• CHAPITRE 958

    Mark vint s’installer à côté de Meredith et jeta un regard désillusionné à la photo. Oui, bel exemple d’hypocrisie, constata-t-il sur un ton las. Elle sourit à l’objectif parce que c’est ce qu’elle doit faire. C’est ce qu’on attend d’elle. Il faut soigner les apparences, tu vois. En réalité, elle n’en a rien à faire. Elle ne m’a pas désiré. Si elle avait été libre de faire ce qu’elle voulait, elle aurait avorté.

    Meredith ne cacha pas qu’elle était choquée par ces propos. Tu ne peux pas dire ça, Mark.

    Je ne fais que répéter ce qu’elle m’a dit, Mer, rétorqua Mark. C’est dur, tu sais, de grandir en sachant que ta mère ne t’aime pas. Il y avait mon père, bien sûr, mais ce n’est pas la même chose. Rien ne remplace l’amour d’une mère.

    Mais tu avais Momsy, fit remarquer Meredith d’une voix douce.

    Oui, heureusement. Mark soupira longuement. Elle me manque, bon sang. Quand je pense à demain… Demain, il porterait sa grand-mère en terre et elle ne serait plus qu’un souvenir. J’aspire à ce que tout ça soit derrière moi et, en même temps, je voudrais que demain ne vienne jamais, parce qu’après… Pour le moment, elle est encore là. De temps, en temps, je passe la voir, je lui parle. Il baissa la tête, un peu gêné de cet aveu qu’il n’aurait d’ailleurs fait devant personne d’autre que Meredith. Mais après l’enterrement, je n’aurai plus personne. Je serai seul.

    Le cœur de la jeune fille se serra devant tant de détresse. Voyons, tu n’es pas seul, Mark.

    Il lui prit la main et noua ses doigts aux siens, un bref instant avant de les libérer. Oui, il y a toi et Derek, bien sûr, mais… Momsy était tout ce qui me restait de ma vraie famille. Mon père est mort. Ma mère – il grimaça – je ne sais même pas où elle est. Je n’avais plus que ma grand-mère.

    L’occasion était superbe et il ne pouvait être question que Meredith la laisse passer. Il te reste ton frère tout de même. Jackson, précisa-t-elle, en guise de réponse à l’interrogation contenue dans les yeux de Mark.

    L’étonnement se mua en colère. Ce n’est pas mon frère, gronda Mark. Enervé, il se leva et fit quelques pas dans la pièce.

    Ton demi-frère si tu préfères, rectifia Meredith. Mais…

    Ni mon demi, ni mon tiers, ni même un quart, éructa Mark, les yeux flamboyants de rage. Ce type n’est rien pour moi et je trouve honteux qu’il se soit vanté auprès de toi de faire partie de ma famille.

    Jackson ne s’est pas vanté, protesta Meredith, surprise par la hargne dont il faisait preuve et à laquelle elle n’était pas habituée de sa part. Il ne m’a rien dit du tout.

    Mark secoua la tête avec véhémence. Ne cherche pas à le défendre, s’il te plait.

    Meredith allait contester cette accusation lorsqu’elle vit le regard de Mark passer au-dessus d’elle et marquer une certaine contrariété. Au même moment, la voix de Derek s’éleva, cassante. Cesse de t’en prendre à elle. C’est moi qui lui ai dit, pour Jackson. Elle se retourna et découvrit son ex petit-ami dans l’encadrement de la porte. Sa première pensée fut qu’il était diablement sexy. Ses boucles brunes étaient encore humides, preuve qu’il venait de sortir de la douche, et il portait un jean moulant et une chemise d’un bleu parfaitement assorti à la couleur de ses yeux. Il lut l’admiration dans son regard et eut l’impression d’avoir été touché par la grâce. Il lui décocha un sourire si tendre, débordant de tant d’amour, qu’elle se sentit fondre et ne put faire autrement que de le lui rendre, de façon plus réservée toutefois. Il avança en ne la quittant pas des yeux et vint prendre la place que son ami avait libérée quelques minutes plus tôt. Rendu audacieux par cet échange qu’ils venaient d’avoir, il se pencha vers elle pour lui effleurer la joue avec ses lèvres. Tu n’es plus fâchée ? murmura-t-il. Rose de plaisir et de confusion tout à la fois, Meredith secoua la tête. Il lui sourit encore une fois, heureux qu’elle ne l’ait pas repoussé. Ah si Mark n’avait pas été là… Subitement irrité par la présence de son ami qui ne comprenait pas qu’il était de trop, il se tourna vers lui. Alors, c’est quoi, ton problème ?

    Mon problème ? s’étrangla Mark, furieux parce qu’il était clair que Derek allait prendre le parti de Meredith et, par extension, celui de Jackson. Mon problème, c’est que tu n’as pas été capable de tenir ta langue ! Quel besoin as-tu eu de lui dire que ce type était mon demi-frère ?

    Et pourquoi je ne l’aurais pas fait ? répliqua Derek. Je n’ai pas menti, à ce que je sache.

    C’est mon histoire et, si je ne lui en ai pas parlé moi-même, ce n’est pas pour que toi tu le fasses ! martela Mark.

    Je… je ne… voulais pas… créer… de problèmes, balbutia Meredith, surprise par la réaction de Mark. Si j’avais su…

    Ne t’excuse pas. Tu n’as rien fait de mal, la rassura Derek. C’est lui qui en fait tout un drame.

    Oh toi et ton Jackson ! Depuis qu’il y a eu ce truc entre vous, laissa tomber Mark, perfide.

    Meredith se retourna vivement vers Derek et il éclata de rire devant son regard choqué. Qu’est-ce que tu es en train d’imaginer, toi ? fit-il en lui passant la main dans les cheveux. Quand il avait treize, quatorze ans, Jackson était devenu la tête de turc d’une bande de jeunes, lui indiqua-t-il. J’ai pris quelquefois sa défense et il s’est mis en tête qu’il était amoureux de moi. Quand il me l’a avoué, je lui ai dit que je n’étais ni disponible, ni intéressé. Voilà, c’est tout. Meredith fit un large sourire. Ce petit cachottier de Jackson ! Elle comprenait mieux maintenant certains de ses commentaires, lorsque Taylor avait vanté le charisme et la beauté de Derek. Il était bien placé pour en connaître l’impact.


  • Commentaires

    1
    Butterfly
    Vendredi 21 Juin 2019 à 23:05

    Ha ha la réaction de Meredith quand Mark parle de Derek et Jackson ! he

    Sinon, il est un peu ridicule dans sa façon de réagir. Comme si Jackson était responsable de ce qui lui est arrivé avec ses parents !

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