• CHAPITRE 893

    Meredith surprit tout à coup le regard presque tendre que la dame posait sur elle et fut frappée d’y retrouver la même étincelle que celle qui brillait parfois dans les yeux de Mark, lorsqu’il la regardait. Vous êtes sa grand-mère, n’est-ce pas ? demanda-t-elle alors, bien qu’elle connaisse déjà la réponse. Vous êtes sa Momsy.

    Oui, confirma son hôtesse. Donc, si tu sais qui je suis, ça veut dire qu’il t’a parlé de moi ?

    Meredith sentit que son stress diminuait un peu. Que Mark ait décidé de la mettre à l’abri chez sa grand-mère lui faisait chaud au cœur. Oui, répondit-elle. Quand nous étions à Aspen. Il m’a raconté tout ce que vous aviez fait pour lui.

    Oh ce que j’ai fait pour lui… Momsy haussa les épaules. J’ai fait ce que j’avais à faire. C’était mon rôle de veiller sur lui. C’est mon petit, tu comprends.

    Meredith hocha la tête. Il vous aime vraiment beaucoup, vous savez. C’est quelqu’un de bien, ajouta-t-elle après un petit moment de silence. A nouveau, l’émotion l’envahit et les larmes revinrent noyer ses yeux. C’est tellement rare d’avoir quelqu’un en qui on peut avoir réellement confiance. Les gens sont tellement… tellement moches. On croit qu’ils sont bien et puis un jour, on se rend compte qu’ils sont… pourris, lâcha-t-elle en tentant de réfréner ses pleurs. George, Izzie, Cristina, Derek, tous l’avaient trahie, les uns après les autres, à des niveaux différents bien sûr mais pour finir, le résultat était le même. Elle avait l’impression de n’avoir été qu’un instrument entre leurs mains, d’avoir été utilisée pour servir leurs ambitions ou leur bon plaisir. S’il n’y avait pas eu Mark, elle aurait désespéré de la nature humaine. Je suis heureuse qu’il soit mon ami, conclut-elle en déglutissant, pour essayer de faire disparaître la boule d’angoisse qui obstruait sa gorge. Momsy la regarda avec compassion. Si jeune et déjà tellement désabusée… Elle lui prit les mains et les comprima entre les siennes, sans rien dire. Meredith releva la tête. Vous devez me trouver bien impolie, supposa-t-elle avec un air coupable. Je suis ici chez vous et je ne vous ai pas saluée. Je ne me suis même pas présentée.

    Te bile pas pour ça, recommanda Momsy, à qui cette gamine commençait à plaire. Mon petit-fils m’a dit tout ce que je devais savoir. Tu t’appelles Meredith et tu es son amie. Pour le reste… - elle leva sa main en l’air et lui fit faire une sorte de pirouette – on aura tout le temps de faire connaissance.

    Pour montrer sa gratitude, Meredith se força courageusement à lui sourire. Merci de m’accueillir chez vous, Madame.

    Ah non ! Pas Madame ! s’écria la grand-mère avec de grands yeux faussement scandalisés. Appelle-moi Momsy comme tout le monde. Et pour ce qui est de t’accueillir, tout le plaisir est pour moi. C’est toujours les mêmes têtes qu’on voit par ici. Le docteur, le pasteur – elle fit une grimace – ils ont toujours une de ces tronches quand ils viennent me voir, bougonna-t-elle. J’ai à chaque fois l’impression qu’ils sont là pour suivre mon enterrement. Ou alors ils me font la morale. Elle grossit sa voix pour qu’elle ressemble un peu à celle d’un homme. Vous êtes imprudente, M’âme Sloan. Faut vous reposer ! Et faudrait penser à manger moins de viande, à boire moins de vin, à éviter le chocolat. Pfft ! Elle haussa les épaules avec un air buté. Qu’ils aillent se faire foutre ! Je vais mourir de toute façon. Tu voudrais pas que je me prive en plus !

    Cette fois, le sourire de Meredith s’étira franchement. Elle voyait parfaitement de qui Mark tenait son caractère bien trempé et son franc-parler. Elle sut d’emblée qu’elle s’entendrait aussi bien avec la grand-mère qu’avec le petit-fils. En ces temps difficiles, où elle avait l’impression que l’honnêteté avait disparu de ce monde, cette franchise ne pouvait que lui plaire. Elle sauta au cou de la boudeuse. Je suis vraiment contente de vous connaître, Momsy.

    Oh moi aussi, ma petite, s’exclama Momsy, soudain toute guillerette, en lui rendant son étreinte. Je sens qu’on va bien s’entendre toutes les deux. Elle commençait à réaliser ce qui avait pu charmer Mark dans cette femme-enfant. Certes, Meredith était jolie comme un cœur mais elle était bien plus que ça. Douce, gentille, naturelle, spontanée, pas du tout calculatrice, ne cachant pas ce qu’elle ressentait, elle était comme un grand bol de fraîcheur. Nul doute que les filles comme elle ne devaient pas être légion dans l’entourage de Mark. Quant à Meredith, la marque d’affection prodiguée par Momsy, cette tendresse même qu’elle sentait dans les mots comme dans les gestes, la touchèrent au plus haut point. Les larmes revinrent perler à ses yeux. Elle serra Momsy un peu plus fort avant de s’écarter. Pour donner le change, elle regarda autour d’elle, en espérant pouvoir se reprendre. La grand-mère de Mark s’en rendit compte. Tu devrais aller dormir, petite, conseilla-t-elle avec douceur. Moi aussi, d’ailleurs. Elle tapota le genou de la jeune fille. Nous aurons tout le temps de papoter demain. Meredith se mit aussitôt debout et aida la vieille dame à se relever. Et je demanderai qu’on te fasse visiter la propriété, promit celle-ci. Elle s’appuya sur le bras que Meredith lui présentait pour avancer. Mark m’a dit que tu aimais les chevaux. On en a quelques-uns qui devraient te plaire.

    Ah il vous a dit ça ? s’étonna Meredith. Moi aussi, il m’a dit que vous aviez des chevaux. Il y a très longtemps. Parce qu’aujourd’hui, il ne m’a pas dit grand-chose, ajouta-t-elle avec une moue, en omettant de préciser que c’était elle qui n’avait pas été encline à faire la conversation. Je ne sais même pas où je suis.

    Mais tu es chez moi, déclara Momsy avec un grand sourire amusé. Les gens de la région l’appellent l’Hacienda. C’est un peu pompeux mais bon… Elle fit un clin d’œil à Meredith. J’avoue que ça me plait. A part ça, tu à Santa Rosa, à proximité du moins.

    Meredith sursauta. Si ses connaissances en géographie n’étaient pas trop mauvaises, Santa Rosa n’était situé qu’à une centaine de kilomètres de San Francisco. Autant dire rien. Une quarantaine de minutes de route pour quelqu’un qui roulait en Porsche. Totalement paniquée, elle se remit à bafouiller. Ce… ce n’est … ce n’est pas… pas assez loin.

    Momsy comprit immédiatement ce à quoi elle faisait allusion. Calme-toi. Shepherd ne viendra pas jusqu’ici, affirma-t-elle catégoriquement, montrant par-là même qu’elle était au courant de tout. Mark l’en empêchera. Et si lui ne le fait pas, moi, je le ferai. Tu es en sécurité ici, Meredith. Maintenant, c’est moi qui veille sur toi.


  • Commentaires

    1
    Mdbailey
    Jeudi 21 Mars 2019 à 21:57
    Triste qu'elle considère Derek comme Georges. Enfin pourra t elle se cacher éternellement ? Et éviter la vraie discussion un jour...pas sur.
      • Butterfly
        Jeudi 21 Mars 2019 à 22:11

        J'espère bien que non ! Elle doit discuter avec lui mais pour le moment elle est trop sous le choc, il n'y a rien de bien qui en sortirait

      • Mdbailey
        Vendredi 22 Mars 2019 à 20:02
        Oui oui je sais bien . Sont bien malheureux tous les deux en fait
    2
    Jane
    Vendredi 22 Mars 2019 à 11:00

    Meredith est vraiment déstabilisée par sa rupture. J'espère qu'elle va s'en remettre et qu'ils vont pouvoir se retrouver.

    3
    Nolcéline 97234
    Vendredi 11 Octobre 2019 à 16:15

    Bonsoir à tous, ce n'est pas la joie mais il fallait s'y attendre mais la vieille dame saura rendre son séjour agréable ici j'en suis sûre et la cohabitation promet d'être rigoloteyes. Bon week-end à tous en ce deuxième vendredi d'octobre 2019.

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