• CHAPITRE 943

    Mark afficha un sourire moqueur. Dit le mec qui sort avec une fille qui vient tout juste d’avoir vingt-et-un ans. 

    Ne compare pas ce qui n’est pas comparable ! répliqua Derek avec une totale mauvaise foi. Meredith, elle est exceptionnelle.

    Oui, tu n’as pas tort, concéda Mark. Ah on est bien avec nos nanas !

    Meredith n’est pas une nana, s’insurgea Derek. Et Taylor n’est pas la tienne et ne doit jamais le devenir, tu m’entends !

    Quel putain de rabat-joie ! s’écria Mark, tout en sachant que Derek avait pertinemment raison.

    Qui est rabat-joie ?

    En entendant la voix de Meredith, Derek, dont la chaise tournait le dos à l’entrée, sursauta violemment. Il se leva précipitamment, faisant tomber son siège dans le mouvement, et découvrit la jeune fille, vêtue seulement d’un tee-shirt qui lui arrivait à mi-cuisses. Il sentit une bouffée de chaleur l’envahir. Pour dissimuler son émotion, il se pencha pour relever sa chaise. Momsy est morte, se répéta-t-il plusieurs fois, très vite, en espérant que cette triste évocation suffirait à empêcher toute manifestation extérieure trop visible de son trouble. Effectivement, le souvenir de la vieille dame, ainsi que la certitude que le moindre faux pas pouvait tout compromettre, parvint à le calmer. Tu ne dors pas ? bafouilla-t-il en se redressant. Elle est conne, ta question, se dit-il. Si elle est là, c’est qu’elle ne dort pas ! Il vit Meredith qui secouait la tête et, sans savoir pourquoi, il saisit la boite de brownies pour la lui tendre. Tu en veux un ? Il entendit Mark pouffer de rire. Mais qu’est-ce qui te prend ? T’as l’air d’un débile avec ta boite de gâteaux ! hurla-t-il intérieurement. Ils sont délicieux. Cette Frances est un fin cordon bleu, fut pourtant tout ce qu’il trouva à ajouter.

    C’est vrai mais, ceux-là, c’est moi qui les ai faits, répondit Meredith, rougissante. Ce n’était pas l’éloge qui la bouleversait, mais la vision de Derek en boxer. Elle avait toujours admiré sa prestance. Même nu, ce salaud avait de l’allure. T’as pas honte ! se morigéna-t-elle. Un mec à moitié à poil et voilà que tu mouilles ta culotte. Cette dernière pensée, qui ne lui ressemblait pas, la fit devenir écarlate.

    Woaw ! s’extasia Derek qui se méprit sur la cause de la confusion de Meredith. Il n’aurait jamais imaginé qu’un compliment sur son talent culinaire lui ferait autant plaisir. Si, pour se faire bien voir d’elle, il fallait qu’il se fasse exploser en dévorant tous les brownies de la boite, il n’hésiterait pas. Il reprit le gâteau qu’il n’avait pas terminé. J’en ai jamais mangé de meilleur, dit-il en mordant dedans. Tu devrais en prendre un, conseilla-t-il à Mark. Ils sont géants. Mark secoua la tête en souriant. Derek et ses gros sabots ! Il en faisait trop mais cela avait quelque chose de touchant.

    Meredith avança vers la table, en prenant bien garde à ce que son regard ne tombe pas sur son ex pratiquement nu. Alors, c’est qui le rabat-joie ? demanda-t-elle à nouveau.

    C’est lui, répondit Mark, le doigt pointé vers son ami, tout en suivant de son œil appréciateur la jeune fille qui marchait. Cela n’échappa pas à Derek qui passa derrière lui pour venir lui donner une forte tape à l’arrière de la tête. Aie ! cria Mark en se frottant le crâne. Il prit Meredith à témoin. Tu vois ce que je te disais ?

    J’essaie de lui remettre les idées en place, précisa Derek pour répondre à l’interrogation contenue dans le magnifique regard vert de Meredith. Et les yeux aussi, ajouta-t-il sèchement à l’intention de son ami.

    Meredith plongea son regard dans celui de Mark. Là, au moins, elle ne risquait rien. Cela devenait intenable. Depuis qu’elle était entrée dans cette pièce, elle ne pensait plus qu’à Derek, à sa langue dans sa bouche, à ses mains qui la caressaient si bien, à son sexe qui lui donnait tant de plaisir, à son corps contre lequel elle aimait se blottir, après l’amour. Ce même corps qui s’exhibait maintenant sans vergogne, avec ses épaules solides, ses bras musclés juste comme il le fallait, son ventre plat, ses petites fesses rondes, cette légère bosse à l’avant… Oh seigneur ! A quoi pensait-elle ? Non, non, ne pense pas à ça, s’encouragea-t-elle. Pense plutôt à Madelina et aux autres, à toutes les autres. Il leur a fait la même chose qu’à toi, voilà ce que tu dois te dire. Son sexe a été dans leur bouche, à elles aussi ! Il a joui dans leur corps. Mais au même moment, elle entendit, dans un coin de sa tête, la voix de Momsy, et son petit rire. Tu sais, une fois que c’est lavé, c’est comme neuf. Elle se sentit perdue. Qui avait raison ? Que devait-elle écouter ? Sa raison ou son cœur ? Là, tu aurais plutôt tendance à écouter ton sexe, se fustigea-t-elle. Alors, tu te calmes !

    Mer, ça va ? s’inquiéta Mark qui avait compris, à sa mine tourmentée, qu’elle était en train de mener un combat intérieur.

    Elle émergea de ses pensées dans un léger tressaillement. Oui, ça va. Elle lui sourit affectueusement. Alors, tu as besoin qu’on te remette les idées en place ?

    Il paraît, d’après ce monsieur, répondit-il en désignant Derek du menton. Il s’est mis en tête de m’apprendre ce que c’est que la vie, l’amour. Meredith ne put s’empêcher de tourner un regard ironique vers l’intéressé.

    Celui-ci se sentit contraint de se justifier. J’essayais juste de lui faire comprendre qu’il était un peu trop vieux pour faire la sortie des lycées, si tu vois ce que je veux dire.

    Meredith comprit immédiatement l’allusion. Mark ! Tu m’avais promis. Tu as juré, lui rappela-t-elle, le ton de sa voix teinté de reproches.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :