• Un seul regard permit à la jeune fille de voir que Mark était tendu comme un arc, ce qu’elle interpréta comme une marque de vive hostilité contre Alex. Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle en venant se placer à côté de son ami.  

    Rien, rien, assura Alex. On se rappelait le bon vieux temps, quand je vendais des journaux. Bon, ben, c’est un plaisir de papoter avec vous, Doc, mais faudrait peut-être me laisser bosser un peu. Ou bien je vais avoir des ennuis. Pas vrai, patronne ? Il s’empressa de se réfugier dans l’arrière-boutique.

    Mark, dont les sourcils étaient fortement froncés, se tourna vers Meredith. Qu’est-ce qui vous a pris d’embaucher ce connard ?

    Je n’ai rien à voir avec ça, se défendit-elle. Il était là quand j’ai débarqué ce matin. C’est Cristina et Izzie qui l’ont engagé.

    Eh bien, on peut dire qu’elles ont le chic pour recruter, persifla Mark en la prenant par le bras pour la ramener à leur table. Et toi, ça te convient, qu’il soit là ? Elle haussa les épaules. Mer, si tu ne veux pas de ce type, tu as ton mot à dire, déclara Mark.

    Ben, pas vraiment, admit Meredith. Elle baissa la voix pour qu’il soit le seul à l’entendre. Je crois qu’Izzie a des vues sur lui. Tout à l’heure, j’ai suggéré qu’il n’était plus vraiment utile, puisque j’étais revenue et alors, elle a immédiatement sa défense. Elle a même dit que s’il partait, elle partirait aussi.

    Ah ben, qu’elle parte ! A ta place, je sauterais sur l’occasion, conseilla Mark.

    Et comment on ferait sans elle ? rétorqua Meredith. Ce n’est ni moi, ni Cristina qui allons passer la journée en cuisine pour nourrir les clients.

    Oh on trouverait bien une solution ! s’écria Mark. Et puis, ce n’est pas parce qu’elle n’est pas trop mauvaise en cuisine qu’elle a le droit de t’imposer son point de vue. Tu ne dois pas te laisser faire, Mer. Si tu ne veux pas de cet abruti…

    Meredith lui coupa la parole. C’est pas que je ne veux pas de lui, Mark. En fait, je n’ai rien contre lui. Il travaille plutôt bien et il est sympa, je ne peux pas dire le contraire, même s’il est un peu lourd parfois. Et Izzie n’a pas tort d’une certaine façon, c’est parfois bien d’avoir un homme pour nous aider.

    Mark ne put cacher qu’il était très contrarié qu’elle prenne la défense d’Alex. D’un homme, oui, mais pas celui-là ! s’emporta-t-il. Il n’est pas sérieux, on le sait. Si la blondasse veut se le faire, très bien. Mais le faire bosser ici…

    Les gens peuvent changer, Mark, répliqua Meredith. Et il faut lui laisser le temps de trouver sa place aussi. Non, c’est pas ça qui me gêne chez lui. Elle joignit ses mains et commença à se tordre les doigts.  

    Mark fronça les sourcils. Qu’est-ce qui te gêne ?

    La jeune fille grimaça légèrement. C’est pas de sa faute. Il n’a rien fait. C’est juste moi. Tu vois, il va tout le temps être avec nous et… Elle hésita un instant avant de lui confier sa réelle inquiétude. Je ne suis pas sûre d’être à l’aise avec ça. Après ce qui m’est arrivé, ce n’est pas facile de faire confiance, surtout à quelqu’un que je ne connais pas.

    Mark oublia aussitôt ses griefs contre Alex pour ne plus penser qu’à rassurer son amie. Il posa les mains sur les épaules de cette dernière. Je comprends mais… que veux-tu qui se passe ici, en pleine journée ? La boutique est pleine de clients et les filles sont toujours là. Tu ne risques rien. Et de toute façon, il a peur de nous. Il n’osera jamais s’attaquer à toi, à supposer qu’il veuille le faire.

    C’est exactement ce que toi et Derek me disiez à propos de George, lui rappela Meredith avec amertume. On a vu ce que ça a donné.

    Le sentiment de n’avoir pas fait tout ce qu’il fallait pour la protéger et la culpabilité qui allait avec envahirent Mark. Mais cette fois, il ne t’arrivera plus rien, lui promit-il en la prenant par la nuque pour la ramener vers lui. Je ne laisserai plus personne te faire du mal. Jamais ! Il posa son front contre celui de Meredith.

    C’est le moment que choisirent Alex et Izzie pour revenir dans la salle, les mains chargées de vaisselle. Ils restèrent bouche bée en découvrant la scène. Instinctivement, Mark lâcha Meredith et se rejeta en arrière, se blâmant aussitôt pour cette réaction idiote qui le faisait passer pour un coupable. On dérange pas, j’espère, persifla Alex. Ainsi donc, Sloan sortait avec le boudin qui s’était métamorphosé en Miss Californie. Il comprenait mieux les avertissements et les menaces que lui avait lancés le chirurgien un peu plus tôt. Mais ne vous gênez pas pour nous surtout, ajouta-t-il avec un grand sourire moqueur. Faites comme si on n’était pas là !

    Mark le fusilla du regard. Je te dispense de tes commentaires, abruti !

    Sa réaction conforta Alex dans son idée. Le jeune homme passa derrière le comptoir en jetant un regard entendu à Izzie. Quant à celle-ci, elle n’en revenait pas, se demandant s son amie avait rompu avec un chirurgien pour en prendre un autre. Ou bien, était-il possible que la timide Meredith, la vierge de Crestwood, se soit transformée en une femme assez libérée pour se partager entre deux hommes ? Faisait-elle cela par amour, par intérêt ou bien était-ce une des conséquences de l’agression qu’elle avait subie ? Perplexe, Izzie jeta un nouveau coup d’œil au couple qui restait immobile et silencieux, manifestement mal à l’aise.


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  • Mark sentit son bipeur vibrer dans sa poche. Merde ! grogna-t-il après avoir consulté son appareil. J’espérais pouvoir rester plus longtemps mais faut que j’y aille. La clinique. Une patiente, expliqua-t-il, sans toutefois se lever.

    Meredith opina de la tête en soupirant. Pas de souci, je comprends, murmura-t-elle. Elle aurait aimé qu’il reste plus longtemps parce qu’elle ressentait vraiment le besoin d’avoir un allié dans cet environnement hostile.

    Ça va aller ?

    Elle lui sourit vaillamment. Oui, ne t’en fais pas.

    Il se leva enfin. Si j’en ai l’occasion, je repasserai plus tard. Enfin, si tu veux, dit-il en plantant son regard dans celui de la jeune fille.

    Je suis toujours contente de te voir, certifia-t-elle en lui serrant le bras avec affection.

    Sans trop savoir pourquoi, Izzie vint s’interposer entre le couple. Sans doute voulait-elle se prouver qu’elle avait encore du pouvoir sur Mark. Après tout, c’était d’abord à elle qu’il s’était intéressé. Qui sait, si elle avait répondu à ses avances, ce serait peut-être elle qui se partagerait entre lui et son meilleur ami, avec tous les avantages qui en découlaient. Je voudrais vous demander, minauda-t-elle en déboutonnant le haut de son chemisier. J’ai un point de beauté qui m’inquiète. Vous voyez, là, entre mes seins. Elle écarta les pans de son corsage avec assurance, ne doutant pas un seul instant de l’émotion qu’elle allait provoquer chez le chirurgien. Vous ne trouvez pas qu’il a une drôle d’apparence ?

    Mark, qui ne concevait plus de s’intéresser à elle et qui ne comprenait pas pourquoi il l’avait fait à une époque, détourna ostensiblement le regard de son décolleté pigeonnant. Je n’en sais rien. Je vous rappelle que ma spécialité, c’est la chirurgie plastique, pas la dermatologie. Si vous avez des inquiétudes, vous devriez consulter. Ignorant le regard assassin que lui lançait la jeune femme mortifiée par son mépris, il se tourna vers Meredith.

    Celle-ci lui prit le bras pour l’entraîner vers la porte. J’hallucine, chuchota-t-elle. Qu’est-ce qui lui a pris de faire ça ? C’était tellement… J’ai eu envie de la gifler.

    Ma vertu n’a plus grand-chose à craindre, tu sais, plaisanta Mark sans conviction. Il y a peu, la réaction de Meredith l’aurait comblé de joie. Il y aurait vu une manifestation de sa jalousie. Mais à Aspen, après leur dernière conversation en tête-à-tête, il avait pris la décision de ne plus se faire d’illusions, d’autant plus que les jours suivants, quelques éléments lui avaient prouvé que Derek avait repris tout son ascendant sur la jeune fille. Une envie évidente de rester à deux, des baisers volés entre deux portes, des courses poursuites dans l’escalier qui se terminaient par des cris et des rires, puis une porte qui claque et le silence seulement entrecoupé par des petits rires et des bruits suspects. Et comme elle irradiait de bonheur lorsqu’elle réapparaissait ! A chaque fois, cela atteignait Mark comme un uppercut en pleine poitrine. Voilà pourquoi il avait pris cette résolution à laquelle il était bien résolu de se tenir : il ne penserait plus à Meredith autrement qu’en amie. Ouais, plus facile à dire qu’à faire, pensa-t-il quand ses yeux s’égarèrent sur la poitrine de sa camarade, délicieusement moulée dans son tee-shirt. Il détourna rapidement le regard.

    Oh ce n’est pas pour ta vertu que j’ai peur, répliqua Meredith. Mais pour ton petit cœur, en revanche… Je sais qu’elle a été ma meilleure amie mais maintenant que j’ai ouvert les yeux, je vois comment elle est, superficielle et cupide, et je me dis que tu mérites mieux qu’elle. Ce n’est pas toi qui l’intéresse mais juste ce que tu peux lui apporter.   

    Tu n’as pas à t’en faire, lui assura Mark. Elle peut essayer de me séduire tant qu’elle veut, je ne me laisserai pas avoir. Cette fille ne m’intéresse plus du tout. Arrivé sur la terrasse, ce fut à regret qu’il lui retira son bras. Il faut vraiment que j’y aille, là. Même si je n’ai pas envie de te laisser toute seule avec ces gens.

    Meredith baissa la tête. C’est vrai, c’est dur, avoua-t-elle. Quand j’ai décidé de revenir, je ne pensais pas que ça le serait autant. Pas tellement à cause d’elles. C’est difficile de ne pas penser à ce qui s’est passé ici. C’est comme s’il y avait un fantôme qui rôde dans la boutique, tu comprends ?

    Mark lui étreignit la main. Rien ne t’oblige à rester, Mer.

    Tu sais bien que si, répondit-elle, l’air désolé.

    Ouais, tu sais ce que j’en pense, grommela-t-il en la prenant dans ses bras. Alors, le jour où tu changeras d’avis…

    Elle lui sourit. Je te ferai signe. Elle fit mine de le repousser. Allez ouste, va t’occuper de tes patientes ! Elle se haussa sur la pointe des pieds et lui effleura la joue de ses lèvres. Après lui avoir fait un dernier signe de la main, elle rentra dans la boutique et trouva ses trois collègues alignés derrière la vitrine. Elle en déduisit qu’ils l’avaient espionnée. Vous n’avez rien d’autre à faire que de me surveiller ? leur demanda-t-elle sur un ton sec avant de passer dans l’arrière-boutique. Elle semblait de si mauvaise humeur que pas un n’osa lui dire quoi que ce soit.

    Mark s’éloigna à regret. Rien de ce qui se passait dans cette boutique ne lui plaisait. Et bien qu’il ait affirmé le contraire, il trouvait, comme Derek, que Meredith avait précipité son retour. Et pourquoi ? Pour effectuer un travail peu valorisant, tant sur le plan du salaire que de l’occupation en elle-même, avec des pseudo amies uniquement motivées par l’intérêt et un type au pedigree plus que douteux ? Comme il regrettait le temps où la jeune fille travaillait pour lui, à l’abri des murs de la clinique. Il hâta le pas en se promettant de trouver comment la tirer au plus vite de ce mauvais pas, sachant que le plus difficile serait de la convaincre à accepter sa solution.


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  • Après avoir terminé ses consultations, Mark fila dans le bureau de Derek pour le mettre au courant du retour d’Alex. Plus il y pensait, plus l’idée que ce type allait passer ses journées à la boutique le dérangeait. Il n’avait pas du tout confiance en lui et n’avait pas cru un instant à son histoire de repenti qui veut racheter ses fautes. Escroc un jour, escroc toujours, se dit-il en prenant l’ascenseur. Et, outre la malhonnêteté, le fait que Alex soit un homme plutôt bien de sa personne, bien qu’un peu vulgaire, et presque de l’âge de Meredith, ne plaidait pas en sa faveur. C’était comme si le loup s’était introduit dans la bergerie. Maintenant, il fallait l’en déloger au plus vite.

    C’est au comble de l’énervement qu’il ouvrit la porte du bureau de son ami. Devine qui est de retour ! clama-t-il sans se rendre compte qu’il criait.

    A en juger par le ton que tu emploies, le diable en personne, répondit Derek, en levant le nez du rapport qu’il était en train de rédiger.

    Ne plaisante pas ! Tu n’es pas si loin de la vérité, répliqua Mark.

    Derek fronça les sourcils en voyant que son ami était réellement en colère. C’est une des filles qu’on a renvoyées ?

    Mark hocha la tête. Non, non. Elles n’oseraient jamais. Ne cherche pas, tu ne trouveras pas.

    Alors pourquoi tu me poses la question ? se moqua Derek. Arrête ton cinéma et dis ce que tu as à me dire.

    Alex… Alex Karev… Il vit que Derek plissait le front, signe qu’il ne voyait pas de qui il était question. Le marchand de journaux de Marina Boulevard. Celui qu’on avait éjecté, précisa-t-il encore.

    Ah bon, il est revenu ? commenta Derek, relativement indifférent. Et c’est ça qui te met dans cet état ?

    Ah parce que toi pas ? s’insurgea Mark.

    Derek leva les yeux au ciel. Ça ne me réjouit pas mais qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ? Je n’ai aucun pouvoir de l’empêcher de vendre des journaux dans la rue. Personnellement, je me doutais bien qu’il reviendrait un jour.

    Marc ricana. Ah ouais ! Et qu’il se ferait embaucher au Sweet Dream, tu t’en doutais aussi ?

    Derek tourna la tête vers lui si rapidement qu’il se fit mal à la nuque. Karev travaille à la boutique ? Comment tu le sais ? Tu y as été ?

    Mark choisit de rester évasif. Ouais, une p’tite faim. Et qui était là pour me servir ? Cet enfoiré de première. Ce petit salaud. Ce… ce…

    Tu lui as parlé ? l’interrompit Derek. Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

    Mark fit une moue dédaigneuse. Qu’il avait eu la vie dure et qu’il voulait se racheter. Tu parles ! D’après Meredith, il se tape sans doute la bimbo.

    Et Meredith, comment elle le prend, qu’il soit là ? s’enquit Derek en se levant pour aller se poster à la fenêtre et regarder le toit de la boutique, comme si cela allait lui permettre de voir ce qui se passait en dessous.

    Mark haussa les épaules. Pas trop mal. Forcément, elle ne sait pas ce qu’on sait. Elle, elle le trouve plutôt sympa. Et elle trouve qu’il bosse bien. Ce qui la dérange, c’est qu’il sera là tout le temps. Et alors… Il conclut par une mimique indiquant que le reste allait de soi.

    Ce ne fut pas l’avis de Derek. Et alors quoi ?

    Mark leva les yeux au ciel. Et alors, c’est un homme ! Et pour le moment, les hommes, elle n’a pas trop confiance, si tu vois ce à quoi je fais allusion.

    Derek pinça les lèvres en hochant la tête. Oui, bien sûr. Il revint à son bureau et commença à enlever sa blouse. Et toi, qu’est-ce que tu en penses ?

    Je n’ai aucune confiance en ce petit salaud. Bon, toucher à Meredith, ça, je ne dis pas. Tous les mecs ne sont pas des violeurs en puissance. Mais à part ça – Mark secoua la tête avec un air désabusé – ce mec est un danger partout où il y a une caisse. Il faudrait peut-être mettre Meredith au courant.

    Oui, peut-être. Je verrai. Derek consulta sa montre avant de se diriger vers la sortie. Pas plus tard que maintenant d’ailleurs.

    Tu veux que je vienne avec toi ? proposa Mark.

    Déjà dans le couloir, Derek se retourna vers lui en souriant. Je ne crois pas que ce soit nécessaire. Je vais essayer de m’en sortir tout seul. Karev ne me fait pas peur, tu sais.

    Ce n’est pas ce que je voulais dire, grommela Mark. Il ne pouvait évidemment pas avouer qu’il aurait aimé repartir à la boutique pour être auprès de Meredith, même si la voir en compagnie de son petit ami n’était pas ce qu’il préférait. Il suivit Derek jusqu’à l’ascenseur. Qu’est-ce que tu comptes faire ?

    Derek fit la moue. Je ne sais pas. Me montrer déjà, qu’il sache que Meredith est ma chasse gardée. Lui faire comprendre que quoi qu’il fasse, je serai là. Tu me connais, j’agis toujours sous l’impulsion du moment, termina-t-il avec un sourire. Il entra dans la cabine d’ascenseur. Là, tout de suite, ce que je veux, c’est m’assurer que Meredith va bien. Pour le reste, je verrai. Il disparut aux yeux de Mark lorsque les portes de l’ascenseur se refermèrent.


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  • Lorsque Derek pénétra dans la boutique, la plupart des tables étaient déjà occupées. D’un coup d’œil, il embrassa la scène et constata que les choses n’avaient pas vraiment changé : Izzie papotant avec une cliente, Cristina derrière la caisse, Meredith passant de table en table pour prendre note des commandes. Le seul élément qui différait, c’était qu’à la place de George, il y avait Alex. Lorsque celui-ci sortit de l’arrière-boutique, en tenant un plateau de verres propres à bout de bras, Derek lui jeta un regard hostile. Après le blond, voilà le brun, se dit le jeune homme qui n’en menait pas large. Et des deux, ce n’était pas le plus commode, il en avait le souvenir. Il jugea plus prudent de rester loin de lui et, après lui avoir fait un bref signe de tête, entreprit de ranger les verres sur leur étagère.

    Après avoir remis l’addition à une table, Meredith vit que Derek était là. Elle lui décocha un sourire radieux et il se détendit instantanément, le plaisir de l’avoir retrouvée illuminant son visage. Elle le rejoignit aussitôt. Je ne m’attendais pas à te voir maintenant.

    Je t’avais dit que je viendrais. Il prit la jeune fille par la taille, sa main lui caressant le creux des reins, et il l’embrassa sans se soucier aucunement des regards curieux et, pour certains, choqués qui se posaient sur eux.

    Quant au regard de Cristina, il était à la fois moqueur et furieux. La jeune femme se tourna vers Izzie et lui désigna le couple enlacé d’un signe de tête avant de la rejoindre. V’là l’autre maintenant ! Izzie ricana.

    Alex se joignit à elles avec un air totalement abasourdi. Il n’y avait même pas une demi-heure qu’il avait vu Mark Sloan sur le point d’embrasser Meredith, et maintenant, c’était Derek Shepherd qui lui roulait une pelle. Mais elle sort avec lequel, finalement ? demanda-t-il aux filles

    C’est la question qu’on se pose justement, lui répondit Cristina.

    Avec les deux apparemment, ajouta Izzie.

    Eh ben merde alors ! grogna Alex entre ses dents serrées. J’aurais jamais pensé ça d’elle.

    Personne n’aurait pensé ça de la vertueuse Meredith, ironisa Cristina.

    C’était bien la peine de rester vierge jusqu’à vingt ans pour finir comme ça, renchérit Izzie. Alex l’approuva d’un signe de tête.

    Et maintenant, je vous parie dix billets qu’elle va faire une pause, annonça Cristina qui observait avec dureté les deux amants qui se parlaient à l’oreille. Et de fait, Derek prit son amie par la main pour l’entrainer à une table. Cristina leva les yeux au ciel. Et voilà, qu’est-ce que je vous avais dit ? Ça va recommencer comme avant. Elle regagna sa place derrière la caisse enregistreuse avec un air profondément agacé.

    Oui, et deux fois plus qu’avant même, souligna Izzie avant de servir la cliente qui venait de s’arrêter devant elle. Cristina souffla bruyamment pour marquer sa désapprobation.

    Meredith avait suivi son amant docilement bien qu’à contrecœur. Derek, je ne peux vraiment pas faire de pause pour le moment. Il y a trop de monde, lui fit-elle remarquer sans oser regarder en direction de ses collègues qui, elle le sentait, les observaient.

    Mais c’est bien pour ça qu’ils ont engagé Alex, non ? objecta Derek. Pour te remplacer quand tu n’étais pas là. Eh bien, disons que tu n’es pas là. Il la fit asseoir d’autorité avant de se tourner vers le comptoir. Aussitôt, les trois paires d’yeux regardèrent dans une autre direction.

    Ah Mark t’a déjà mis au courant, déduisit Meredith.

    Derek sourit. Evidemment.

    La jeune fille feignit d’être choquée. Donc, tu n’es pas venu que pour moi

    Il lui caressa la joue. Bien sûr que si. Je suis venu te voir, toi, et aussi comment tu vivais tout ça.

    Oh tu sais… Je n’ai pas vraiment eu le temps d’y réfléchir, reconnut-elle. Avant qu’on parte à Aspen, elles m’avaient dit qu’elles allaient engager du monde. Alors, Alex ou un autre… Au début, je ne l’avais même pas reconnu. C’est pour te dire. 

    Mais ça ne te fait rien qu’il soit là ? insista Derek.

    Meredith haussa les épaules. Pas plus que si c’était quelqu’un autre. Il n’a pas arrêté ce matin et il travaille plutôt bien. Et il est assez sympa, peut-être un peu trop familier parfois, mais à part ça, je n’ai rien à lui reprocher. C’est plutôt aux filles que j’en veux. Elles l’ont engagé sans me demander mon avis, et même maintenant que je suis là, elles ne me disent rien. Je ne sais rien, pourquoi elles l’ont engagé, lui et pas un autre, combien elles le paient, quel genre de contrat elles lui ont fait…

    Pour autant qu’elles lui en aient fait un, objecta Derek. Vu les méthodes de gestion de la mégère, j’ai des doutes. Mais ça, ça se réglera plus tard, une fois que mon avocat s’en mêlera. Ce n’est pas le plus important. Il serra ses mains autour de celles de la jeune fille. Le plus important, c’est toi. Qu’est-ce que tu ressens ?

    Meredith haussa à nouveau les épaules en prenant un air blasé. Rien de spécial. Comme je t’ai dit, je n’ai rien contre lui.

    Derek opina de la tête. Oui mais c’est un homme et compte tenu de ce que tu as subi, tu n’es peut-être pas prête à le côtoyer tous les jours,

    Evidemment, il a fallu que Mark te raconte ce que je lui ai dit, fulmina Meredith. Il ne peut pas s’empêcher de faire la commère.


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  • Derek passa la main dans les cheveux de son amie en souriant. Ne sois pas fâchée. Il s’en fait pour toi, tu sais bien.

    Je sais, marmonna-t-elle. Mais comment je peux lui faire confiance si à chaque fois, il va te répéter tout ce que je lui confie ? Moi, il ne me parle jamais de ce que vous vous racontez.

    Mais j’espère bien ! s’exclama Derek avec un petit rire. Si ça peut te rassurer, il ne me raconte jamais ce que tu lui dis. Là, il l’a fait parce qu’il était inquiet pour toi. Ça ne lui plait pas que tu passes tes journées avec le marchand de journaux, et à moi non plus.

    Malheureusement, je n’ai pas de pouvoir là-dessus, déplora Meredith.

    Bébé, on en a déjà parlé souvent, tu as des droits dans cette boutique, au même titre que les autres. Derek tourna brièvement la tête vers ceux qui continuaient de les observer depuis le comptoir. Si tu ne veux pas d’Alex ici, exige son renvoi. C’est simple.  

    Et pour quel motif ? Parce que je me suis fait agresser ? Alors, je dois refuser de servir tous les hommes qui viennent ici. C’est ridicule, jugea Meredith en levant les yeux au ciel.

    Derek secoua la tête, un rictus d’agacement sur le visage. Ce n’est pas la même chose. Les clients ne font que passer. Lui, il va être là, tout le temps et… Réalisant soudain qu’il lui mettait une pression énorme, il laissa échapper un long soupir. Et je suis stupide. Tu n’as pas besoin de ça pour le moment.

    Non, reconnut Meredith avec un soupir. Tu as faim ? Il y a quelque chose qui te fait envie ?

    Elle fit mine de se lever mais Derek la retint par la main avant de se pencher vers elle, un sourire coquin sur les lèvres. Oh oui et c’est juste devant moi, murmura-t-il d’une voix légèrement rauque. Je n’ai faim que de toi, tu sais bien.

    La déclaration fit rosir les joues de Meredith. Eh bien, dans ce cas, tu vas devoir jeûner, riposta la jeune fille avec un air espiègle, en lui donnant une légère tape sur la main. Mais je peux quand même te proposer quelque chose de plus alimentaire.

    Derek fit semblant d’être déçu. Pfft ! T’es pas marrante ! Alors, je te laisse le choix du plat. Et tu manges avec moi, évidemment, lui dit-il d’une voix suffisamment haute pour que ses amies l’entendent. Je t’invite. Meredith ne songea pas un instant à s’opposer à ce qui ressemblait plus à un ordre qu’à une invitation. Déjeuner avec Derek lui donnerait l’impression d’être encore à Aspen. Elle se précipita dans la cuisine pour préparer un encas. Elle avait à peine disparu que Derek effaçait son sourire de son visage et se tournait vers Alex en lui faisant signe de venir à sa table.

    Alex s’avança prudemment, la carte des boissons à la main, prêt à faire demi-tour au moindre geste suspect de la part du chirurgien. B’jour. Ça fait un bail.

    Pas assez long pour moi. Derek le dévisagea avec froideur. Nous ne devons pas avoir le même sens du mot "jamais". Parce que c’est bien ce que nous avions convenu, n’est-ce pas ? Tu ne devais jamais remettre les pieds dans le quartier.

    Avec le temps, Alex avait oublié l’effet presque effrayant que pouvaient avoir les yeux du chirurgien mais, là, sous le poids du regard bleu glacier, il n’en menait pas large, à sa grande honte. J’sais, doc, docteur, se reprit-il aussitôt en lisant dans ce même regard que la familiarité n’était pas de mise. Mais comme j’l’ai expliqué à votre collègue, faut bien que je mange !

    En volant les gens ? demanda froidement Derek en jouant machinalement avec ses couverts.

    Non, non, ça, c’est fini, j’ai changé, garantit Alex. J’vous promets, ça n’arrivera plus.

    Derek eut un petit rire qui fit froid dans le dos d’Alex. Oh ça, je le sais, parce que j’y veillerai. Encore un conseil, – sa voix se fit plus métallique encore – ne t’approche pas de Meredith. Si tu touches un seul de ses cheveux…

    Alex leva les deux mains en l’air et les agita frénétiquement. Ça, aucun risque ! J’ai bien vu que c’était votre copine, alors… Et comme elle est aussi celle de ton pote, je sais que le terrain était miné, poursuivit-il en pensée. Il voulut refaire le coup de la complicité. Moi, c’est Izzie qui me plait. Je pense que je vais tenter ma chance de ce côté-là.

    Tu fais ce que tu veux avec elle, je m’en fous. Baise Cristina aussi si ça te fait envie. Mais Meredith… L’espace d’une seconde, sans que Derek s’en rende compte, son regard se fit plus doux avant de redevenir mauvais. S’il devait lui arriver quelque chose par ta faute, la moindre chose, je te tuerais, Karev, je le jure. Il avait été incapable de protéger Meredith des attaques de George, il ne commettrait plus la même erreur. Plus jamais personne ne lui ferait du mal.

    Interdit autant par la forme des propos du chirurgien que par le fond, Alex ne trouva rien à répondre. Ben, merde alors, il est vachement mordu, se dit-il. J’aurais jamais pensé le voir comme ça un jour. Elle doit lui faire de ces trucs. Putain, si j’avais su à l’époque…

    Mortifié de s’être laissé aller à étaler ses sentiments devant cet homme qu’il méprisait, Derek poursuivit ses menaces. Et ça concerne cette boutique aussi. Si jamais je devais apprendre qu’il manque un seul cent dans la caisse… Tu m’as volé, moi. Tu ne la voleras pas, elle.

    Alex commença à regretter de s’être fait embaucher. S’il avait su que les deux médecins étaient autant impliqués dans le Sweet Dream, jamais il n’aurait postulé. Parce que là, comme ça se présentait, il était bon pour bosser comme un malade sans pouvoir en tirer des avantages, sauf peut-être celui, minime à ses yeux, de coucher avec la blonde. Il était pratiquement certain que la récompense ne valait pas le sacrifice. La seule chose qui lui restait à faire, c’était de voir s’il avait encore une chance de tirer son épingle du jeu sans dommages. Vous pouvez vraiment me faire confiance, Docteur, j’ai changé, assura-t-il encore une fois.

    Je l’espère pour toi, Karev, je l’espère.


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