• CHAPITRE 957

    Le jour commençait à tomber lorsque Meredith sortit de sa chambre. La maison était totalement silencieuse, comme si elle avait été désertée par tous ses habitants. Seules les odeurs qui émanaient de la cuisine attestaient d’une présence. En passant devant le salon, la jeune fille aperçut Mark, debout devant la fenêtre. Comme s’il avait senti sa présence, il se retourna et lui sourit. Elle le rejoignit et s’accrocha à son bras. Qu’est-ce que tu fais ? lui demanda-t-elle en appuyant la tête contre son épaule.

    Mark posa les lèvres sur la chevelure de son amie qui fleurait bon la lavande. Rien de spécial. J’admirais le paysage. Cette propriété est magnifique. Il avait toujours adoré cet endroit mais, depuis la disparition de sa grand-mère, il éprouvait l’étrange sensation de ne plus être vraiment chez lui.

    Oui, Jackson fait du bon travail, dit Meredith en guettant sa réaction.

    Il resta impassible. Ouais, il se débrouille pas trop mal, il faut lui reconnaître ce mérite. Il se tourna vers elle et lui sourit encore. Alors, il paraît que cette brave Lindsay t’a donné des sueurs froides.

    Elle soupira. Evidemment, il a fallu qu’il s’en vante ! Elle n’avait aucun mal à imaginer Derek rapportant avec satisfaction à son meilleur ami la comédie qu’elle lui avait jouée quelques heures plus tôt.

    Evidemment ! répéta Mark, hilare. Il était tellement heureux que tu sois jalouse.

    Je n’étais pas jalouse ! s’insurgea Meredith.

    Mark la prit par les épaules et l’amena contre lui. Pas à moi, Mer. J’étais assis juste à côté de toi et je pouvais sentir la jalousie irradier tout autour. Il pouffa de rire. Si tes yeux avaient été des mitraillettes, Lindsay serait morte à l’heure qu’il est.

    Meredith s’écarta, en affichant un air maussade. Ça n’aurait pas été une grande perte, grommela-t-elle.

    Cette fois, Mark rit franchement. Méchante ! s’exclama-t-il en ébouriffant ses cheveux. Tu n’as rien à craindre d’elle. Elle est très heureuse avec son mari, je pense, et puis, de toute façon, Derek n’est pas du tout intéressé.

    Pourtant, il m’a semblé le contraire, répliqua Meredith, de mauvaise foi. Il n’a pas arrêté de la draguer.

    Mark leva légèrement les yeux au ciel. Oh la draguer, comme tu y vas. Il a juste un peu flirté avec elle et on sait tous les deux très bien pourquoi il l’a fait. Meredith fit une moue boudeuse. Tu ne lui parles pas, lui reprocha Mark avec douceur.

    Mais c’est faux ! s’indigna-t-elle. On s’est parlé tout à l’heure. Longtemps même !

    Et de quoi vous avez parlé ?

    D’un tas de trucs.

    D’un tas de trucs sauf de votre relation, souligna Mark. A chaque fois qu’il essaie de lancer le sujet, tu te bloques. Je le sais, il me l’a dit. Meredith le fusilla du regard ce qui ne l’empêcha pas de poursuivre. Il sait que tu es encore fâchée et il le comprend, bien sûr. Il ne s’attend pas à ce que tu lui pardonnes pour le moment. Mais il voudrait quand même savoir si tu envisages de lui donner une autre chance, un jour. Seulement, toi, tu ne lâches rien, alors il cherche à savoir, par tous les moyens. Quand il te provoque et que tu réagis comme tu l’as fait tout à l’heure, il se dit que, quelque part, tu dois l’aimer encore un peu et qu’il a encore ses chances. Ce serait peut-être plus simple que tu le lui dises franchement. Elle ne répondit pas. Il comprit qu’elle n’était toujours pas prête à affronter cette vérité et il n’insista pas. Il commençait à bien la connaître. Il savait qu’il ne fallait pas la brusquer, ce que Derek avait encore quelque peine à assimiler. Ils restèrent, immobiles et silencieux, perdus dans leurs pensées, jusqu’à ce que Mark pointe son doigt vers l’extérieur. Tiens, voilà ton amoureux qui s’en va.

    Meredith regarda au-dehors et vit Jonas qui remontait dans sa voiture. Pfft ! Moque-toi de moi ! Elle donna un coup de coude dans les côtes de son ami.

    Avoue que tu n’as pas été futée sur ce coup-là ! se moqua-t-il gentiment.

    Oh ça va ! J’ai fait avec les moyens du bord, se défendit Meredith. J’ai agi sur une impulsion et comme je n’avais que lui sous la main… Si Taylor avait été capable de tenir sa langue, ça aurait très bien pu marcher. Elle s’en voulait cependant de s’être livrée à cette mascarade qui n’avait servi qu’à rassurer Derek sur le pouvoir qu’il avait encore sur elle, et à la couvrir de ridicule auprès de tous les autres.

    Mark la regarda avec indulgence. Tu ne crois pas qu’il serait temps que vous discutiez tous les deux plutôt que de jouer à ces petits jeux stupides ?

    Elle soupira. Je ne suis pas prête. Elle n’avait que cette réponse à donner. Elle avait l’impression d’être devant un jeu de construction, dont elle avait réussi à assembler toutes les pièces, et il n’en fallait plus qu’une pour que le mécanisme fonctionne. C’était cette pièce manquante qu’elle attendait. Lorsqu’elle l’aurait reçue, peut-être que son histoire avec Derek pourrait reprendre, ou, au contraire, elle devrait faire son deuil de leur relation. Découragée par cette perspective, elle alla jusqu’au canapé et y découvrit un album photo ouvert sur l’image, qu’elle connaissait déjà, de Mark, bébé joufflu assis sur les genoux d’une jeune femme qui affichait le sourire fier d’une jeune maman. C’est une belle photo, dit-elle en se laissant tomber sur les coussins. Elle prit l’album sur ses genoux et regarda le cliché de plus près avec un sourire attendri. Elle n’avait aucun mal à retrouver dans les traits de ce poupon aux grosses joues et aux yeux rieurs, ceux de son ami.


  • Commentaires

    1
    Mdbailey
    Mercredi 19 Juin 2019 à 20:42
    Ben oui on l'a veut la discussion
    2
    Butterfly
    Mercredi 19 Juin 2019 à 21:21

    Mark toujours de bon conseil ! Et lui, Meredith l'écoute ! 

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