• Derek se sentit béni d’avoir rencontré une femme aussi compréhensive que généreuse. Il n’avait pas à craindre qu’elle le juge. C’était sans doute ce qui rendait cette discussion bien moins pénible que ce qu’il avait redouté. On a continué à se disputer en se lançant des tas de reproches à la tête, recommença-t-il à raconter. Je ne sais pas combien de temps ça a duré. Elle a fini par monter dans sa chambre, en hurlant que j’étais un monstre et qu’elle regrettait de m’avoir mis au monde. Quand elle est redescendue… Il s’arrêta brusquement. Une boule d’angoisse venait d’emprisonner sa gorge. Bébé, j’ai besoin d’un autre verre. Tu ne dois pas avoir peur, je ne vais pas me saouler mais… Il passa la main sur son visage en soufflant. Meredith ne put résister à son regard implorant et lui servit elle-même le whisky qu’il réclamait. Pour lui faire plaisir, et aussi la rassurer, il n’en but qu’une lichée. Elle pleurait parce qu'elle avait essayé de lui téléphoner et qu'il n'avait pas répondu, dit-il d’une voix rauque. J’ai mal réagi. Je me suis mis à crier je ne sais plus trop quoi. Je me souviens juste lui avoir dit qu'il ne reviendrait pas, qu’elle devrait se contenter de moi maintenant, mais qu’on allait s’en sortir. Elle a recommencé à hurler qu’elle ne voulait pas de moi, qu’elle ne voulait plus me voir et qu’elle me haïssait. Il reprit son verre et cette fois, but sans retenue. Elle est remontée dans sa chambre en me jurant que puisque j’avais ruiné sa vie, elle allait ruiner la mienne. J'aurais dû la suivre, ne pas la laisser sans surveillance, mais je ne l'ai pas fait, se reprocha-t-il. Je me suis dit qu'elle avait besoin d'être seule, qu'elle allait finir par se calmer. Et puis, après un moment, on a entendu un bruit sourd. Sur le coup, on n'a pas compris. On s'est dit qu'elle avait dû jeter quelque chose par terre. On est monté pour voir ce qui se passait. Il tourna vers Meredith un regard chaviré et elle fut troublée de découvrir une larme qui perlait au bord des cils. La fenêtre de sa chambre était ouverte. J'ai eu comme un pressentiment et je suis allé sur le balcon. Sa voix se brisa. Elle était en bas. Incapable d’en dire plus, il ferma les yeux et le corps désarticulé de sa mère gisant sur les dalles de la terrasse lui apparut. Il ne put soutenir cette épouvantable vision et rouvrit les yeux, sans chercher à retenir les larmes qui en coulaient.

    Bouleversée de le voir ainsi, lui qui d’habitude maîtrisait si bien ses émotions, Meredith posa les mains de part et d’autre de son visage, le maintenant avec douceur, et vint frôler ses lèvres avec les siennes. Ne pleure pas, le supplia-t-elle, pourtant en larmes elle-même. C’est fini maintenant.

    Fini, ça ne l’était pas pour lui. C’était comme si, en se confiant à elle, il avait ouvert les vannes et que maintenant, il n’était plus capable d’endiguer le flot. Quand je suis redescendu… C'était fini, il n'y avait plus rien à faire. Je n’ai pas pu faire quoi que ce soit, insista-t-il d’une voix rendue presque méconnaissable par la douleur.

    Je sais, je sais, murmura Meredith. Tu n’aurais rien pu faire, elle avait pris sa décision. Malgré son calme apparent et sa tristesse, elle était révoltée. Elle ne comprenait pas que la mère de Derek ait pu se donner la mort de cette terrible façon alors que ses enfants étaient dans la maison. Cela lui semblait le comble du sadisme. Madame Shepherd était plus que certainement sincère dans son intention de gâcher la vie de son fils et, d’une certaine façon, elle y avait réussi. Derek avait perdu ses plus belles années à essayer de surmonter ce drame. Ce n’est pas ta faute, ajouta-t-elle en guise de réconfort, même si elle savait que cela ne suffirait pas.

    Il y avait du sang partout, dit encore Derek, les joues ruisselantes de larmes qu’il ne songeait même pas à essuyer. Quand il pensait à cet instant maudit, ce qui restait le plus éprouvant, ce n’étaient pas les mots que sa mère lui avait dits, mais l’image de son corps disloqué gisant sur la terrasse dont les dalles étaient maculées de rouge, et son visage défiguré baignant dans ce qui s’échappait de son crâne, mélange de sang et de cervelle. Il reprit la photo de sa mère bachelière et la fixa intensément. Quand je pense à elle, je la revois à ce moment-là. Son visage abimé. Et le sang, tout ce sang, haleta-t-il. Alors, je prends cette photo pour me rappeler comment elle était avant.

    Meredith lui baisa les lèvres encore une fois, pour le faire taire. Chuuut, chuuut. C’est fini. Je ne veux plus que tu y penses. Mon dieu, comme elle s’en voulait ! Si elle avait pu ne fût-ce que supposer les réelles circonstances de la mort de la mère de Derek, jamais elle ne se serait montrée aussi curieuse. Elle se demandait pourquoi Mark et Momsy n’avaient pas jugé bon de lui dire toute la vérité à ce sujet. Ils lui auraient épargné, ainsi qu’à Derek, bien des souffrances. Je suis désolée, tellement désolée. Je ne voulais pas te faire revivre tout ça, assura-t-elle à mi-voix, en essuyant doucement les joues du chirurgien avec une serviette qu’elle avait prise sur le plateau. Si j’avais su… Momsy m’avait seulement dit que Abigail avait couché avec ton père, et que ta mère s’était suicidée quand il était parti. Je n’ai pas imaginé… Je ne voulais pas te faire du mal. Je voulais juste comprendre pourquoi tu avais tellement peur de m’aimer.

    Derek appuya son front contre celui de la jeune fille. Abigail, c’était la première fille dont j’étais amoureux et elle m’a brisé le cœur. Celui de Meredith se serra en l’entendant parler des sentiments qu’il avait éprouvés pour une autre. Même si elle avait toujours su qu’il avait eu une vie avant elle, et une vie bien remplie, elle s’était mis en tête, à cause de son style de vie justement, qu’elle était la première dont il était tombé amoureux. C’était dur d’accepter que ce ne soit pas le cas. Et puis, ma mère, poursuivit Derek. Après sa mort, je me suis réfugié chez Mark. Je suis resté enfermé pendant trois jours et, quand je suis ressorti, je n’étais plus le même. Il passa le bras autour des épaules de Meredith et l’entraîna avec lui dans les profondeurs du canapé. C’était comme si je n’éprouvais plus rien d’autre que de la colère et de la haine. Je ne suis pas sûr… je me demande si je n’ai pas voulu devenir aussi mauvais qu’elle l’avait dit, pour qu’elle ne soit pas morte pour rien.

    Tu n’es pas mauvais, s’exclama Meredith en se serrant contre lui. Tu es parfois arrogant, et dur aussi, mais tu n’es pas mauvais. C’est vrai que je t’en ai voulu et que je ne comprenais pas pourquoi tu avais agi comme ça mais…

    Derek ne la laissa pas continuer. Après la mort de ma mère, j’ai coupé les ponts avec tout le monde, sauf avec Mark. Je me suis refermé sur moi-même parce que c’est le seul moyen que j’ai trouvé de me protéger. J’ai fait le vide pour que plus personne n’ait jamais l’occasion de me faire souffrir. Et puis, je t’ai rencontrée.


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  • Derek obligea son amie à lever le visage vers lui. J’étais mort et tu m’as fait renaître. Depuis que je te connais, je me sens à nouveau connecté au monde, aux gens, comme si le masque que j’ai mis il y a douze ans glissait doucement. Des choses, même des personnes qui n’avaient pas pour moi la moindre importance, en ont maintenant. Et ça me fait peur parce que ça me rend vulnérable. Ce que je vis avec toi, c’est tellement – il hésita sur le terme à employer parce qu’il ne voulait plus qu’il y ait aucune équivoque – intense. Je n’avais jamais éprouvé ça pour personne avant toi. J’ai l’impression qu’il n’y a plus rien d’autre que toi qui compte. Alors, oui, j’ai peur, j’ai terriblement peur de te perdre et de me retrouver sans toi. Je ne crois pas que j’y survivrais cette fois.

    Tu ne me perdras pas, chuchota Meredith. Jamais.

    Derek posa la main sur les lèvres de la jeune fille. Non, non, ne fais pas de promesses. Tu es si jeune. Tu ne sais pas ce que la vie te réserve. Et peut-être qu’un jour… Devinant ce qu’il allait dire, Meredith secoua vigoureusement la tête avec des yeux pleins de larmes. Mais je vais courir le risque, enchaina aussitôt Derek. Et ce sera à moi de tout faire pour que tu n’aies jamais envie de me quitter. Je suis prêt à relever le défi. Le regard ardent, il caressa tendrement la joue de Meredith du bout des doigts. Ces semaines sans toi m’ont au moins appris une chose. Je ne veux pas passer à côté de notre histoire. Et je te jure que je ferai tout pour que ça marche, lui promit-il avec fougue. Je t’aime tellement, bébé. Comme un fou. Ses doigts quittèrent la joue pour descendre vers le cou fin et gracieux de son amie. Je ne croyais pas que cela m’arriverait un jour. Et même si ça me fait peur, je suis prêt à le vivre. Touchée au plus profond d’elle-même, Meredith éclata en sanglots. Le récit de Derek, ses tendres aveux, qu’elle sentait totalement sincères, ajoutés à tout ce qu’elle avait vécu depuis un mois, c’était trop pour ses pauvres nerfs. Elle s’agrippa au cou du chirurgien et pleura sans retenue, le visage caché contre sa poitrine. Derek la serra contre lui, en la berçant doucement. C’est fini, mon amour, murmura-t-il de sa voix suave. Je suis là, je ne te quitte plus. Elle opina de la tête. Je vais me faire pardonner, je te le jure.

    Mais je t’ai déjà pardonné, hoqueta-t-elle, en relevant la tête vers lui.

    Il embrassa ses paupières baignées de larmes. Tu ne le regretteras pas. Je vais tout faire pour regagner ta confiance. A nouveau, Meredith hocha la tête. Je vais être le meilleur petit ami du monde, tu verras, certifia-t-il. Elle esquissa un petit sourire et il sentit son cœur se serrer. Elle semblait si fragile, encore blessée par tout ce qu’elle avait vécu. Il la reprit contre lui, la serrant à l’étouffer, n’osant rien faire d’autre que de parsemer ses cheveux blonds et le haut de son visage de petits baisers tendres et délicats. Tu as froid ? lui demanda-t-il soudain. Tu trembles.

    Oui, un peu, reconnut-elle. Elle portait toujours la robe de la veille et, ce matin, elle avait quitté la maison si précipitamment qu’elle n’avait même pas pensé prendre une veste. Les longues heures qu’elle avait passées assise par terre, à attendre Derek, devant sa porte, l’avaient considérablement refroidie. Son énervement, l’appréhension quant à ce qui allait se passer, ensuite la fougue qu’elle avait mise dans la discussion, avaient fait qu’elle ne s’en était pas rendu compte. Mais maintenant que la tension était retombée, elle avait l’impression d’être glacée jusqu’aux os. Il y avait la fatigue aussi. Cela faisait un mois qu’elle dormait très mal, très peu aussi, le plus souvent seulement quelques heures par nuit. Elle n’en avait pas vraiment ressenti les effets, jusqu’à présent. Sa nervosité et sa colère lui avaient permis de tenir le coup. Les explications de Derek les avaient fait disparaître, la laissant en proie à l’épuisement le plus total.

    Derek se leva immédiatement. Mais tu aurais dû me le dire, la gronda-t-il gentiment. Attends, je vais t’apporter de quoi te réchauffer. Il la laissa sur le canapé pour dévaler les escaliers. Dans sa chambre, il fouilla son armoire, en quête de son plus gros pull et d’une couverture chaude sous laquelle ils pourraient se pelotonner tous les deux. Quand il remonta au salon, il trouva la jeune fille recroquevillée sur le canapé, les deux mains jointes en-dessous de son visage et les genoux repliés sur son ventre. Elle dormait d’un sommeil déjà profond. Derek se dépêcha de l’envelopper délicatement dans la couverture, avant de la soulever dans ses bras. Il prit tout son temps pour aller jusqu’à sa chambre, uniquement pour le plaisir de la sentir contre lui. Elle était si légère qu’il avait l’impression de porter une petite fille. Il la déposa sur le lit, tout doucement, avant de lui retirer la couverture, ses chaussures ensuite. Cependant, il ne toucha pas à sa robe, de peur de la réveiller. Lorsqu’il la recouvrit de la couette, Meredith se détendit aussitôt, sans doute l’effet bénéfique de la chaleur. Derek s’assit au bord du lit et la regarda dormir. Finalement, il était heureux de lui avoir parlé. Il regrettait même de ne pas l’avoir déjà fait. S’il avait eu ce courage plus tôt, il leur aurait épargné bien des tourments. La maturité de Meredith, la façon dont elle l’avait écouté, avec attention et compréhension, la grandeur d’âme dont elle avait fait preuve en lui pardonnant, tout lui confirmait une fois de plus qu’elle était une personne merveilleuse. La vie s’était-elle enfin décidée à être clémente avec lui ? Sans doute que oui. En tout cas, il était décidé à le croire et à ne plus laisser passer sa chance. Il se leva et marcha jusqu’à la double porte qui donnait sur le ponton arrière. Il ouvrit un battant et sortit un instant pour respirer à fond l’air du large. La nuit était belle, quoique fraîche, et le ciel était auréolé de milliers d’étoiles scintillantes. Derek leva la tête vers elles. Je suis désolé, Maman, lâcha-t-il soudain d’une voix sourde. Vous n’avez pas réussi. Ma vie n’est pas gâchée. Je suis amoureux, elle m’aime et je suis heureux. J’espère que là où vous êtes, vous l’êtes aussi. Il rentra et referma la fenêtre. Après avoir jeté un coup d’œil vers le lit où Meredith dormait toujours sereinement, il passa à la salle de bains. Il se déshabilla à son aise et, une fois nu, se regarda dans le miroir. Ce qu’il y vit le satisfit. Pas une once de graisse. Un corps sec et musclé, sans être trop athlétique, qu’il allait devoir continuer à entretenir, s’il ne voulait pas que Meredith le remplace un jour par un homme plus jeune. Il se plaça sous le jet de la douche et apprécia de sentir l’eau chaude couler sur sa peau. Il se sentait bien et totalement détendu, comme libéré. Il avait retrouvé la femme qu’il aimait et l’avenir s'annonçait radieux. Après un assez long moment, il ferma le robinet et s’enveloppa dans sa serviette de bains, maintenant pressé de retrouver sa petite amie. Après s’être lavé les dents, il enfila un boxer et revint dans la chambre. Meredith n’avait pas bougé d’un pouce. Il s’allongea à ses côtés et se colla dans son dos, en passant son bras autour d’elle et sa jambe au-dessus des siennes. Dans son sommeil, elle émit un petit gémissement de satisfaction et poussa ses fesses contre le bassin du chirurgien. En quelques secondes, leurs corps venaient de retrouver leur position de prédilection. Derek sourit, apaisé. Une nouvelle vie s’ouvrait à lui et il n’était plus question de la laisser s’échapper. Au contraire, il allait en savourer chaque seconde, en profiter au maximum, travailler à son bonheur et à celui de Meredith. Il ferma les yeux et, pour la première fois depuis un mois, s’endormit immédiatement, le cœur léger et la tête pleine de rêves.


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  • Lorsque Derek se réveilla une première fois, au petit matin, Meredith était encore collée à lui, dans la même position que la veille. Lui non plus, il n’avait pas bougé, si ce n’était que sa main s’était posée sur un sein qu’elle enserrait délicatement. Rassuré et heureux, il se rendormit aussitôt. Quand il rouvrit les yeux, quelques heures plus tard, Meredith était tournée vers lui. Elle avait glissé une jambe entre les siennes tandis que sa main droite reposait nonchalamment sur sa hanche. Il sentait très nettement son souffle, ainsi que l’humidité de ses lèvres contre sa poitrine. Lorsqu’il s’écarta un peu, pour pouvoir la contempler, elle poussa un grognement de mécontentement et se rapprocha instantanément de lui, pour plaquer à nouveau sa bouche contre sa peau. Il rit doucement. C’était réellement le comble du bonheur que de la sentir si proche, avec le même besoin que lui du contact de leurs peaux. Petit à petit, il se déplaça légèrement dans le lit, jusqu’à ce que son visage se retrouve à la hauteur de celui de son amie. Il sourit en voyant les plis de contrariété qui marquaient son front, tandis que ses lèvres s’avançaient vers lui comme si elles le recherchaient. Il vint à leur rencontre, les effleurant à peine, avant de se reculer, puis d’y revenir un peu plus longtemps cette fois. Le front de Meredith se détendit. Encouragé par cette expression inconsciente de son contentement, Derek lui passa la main dans la chevelure, tout en lui déposant un baiser sur une joue, puis sur l’autre, avant de passer à chacune de ses paupières, son front, à la naissance de ses cheveux, au bout de son nez pour finalement revenir à ses lèvres qu’il bécota avec douceur, presque imperceptiblement, pour ne pas déranger la jeune fille dans son sommeil. Malgré la délicatesse dont il faisait preuve, elle commença à remuer imperceptiblement, en émettant de petits gémissements qu’il interpréta comme une manifestation de bien-être. Il fut soudain impatient de la voir s’éveiller. Ils avaient encore tant de choses à se dire et, surtout, il était pressé qu’elle réponde à ses baisers et à ses caresses. Il fut rapidement exaucé. Meredith ouvrit légèrement les yeux, pour les refermer aussi vite, et se blottir contre lui, le nez caché dans le creux de son cou. Allez, réveille-toi, petite fainéante, lui murmura-t-il tendrement. Elle protesta par un grognement et se serra plus fort contre lui. Bébé… Elle céda enfin à sa supplique et revint se mettre face à lui, les yeux encore à moitié clos mais un léger sourire sur les lèvres. Bien dormi ? demanda-t-il, toujours dans un souffle.

    Oh oui, merveilleusement bien, répondit Meredith d’une voix qui exprimait une profonde sérénité. Et toi ?

    Moi aussi, comme ça ne m’était plus arrivé depuis longtemps. Depuis que tu m'avais quitté, en fait. Je n'arrive plus à dormir quand tu n'es pas là. Derek lui caressa la joue du revers de la main. Je ne veux plus jamais dormir loin de toi.

    Rose de plaisir, Meredith approuva d’un signe de tête. Moi non plus.

    Donc, si je comprends bien, toi et moi, on est de nouveau ensemble, présuma Derek avec un petit sourire espiègle.

    Je crois bien, dit Meredith avec la même expression.

    Derek se rengorgea. Je suis redevenu ton petit ami.

    Il parait.

    Une relation exclusive ? l’interrogea-t-il, comme s’il voulait être certain qu’ils étaient sur la même longueur d’ondes.

    Evidemment ! s’exclama-t-elle. Tout ce qu’il y a de plus exclusif ! Et si jamais tu vas encore voir ailleurs, je… je… – elle chercha la formule qui traduirait le mieux ce qu’elle pourrait lui faire s’il la trompait encore – je t’arracherai les couilles avec mes dents et je les jetterai aux chiens ! lâcha-t-elle enfin. C’était tellement incongru de sa part et cela lui ressemblait si peu que Derek la regarda avec de grands yeux étonnés, avant de finalement éclater de rire. Elle rougit un peu. C’est Momsy qui m’a dit ça un jour, se justifia-t-elle.

    Je l’adorais mais si tu pouvais éviter de parler comme elle, ça m’arrangerait. Et puis, il y a beaucoup de choses que tu peux faire avec mes couilles sans en arriver à de telles extrémités, plaisanta Derek. Cette fois, Meredith devint écarlate, ce qui le ravit. C’était cette Meredith, réservée et délicate, qu’il aimait plus que tout. Je n’irai plus jamais voir ailleurs, lui promit-il plus sérieusement. Je n’ai plus aucune raison de le faire, ni l’envie. Il enlaça la jeune fille et roula avec elle sur le lit, jusqu’à ce qu’elle se retrouve couchée sur le dos et lui sur elle. Je t’aime, Meredith. Vraiment. Les yeux pleins de fièvre, il promena le bout de ses doigts sur le visage de sa compagne qui le regardait intensément, et il se rapprocha tout doucement. Je t’aime, chuchota-t-il encore une fois avant d’atteindre ses lèvres. Le cœur battant et le ventre noué par l’angoisse – il avait l’impression d’être un adolescent qui va donner son premier baiser – il les frôla d’abord, tout comme il l’avait fait pendant que Meredith dormait, avant d’y imprimer un petit bécot, puis un second, et enfin appuyer un peu plus jusqu’à ce qu’il sente les lèvres de son amie lui répondre. Leurs bouches se pressèrent alors l’une contre l’autre, s’entrouvrant juste assez pour se pincer mutuellement. Ensuite, ce furent les dents qui entrèrent en action, dans un tendre et léger mordillement, rapidement rejointes par leurs langues. Celles-ci reprirent contact lentement, n’osant tout d’abord pas se toucher franchement, préférant se frôler, s’éviter pour revenir s’effleurer, lécher la lèvre de l’autre puis rentrer se cacher pour mieux ressortir ensuite et reprendre leurs petits jeux jusqu’au moment où, n’y tenant plus, Derek monta à l’assaut. Il força l’entrée de la bouche de Meredith, qui ne fit preuve d’aucune résistance, et il vint assiéger sa langue, la forçant à tourner à l’unisson avec la sienne. Ce fut avec ravissement qu’ils se retrouvèrent. Leurs baisers oscillèrent entre tendresse et passion, tantôt doux, tantôt violents. La main de Derek, qui s’était perdue dans les cheveux de Meredith, décida de partir explorer d’autres contrées qui lui étaient interdites depuis trop longtemps. Elle se retrouva d'abord sur un sein qu’elle câlina tout en douceur, se contentant d’abord de passer et repasser dessus, pour finalement s’y attarder un peu plus, le pressant très légèrement sous sa paume. Mais, gourmande, elle voulut goûter d’autres plaisirs. Elle quitta alors le globe pour s’attaquer à la cuisse, relevant la robe pour la dénuder.


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  • La main de Derek atteignait l’élastique du tanga lorsqu’elle fut arrêtée par la poigne étonnamment ferme de Meredith. Non, dit cette dernière, encore haletante. Hors d’haleine lui aussi, Derek s’écarta et la regarda avec un air surpris. Elle secoua la tête. Je ne veux pas. Pendant qu’il l’embrassait, elle n’avait pensé à rien d’autre qu’à sa langue dans sa bouche mais, lorsqu’il avait posé la main sur sa cuisse, elle avait su avec certitude qu’elle n’était pas encore prête à aller plus loin.

    Tu ne veux pas ? lui demanda Derek, incrédule. Elle fit signe que non. Il se laissa tomber à côté d’elle, sur le dos. Si tu n’as plus envie de moi, on est mal, fit-il remarquer sur un ton acerbe.

    Derek, ne le prends pas comme ça, l'implora Meredith.

    Comment tu veux que je le prenne ? Tu viens de me repousser alors, c’est que tu n’as pas envie de faire l’amour avec moi. Il avait pensé que, puisqu’elle lui avait dit qu’elle l’aimait et qu’elle lui avait pardonné ses erreurs, tout était redevenu comme avant, et il tombait de haut en réalisant que c’était loin d’être le cas.

    Ça ne veut pas dire que je n’ai plus envie de toi, assura Meredith en s’asseyant, tournée vers lui, évitant toutefois de poser les yeux sur l’excroissance qui tendait son boxer.

    Vraiment ? Il lui jeta en regard en coin en faisant une grimace dubitative.

    Elle comprit qu’il était blessé. Derek, soupira-t-elle. Essaie de te mettre à ma place. Tu m’as trompée…

    Il ne la laissa pas en dire plus. Mais je t’ai expliqué pourquoi je l’avais fait ! s’écria-t-il, éberlué qu’elle remette le sujet sur le tapis. Ses confidences de la veille n’avaient-elles donc servi à rien ?

    Oui et j’ai compris et pardonné, affirma Meredith. Mais ce n’est pas pour autant que j’oublie. Tu as fait l’amour avec une autre et…

    Derek se redressa d’un bond. Je ne lui ai pas fait l'amour, je l'ai baisée et de toute façon, ça n’a pas compté, déclara-t-il avec toute la force de sa conviction.

    Tu ne peux pas dire ça, Derek, se récria Meredith, révoltée par sa mauvaise foi. On était à peine rentré d’Aspen que tu es allé en ville avec l’intention de choisir une femme pour…

    Une fois de plus, il tenta de l’arrêter. Je n’ai pas choisi. J’ai pris la première venue. Sa défense était plus que maladroite, il s’en rendait compte, mais il ne savait plus que dire pour la convaincre que ce qui s’était passé dans la chambre d’hôtel, ce soir-là, ne représentait vraiment rien à ses yeux.

    Meredith ne s’en laissa pas conter. Oh ça va ! Je te connais. Tu n’as pas pris la plus moche non plus, n’est-ce pas ! Il fit la moue mais n’osa pas la contredire, parce que cela aurait été lui mentir. Vous vous êtes embrassés, vous vous êtes caressés, vous avez…. Elle se tut quelques secondes, le temps de trouver le courage de mettre des mots sur ce qui lui était toujours aussi insupportable. C’était terriblement dur mais elle tenait à le faire pour lui montrer qu’elle ne se laisserait plus abuser. Vous avez couché ensemble. Elle frissonna de dégoût. Merde Derek ! s’emporta-t-elle soudain. Tu as mis ton pénis dans cette femme et tu as joui en elle. Parce que tu voulais m’oublier ! Elle ne savait toujours pas ce qui la décevait le plus, qu’il ait voulu la rayer de sa vie ou bien qu’il ait pu, malgré tout l’amour qu’il disait éprouver pour elle, trouver du plaisir dans d’autres bras. Tu ne peux pas me demander de faire comme si ça n’avait pas existé. Elle posa sur lui un regard désillusionné. Ça a compté, Derek, pour moi en tout cas. Alors, j’ai besoin de temps.

    En fait, tu n’as plus confiance en moi, déplora-t-il tout en la comprenant. Il connaissait bien tous les dégâts que l’infidélité pouvait causer et la perte de confiance était en tête de liste. De plus, il était assez honnête pour admettre que, si c’était elle qui l’avait trompé, il ne l’aurait pas accepté et il ne le lui aurait pas pardonné. Il devait donc s’estimer heureux qu’elle ne soit pas aussi intransigeante que lui.

    Elle soupira. Je ne sais pas. D’une certaine façon, j’ai encore confiance en toi, admit-elle après y avoir réfléchi un instant. Sinon, je ne serais pas ici. Mais d’une autre, non. Et par-dessus tout, j’ai peur, reconnut-elle. Tu peux comprendre ça, non ? Bien sûr qu’il la comprenait ! C’était la peur qui l’avait empêché de vivre pleinement depuis douze ans, et c’était cette peur encore qui l’avait poussé à commettre un acte imbécile dont il payait les conséquences en ce moment même. Si jamais il se passe encore quelque chose, je ne m’en remettrai pas, conclut-elle.

    Il ne se passera plus rien, bébé, promit Derek avec fougue, en lui prenant la main. Je sais ce que je veux maintenant, et ce que je veux, c’est toi, rien que toi.

    Je préfèrerais quand même qu’on y aille doucement, persista Meredith, tendre mais opiniâtre. Elle sentait qu’elle devait procéder étape par étape, passer du temps avec lui, restaurer leur complicité, et surtout la confiance inébranlable qu’elle avait eue en lui, avant de le retrouver sur un plan plus intime.

    D’accord, d’accord, s’empressa-t-il de répondre. J’attendrai. Bien sûr que j’attendrai. Il lut sur son visage qu’elle était soulagée et il éprouva le même sentiment. Une seconde, il avait craint d’être revenu au point de départ. Mais tu ne m’en voudras pas d’essayer de temps en temps, lâcha-t-il sur un ton légèrement coquin.

    Meredith sourit. Je ne t’en voudrai pas, non. Elle se pelotonna contre lui et posa la tête sur son épaule.

    Il poussa un soupir de soulagement et, avec ses lèvres, effleura la chevelure à la senteur de lavande. Et dans combien de temps penses-tu que…, laissa-t-il soudain tomber sur un ton désinvolte.


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  • Meredith releva le visage vers son compagnon. Derek ! dit-elle d’une voix douce mais à l’intonation pleine de reproches.

    Il s’excusa par un sourire. Je plaisante. Il n’est pas question que je te mette la pression, bébé. On ne fera rien dont tu n’aies pas envie. Il darda un regard intense sur la jeune fille. Je comprends ce que tu ressens. Tu peux prendre tout le temps que tu veux. Son sourire tendre se fit un peu malicieux. Je trouve ça même très excitant. Te faire la cour, te séduire à nouveau… A cause de ses parents et de la mort tragique de sa mère, il avait fini par se convaincre que l’amour était laid et asservissant, qu’il n’était synonyme que de duperie et de souffrance. C’était pour cette raison qu’il l’avait fui comme la peste durant toutes ces années. Mais avec Meredith, il avait découvert tout ce que le fait d'être amoureux pouvait avoir de beau et d’épanouissant et, pour la première fois, il ne trouvait plus que le romantisme était ridicule et réservé aux mauviettes.

    La jeune fille reprit sa place contre lui. J’espère bien, fanfaronna-t-elle bien qu’elle ait le cœur gros. La veille, en arrivant à la péniche, elle s’était dit que dès qu’ils seraient à nouveau ensemble, tout se remettrait en place automatiquement. Elle avait cru que lorsque Derek lui aurait dit tout ce qu’elle avait besoin d’entendre, lorsqu’elle connaitrait la raison de son comportement, ses doutes et ce qui lui restait de rancœur s’évanouiraient, qu’elle oublierait instantanément les mensonges et les trahisons. Elle était triste de constater qu’il n’en était rien. Elle l’aimait, bien évidemment, plus que tout, mais elle était en train de réaliser que cela ne suffisait pas. Cette nouvelle illusion perdue lui fit monter les larmes aux yeux. Elle voulut le cacher en trouvant refuge contre la poitrine de son amant. Elle ne fut cependant pas assez rapide pour qu’il ne s’en aperçoive pas.

    Désarçonné par son chagrin, il la serra contre lui. Ne pleure pas voyons. Ce n'est pas si grave. La seule chose qui compte, c’est qu'on soit ensemble, lui susurra-t-il à l’oreille. Tout ce que je veux, c'est t'avoir près de moi. Et si tu n’as pas envie de faire l’amour pour le moment, je peux très bien m'y faire. Ça m’ennuie un peu, avoua-t-il franchement, parce que j’ai vraiment très envie de toi, mais ce n’est pas un problème du moment où je peux être avec toi, comme maintenant. Juste te tenir dans mes bras, te parler, et puis t’embrasser. Je peux toujours t’embrasser tout de même ? demanda-t-il sur un ton faussement inquiet. L’entrain que Meredith avait mis à répondre à ses baisers l’avait pleinement rassuré au moins sur ce sujet.

    Tu vas avoir des problèmes si tu ne le fais pas ! répliqua-t-elle avec un petit sourire où se reflétait encore un peu de tristesse.

    Derek posa sa paume contre la joue de la jeune fille et se pencha pour reprendre ses lèvres avec de plus en plus de passion au fur et à mesure que les secondes s’égrenaient. La douceur de sa langue, le goût de sa bouche, ses petits gémissements, tout était redécouverte et émerveillement. Depuis que leurs souffles se confondaient à nouveau, il avait l’impression de revivre. Je t’aime, chuchota-t-il en s’écartant d’elle. Et tu m'aimes aussi, alors on va surmonter tout ça, tu verras. Il frotta son nez contre celui de la jeune fille, à la mode des Esquimaux. Mon bébé, mon amour, je t'aime tellement. Je ne savais même pas que c'était possible d'aimer quelqu'un aussi fort. Il posa son front contre celui de Meredith et ferma les yeux.

    Il était tellement mignon, tellement adorable qu’elle se sentit fondre. Elle s’en voulut un peu pour ce qu’elle lui avait fait subir ces derniers jours. Je suis désolée, dit-elle dans un murmure.

    Derek se recula pour la regarder. Non, tu n’as pas à être désolée. C’est moi qui ai commis une faute, pas toi. Et je préfère que tu me dises franchement ce qu’il en est plutôt que de te forcer à faire quelque chose que tu ne veux pas. Il lui embrassa furtivement les lèvres. Quand nous referons l’amour, c’est parce que tu en auras envie, parce que tu l’auras voulu.

    Je ne parlais pas de ça, le corrigea-t-elle. Mais depuis qu’on est revenu de Santa Rosa, j’ai agi de façon… Enfin, ce n’était pas moi. Elle soutint le regard bleu océan qui la fixait avec attention. J’ai dit des choses que je ne pensais pas.

    Comme le fait que j’étais vieux ?

    Elle acquiesça d’un signe de tête. Oui. Tu sais bien que je ne le pense pas. Je me fous complètement de ton âge. Je voulais juste te faire du mal comme tu m’en avais fait.

    Je sais. Derek caressa du bout des doigts la joue veloutée de son amie.

    Et aussi, je t’ai traité plusieurs fois de sale con, lui apprit-elle encore avec une mine de petite fille coupable.

    Il la dévisagea avec un air amusé. Ah bon ! Tu as fait ça, toi ?

    L’air grave, elle hocha la tête. Oui, en pensée. Et aussi, une fois quand j'ai parlé de toi avec Taylor.

    Hmm ! Derek grimaça. Moi aussi, hier, j’ai dit des choses pas très sympas quand j’ai parlé de toi avec Mark, lui avoua-t-il. Alors, on est quitte, je crois. Il s’allongea sur le matelas et tira la jeune fille pour qu’elle se retrouve sur lui. Tu n’as pas tort. Je suis un sale con, parfois, reconnut-il, les mains enfouies dans l’épaisse chevelure blonde. Trop souvent même. Mais je t’aime vraiment et je vais tout faire pour te prouver que tu as eu raison de me donner une autre chance. Cette fois, ce fut elle qui vint vers lui pour partager un autre baiser. Embrasser Derek, retrouver intactes toutes les émotions qu’elle avait éprouvées avant leur rupture, ressentir le même plaisir, le même trouble, la même excitation aussi, la rassurait. C’était pour elle la plus belle preuve qu’elle réussirait à refouler ses appréhensions.


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