• CHAPITRE 984

    D’après Cristina, il était amoureux de moi depuis longtemps, expliqua Meredith.

    Anne esquissa un sourire. Evidemment. Ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Il n’y a que toi pour ne pas t’en être rendu compte. Meredith haussa les épaules. Et ton petit-ami ? se renseigna sa mère.

    C’est fini, s’empressa de répondre Meredith en essayant d'avoir l'air le plus détaché possible. Ça n’a pas marché, on a rompu.

    A cause de ce qui s’est passé avec George ?

    Il aurait été facile d’enfoncer Derek en le chargeant de tous les maux mais Meredith ne l’envisagea pas une seconde. Non, pas du tout, dit-elle en secouant la tête. Au contraire, il s’est montré très compréhensif et il m’a beaucoup soutenue. C’est juste qu’on n’avait pas la même vision du couple.

    Il vaut mieux s’en rendre compte dès le début, avant d’être trop engagé, jugea Anne. De toute façon, tu es tellement jeune, tu as encore le temps pour ça. Amuse-toi un peu avant. Profite de la vie. Et pense à ton avenir surtout. Pourquoi tu ne reprendrais pas des études ? Suis une formation au moins. Il n’y a pas de sot métier mais tu es bien trop brillante que pour travailler dans cette boutique toute ta vie.

    Je n'ai jamais dit que je ferais ça toute ma vie.

    Tant mieux ! Anne poussa un petit soupir. J’ai toujours regretté que tu ne continues pas tes études après le lycée.

    Tu sais très bien pourquoi je ne l’ai pas fait, répliqua Meredith.

    Oui je le sais, mais avec le recul, je me dis que j’aurais dû te pousser. On se serait arrangé pour l’argent, on aurait trouvé une solution. J’aurais demandé à ton grand-père de t’aider, je peux encore le lui demander d’ailleurs, proposa Anne. J'aimerais tellement que tu ailles à l'université.

    C'est ce que je vais faire mais ce ne sera pas la peine de demander à Grand-Père de m'aider. J’ai déjà tout l’argent qu’il me faut. Meredith réalisa alors qu’en prononçant ces mots, elle venait implicitement d’accepter l’héritage de Momsy. Bizarrement, elle n’en éprouva aucune gêne. Au contraire, elle eut le sentiment que c’était ce qu’elle devait faire. Comme Frances le lui avait dit, c’était la liberté que Momsy lui avait offert. Ce cadeau était le plus beau de tous. Il était de ceux qu’on ne peut pas refuser.

    Les yeux d’Anne s’écarquillèrent de surprise. Ah bon ? Mais comment tu as pu économiser assez d’argent pour te payer l'université, en travaillant seulement quelques mois dans une boutique de douceurs ? Elle haussa le sourcil droit. Parce que c’est bien ce que tu fais, n’est-ce pas, ma fille ? 

    Mais oui, bien sûr ! Qu’est-ce que tu crois ? s’offensa Meredith. Le regard inquisiteur de sa mère lui indiqua que celle-ci n’abandonnerait pas tant qu’elle n’aurait pas une explication plausible. Cet argent, j’en ai hérité, révéla la jeune fille à contrecœur.

    Pardon ? Tu en as hérité ? dit Anne, stupéfaite. Mais de qui ?

    La grand-mère d’un ami, lui apprit Meredith avec une mauvaise volonté évidente. Pour se donner une contenance, elle manipula une petite statuette d’ivoire qui trônait sur la table basse.

    Un ami ? Mais quel ami ? Anne n’était pas sûre d'avoir bien compris ce que Meredith lui avait dit. Elle connaissait tous ses amis et elle ne voyait pas lequel d’entre eux avait une grand-mère assez folle, et surtout assez fortunée, pour léguer à une étrangère une somme qui lui permette d’aller à l’université.

    Tu ne le connais pas, grommela Meredith. C'est quelqu'un que j'ai rencontré ici. Elle regretta aussitôt d’avoir ajouté cette précision qui ne ferait qu’éveiller une plus grande suspicion chez sa mère.

    Anne regarda sa fille avec sévérité. Je ne le connais pas mais manifestement, toi, tu le connais assez pour que sa grand-mère décide de te léguer… combien déjà ? demanda-t-elle un peu sèchement.

    Deux cent cinquante mille dollars, répondit Meredith du bout des lèvres. Elle reposa brutalement la statuette sur la table.

    Ahurie, Anne sursauta. Deux cent cinquante mille dollars ! répéta-t-elle d'une voix légèrement criarde. La somme était astronomique. Anne ne pouvait que trouver suspect ce somptueux cadeau dont sa fille était la bénéficiaire. Il faut que tu m’expliques, Meredith. Comment la grand-mère d’un ami que tu ne connaissais même pas il y a quatre mois peut te donner deux cent cinquante mille dollars ? Qu’est-ce que tu as fait pour ça ?

    Mais rien du tout ! s’indigna Meredith. Enfin, rien de ce que tu insinues. Elle vit sa mère ouvrir la bouche pour s’exprimer mais elle ne la laissa pas parler. La dame qui m’a légué cet argent, c’est chez elle que j’ai passé les trois dernières semaines. Elle était vieille. Et très malade. Je lui ai simplement tenu compagnie.

     


  • Commentaires

    1
    Butterfly
    Vendredi 26 Juillet 2019 à 22:28

    Je comprends l'étonnement et la réticence de la mère de Meredith face à cet héritage tombé du ciel. Il y a de quoi avoir des soupçons

    2
    Spring
    Lundi 29 Juillet 2019 à 09:58

    La mère de Meredith n'est pas au courant de tout ce qui s'est passé depuis que Meredith est à San Francisco, ça se comprend qu'elle réagisse de cette façon.

      • Gaby
        Lundi 29 Juillet 2019 à 15:21

        Et attend, quand elle va apprendre pour Derek ! Elle va peut-être regretter son voyage smile

        Pour l'héritage, c'est clair qu'elle a une réaction normale. N'importe qui trouverait bizarre d'hériter d'une telle somme d'une personne qu'on connait à peine

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