• CHAPITRE 996

    Derek se précipita pour ouvrir la porte à la mère de Meredith. Madame… Mademoiselle, dit-il à la jeune fille qui passait devant lui. L’intonation n’était plus froide mais douloureuse.

    Docteur, répondit-elle. Merci beaucoup. Elle jeta un bref coup d’œil vers sa mère qui s’était légèrement éloignée, pour vérifier qu’elle ne risquait pas de l’entendre. Merci pour ce que tu lui as dit, chuchota-t-elle. Je crois que tu as réussi à la convaincre.

    Je n’ai fait que dire la vérité, rétorqua Derek. Si cela a pu vous aider, j’en suis heureux. Heureux ? Il ne l’avait pas été souvent, si ce n’était avec elle, et maintenant qu’ils étaient séparés, il ne l’était plus du tout. Il ne le serait sans doute plus jamais.

    Derek, murmura Meredith sur un ton de reproche. Sa mère n’avait pas deviné la vraie nature de leur relation. Quant à eux, n’avaient-ils pas baissé les armes en fin de conversation ? Pourquoi s’obstinait-il donc dans cette attitude qui n’avait plus lieu d’être ? Tu n’as plus besoin de…

    Il lui coupa la parole, en évitant son regard. J’ai fait ce que tu voulais, dit-il à voix basse, pour que sa mère, dont il voyait bien qu’elle les épiait, ne les entende pas. Alors maintenant va-t’en, je t’en prie. Ne rendons pas cela plus pénible que ça ne l’est. Il referma rapidement la porte après avoir adressé un dernier signe de tête à Anne Grey.

    Interdite par les derniers mots de Derek, Meredith resta figée, les yeux fixés sur la porte qui venait de lui être fermée au nez. Plus pénible que ça ne l’était ! Pour qui ? Pour lui ? Mais à qui la faute ? Et ne croyait-il pas que ça l’était pour elle aussi ? Elle avait souvent imaginé le jour où elle le présenterait à sa mère. Cela ne devait pas se passer comme ça. Elle savait qu’il avait été blessé par le fait qu’elle avait voulu cacher les liens qui les avaient unis mais en même temps, que pouvait-elle faire d’autre ? Dire à sa mère : Maman, je te présente mon ex petit-ami. Si nous ne sommes déjà plus ensemble, c’est parce qu’il avait peur de m’aimer et qu’il m’a trompée avec tout ce qui passait. Belle entrée en matière, vraiment !

    Meredith, la héla Anne qui n’avait rien perdu de la scène. L’attitude des deux protagonistes n’avait fait qu’accroitre sa suspicion et elle était maintenant pratiquement certaine que ce médecin si séduisant était le petit-ami dont sa fille lui avait parlé, ce qui la contrariait énormément pour toute une série de raisons.

    Oui, Maman, on peut s’en aller. Meredith rejoignit sa mère en affichant un sourire qui était loin d’être le reflet de son état d’esprit. Elles se mirent à marcher vers les ascenseurs.

    Anne prit un air détaché. De quoi avez-vous parlé ?

    Meredith souleva un peu ses épaules. Rien d’important. Je l’ai remercié de nous avoir reçues et il m’a dit qu’il était heureux de nous avoir rendu service. Et à quel point c’était pénible de rester en ma présence quelques minutes de plus, ajouta-t-elle mentalement. C’était la première fois que Derek la repoussait de cette façon, avec autant de détermination, et elle avait eu la désagréable impression que c’était lui qui mettait un terme définitif à leur histoire.

    En tout cas, ça a été très instructif, fit Anne, en épiant les réactions de sa fille.

    Oui, il est très compétent, répondit Meredith sans entrain. Je te l’avais dit.

    Et bel homme avec ça ! insista Anne. Tu as vu ses cheveux ? Meredith hocha brièvement la tête. Et ses yeux ! Il doit avoir un succès fou avec les femmes, j’imagine.

    Sûrement ! Meredith commençait à être agacée d’entendre sa mère chanter les louanges de Derek. Y avait-il sur terre une femme qui ne soit pas sensible à son charme ?

    En tout cas, j’espère que tu ne parles pas à tous tes clients comme tu l’as fait avec lui, lui reprocha Anne. Sinon, vous n’allez pas tarder à déclarer faillite. Meredith souffla bruyamment, telle une adolescente contrariée par les remontrances de ses parents. Ne souffle pas ! lui ordonna sa mère, le regard sévère. Tu sais que j’ai horreur de ça. En plus, tu sais que j’ai raison. La façon dont tu t’es adressée à lui était grossière.

    Et lui alors ! répliqua la jeune fille, au comble de l’énervement. Pas foutu de se mettre à notre portée. Si je n’avais pas réagi, on n’aurait rien compris du tout. Elle appuya sur le bouton de l’ascenseur, en priant pour que celui-ci arrive vite et qu’il ne soit pas vide. Seule la présence de tierces personnes mettrait fin à la leçon de morale que sa mère était en train de lui infliger.

    Peut-être mais ce n’est pas une raison pour te conduire de cette façon. Surtout vis-à-vis d’une personne que tu ne connais pas vraiment. Anne posa la main sur le bras de sa fille. Parce que c’est le cas, n’est-ce pas ?

    Meredith fut aussitôt sur la défensive. Pourquoi tu me demandes ça ?

    Mer, la façon dont cet homme t’a regardée…

    Meredith ne la laissa pas aller plus loin. Dont il m’a regardée ! s’écria-t-elle d’une voix stridente. Tu veux rire ? Il m’a ignorée tout le temps.

    Justement, c’en était suspect, rétorqua Anne d’un ton qui n’admettait pas la contestation. Mais à d’autres moments… Je ne suis pas née de la dernière pluie, ma petite fille, ajouta-t-elle avec plus de douceur. Il y a des regards qui ne trompent pas. Meredith rougit violemment. Tu me l’aurais dit s’il y avait quelque chose entre vous, bien sûr ? interrogea Anne en la fixant avec intensité.

    Il n’y a rien à dire, mentit Meredith, le rouge aux joues. Rien du tout. Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent à point nommé sur une cabine bondée. Elle bénit le ciel de l’avoir sauvée, enfin pour le moment, car elle connaissait assez bien sa mère que pour savoir que celle-ci n’en resterait pas là. Mais au moins, cela lui laissait un peu de temps pour préparer son plan de défense.


  • Commentaires

    1
    Mdbailey
    Mardi 13 Août 2019 à 21:45
    Drôle de fin tout de même pour ce couple. Va-t-elle se battre pour lui ? Et Maman Grey va t elle lui faire cracher le morceau ?
    2
    Butterfly
    Mercredi 14 Août 2019 à 20:30

    Voilà ! Maman a compris et elle va commencer à cuisiner sa fille money

    En ce qui concerne Derek, je comprends sa réaction. Meredith en a tellement fait qu'elle est parvenue à la convaincre qu'elle ne voulait plus rien avoir à faire avec lui, alors maintenant elle ne doit pas s'étonner qu'il régisse comme ça. Il n'est pas maso après tout 

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :