• CHAPITRE 911

    A tout à l’heure, ma jolie, murmura Meredith à l’oreille de Bluebelle. Je vais revenir mais, là, j’ai grand besoin d’un bain. Après avoir fait une dernière caresse à la jument, elle referma la porte de la stalle et sortit de l’étable. Elle adressa un grand sourire à Jackson qui discutait dehors avec un des palefreniers, et courut jusqu’à la maison. Momsy, je suis rentrée, cria-t-elle en passant la porte.

    Une voix chevrotante lui parvint du salon. Je suis là, ma petite. Meredith s’élança pour se jeter au cou de la vieille dame qui était en train de dépouiller son courrier. Oh mais tu as l’air d’avoir passé un bon moment, déduisit Momsy en la serrant contre elle avec un petit rire.

    Oui, c’était super, confirma Meredith en s’asseyant à côté d’elle dans le divan. Jackson est venu avec nous et on a fait une promenade bien plus longue qu’hier. Bluebelle est vraiment géniale. Ça ne fait que deux jours mais j’ai l’impression de l’avoir toujours montée. C’est comme si on ne faisait qu’un, lâcha-t-elle d’une seule traite.

    Donc, tu es contente, conclut Momsy en la couvant d’un regard maternel. Pour la première fois depuis qu’elle était arrivée, Meredith eut un vrai sourire qui illumina son visage. Momsy fut frappée par sa beauté rayonnante. Quel contraste avec le petit oiseau blessé qui était arrivé six jours plus tôt !

    Trop contente, insista Meredith. Et vous, vous avez passé un bon après-midi ? Vous avez terminé votre roman ? Momsy acquiesça d'un signe de tête. Ah chouette ! s'exclama Meredith. Je vais pouvoir le lire alors. Mais là, je vais d’abord aller prendre un bon bain chaud. Meredith huma l’odeur de son pull. Je sens trop l’écurie. Et quand je redescendrai, je vous ferai goûter le cake que j’ai fait ce matin. Vous m’en direz des nouvelles.

    La gourmandise se lut sur le visage de l’aïeule. Ah c’était donc ça qui sentait si bon ? Et c'est un cake à quoi ?

    Aux poires et au chocolat.

    Mais dépêche-toi de monter, alors ! s'écria Momsy. Qu’est-ce que tu attends ?

    Meredith rit légèrement. C’est bon, j’y vais. Elle lui déposa un baiser sonore sur la joue avant de se lever du canapé.

    Elle était déjà presque en-dehors de la pièce quand Momsy la rappela. Ah petite, j’allais oublier. Mark a appelé pendant que tu étais en promenade. Il voulait te parler. Alors, comme tu n’étais pas là, il m’a demandé de te dire qu’il allait laisser un message sur ton téléphone. C’est assez important, paraît-il.

    Il ne vous a pas dit de quoi il s’agissait ? demanda Meredith dont les sourcils s'étaient légèrement froncés sous l’effet de l’inquiétude. Momsy hocha la tête. Meredith ne cacha pas qu’elle était contrariée. Son téléphone était resté irrémédiablement éteint depuis qu’elle avait quitté San Francisco. Le rallumer, c’était donner à Derek la possibilité de rentrer en contact avec elle. C’était s’exposer au danger. Elle ne se sentait pas encore assez forte pour s'y confronter. Il y a longtemps qu’il a appelé ? se renseigna-t-elle, pleine d’espoir. Peut-être allait-elle pouvoir rappeler Mark et le joindre directement.

    Oh oui, tu venais à peine de partir, répondit Momsy. Il était assez pressé parce qu’il avait une intervention urgente à faire, alors on n’a pas parlé très longtemps, tu sais.

    Meredith quitta la pièce en poussant un soupir de dépit, sans remarquer le sourire facétieux de Momsy. En passant devant le bureau dont la porte était ouverte, la jeune fille vit le téléphone et décida de tenter sa chance. Elle composa le numéro de Mark mais arriva immédiatement sur sa messagerie. Enervée, elle claqua l’appareil sur son support. Eh bien, tant pis ! Comme elle n’avait nullement l’intention d’utiliser son téléphone personnel, elle ne saurait pas de quoi Mark voulait lui parler. Après tout, le message ne devait pas être très important, sinon Mark aurait demandé à sa grand-mère de le transmettre de vive voix. De fort mauvaise humeur, Meredith monta dans sa chambre et se dirigea immédiatement dans la pièce attenante pour se faire couler un bain. Après quelques secondes, n’y tenant plus, elle revint dans la chambre et sortit son téléphone de son sac, où il était resté depuis San Francisco, le regardant comme un ennemi, avant de le jeter sur le lit et de repartir à la salle de bains. Quelques secondes plus tard, elle était de retour, s’asseyant sur le lit pour contempler l’objet de son tourment. Bon sang, Mark ! Tu sais très bien que je ne veux pas l’allumer, murmura-t-elle, irritée. Néanmoins, elle reprit l'iPhone en main, en se demandant ce qu’il convenait de faire. Bien entendu, elle voulait savoir ce que son ami avait à lui dire. Mais d’un autre côté, elle redoutait de découvrir les messages de Derek. Eh bien, tu n’auras qu’à les effacer, se raisonna-t-elle à voix haute. La belle affaire ! Elle afficha un sourire satisfait qui disparut très vite. Et s’il n’y en a pas ? se demanda-t-elle. S’il ne t’avait pas appelée, s’il n’y avait aucun message ? Est-ce que ce n’est pas ça qui te fait peur ? Te rendre compte qu’il ne tient pas à toi autant que tu le penses ? Tourmentée, elle repartit dans la salle de bains, où elle se déshabilla avant de s’asseoir, en sous-vêtements, sur le bord de la baignoire. Tu es ridicule, tu sais qu'il t'a appelée, se réprimanda-t-elle. Et des messages, il en a sûrement laissé. Mark t'a dit qu'il était comme un fou depuis que tu es partie. L’esprit malmené par toutes les pensées qui la secouaient, elle s’absorba dans la contemplation de l’eau qui coulait puis, subitement, ferma le robinet pour revenir dans la chambre. Sa décision était prise. Elle allait rallumer ce satané téléphone et affronter la vérité. Effacer les messages de Derek, s’il y en avait, sans les écouter bien sûr, jusqu’à arriver à celui de Mark, le seul qui l’intéressait. Car ce que Derek avait à lui dire ne la concernait plus. Toutes les explications, toutes les justifications qu’il pourrait lui donner, toutes les excuses qu’il ne manquerait pas de lui présenter, elle le savait, tous les mots d’amour joliment enrubannés dans des phrases toutes faites, toutes les promesses, tout cela ne changerait rien à ce qui s’était passé. Rien ne pourrait jamais lui faire oublier que juste après Aspen, alors qu’elle s'était donnée à lui sans réserve aucune, il l’avait trompée, humiliée, trahie avec une inconnue dans une sordide chambre d’hôtel. Ce qu’il lui dirait maintenant ne serait jamais assez fort pour faire disparaître l’insondable douleur qu’elle avait ressentie en découvrant cette horrible vérité. Si elle pouvait peut-être comprendre ses arguments, elle se sentait incapable de les accepter. Elle ne pouvait pas lui pardonner. Le faire, c’était renier ses idéaux, ses principes. C’était renier celle qu’elle était. Et cela, il en était hors de question, même pour Derek Shepherd.


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