propre avec laquelle il entreprit d’essuyer le visage de la jeune fille. Elle lui sourit et il sentit une énorme bouffée de tendresse l’envahir. Tu sais, je suis plutôt doué dans mon genre, plaisanta-t-il. Je suis tout à fait capable de parler et de faire l’amour en même temps.

    A nouveau, le petit rire frais et mutin de Meredith résonna dans la pièce. Oh ça, je n’en doute pas. Je sais, dit-elle avec plus de sérieux. Mais quand on refera l’amour, ce ne sera pas ici. Son regard critique fit le tour de la pièce. C’est trop laid et surtout, je suis certaine que tu as sauté une bonne partie des filles de cette clinique, dans cette salle de bains. Elle le dévisagea avec une sévérité qui n’était pas réelle. Pour sa tranquillité d’esprit, elle avait décrété que tout ce qu’il avait pu faire avec d’autres avant elle ne la concernait pas. C’était tout ce qui s’était passé pendant, qui lui posait encore un problème.

    Derek ne songea pas à réfuter son accusation. Elle avait pleinement raison. Cette pièce avait été le théâtre de trop de ses errements. Il s’en voulut d’avoir envisagé qu’ils pourraient s’y retrouver. Je suis désolé, je n’avais pas pensé à ça, reconnut-il avec un air penaud. Tu as raison, quand on refera l’amour, ce sera dans un endroit tout neuf, sans souvenir, et ça deviendra notre endroit rien qu’à nous. Comme le motel de Cloverdale, ajouta-t-il avec un sourire à la fois moqueur et tendre. Le motel était minable mais la nuit était magique. Meredith approuva d’un signe de tête, les yeux brillant de bonheur, avant de se jeter dans ses bras. Il la souleva légèrement de terre et elle enfouit ses doigts dans l’épaisse chevelure brune. Ils s’embrassèrent avec passion, se léchant mutuellement les lèvres, les mordillant, les pinçant avant de faire lutter leurs langues avides de se retrouver. Il n’en fallut pas plus pour que le pénis de Derek se raidisse à nouveau. Le chirurgien émit un grognement sourd en reposant délicatement Meredith sur le sol. Je crois que j’ai besoin d’une autre douche, grommela-t-il en retirant son peignoir. Froide. Très froide, précisa-t-il avec un regard tellement désespéré que Meredith éclata de rire. Cette fois, elle ne détourna pas le regard quand il présenta son sexe bandé sous le jet d’eau.


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  • Lorsque Derek gara la Porsche sur le parking de Baker Beach, les yeux de Meredith se mirent à briller. Devant elle, s’étendait une plage de sable fin brun qui offrait une vue splendide sur le Golden Gate à droite, et sur les falaises du Lincoln Park à gauche.

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    Oh c’est génial ! s’exclama la jeune fille en tournant un visage rayonnant vers Derek. Elle avait l’impression de découvrir l’océan pour la première fois. Ce n’était pas vrai bien sûr. Il était impossible de vivre à San Francisco en ignorant l’eau qui baignait la ville de toute part. Mais Meredith n’y avait jamais vraiment fait attention. Dès son arrivée, elle avait été prise dans le tourbillon infernal que lui avait imposé Cristina et elle n’avait que peu profité de tout ce que la ville avait à proposer. Alors, maintenant, elle se rassasiait du spectacle des grosses vagues et des surfeurs qui se jouaient de celles-ci. Je n’étais jamais venue ici, précisa-t-elle en prenant la main de Derek.

    Il lui sourit, heureux du succès que remportait son initiative. Pourtant, c’est la plage la plus connue de San Francisco, lui indiqua-t-il.

    Tu sais, avec Cristina, on n’avait pas tellement le temps d’avoir des loisirs, lui rappela-t-elle avec une grimace. Après avoir échangé un regard complice, ils sortirent de la voiture. Et il y a beaucoup de monde ! se réjouit Meredith tandis que Derek allait prendre la glacière contenant leur pique-nique, dans le coffre. On se croirait en vacances.

    Il vint se mettre à côté d’elle et la prit par les épaules. Oui, il fait très beau aujourd’hui alors, les gens sont venus en profiter avec leur famille ou leurs amis.

    Et nous, on vient en amoureux, dit-elle en levant vers lui un regard caressant. Transporté par ce dernier mot, pourtant des plus simples, il se pencha pour lui prendre la bouche. Elle noua ses bras autour de son cou et lui rendit son baiser avec passion. Au fur et à mesure des heures passées avec lui, elle retrouvait petit à petit la confiance qu’elle avait ressentie au début de leur relation, l’envie de s’abandonner aussi. Ce constat la rendit optimiste. Bientôt, oui, très bientôt, elle le savait, ils se retrouveraient sans plus aucune réserve. Merci, murmura-t-elle, ses lèvres encore collées à celles du chirurgien. Il se recula légèrement, les sourcils froncés. Merci de m’avoir amenée ici et merci d’être patient et de ne pas…

    Il l’interrompit d’une voix tendre. Ne me dis pas merci. C’est moi qui… Ce fut au tour de la jeune fille de lui couper la parole avec un nouveau baiser, franchissant la première, cette fois, la barrière de ses lèvres pour explorer sa bouche avec sa langue, tandis que ses mains se livraient à leur action favorite, se promener dans la merveilleuse et épaisse chevelure de Derek. Celui-ci déposa la glacière par terre, à l’aveugle, pour pouvoir serrer étroitement Meredith contre lui, en la soulevant légèrement. C’était tellement bon de la sentir à nouveau amoureuse et passionnée, même si ce n’était encore qu’à travers quelques baisers.

    Chéri, chuchota-t-elle en cachant son visage dans son cou. Il fut surpris autant que touché par ce petit nom qu’elle venait de lui donner, surtout qu’elle en était plutôt avare, même dans les moments les plus intimes. Je sais que ce n’est pas très romantique, déclara-t-elle en relevant la tête pour lui décocher un sourire mutin, mais j’ai faim maintenant, très faim.

    Il la déposa à terre en riant. Alors, on va manger. Il reprit la glacière et de l’autre bras, enlaça de près son amie, pour l’emmener dans la direction opposée à la plage.

    Elle le suivit en regardant derrière elle, vers l’océan. Hé où tu vas ? s’écria-t-elle. C’est par là que ça se passe.

    Non, l’aire de pique-nique est là-bas. Derek leva la glacière à bout de bras pour lui indiquer une étendue de sable bordée par un petit bois, où étaient disposés quelques tables et bancs en bois.

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    Meredith s’esclaffa. Oh je vois. Pique-nique tout confort.

    Tu me connais ! Ça ne me dit rien de manger du sable. Derek posa la glacière sur une table et l’ouvrit pour déballer ce que Bailey avait préparé, à commencer par la vaisselle. Alors, on a… des assiettes et des couverts. De très jolies serviettes roses. Il brandit le paquet de serviettes et le déposa devant Meredith qui venait de s’asseoir. Ensuite… des crevettes grises avec de la salade et de la sauce cocktail. Du saumon fumé… Meredith sourit. Il n’y avait que lui pour apporter des mets aussi fins à un pique-nique. Des pilons de poulet rôti, continua-t-il à énumérer. Tu verras, ils sont délicieux. Du roastbeef. De la salade de chou blanc et de carottes, des pommes de terre… Il sortit une bouteille et deux verres. Du vin rosé et pour finir… le dessert, conclut-il avec un air triomphant, en faisant apparaitre deux raviers remplis à ras bord de mousse au chocolat. Certain de l’effet qu’il avait fait, il se tourna vers sa petite amie.

    Tu attends d’autres personnes ? demanda-t-elle en regardant la table avec un air narquois.  

    Son ironie et un rapide coup d’œil sur la table chargée de victuailles firent prendre conscience à Derek de ses excès. J’ai vu trop grand, constata-t-il, dépité.

    Meredith eut mal au cœur. Il avait fait tout cela pour lui faire plaisir et elle lui donnait l’impression de s’en moquer. Oh un peu, mais ce n’est pas grave, s’empressa-t-elle de dire. Comme ça, il nous en restera pour ce soir. On pourra continuer le pique-nique à la péniche.

    Le fait qu’elle veuille venir chez lui ravit Derek qui afficha un grand sourire. Allez, je fais le service.

    Meredith regarda Derek répartir le saumon et les crevettes dans les assiettes. Après avoir servi le vin, il s’assit en face d’elle et ils commencèrent à manger, les yeux dans les yeux et le bonheur inscrit sur leurs visages. Ils restèrent un long moment silencieux jusqu’à ce que Derek se décide à rompre le silence pour poser la question qui le tracassait depuis le matin. Qu’est-ce qu’elle t’a dit, ta mère ?


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  • Meredith se renfrogna avant de hausser les épaules. Rien d’important.

    Dis-moi quand même, la pria gentiment Derek en nouant ses jambes autour des siennes.

    Elle souffla légèrement. Elle te trouve trop compliqué, trop tourmenté. Enfin, ce genre de trucs.

    Je parie qu’elle a dit que j’étais trop vieux aussi.

    Sachant que sa mère avait abordé le sujet avec Derek, Meredith ne chercha pas à travestir la vérité. Oui, elle me l'a dit. Mais c’est n’importe quoi ! martela-t-elle avec force.

    Non, elle a raison, estima Derek. Je suis trop vieux pour toi.

    Irritée, Meredith leva les yeux au ciel. C’est ridicule ! Tu n’es pas si vieux que ça tout de même.

    Aujourd’hui non mais… Quand j’aurai cinquante ans, tu n’en auras que trente-cinq et – Derek soupira fortement – c’est quelque chose qui me fait peur quand j’y pense. Il repoussa son assiette sur le côté.

    Eh bien, n’y pense plus ! conseilla Meredith sur un ton qu’elle aurait voulu léger mais qui ne parvint pas à cacher qu’elle était excédée.

    Ce n’est pas parce que tu fais l'autruche que ton problème disparait, objecta Derek avec calme.

    Mais quel problème ? s’emporta Meredith en déposant ses couverts sur la table. Il n’y a pas de problème. Pas pour moi en tout cas. Je t'aime et je suis bien avec toi, assura-t-elle. Moi, je n’ai jamais ressenti notre différence d'âge, que ce soit physiquement ou mentalement. Et toi ? Tu trouves que je manque de maturité parfois ?

    Derek la tranquillisa immédiatement. Pas du tout. Au contraire. Je trouve que la plupart du temps, tu fais preuve de bien plus que maturité que la plupart des femmes que j'ai connues, et certainement plus que moi.

    Bon alors, il est où le problème ? l'interrogea encore la jeune fille. Moi, quand je te regarde, je ne me dis pas, oh il a quinze ans en plus que moi. Je ne pense jamais à ton âge. C'est quelque chose que je n'ai jamais pris en compte et ça m'étonnerait que je le fasse un jour.

    Tu dis ça maintenant mais…

    Derek ! Elle leva la main pour le faire taire avant de prendre une longue inspiration. Un jour… je venais à peine d’arriver à San Francisco. J’étais en train de nettoyer la boutique et… il y a eu cette voiture de sport qui s’est arrêtée devant et un homme en est sorti. Je ne le connaissais pas mais il avait une telle prestance que je n'ai pas pu arrêter de le regarder. C'était le plus bel homme que j'avais jamais vu. Elle se mordilla la lèvre inférieure. Elle se souvenait encore parfaitement de son impression et de la façon dont son cœur s’était emballé ce jour-là. C’était toi. Derek sourit. Tu as acheté quelques magazines à Alex et après, tu es remonté dans ta voiture en sautant par-dessus la portière. Elle le regarda, émue. Pour moi, même quand tu seras vieux, chauve et ventripotent, tu seras toujours l’homme magnifique que j’ai vu sauter au-dessus de sa portière, ce jour-là, devant la boutique. Elle lut dans les yeux de son amant qu’il éprouvait la même émotion qu’elle et cela l’attendrit. C’est comme ça quand on aime. Quand on aime vraiment. On ne vieillit jamais aux yeux de l’autre.

    Derek tendit le bras au-dessus de la table pour lui prendre la main. Ça m’étonnerait que je devienne chauve et je peux éviter de devenir ventripotent, plaisanta-t-il, mais… – son petit sourire s’effaça – il y a des choses… Il y eut un moment de flottement avant qu’il se décide à lui dire ce qui le tourmentait. Viendra un jour où je ne serai plus l’homme que je suis maintenant.

    Meredith l’interrompit en levant les yeux au ciel Moi aussi, je vais changer. On va tous vieillir. C’est la vie !  

    Oui, mais je serai vieux avant toi et je ne serai plus aussi – Derek hésita sur le terme à utiliser – je ne serai plus à la hauteur. Meredith fronça les sourcils. Je ne pourrai plus satisfaire tous tes besoins, conclut Derek.

    Meredith écarquilla les yeux. Sexuellement ? C’est de ça dont tu parles ? Il fit signe que oui. Tu dis des conneries, laissa-t-elle tomber avec dédain.

    Non, ce ne sont pas des conneries ! protesta-t-il. C'est un fait. Et le sexe, c’est important. Et dans vingt ans, je serai vieux et toi, tu seras en pleine fleur de l’âge et je ne pourrai plus… Il déglutit péniblement. Je ne pourrai plus te satisfaire, répéta-t-il, la voix soudain plus éraillée. Plus de la même façon. Plus comme tu en auras besoin ou envie. Il détourna le regard pour lui dissimuler son trouble.

    Meredith resta pantoise, prenant subitement conscience que leur différence d’âge posait un réel problème à son amoureux. C’est ma mère qui t’a mis tout ça en tête ? s'enquit-elle d’une voix douce.

    Oh non, soupira-t-il. J’y pense depuis longtemps et l’idée que tu puisses un jour me quitter parce que… 

    Arrête, supplia Meredith en se levant pour aller s’asseoir à côté de lui. Arrête. Elle posa la main sur la joue de Derek pour l’obliger à la regarder. Je suis sûre que tu arriveras toujours à me combler comme maintenant et même, si jamais… je ne te quitterai pas. Jamais ! Je t’aime pour bien d’autres choses que le sexe, des choses que le temps ne pourra jamais changer.


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  • Derek voulut parler mais Meredith l’en empêcha en posant délicatement deux doigts sur sa bouche. Je t’aime parce que tu te bats de toutes tes forces pour sauver la vie des petites filles qui ont des tumeurs au cerveau. Je t’aime pour ton sens de l’amitié et l’amour inconditionnel que tu portes à ta mère, malgré tout. Elle ne fut pas surprise de voir les yeux de Derek s’embuer de larmes. Et aussi parce que tu as continué à t'intéresser à la vie de tes sœurs, même de loin. Je t’aime pour la façon dont tu me regardes quand tu crois que je dors. Je t’aime pour ce petit sourire que tu fais quand tu m’offres un cadeau. Ses doigts se mirent à parcourir la bouche de Derek d’un coin à l’autre, dans une légère caresse. Et aussi pour la façon que tu as de te lécher les lèvres quand tu manges quelque chose que tu apprécies vraiment. Il pencha légèrement la tête sur le côté, étonné qu’elle ait fait attention à tous ces petits détails dont il n’avait pas conscience lui-même. Et pour ton rire, poursuivit-elle en le regardant avec attendrissement. J’adore quand tu ris parce que tu me fais penser à un petit garçon espiègle. Et puis, il y a cette petite cicatrice, là. Elle plaça le bout de son index sur la marque qu’il portait sur le front. Mais ce que je préfère, c’est cette petite bosse. Son doigt virevolta rapidement pour arriver sur le nez de son petit ami. C’est pour tout ça que je suis tombée follement, éperdument amoureuse de toi. Elle prit le visage de Derek entre ses mains et se sentit fondre en voyant l’émotion qui transfigurait ses traits. Tu as raison, le sexe, c’est important, et j’aime ça. Avec toi. Parce que c'est toi, insista-t-elle. Mais il y a des choses tellement plus importantes à mes yeux. Elle lui sourit tendrement. Ce qui compte vraiment pour moi, ce sont tous nos petits moments de complicité, nos rires, nos disputes aussi parce qu’après il y a les réconciliations et je ne connais rien de meilleur. Et il y a le soutien qu’on s’apporte et la confiance qu’on a l’un dans l’autre, malgré les problèmes qu'on a connus. Elle se pelotonna contre lui et il referma ses bras sur elle en la serrant étroitement. Je suis bien avec toi et je t’aime. Et si un jour, on doit faire moins l'amour, ou qu'on le fait moins bien, eh bien, ce ne sera pas un problème pour moi, parce qu’il y aura encore tout le reste. Elle se redressa pour se plonger dans ses yeux. Alors ne pense plus à ton âge, parce que moi je n’y pense jamais. Je m’en fous, tu n'imagines même pas.

    Plus Derek apprenait à la connaitre, plus il était impressionné par sa personnalité. Ce qui l’étonnait le plus, c’était la façon dont elle exprimait ses sentiments, franchement, sans réserve, sans avoir peur d’être jugée. Lorsqu’elle lui parlait comme elle venait de le faire, il ne se posait aucune question sur sa sincérité ; il n’avait aucun doute. Tu es merveilleuse, murmura-t-il en lui passant la main dans les cheveux.

    Elle lui adressa un grand sourire. Je sais. C’est pour ça que tu m’aimes.

    Il se mit à rire. Oui, pour ça, et pour bien d’autres choses, ajouta-t-il, plus câlin. Il se pencha pour lui effleurer les lèvres. Je suis totalement dingue de toi, chuchota-t-il avant de l’embrasser à nouveau. Un petit frisson le parcourut lorsque sa bouche retrouva celle de Meredith. Leurs lèvres s’amusèrent un moment à se pincer et à se tirailler, avant de s’écarter pour laisser le passage aux langues qui se léchèrent avec délectation, puis tournoyèrent dans le plus beau des ballets, procurant mille délices aux amoureux. Et quand leur long baiser prit fin, ils ne purent se résoudre à se séparer tout de suite et se prodiguèrent mille petits bécots.

    Les yeux de Meredith brillaient lorsqu’elle s’écarta de Derek. Jusqu’à il y a peu, elle avait eu des doutes et des appréhensions quant à leur relation, se demandant si ses sentiments étaient vraiment payés de retour et si leur couple avait un avenir. Mais les tout derniers jours lui avaient prouvé que le conte de fées auquel elle avait toujours aspiré était en train de se réaliser. Très bien ! clama-t-elle avec une assurance toute nouvelle. Maintenant que ce problème est réglé, je veux du poulet – elle pointa son doigt vers le plat de pilons – et qu’on parle d’autre chose – elle regarda son petit ami en souriant de toutes ses dents – et que tu manges ! Elle prit l’assiette qu’il avait écartée et la remit devant lui. C’est moi qui sers cette fois. Sans lui demander son avis, elle remplit son assiette avec deux pilons de poulet, deux tranches de roastbeef, une bonne portion de légumes et deux pommes de terre.

    Ho doucement ! dit Derek en riant. C’est sûr qu’à ce rythme-là je vais rapidement devenir ventripotent.

    Tant mieux ! répliqua Meredith. Au moins, comme ça, les autres femmes ne te regarderont plus.

    Hmm… ça, c’est pas sûr.

    Elle le fusilla du regard avant de le rejoindre dans son éclat de rire. Une fois calmée, elle se servit une assiette bien plus légère que celle qu’elle avait faite pour Derek. Puisqu’on en est à parler d’avenir, j’ai décidé d’accepter l’héritage de Momsy, lâcha-t-elle après avoir avalé un morceau de roastbeef.

    Derek afficha un sourire ravi C’est vrai ? Elle hocha la tête. Tu as pris la bonne décision, affirma-t-il.

    Je crois, dit-elle entre deux bouchées. Cet argent va me permettre de faire ce que je veux, du moins pour mes études.

    Derek l'approuva d’un signe de tête. Tu l’as déjà dit à Mark ?

    Non. En fait, j’ai pris ma décision seulement hier, en discutant avec Maman. J'ai réalisé que c'était le seul moyen de réaliser mes rêves avant d'atteindre le troisième âge, plaisanta Meredith.

    Et ta mère, qu’est-ce qu’elle en pense ? s’inquiéta Derek avant de porter un morceau de poulet à sa bouche.

    Meredith fit une grimace. Elle n’approuve pas. Elle trouve bizarre qu’une personne que je connaissais à peine me lègue autant d’argent. Et que je l’accepte – elle soupira – c’est contraire à ses principes.


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